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Interactions et ancrage territorial des industries créatives: le cas de la Belle-de-Mai à  Marseille

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par hélène sEVERIN
Université Aix-Marseille - Master 2 géographie du développement 2015
  

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2. Proximité cognitive, géographique et organisée : conceptions, limites, alternatives

La suite de l'analyse a pour but de comprendre les différentes proximités (à travers différentes méthodes d'analyse), comment parvient-on à ces dimensions, ce qu'elles apportent, leurs limites, et parfois leur lien qui permettent la création de territoires coordonnés. Nous verrons notamment que ces proximités permettent de comprendre le principe du cluster de manière plus approfondie et nous verrons par la suite que d'autres proximités peuvent également jouer leur rôle dans la création d'un système collaboratif.

Il nous semble important, avant d'évoquer l'aspect conceptuel des catégories de proximité, de différencier « proximité » et « distance ». La distance doit être prise en compte en tant que séparation, comme une expression quantitative. La proximité quant à elle, est une expression qualitative ; elle prend en compte le fait d'« être proche de » et « être loin de ». La distance géographique est diminuée par les infrastructures, les moyens de transports et de communications. Ce sont d'ailleurs ces derniers qui permettent la proximité. La distance est donc relative puisqu'elle est pondérée par le temps et les coûts de transport (TORRE et RALLET, 2005).

Aussi, l'espace géographique ne doit pas uniquement être vu comme un contexte physique avec des attributs matériels mais également comme une association de valeurs, de représentations (on appartient à un groupe social en même temps qu'on dit appartenir un lieu). L'espace géographique est le lieu de construction d'une identité commune. Néanmoins, ce n'est pas parce que l'on se sent « proche » que des relations se mettent forcement en place.

a) La proximité cognitive : pour le partage de connaissances et de compétences

Selon BOSCHMA, les personnes partagent la même base de connaissance et de compétences. Mais il est difficile de savoir ce que l'on entend vraiment par le terme « cognitif ». NOOTEBOM (2000) se réfère à deux conceptions : « la capacité d'absorption » et « l'extension de la fonction cognitive ». Autrement dit, d'un côté on a les connaissances et les compétences des individus et de l'autre l'accélération et l'extension de cette assimilation (c'est-à-dire de leur capacité à intégrer de nouvelles connaissances). Par définition, le terme cognitif renvoie au processus d'acquisition de connaissances.

Les interactions cognitives peuvent différer selon les acteurs et les entreprises et elles peuvent persister. Cette idée prédomine dans l'économie évolutionniste qui insiste sur le caractère local du développement le long des trajectoires technologiques (ANTONELLI, 1995). PEREZ et SOETE (1988) quant à eux, mettent l'accent sur une relation négative entre la base de connaissances existantes d'une entreprise et les frais que les entreprises doivent engager afin d'obtenir les connaissances indispensables d'une technologie nouvelle. En d'autres termes, pour une nouvelle technologie il existe un seuil de connaissance à avoir pour que cette dernière fonctionne.

Mais la proximité cognitive a ses limites, selon si elle est trop faible ou si elle devient trop importante (BOSCHMA, 2004) :

· pour acquérir des connaissances, il faut des savoirs à la fois dissemblables et complémentaires. Si les entreprises ont le même savoir et les même compétences de base, elles ne pourront rien apprendre les unes des autres ;

· une trop faible distance entraine un enfermement, mettant de côté toute nouvelle technologie ou nouvelle possibilité de développement. Pour éviter cela il faut que les entreprises conservent un accès aux sources d'information et une certaine ouverte au monde. Cet accès aux ressources peut apparaître sous différentes formes, mais le fait d'avoir le même langage, d'appartenir au même groupe social, ou encore d'avoir eu la même éducation, facilite forcement ce rapport à l'apprentissage ;

· la proximité cognitive accroit le risque de communication intempestive. A contrario d'une trop faible distance cognitive, une proximité cognitive trop importante peut, en effet, nuire à l'apprentissage. A partir du moment où les savoirs sont quasi semblables et ne sont plus complémentaires mais bien supplémentaires, l'apprentissage ne peut plus opérer puisque les acteurs n'ont plus rien à apprendre les uns des autres.

Il faut donc que la distance cognitive ne soit pas trop importante pour permettre le lien entre les entreprises et un apprentissage efficace, et, en même temps, qu'elle ne soit pas trop petite pour éviter l'enfermement. NOOTEBOM (2000) pense qu'un compromis entre la distance cognitive et la proximité cognitive peut donc convenir. Finalement, il est important de conserver à la fois une distance cognitive (contre l'enfermement) et une proximité cognitive (pour l'apprentissage).

Les acteurs ont donc besoin d'une proximité cognitive sous la forme d'une base de connaissances communes s'ils veulent communiquer entre eux mais aussi absorber et traiter ces nouvelles informations. Par contre, ils doivent se limiter dans cette proximité pour ne pas qu'elle nuise à l'apprentissage. Si les acteurs ont la même proximité cognitive, ils n'auront finalement rien à apprendre les uns des autres et se trouveront ainsi dans une enclave à l'innovation.

La proximité sociale est une forme de proximité définie essentiellement par les précurseurs de la proximité en cinq mouvements. Elle est néanmoins très liée à la proximité cognitive. Elle est issue de la littérature relative à « l'encastrement », celle qui indique que les relations économiques dépendent du contexte social et que parfois elles y sont « encastrées » (BOSCHMA, 2004). De la même manière, les liens et les relations sociales ont un impact sur l'apprentissage et l'innovation. Pour que les relations soient socialement encastrées, il faut qu'elles soient basées sur des liens amicaux ou familiaux. Par extension, les liens liés à la religion ou à l'ethnie ne sont pas des liens sociaux mais plutôt des liens culturels. La capacité des organisations à interagir peut dépendre de certains liens sociaux, comme c'est le cas pour les liens cognitifs.

Comme nous l'avons expliqué dans la théorie de PORTER, la dimension sociale est une condition nécessaire à la création et au fonctionnement du cluster. Selon JOHANNES (2013), les interactions au sein d'un cluster sont, en grande partie, libres et informelles. « Elles résultent d'attitudes socio-culturelles induisant la cohérence entre les éléments ». Être en collaboration traduit le fait que les acteurs favorisent les autres acteurs du cluster. Être en concurrence traduit le fait que ces acteurs conservent une liberté de choix. En fin de compte, c'est le relationnel social qui permet l'économie et la compétitivité. On se trouve donc dans le cas inverse des entreprises industrielles où c'est l'économie et la compétitivité qui créent les liens sociaux. FLORIDA décrit lui aussi le processus créatif comme un processus social et pas seulement individuel. Selon lui, « the creativeprocessis social, not justindividual, and thusforms of organization are necessary. »16(*)c'est-à-dire que le processus créatif est social et pas seulement individuel, et ainsi des formes d'organisations sont nécessaires. C'est d'ailleurs par ce biais de la coopération et de l'échange nécessaire à la créativité que la proximité organisée s'établit.

Finalement, cette littérature de l'encastrement suggère que plus l'apprentissage est interactif et plus les performances en matière d'innovation sont importantes. Comme pour la proximité cognitive, si la proximité sociale est trop excessive, elle peut affaiblir les capacités d'apprentissage des organisations mais aussi diminuer l'innovation.

* 16 FLORIDA Richard, 2002, The Rise of the Creative Class, New-York, BookHolders, p21

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