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La relation thérapeutique dans les interférences entre la biomédecine et la tradipratique. Une lecture anthropologique à  l'hôpital Laquintinie et à  l'African Clinic de Douala (cameroun).

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par Bruno Duovany BEKOLO ENGOUDOU
Université de Douala (Cameroun) - D.E.A en anthropologie, mention santé 2007
  

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II- De la place de l'économique à l'Hôpital Laquintinie

L'accès à la santé nécessite le concours d'un certain nombre de préalables, lesquels conditionnent la guérison des patients ou des malades comme nous l'avons vu plus haut. Nous avons également dit que dans cet accès à la santé, les dimensions sociale et économique de la relation thérapeutique sont de mises voire incontournables dans une ville de douala où l'argent et tout ce qui s'y rapporte sont estimés, valorisés et survalorisés. Dès lors, l'objectif de la présente section est de mesurer, au travers de données recueillies sur le terrain et de nos observations, l'importance de l'une et l'autre de ces deux dimensions dans la médecine conventionnelle telle que pratiquée par l' hôpital Laquintinie de Douala. Les données analysées et interprétées ici sont issues des pavillons de la maternité et de la médecine de l'H.L.D.

1- Patients et traitants dans les prix des soins

La relation thérapeutique en rapport avec les conditionnalités d'accès à la santé notamment les prix des médicaments et des soins, révèlent que l'argent est roi dans cet hôpital. Déjà pour y accéder, à des heures sommes toutes indues, il faut débourser une somme de cent francs FCFA (100Fcfa). C'est dire qu'autant d'entrées, autant de pièces de 100Fcfa à débourser ou à remettre aux vigiles prostrées au portail central de cet hôpital. Cette somme que qu'on réclame à tout les visiteurs ou gardes- malades, servirait à l'entretien des locaux et des bâtiments de cet hôpital. Seulement, pour nombre de visiteurs, l'on se demande bien si effectivement ces pièces de 100Fcfa servent à l'entretien de cet hôpital puisque l'entretien de l'hôpital est budgétisé. C'est sans doute pour cette raison que plusieurs visiteurs interviewés à ce propos pensent comme M. LINDJOUN Luc, agent de l'Etat à la délégation provinciale des enseignements secondaires du Littoral :

 Hier, quand j'ai amené mon fils était gravement malade, je suis ressorti pour acheter des médicaments. Au retour, ils m'ont exigé le billet d'entrée. Je n'avais pas de pièce d'argent sur moi. Ils m'ont fait perdre une quinzaine de minute. Quand je suis arrivé du bloc opératoire, mon fils était déjà dans le coma. Il faut qu'on réglemente cette activité. Ils viennent importuner les nobles citoyens même quand le maladie les frappe. Quand je pense qu'à cause des 100F qu'ils demandent là à l'entrée, j'ai failli perdre mon fils, ça me révolte. (Entretien à l'entrée de l'hôpital Laquintinie). M. BALEP Valentin pour sa part déclare :

 J'ai amené mon épouse ici hier pour rendre visite à un collègue de service . Au niveau du portail, on nous intercepte parce qu'on n'avait pas acheté de billet d'entrée. Alors que je me dirigeais vers le guichet pour le faire, l'un des concierges, celui qui a les rastas comme un fou là, a eu l'audace de poser ses mains sur les fesses de mon épouse. Il est même allé jusqu'à touché ses seins. J'ai failli faire sortir mon arme de sa sacoche pour lui donner une bonne leçon. C'est pour 100FCFA qu'il manque de respect envers les honnêtes citoyens. En plus, dès l'entrée, il faut payer, à l'intérieur alors, c'est grave. On ne regarde bien que ceux-là qui paient et paient bien. (Entretien réalisé le 09-02-09) au pavillon de la médecine de la médecine de l'hôpital Laquintinie).

Bien plus, la particularité des analyses sur les prix est que ce sont les patients issus de classas démuni qui se plaignent. Le personnel soignant pense que ces prix des médicaments sont abordables pour les patients issus d'une classe moyenne. Mais, il semble oublier que ce ne sont pas tous les patients qui sont issus des classes moyennes. L'accès à une consultation au niveau des services externes nécessite une somme de 1200Fcfa. La consultation qui elle, est parfois « mécanique et machinal » (Selon les termes d'un patient qui a requis l'anonymat) ne porte que sur les douleurs physiques dans la plupart des cas. A l'issue de cette consultation, l'on doit débourser au moins 3000Fcfa pour acheter les médicaments prescrits.

Au surplus, payer les prestations sanitaires, en soi n'est pas mauvais dans la mesure où cela permet de faire fonctionner l'hôpital. (70% des revenus de cet hôpital sont alloués à son fonctionnement et les autres 30% sont envoyés à la tutelle qui n'est autre que le Ministère de la santé publique). Mais bien des patients n'acceptent pas qu'on exige le paiement des frais hospitaliers avant tout soins au point de permettre que les patients gravement malades passent de vie à trépas. Aussi avons-nous vu des patients délaissés pour des affections bénignes. D'autres agonisants et couchés à même le sol à cause du manque d'argent. Une infirmière est même allée jusqu'à dire :

 Laquintinie n'est pas le cap de bonne espérance, encore moins l'hôpital du bon samaritain. La règle est simple ici. Si tu es malade, tu payes avant d'être soigné. Vous nous causez du souci. Nous n'avons pas des médicaments gratuits ici. Le paquet minimum n'est pas suffisant. La demande de soins est supérieure à l'offre médicale. (Propos recueillis lors des observations faites à Laquintinie).

La maternité offre un spectacle porteur de sens en ceci qu'elle s'est présentée comme un laboratoire in vivo (MENDRAS H., op. cit.). Les femmes en pleine parturition sont parfois traitées comme des bêtes de somme. Plus d'une fois, il a été question d'une atteinte à la dignité humaine comme l'atteste le cas de figure qui suit et dont les principaux acteurs sont les sages-femmes et les femmes enceintes.  «  Tu pleures maintenant, alors que le jour où ton type et toi faisiez cela, jouissiez là-bas, nous étions là ? Si tu veux, meurt même une fois. Les vieilles femmes comme ça qui viennent déranger les gens ici » (Propos d'une infirmière accoucheuses de la maternité de l'HLD). Quand le patient ne paie pas, il dérange. Mais quand il paie, il ne dérange pas. Parfois, aux faîtes de douleurs atroces qu'éprouve une femme en pleine délivrance, certaines se permettent de manquer du sérieux dans l'accomplissement de leur tâche. C'est là que les injures fusent de toutes parts (DIAKITE T., op. cit.) et que l'on néglige son poste de travail (MEYER P., op. cit.).

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry