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La vente à  l'essai face au régime juridique des contrats à  distance

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par Florent SUXE
Université Panthéon-Sorbonne Paris 1  - Master 2 droit du commerce électronique et de l'économie numérique  2013
  

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§ 2 Le respect des étapes de la procédure d'échange des consentements par le vendeur professionnel, gestionnaire du site web

A supposer qu'on considère qu'une offre conforme à l'article 1369-4 du Code civil a été faite par un professionnel sur Internet, la procédure spécifique d'échange des consentements prévue par l'article 1369-5 du même Code s'applique, à moins que les parties soient toutes deux des professionnels ou que leurs échanges aient lieu par email.

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Dans le premier cas, la procédure s'applique à défaut de stipulation contraire tandis que dans le second, la procédure n'est de toute façon pas applicable, comme nous le verrons plus loin.

A première vue, l'article 1369-5 du Code civil semble formuler dans des termes compréhensibles aux yeux du grand public, la règle du double clic.

Ainsi, la disposition oblige en son alinéa 1 le destinataire d'une offre conforme à l'article 1369-4 du Code civil, à accepter celle-ci en deux temps, comme suit :

Pour que le contrat soit valablement conclu, le destinataire de l'offre doit avoir eu la possibilité de vérifier le détail de sa commande et son prix total, et de corriger d'éventuelles erreurs, avant de confirmer celle-ci pour exprimer son acceptation..

Le premier clic correspondrait donc à la commande tandis que le second correspondrait à la confirmation de l'acceptation de l'offre, après que le destinataire de l'offre a eu la possibilité de vérifier le détail de sa commande et son prix total et de corriger d'éventuelles erreurs.

Cette lecture nous semble confirmée par l'alinéa 3 de ce même article qui dispose :

La commande, la confirmation de l'acceptation de l'offre et l'accusé de réception sont considérés comme reçus lorsque les parties auxquelles ils sont adressés peuvent y avoir accès.

Selon cette disposition en effet, la commande précède la confirmation de l'acceptation de l'offre, de sorte qu'elle correspond au premier clic tandis que la confirmation correspond au second, ce qui est conforme à la chronologie de la procédure prévue à l'alinéa 1er.

A y regarder cependant de plus près, l'interprétation de l'article 1369-5, dont les termes sont peu juridiques, met en présence deux hypothèses.

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En effet, l'alinéa 2 dispose :

L'auteur de l'offre doit accuser réception sans délai injustifié et par voie électronique de la commande qui lui a ainsi été adressée.

Ainsi, l'articulation des alinéas 1 et 2 donne la chronologie suivante : commande, accusé de réception et confirmation de l'acceptation de l'offre.

En revanche, l'articulation des alinéas 1 et 3 donne une chronologie différente : commande, confirmation de l'acceptation de l'offre, accusé de réception.

L'enjeu de l'interprétation n'est pas des moindres car il s'agit de savoir quel rôle joue l'accusé de réception dans le cadre de la procédure d'échange des consentements et l'incidence de son absence.

Dans le premier cas, il s'agirait d'une étape qui participe à la formation du contrat dans la mesure où on pourrait considérer que, n'ayant pas reçu l'accusé de réception de la part de l'offrant, le destinataire ne pouvait valablement confirmer l'acceptation de l'offre. Selon cette interprétation, la négligence du professionnel qui n'accuserait pas réception de la commande après qu'elle a été validée par un premier clic, serait de nature à fait obstacle à la formation du contrat.

Dans le second cas, l'accusé de réception ne serait qu'une preuve de ce que le contrat a été conclu, venant récapituler au destinataire de l'offre, le contenu de la commande dont il a confirmé la première validation. Ainsi, le contrat serait tout de même valablement conclu en son absence mais il serait impossible à chacune des parties de prouver l'existence du contrat qu'elles ont conclu.

Ces deux hypothèses mettent en présence des effets théoriques diamétralement différents mais emportent des conséquences pratiques semblables : l'impossibilité de pouvoir se prévaloir du contrat qui a été conclu ou qui devait valablement l'avoir été. Malheureusement, il n'existe pas de jurisprudence venue consacrer l'une de ces théories, de sorte qu'il est difficile de savoir à quoi s'en tenir.

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Il n'en reste pas moins que, dans notre cas présent, la procédure est fidèlement respectée par le gestionnaire du site web.

Ainsi, le destinataire de l'offre - on suppose ici que l'offre faite via internet est conforme à l'article 1369-4 du Code civil et comporte les éléments essentiels du contrat dont la conclusion est projetée - effectue son premier clic correspondant à la commande lorsqu'il valide une première fois la page sur laquelle figure ses goûts vestimentaires, ses besoins, ses mensurations et son adresse. Il effectue alors son second clic lorsque s'affiche la page récapitulant la commande qu'il vient d'effectuer, sur laquelle figure une case lui permettant de modifier son panier, ainsi qu'un encart au sein duquel il doit renseigner ses coordonnées bancaires et valider définitivement son achat.

L'accusé de réception pourrait alors correspondre, dans notre première hypothèse, à la page récapitulant la commande qu'il a passée et sur laquelle s'affiche l'encart lui permettant d'inscrire ses coordonnées bancaires et de valider définitivement son achat. Il pourrait cependant correspondre, dans notre seconde hypothèse, à l'email que l'acheteur recevra après avoir validé définitivement son achat ou encore à la page qui s'affichera dans un troisième temps, lui faisant savoir que son paiement a été accepté et que son achat a bien été validé, après qu'il a effectué son second clic.

Fort heureusement pour notre gestionnaire de site web, il effectue toutes ces diligences de sorte qu'aucun risque n'existe pour lui du point de vue de la procédure d'échange des consentements, si l'on considère qu'ayant fait une offre conforme à l'article 1369-4 du Code civil, il était tenu de respecter une telle procédure.

Il reste à envisager cependant cette même question du respect de la procédure d'échange des consentements en ce qui concerne cette fois-ci, les échanges qui ont lieu entre l'acheteur et le vendeur représenté par son styliste, en dehors du site Internet.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984