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Les états et la construction de l'union africaine: le cas de la Libye et du Sénégal

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par Romaric TIOGO
Université de Dschang - Master II 0000
  

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SECTION II- LA MOBILISATION DES RESSOURCES FINANCIERES ET DIPLOMATIQUES

Selon Jacques ROJOT, « les ressources sont  ce dont l'acteur a intérêt à se servir »147(*) pour atteindre son objectif. Aujourd'hui, il est connu que parmi les maux qui ont tué l'OUA se trouve le  désengagement de certains « dirigeants africains qui trouvaient toujours le moyen de faire face à leurs engagements vis-à-vis de l'ONU ou de l'UNESCO, mais ``oubliaient'' régulièrement l'OUA »148(*).  Ce refus délibéré de régler leurs cotisations a conduit l'organisation panafricaine au bricolage des solutions alchimiques, d'où son impuissance prononcée face aux crises nombreuses sur le continent. C'est pourquoi dans la dynamique ayant présidé au lancement de l'UA, la Libye a voulu assurer le succès de ce qui n'était alors qu'un projet en mobilisant des ressources tant financières (I) que diplomatiques (II).

PARAGRAPHE I- LA MOBILISATION DES RESSOURCES FINANCIERES IMPORTANTES

Il fallait non seulement s'assurer qu'on passerait effectivement de l'OUA à l'UA, mais aussi qu'un nombre important d'Etats participeraient à ce processus. Pour cette raison, l'Etat libyen dut éponger la dette de certains pays insolvables (A), de même qu'il s'illustre comme le principal bailleur de fonds des projets panafricains (B).

A- Le règlement des arriérés de contribution des pays insolvables

« Sans le nerf de la guerre, [...] il n'y aurait pas d'Union Africaine, mais simplement une continuation de l'OUA »149(*) constatait Samir Gharbi à la veille du 2ème sommet de l'UA qui devait se tenir à Maputo au Mozambique, avec à la clé l'élection du premier véritable président de la commission de l'UA. De même, il est connu que sans le règlement de la dette de certains Etats insolvables par la Libye, plusieurs pays n'auraient pas eu le droit de vote et de participation aux débats ou encore l'autorisation de présenter des candidats à des postes de direction au sein de l'UA. En fait, lors de la clôture du dernier budget de l'Union entre le 1er avril 2001 et le 31 mai 2002, seuls 21 pays sur 52 avaient effectué l'ensemble de leurs versements, soit 15,1 millions de dollars sur un total de 31 millions. Le reste à savoir, 15,9 millions avait gonflé le montant des arriérés de cotisation qui s'élevaient à 42,4 millions de dollars. Au 31 mai 2002, plusieurs Etats étaient en situation irrégulière et de déficit, justifiant des sanctions150(*). Pour éviter la faillite d'un plus grand nombre, la Libye avait réglé la dette de 11 Etats, soit la somme totale de 2,3 millions de dollars151(*). Un an plutôt, pour s'assurer de la participation massive des Etats au sommet de Syrte de 2001, la Libye dut également payer pour plus de quatre millions de dollars américains les arriérés de cotisations de douze Etats africains152(*).

En réalité, la crainte que partagent certains observateurs et responsables des institutions panafricaines face à l'irresponsabilité de certains Etats qui se désengagent financièrement de l'Union, semble encore avoir de beaux jours devant elle. Nombreux sont les pays africains qui manquent toujours de remplir leurs obligations, surtout lorsqu'il s'agit d'épargner pour l'organisation continentale.  Autant qu'à son lancement en juillet 2000 à Lomé où les arriérés de contribution s'élevaient à 58,3 millions de dollars, nombre de dirigeants africains ont une fois de plus plongé leurs pieds dans l'OUA. Certains n'ont pas encore enterré les vieilles habitudes qui ont mené l'OUA aux divinations infécondes et à sa domination par les partenaires extérieurs, du fait du poids financier exercé sur elle. C'est ce qui a offusqué Yves EKOUE AMAÏZO qui, s'exprimant sur cet état de chose, a déclaré à la radio qu'on est « surpris qu'en décembre, tout le monde n'ait pas encore payé ses contributions [...]. Si l'UE continue de financer l'UA, [...] elle sera envahie et influencée »153(*).

Dans son Acte constitutif, l'UA n'a prévu nulle part des dispositions qui obligeraient les Etats membres à régler leurs contributions envers l'organisation sous peine de sanctions véritablement contraignantes. Les rédacteurs se sont contentés d'énumérer quelques sanctions purement « politiques et administratives »154(*), faisant uniquement allusion à la privation du droit de vote ou à l'interdiction de présenter un candidat etc. Or, de vraies sanctions comme l'exclusion fût-elle temporaire de l'Etat insolvable d'assister aux assises amènerait plus d'un à mesurer l'intérêt que recèle l'appartenance à une communauté. Cette absence de contrainte a poussé l'économiste camerounais Jean-Marie NGANKOU, par ailleurs responsable du Fonds Monétaire Africain (FMA), à aller plus loin en affirmant qu'on ne pouvait pas « emprisonner un pays qui n'a pas réglé ses contributions »155(*). A l'observation, les retards de payement et l'accumulation excessifs des arriérés de contributions deviendront la règle si rien n'est fait assez rapidement pour endiguer ce cancer qui risque une fois de plus de gangréner l'organisation.

Tout compte fait, les Africains sont conscients que la construction d'une Union continentale les amènerait à éviter les plus graves catastrophes de l'humanité comme la guerre, la famine, les maladies les plus morbides et la pauvreté qui constituent le mouvement inverse des vertus de la mondialisation sur le continent. Ils n'y investissent pas assez cependant. Or, la Libye, un des rares Etats africains qui s'est souvent prononcé contre les financements des puissances étrangères, et surtout occidentales qu'il assimile au « néo-colonialisme » ne lésine pas sur les moyens nécessaires pour cette construction. Pour éviter une dépendance accrue de l'Union vis-à-vis de l'extérieur, la Libye, réserve financière des projets panafricains, se positionne au peloton comme son bailleur de fonds imparable.

* 147 ROJOT (J.), op. cit., p. 220.

* 148 GHARGI Samir, « Bisbilles financières », dans Jeune Afrique /l'intelligent N° 2215, du 22 au 28 juin 2003, p.79.

* 149 GHARGI Samir, « Bisbilles financières » op. cit. p. 79.

* 150 Il s'agissait entre autres de la Sierra Leone, de la Somalie, du Soudan, du Burundi, de la Guinée Conakry, de la République Démocratique du Congo, de la Centrafrique, des Comores, des Seychelles, du Libéria et de Sao Tomé et Principe.

* 151 GHARBI (S.), « Bisbilles financières », op. cit., p. 79.

* 152 Voir DJUIDJE KOUAM (R.) op. cit., p. 109.

* 153Interview de Yves Ekoué Amaïzo, accordée à la  Cameroon Radio Television (CRTV) le 19-12-2010 lors de l'émission « Cameroon Calling » au lendemain de la rencontre panafricaine portant sur l'établissement des statuts du Fonds Monétaire Africain.

* 154 ESSONO (E.G.), La commission de l'Union africaine : entre ambition et réalité, Mémoire de DESS en Relations Internationales, option diplomatie, Yaoundé, IRIC, février 2007, p. 108.

* 155 Interview accordée à la CRTV le 19-12-2010 lors de l'émission « Cameroon Calling » au lendemain de la rencontre panafricaine portant sur l'établissement des statuts du Fonds Monétaire Africain.

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