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Interactions et ancrage territorial des industries créatives: le cas de la Belle-de-Mai à  Marseille

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par hélène sEVERIN
Université Aix-Marseille - Master 2 géographie du développement 2015
  

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2. La place des collectivités dans l'aménagement du Pôle de la Belle-de-Mai et dans sa légitimité

a) Développement de la créativité à la Belle-de-Mai : un projet en trois « îlots » où la ville joue un rôle majeur

Comme nous l'avons vu, l'aide à la création d'entreprises créatives est aujourd'hui un enjeu majeur des politiques de développement local. Les collectivités s'intéressent de plus en plus à l'attractivité économique que peuvent avoir les industries créatives. Dans le cas de la Belle-de-Mai, la Ville de Marseille a très vite cerné cette opportunité d'attractivité par le création et la créativité. Ce territoire offre, en effet, depuis 1992 et l'installation du Système Friche Théâtre dans l'ancienne manufacture des tabacs, un potentiel culturel et économique au territoire de la Belle-de-Mai et plus largement au territoire marseillais, qu'il est essentiel de développer et soutenir. Dans cette dynamique, elle choisit, dans un premier temps, en 1998, de racheter la totalité de l'ancienne manufacture de tabac sur laquelle s'est déjà installé le Système Friche Théâtre en 1992. Grâce à cette nouvelle collaboration entre collectivités et artistes, le projet Friche va prendre une ampleur considérable. Les différents projets de réhabilitation qui feront suite à « un projet culturel pour un projet urbain » vont développer la renommée nationale et internationale de la Friche. La ville y voit alors un potentiel d'attractivité pour Marseille et décide de développer sur le reste de la manufacture un ensemble conjuguant industries culturelles et industries créatives. Elle choisit alors de répartir le territoire en 3 îlots : un îlot spectacle vivant(que l'on pourrait regrouper dans le secteur culturel des arts et spectacles vivants), un îlot multimédia (qui regroupe les secteurs culturels et créatifs du spectacle diffusé, de la communication, du design, du marketing et de la publicité, des jeux vidéo et logiciels) et un îlot patrimoine (qui appartient typiquement au secteur culturel du patrimoine). Ces trois îlots regroupent trois projets aux objectifs et perspectives différentes avec trois types d'acteurs de développement différents. Mais la place de la ville de Marseille dans la définition de ces dits projets y reste toujours très importante.

- L'îlot patrimoine et institutionnel : Pôle Patrimoine

« Le Pôle Patrimoine est axé sur la conservation et la restauration d'oeuvres d'art et d'archives. »28(*). Dans le cas du Pôle Patrimoine, chaque structure est gérée de manière différente mais toujours en partenariat avec des collectivités et/ou l'État:

- le Centre Interrégional de Conservation et de Restauration du Patrimoine, autonome juridiquement mais partenaire de la ville de Marseille ;

- la Conservation du Patrimoine des Musées ;

- le Fonds Communal d'Art Contemporain ;

- l'INA-Méditerranée qui conserve les archives audiovisuelles liées aux productions radiophoniques et télévisuelles de la région PACA et de la Corse ;

- les Archives Municipales de la ville de Marseille, gérées par la ville.

À ces structures, nous avons ajouté pour notre étude le centre de conservation et de ressources du MuCEM (CCR) puisqu'il est à proximité même du site et fait également office d'un centre de conservation du patrimoine. Il est quant à lui placé sous la tutelle du Ministère de la Culture qui reste donc aussi à caractère publique.

- L'îlot multimédia : le Pôle Média

Dans le cas du Pôle Média, c'est la ville qui gère l'ensemble du Pôle, soit la distribution et la gestion des locaux. On y trouve bien évidemment des entreprises privées mais aussi des entreprises publiques et même des établissements gérés ou subventionnés par l'État ou la Région. C'est notamment le cas de l'incubateur (labélisé par le Ministère de l'Education Nationale, de la Recherche et de la Technologie) et de la pépinière d'entreprise (gérée par Marseille Innovation) qui sont des structures accueillant des entreprises en court de création pour une durée allant jusqu'à 18 mois pour l'incubateur et 24 mois (renouvelables) pour la pépinière. Pour les entreprises dont le projet aboutit, une disposition d'accueil est également développée afin qu'elles puissent louer des locaux directement à la ville et ainsi rester au sein du Pôle Média. On y trouve également des structures comme PRIMI (Pôle Transmédia Méditerranée) qui est un cluster rassemblant les filières de l'audiovisuel et du cinéma, de l'animation, du jeu vidéo, de l'Internet et du multimédia. PRIMI est labellisé Grappe d'Entreprises par la DATA et PRIDES par la région PACA. Ce Pôle fait notamment partie de la dynamique d'innovation par les Pôles de compétitivité et les Pôles Régionaux d'Innovation et de Développement Économique Solidaire (PRIDES) soutenue par la Stratégie Régionale de l'Innovation.

Photo 1 : Le Pôle Média de la Belle-de-Mai

Source : SEVERIN Hélène, 15 mai 2015

Le projet du Pôle Média entre dans le cadre d'une politique régionale en faveur du multimédia, le projet IRIS (Initiatives Régionales Innovations et Stratégies). Cette politique veut faire du développement des TIC un axe prioritaire avec le déploiement du haut débit, l'accès public à Internet et le développement des industries multimédia dont le Pôle Média est un moteur important. Elle ajoute également dans ses objectifs le développement du cinéma et de l'audiovisuel.

Finalement le Pôle Média répond à deux objectifs principaux :

- Développement d'une filière de contenus multimédia, audiovisuels, cinématographiques en région ;

- Capitaliser le tournage à Marseille et en région PACA.

Le soutien à l'économie créative relève des administrations des ministères, des opérateurs issus de ces ministères et des professionnels de ces secteurs concernés. A la Belle-de-Mai, les grands partenaires financeurs sont29(*) :

Ø L'Union Européenne,

Ø Le Conseil Régional Provence-Alpes-Côte-D'azur,

Ø Le Conseil Général des Bouches-du-Rhône,

Ø La ville de Marseille,

Ø Euroméditerranée, qui assure la promotion du site,

Ø La communauté urbaine Marseille Provence Métropole qui assure la commercialisation des locaux et l'accompagnement des entreprises dans leur implantation.

Enfin, les acteurs que sont Marseille Innovation, l'Incubateur Belle-de-Mai, les Studios de Marseille, l'Observatoire des Ressources Multimédia en Éducation, le Centre Régional de Documentation Pédagogique et l'Espace Culture Multimédia assurent le développement du site.

Lors de notre entretien avec Nathalie AVERSENQ30(*), chargée du projet Pôle Média, cette dernière nous explique qu'à la création de la communauté urbaine dans les années 2000, la ville de Marseille décide de confier les compétences économiques à la communauté. Elle lui a également confié les compétences facultatives. C'est en 2008 que la ville de Marseille souhaite récupérer les compétences facultatives. Elle crée alors la Direction Attractivité Economique, aujourd'hui appelée Direction des Projets Economiques (depuis 2015). Le Pôle Média fait partie de ce pôle de direction et MPM est en charge de sa gestion. Au sein de cette direction, on trouve un pôle développement territorial (en charge de la gestion et de la technique) et un pôle promotion (en charge de la commercialisation et de la promotion).

Le Pôle Média regroupe aujourd'hui quelques 900 salariés pour une cinquantaine d'entreprises. Quatre sur cinq d'entres elles sont des TPE de moins de 10 salariés. Le groupe lié à la série « Plus Belle la Vie » (400 emplois) et Egencia (200 emplois) regroupent les trois quarts des effectifs de l'îlot.

- L'îlotspectacle vivant : la Friche la Belle-de-Mai31(*)

Situé rue Jobin, la Friche la Belle-de-Mai est une structure regroupant des artistes, des salles de spectacles et concerts, salles de diffusion d'oeuvres, une librairie ; regroupés dans les secteurs culturels que sont le spectacle vivant, le spectacle diffusé, le livre et la presse. Mais on y trouve aussi une crèche et un restaurant qui ne sont pas des industries créatives.

La Friche s'est constituée en 2007 en Société Coopérative d'Intérêts Communs et est désormais locataire de la ville de Marseille31(*). Les partenaires fondateurs de la Friche sont :

Ø Le Ministère de la Culture,

Ø Le Conseil Régional PACA,

Ø Le Conseil Général Bouches-du-Rhône,

Ø La Ville de Marseille.

Le projet initié à la Friche est basé sur la production et la diffusion d'une culture nouvelle accessible dans une stratégie de mixité sociale. Les acteurs associatifs qui y sont installés ont surtout voulu créer un lieu où tout le monde peut se regrouper et partager. « La qualité et la quantité des projets, leur variété et leur autonomie, garantissent la singularité du lieu32(*). »

La question qui se pose alors est pourquoi la ville s'intéresse à ce projet culturel ? L'engouement de la ville quant au développement du territoire de la Friche et plus généralement de la Belle-de-Mai se trouve simplement dans la notoriété dégagée par la Friche. Elle reste d'ailleurs toujours engagée dans le projet.Elle participe, chaque année à hauteur de 6 Millions d'euros au projet de développement des 45 000 m². A titre indicatif, sur la friche du 104 à Paris, c'est 10 millions d'euros directement injectés par les collectivités chaque année pour 10 000 m² de projet. La contribution de la ville de Marseille reste donc faible bien que notable par rapport à d'autres. Alain ARNAUDET, directeur de la Friche, explique33(*) que « si les activités culturelles apportent beaucoup aux collectivités qui les accueillent, cette valeur ajoutée s'apprécie plus en matière de notoriété, de lien social ou d'animation que d'un point de vue économique. »

Photo 2 : Toit-terrasse de la Friche la Belle-de-Mai

Source : SEVERIN Hélène, 15 mai 2015

Finalement, le seul îlot où la ville de Marseille n'exerce pas une totale gestion est l'îlot 3. En effet, la réhabilitation de la manufacture en une friche culturelle est un projet qui émane du Système Friche Théâtre, et bien que la ville soit maître d'ouvrage des aménagements qui y sont faits, les projets sont initiés par des acteurs associatifs. Et c'est sans doute pour cela que la Friche constitue le seul des trois pôles dont la mixité sociale prend une large part des objectifs de développement34(*).

* 28 http://www.marseille.fr/siteculture/les-lieux-culturels/la-Friche-de-la-belle-de-mai/le-pôle-patrimoine, site de la ville de Marseille consulté le 18 mai 2015

* 29 Information recueillie en aout 2003 par l'Observatoire des Territoire Numérique

* 30 Réalisé le 20 mai 2015

* 31 Bien que la ville de Marseille soit propriétaire des lieux depuis 1998, elle a confié, via un bail, la responsabilité foncière à la SCIC.

* 32 http://ancien.laFriche.org/, consulter le 13 mai 2015

* 33Ibid, audit de Marc Bollet, Président & Alain Arnaudet, Directeur / Système Friche Théâtre

* 34 Cette affirmation sera développée dans la troisième partie du mémoire dont la directive est l'ancrage territorial du Pôle Belle-de-Mai

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus