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Crise economique et émergence de l'activité maraichère: cas de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang

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par Georges Ghislain Fofack Mujia
École normale supérieure de Yaoundé  - DIPES II en Géographie  2016
  

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5.2.4.4. Techniques de production

a) Techniques de culture

La culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang ne déroge pas à la règle en ce qui concerne les techniques de production. L'outillage est cependant toujours rudimentaire, nécessitant ainsi d'importantes capacités physiques pour mettre en culture des parcelles de tomates. Face à ce défi de taille, certains jardiniers, dont les exploitations sont vastes, font usage d'une main d'oeuvre non pas familiale mais employée. Cette main d'oeuvre employée pour la plupart du temps pour des tâches ponctuelles (défrichage des parcelles, labour repiquage, désherbage, récoltes, transport), est payée en fonction du service rendu. Le recours à ces employés saisonniers permet aux grands maraîchers de multiplier les cycles de production au cours de l'année.

De ce fait, ces maraîchers pratiquent parfois jusqu'à 5 cycles de production l'année, contrairement aux petits jardiniers qui n'en font que 2 parce qu'ils n'ont pas de main d'oeuvre à leur disposition. Le tableau 11présente le calendrier agricole de la tomate cultivée en 2 cycles et en 5 cycles par an. Le tableau 10montre quant à lui le nombre de récoltes annuelles par groupement. Il ressort de ce dernier que 86,28% des jardiniers récoltent au moins 3 fois l'an et, par conséquent, ont au moins 3 cycles de cultures l'année. Le reste, c'est-a-dire 13,72%,a 2 cycles de cultures par an.

26,47% des jardiniers pratiquent plus de 3 cycles de cultures de la tomate par an. Cette proportion qu'on qualifie de grands jardiniers, se trouve principalement dans les groupements Foto et Foréké-Dschang. La proximité par rapport aux marchés d'écoulement expliquerait cette situation. Cette remarque confirme de surcroît la théorie de la diffusion de l'innovation d'Hagesrtrand, selon laquelle plus on est proche de l'innovation, plus on l'adopte rapidement.

Tableau 10:Nombre de récoltes annuelles par groupement

19

20

39

9

37

7

53

5

5

10

14

61

27

102

Foréké Dschang

Foto

Fotetsa

Groupement

Total

2 fois

3 fois

+ 3 fois

Nombre de récoltes par an

Total

Source : Enquête de terrain, janvier 2013

Tableau 11: Calendrier agricole de la culture de la tomate dans le groupement Foto

Spéculation

Tomate en 2 campagne/an

Tomate en + de 2 campagnes/an

Janvier

 

Germination + Labour de la 1ère campagne

Repiquage 1ère campagne

Entretien plantes 1 ère campagne

Février

 

Germination + labour 2e campagne + entretien plantes 1ère campagne

Germination + Labour 1ère campagne

Repiquage + entretien plantes 1ère et 2 e campagne

Entretien plantes 1ère et 2e campagne

Mars

Entretien plantes 1ère et 2e campagne + repiquage 3e campagne

Repiquage

Entretien plantes 3e campagne

Avril

Germination + Labour 1ère campagne

Récolte 1ère campagne + entretien 2e et 3e campagne

Mai

Repiquage 4e campagne + récolte 2e campagne et entretien plantes 3e campagne

Juin

Entretien plantes 3e et 4e campagne

Récolte 1ère campagne

Juillet

 

Entretien plantes 3e et 4e campagne

Août

Germination + Labour 2e campagne

Récolte 3e campagne et entretien plantes 4e campagne et repiquage 5e campagne

Septembre

Repiquage

Récolte 4e campagne et entretien plantes 5e campagne

Sarclage et entretien des plantes

Octobre

Entretien des plantes 5e campagne

Novembre

Entretien des plantes 5e campagne

Décembre

Récolte de la 5e campagne

2e récolte

Source : Kounchou, 2008 et enquête de terrain, janvier 2013

b) Spécialisation agricole de plus en plus croissante

La spécialisation constitue également une innovation majeure des jardiniers dans l'arrondissement. Contrairement à la polyculture habituellement pratiquée, les jardiniers se sont orientés vers une monoculture spécialisée. Celle-ci est pratiquée en grande partie par les exploitants regroupés au sein des GIC à l'instar du GIC APOL (agriculteurs et porciculteurs de Letagli) ou du GICADJEPAF (Association pour le développement des jeunes agro-pasteurs de Fonakeukeu). Cette monoculture intensive assure en effet aux jardiniers une augmentation substantielle des revenus monétaires, d'autant plus que la demande des villes en tomates est de plus en plus importante.

Sur cette planche photographique, on observe des champs de monoculture intensive de tomates. Sur l'image A, on a un champ de tomate en monoculture dans le village Fonakeukeu. Sur l'image B, on voit plusieurs parcelles de monoculture de tomates dans les bas-fonds des villages Titia, derrière la chefferie de Foto. Il ressort donc de ces images que les jardiniers ont choisi la spécialisation pour répondre à une double exigence : d'abord, augmenter les rendements afin de faire des bénéfices substantiels, ensuite, satisfaire la demande dans les marchés.

B

A



Clichés Fofack Mujia, janvier 2013

Planche Photo 1:Monoculture intensive dans le groupement Foto

c) Utilisation croissante des engrais et des produits phytosanitaires

Face à la rentabilité financière de la tomate dans l'arrondissement, les jardiniers ont eu recours à des techniques modernes de fertilisation afin de maximiser la production par unité de surface. De ce fait, les engrais chimiques ont rapidement substitué les fientes de poules et la fumure animale. Néanmoins, leurs prix ne permettent pas aux petits exploitants de se procurer des quantités importantes. Contrairement aux fientes de poules utilisées comme fertilisants, qui coûtent moins chers (2000 FCFA/sac), en fonction de la qualité, les engrais chimiques sont très onéreux, en particulier pour les petits exploitants. (Annexe 9). Les engrais chimiques communément utilisés par les jardiniers sont : l'urée (46% N), le NH3 et les N P K (20-10-10 ; 10-6-20 ; 24-12-12).

En ce qui concerne les produits phytosanitaires, la prolifération des attaques cryptogamiques et d'autres insectes nuisibles surtout en saison des pluiesa accentué leur utilisation. Toutefois, la volatilité du coût de ces derniers au fil des années, ne permet pas à tous les jardiniers de les utiliser.

Tableau 12: Utilisation d'engrais

44

102

43

47

6

96

1

1

4

6

48

10

Oui

Non

Utilisation des

engrais

Total

Foréké

Dschang

Foto

Fotetsa

Groupement

Total

Source : Enquête de terrain, janvier 2013

On s'aperçoit au regard du tableau 12que l'utilisation des engrais est une condition sine qua non pour une productivité acceptable. C'est pour cela que presque tous les jardiniers en utilisent, indépendamment du type. L'utilisation des engrais est pratiquée par 94,11% des jardiniers.Preuve que l'engrais organique (fientes de poules) est moins utilisé par ces derniers. (Annexe 12).Les quantités utilisées sont de ce fait importantes (Fig.34). Cela se justifie par l'importance de la demande et le souci de faire des bénéfices. En effet, la pratique de cette culture est aujourd'hui motivée par la facilité de sa commercialisation et la prépondérance des gains monétaires qu'elle procure aux jardiniers.

Source : Enquête de terrain, janvier 2013

Figure 34: Quantité d'engrais utilisés par les jardiniers

d) Techniques d'irrigation

La disponibilité de l'eau reste et demeure une condition fondamentale au développement de l'activité maraîchère. Avec la croissance démographique de la région de l'Ouest et en particulier de l'arrondissement de Dschang, le problème de rareté des bas-fonds a commencé à se poser avec acuité. Compte tenu de la rentabilité financière avérée de la tomate, plusieurs stratégies innovatrices ont été développées aussi bien pour la conquête des terres que pour l'irrigation, afin d'augmenter la production de la tomate et par là les gains monétaires.

En ce qui concerne la localisation des exploitations de tomates, certes les bas-fonds constituent la zone de prédilection de l'extension du maraîchage, cependant, du fait de son extrême rareté et du coût élevé de sa location dans la zone périurbaine de la ville de Dschang, il s'est développé une diffusion de l'activité maraîchère sur les pentes abruptes de versants (Photo 2 P.54.) ou encore en bas de versant (Photo A P.80).Cette diffusion du maraîchage sur les pentes de versant témoigne de l'abandon des cultures annuelles pour les pluriannuelles,à l'instar de la culture de la tomate, dont l'importance est aujourd'hui vitale pour l'agriculture de l'arrondissement. Le graphique 35 montre la prépondérance des bas-fonds comme lieu de localisation des exploitations de tomates. Néanmoins, il met également en exergue le pourcentage non moins important de la zone de bas de versant (27%) comme lieu de localisation de jardins. De plus, on peut aussi voir que, suivant un regard par groupement, seuls les groupements Foréké-Dschang et Foto présentent des jardiniers ayant des exploitations soit en bas de versant, soit sur les pentes abruptes de versant. Ce constat met en évidence deux postulats : d'abord la proximité par rapport aux marchés d'écoulement justifie la conquête des versants pour la pratique de la culture de la tomate dans ces deux groupements. Ensuite, cette proximité est congruente avec l'adoption de l'innovation. En d'autres termes, plus on est proche de l'innovation, plus on est susceptible de l'adopter rapidement comme le précise la théorie de Hägerstrand.

Source : Enquête de terrain, janvier 2013

Figure 35: Localisation des jardins

La figure 36 qui suit nous montre Spatialisation des types de jardins de tomate dans l'arrondissement de Dschang, on s'aperçoit que les zones de culture de la tomate dans l'arrondissement sont essentiellement rurales ; Néanmoins, il s'est également développé autour de la ville de Dschang, de nombreuses zones périurbaines de culture de cette spéculation en particulier dans les groupements Foréké et Foto.

Figure 36 : Spatialisation des types de jardins de tomate dans l'arrondissement de Dschang

Avec la conquête progressive des versants pour la pratique de la culture de la tomate, le problème de disponibilité de l'eau s'est également posé. Pour résorber cette situation, les jardiniers ont développés des méthodes d'irrigation, faisant ainsi preuve d'ingéniosité.

· Irrigation par gravité

C'est un procédé mis en place par les jardiniers, qui consiste, lorsque la parcelle est située à côté d'un cours d'eau, à dévier tout le cours d'eau ou une fraction de celui-ci à l'aide d'amas de sacs remplis de terre, pour entrainer l'eau dans la parcelle par simple gravité.(Image A et B de la planche photo 2 P.86)L'eau sillonne alors les allées tracées à cet effet dans la parcelle et assure ainsi sa disponibilité permanente pour l'arrosage de la parcelle. L'avantage de ce système d'irrigation est son coût financier presque inexistant ou dérisoire. Ce système d'irrigation est très souvent utilisé par les maraîchers qui ne disposent pas d'assez de moyens financiers.

· Irrigation par aspersion

Celle-ci consiste à prélever l'eau d'une rivière ou d'un puits à proximité de la parcelle et d'asperger directement les plantes. Cette aspersion se fait au moyen d'arrosoirs et de sceaux. Parfois, certains utilisent des tuyaux en PCV de grand diamètre comme matériel de base. D'autres jardiniers, en particulier les grands jardiniers ou encore les jardiniers membres de GIC, ont recours aux motopompes afin de faciliter l'irrigation.

Barrage en sacs remplis de terre

Sur cette planche photo, l'image A met en relief le barrage de déviation qui a été construit en amont d'un cours d'eau. L'image B présente le sens d'écoulement de l'eau entre les allées de la parcelle. Ces deux images représentent un système d'irrigation par gravité d'une parcelle située sur un versant dans le village Fonakeukeu. L'image C quant à elle présente un système d'irrigation dans les bas-fonds du village Titia. La conquête de l'eau est un défi majeur pour le démarrage du maraîchage.

C

A

B

Clichés Fofack Mujia, février 2013

Planche Photo 2: Irrigation par gravité

Figure 37: Répartition des villages enquêtés selon l'intensité de production

La figure 37met en évidence la répartition des villages enquêtés suivant le critère intensité de production de la tomate. Il en ressort que ces derniers se regroupent en trois ensembles :

· Les zones de faible production qui comprennent les villages : Fotetsa et Lap

· Les zones de moyenne production au rang desquelles on retrouve les villages : Atotchi, Letagli, Tsoutsang et Titia

· Les zones de forte production que sont : Banki, Siteu, Mbilé, Fonakeukeu et Litieu.

Ces zones de moyenne et de forte production qui sont pour la plupart des zones rurales et périurbaines sont de plus en plus prisées par les jardiniers dans la mesure la zone urbaine ne dispose plus d'assez d'espaces pour l'extension du maraîchage et de la culture de la tomate en particulier.

5.3. Conséquences du développement de la culture de la tomate

Les retombées du développement de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang s'observent à plusieurs niveaux :

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand