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Crise economique et émergence de l'activité maraichère: cas de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang

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par Georges Ghislain Fofack Mujia
École normale supérieure de Yaoundé  - DIPES II en Géographie  2016
  

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5.2.4.1. Le développement d'un nouvel esprit associatif : les GIC

L'une des formidables formes d'adaptations aux multiples mutations dans l'Ouest Camerounest le développement de GICqui fait suite au décret autorisant la création des organisations paysannes. Il s'agit là des «  organisations à caractère économique et social des personnes physiques volontaires, ayant des intérêts communs et réalisant à travers le groupe des activités communes »21(*). Ce sont là de nouveaux organismes paysans d'encadrement de faible importance. En effet, le développement des GIC va accentuer l'esprit d'entraide et le travail communautaire. Ainsi, dans la pratique, les tâches des GIC sont aussi variées que leurs objectifs. Les paysans faisant partie d'un GIC se relayent par exemple dans la création des parcelles, dans le labour, le repiquage, les récoltes et le transport.En bref, dans tous les travaux qui entourent la production et la commercialisation des différentes spéculations. De plus, ces structures traditionnelles jouent un rôle d'encadrement non moins important auprès de la communauté des paysans. C'est ainsi qu'ils sont considérés comme «  des véritables écoles de formation des paysans » (Elong J. G., 2005).En plus de cet effort communautaire, il faut noter que ces GIC reçoivent de l'aide multiforme venant de l'État. Cette aide allouée aux GIC peut être soit des dons de matériels agricoles, des semences améliorées, ou encore l'encadrement des paysans aux nouvelles pratiques et techniques. (Fig.32.) On voit s'aperçoit que 35,29% des jardiniers enquêtés sont membres d'un GIC. Toutefois, on remarque une prédominance de l'individualisme chez les jardiniers car jusqu'à 64,70% de jardiniers ne sont pas membres d'un GIC (Fig. 31). Cette situation s'explique par deux éléments : d'abord une bonne partie des jardiniers enquêtés a affirmé ne pas avoir les informations nécessaires sur la procédure de création des GIC ; ensuite,d'autresont justifié leur non adhésion aux GIC par le fait qu'ils se sentent plus à l'aise lorsqu'ils pratiquent leur activité de façon individuelle.

Figure 31 : Appartenance aux GICs

Source : Enquête de terrain, janvier 2013

Figure 32: Nature de l'aide de l'État aux GIC

5.2.4.2. Mode d'acquisition des parcelles
L'importance monétaire de la culture de la tomate a favorisé la mise en place d'une nouvelle forme d'économie rurale. Cette dernière étant fondée en grande partie sur la location des parcelles de cultures. Le rendement financier de cette spéculation a en effet induit une augmentation considérable de demande en terres. Les terres, qui jadis étaient dans la région des propriétés familiales et donc se transmettaient par le biais de l'héritage, connaissent un tout autre sort. La masse considérable de néo-maraîchers, qui sont jeunes pour la plupart, combinés au produit des migrations (migrants de retour) et au poids démographique, entraine une rareté de terres pour la pratique du maraîchage. La conséquence immédiate est le développement de la location et de l'achat de parcelles comme modes d'accès à la terre pour la pratique de la culture de la tomate.(Fig.33)


Source : Enquête de terrain, janvier 2013

Figure 33: Modes d'accès à la terre


La figure 33 montre le mode d'accès à la terre de la population enquêtée. Il ressort de ce graphique que 43,13% de la population pratiquant la culture de la tomate la pratique sur une propriété qu'elle loue. Il faut également préciser que la location des terres varie considérablement en fonction qu'on se trouve en zone rurale ou en zone périurbaine. De ce fait, on a constaté que celle-ci était très développée dans les espaces périurbains à l`instar de Tsoutsang ou encore de Titia et Siteu, tous situés dans le groupement Foto. Contrairement au groupement Fotetsa, espace essentiellement rural où la location de la terre n'est pas encore répandue. Le second constat est que cette location varie également de la zone rurale à la zone périurbaine de la ville de Dschang. Pendant que les parcelles en zones rurales se louent soit en nature (partie des récoltes) soit suivant des montants variant entre 5000 FCFA et 15 000FCFA par campagne agricole, la location en zone périurbaine est essentiellement monétaire et les prix varient selon la localisation (bas-fonds, bas de versant, versant) et selon la saison et peuvent atteindre la fourchette de 80 000 FCFA à90 000 FCFApar saison agricole suivant la taille de la parcelle. (Kounchou, 2008).La valeur des bas-fonds a considérablement accru. Ils constituent des espaces très prisés du fait de leur facilité de mise en culture, de ses sols hydromorphes et surtout de la disponibilité en eau, véritable pilier de la culture de la tomate. L'irruption des néo-maraîchers disposant d'un capital financier important a favorisé la multiplication de l'achat comme mode d'accès aux parcelles de cultures. De ce fait, 13,72 % des jardiniers ont accédé à la terre par achat. Ce mode d'accès à la terre témoigne du développement d'une véritable économie rurale fondée sur l'investissement.

5.2.4.3. Modes de financement de l'activité


La provenance des moyens financiers nécessaires au démarrage de l'activité varie d'un jardinier à l'autre. Néanmoins, la synthèse des réponses nous a permise de constater que le mode de financement dominant chez les jardiniers demeure l'épargne personnelle. 40,2% des jardiniers affirment que l'argent indispensable pour se lancer dans la culture de la tomate est un apport personnel. La famille constitue également pour 9,8% des jardiniers, un créancier non négligeable. Le prêt et les tontines (marque de fabrique de la population de l'Ouest) y sont également utilisés comme moyens de financement de l'activité avec respectivement 5,9% et 36,3%.La micro-finance qui est quand même développée dans l'arrondissement (une quinzaine d'établissements de micro-finance) constitue une très faible source de financement de jardiniers. On se rend bien à l'évidence que l'entraide (familiale, par les tontines ou par les prêts chez des particuliers) et l'épargne personnelle constituent à 93,2% les modes de financements des projets agricoles. Démontrant ainsi ce que Dongmo a appelé en 1981 « le dynamisme bamiléké ». Il convient toutefois derappeler au regard du tableau9que le financement par la micro-finance n'est pas l'apanage des femmes. Cette situation permet d'établir une corrélation entre le niveau d'étude et l'accès au financement parlamicro-finance. On a donc pu constater dans cette population de jardiniers que les femmes sont moins instruites que les hommes, raison pour laquelle elles n'ont véritablement pas accès au financement de la micro-finance. Outre les garanties exigées pour obtenir un prêt, le manque de confiance des institutions de micro-finance vis-à-vis des femmes rurales et les taux de remboursement élevés ne permettent pas massivement aux femmes d'avoir des microcrédits. (Fokam, 2003 ; Djamen, 2005 ; Bouyo, 2005). De plus, on a constaté que la proportion des jardiniers qui utilise la micro-finance comme mode de financement de leur activitéa soit un niveau supérieur, soit un niveau secondaire dans une moindre mesure.

Tableau 9: Provenance des fonds pour le financement de l'activité


36

21

8

6

6

77

35, 3%

20, 6%

7, 8%

5, 9%

5, 9%

75, 5%

5

16

4

25

4, 9%

15, 7%

0

0

3, 9%

24, 5%

41

37

8

6

10

102

40, 2%

36, 3%

7, 8%

5, 9%

9, 8%

100, 0%

Effectif

Effectif

Effectif

Homme

Femme

Sexe

Total

Épargne

Personnelle

Tontines

Micro-fina

nces

Prêt

Apport familial

Provenance du capital pour l'investissement

Total


Source : Enquête de terrain, janvier 2013

* 21 Définition tirée de la loi du 14 Avril 1992, qui instituait les organisations paysannes.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo