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Partis politiques et processus démocratiques en République Démocratique du Congo

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par Emmanuel MUKENDI KENNEDY
Université de Lubumbashi - Licence en Sciences Politiques et Administratives  2014
  

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c. L'activité de mobilisation des hommes autour de certaines idées et certains enjeux politiques

Au sujet de la mobilisation, le Professeur MULUMBATI NGASHA Adrien note que « par plusieurs moyens, et notamment par des campagnes de sensibilisation, les partis mobilisent des hommes soit autour de certaines idées, soit encore autour de certains enjeux politiques. »38(*) Cependant, en République Démocratique du Congo, les partis qui se livrent à la mobilisation des hommes sont à compter au bout de doigts, car il semble, la préoccupation majeur de ces partis reste la recherche des moyens financiers et des privilèges ; alors tels partis ne peuvent initier ni idées, ni enjeux autour desquels sympathisants et militants peuvent construire une réflexion ou adhérer. Comment voudriez-vous qu'un parti dont les membres ne se réunissent que quand il faut partager le gâteau provenant des alliances et coalitions, initie ou mobilise les hommes autour des certaines idées et certains enjeux politiques ?

Il est clair et connu de tous que « la République Démocratique du Congo passe pour un cas atypique, ou l'anomalie est devenue la norme normale,  notamment en ce qui concerne les partis politiques. »39(*) En effet, les véritables idées qui circulent dans les partis politiques, sont les cultes du Président fondateur.

d. La fonction tribunicienne

Cette fonction consiste pour les partis politiques, à recueillir les problèmes et préoccupations des marginaux et les transmettre aux dirigeants et veiller à ce que ceux-ci (problèmes) soient résolus dans le sens souhaité par les bénéficiaires. Les partis comme UDPS, MLC et PPRD s'inscrivent dans cette catégorie, dans la mesure où en leur sein, existent des commissions chargées de recueillir les problèmes de la société, de les traiter par ordre de pertinence et de les transmettre aux dirigeants.

e. La formation de l'opinion publique

A ce propos, David Apter souligne qu' « une fonction primaire des partis politiques est de structurer l'opinion publique, de mesurer ses attitudes et de les transmettre aux responsables gouvernementaux et aux dirigeants, de sorte que gouvernés et gouvernants, l'opinion et le pouvoir, soient raisonnablement proches les uns des autres.» 40(*)

Ainsi qu'on vient de le mentionner avec David Apter, par et à travers de nombreuses voies, les partis politiques peuvent parvenir à former l'opinion par exemple sur la gestion des affaires publiques. Bien au contraire, les partis politiques congolais dont le grand nombre demeurent dans le clientélisme et la recherche des profits, se trouvent incapable de faire admettre à la population une quelconque opinion puisqu'étant déjà discrédités aux yeux de la population ; à ce titre, les exemples sont légion : après les élections présidentielles et législatives de 2011, il avait été établi par tous les partis de l'opposition qu'il y aurait boycott des séances parlementaires dans le but de remettre la vérité des urnes, curieusement certains leaders de la même opposition, notamment NKISI KOMBO voté sous étiquette de l'UDPS, a, contre toute attente, accepté de siéger comme président du bureau provisoire de l'assemblée nationale moyennant une somme d'argent qu'il lui aurait été versée par la majorité présidentielle.

Par ailleurs, il convient de relever le scandale de message téléphoniques qui a éclaté en 2010 ; en effet, rappelons ici, qu'il avait été dévoilé que pour voter pour telle ou telle autre loi, les députés de la majorité présidentielle ne tenaient pas compte de conséquences de ladite loi, ils s'envoyaient de SMS (short message service) entre eux pour se communiquer de l'attitude à prendre vis-à-vis du vote des lois et ceci moyennant une somme d'argent qui leur était versée par ceux à qui les lois profitaient. C'est ainsi que comme le hasard fait bien les choses, ils se sont un jour trompés de numéro et ont envoyé des SMS à quelques députés de l'opposition qui, à leur tour, ont dévoilé cette affaire. Avec de tels candidats, comment voudriez vous que la population adopte leur opinion pour en faire sienne ?

Eu égard à ce qui précède, il semble crucial de noter que les partis politiques congolais ne fonctionnent pas comme les partis de partout ailleurs au monde, ils sont pour la plupart, des principaux moyens de subsistance de leurs fondateurs, ils ne sont présents que lorsqu'il s'agit de partager des profits ou de pourvoir les postes issus des alliances. C'est ainsi que face à cette cacophonie, Evariste BOSHAB s'interroge, où vont les partis politiques ?

Ainsi que nous pouvons compléter nos analyses avec les résultats de l'enquête du Centre d'études politiques Konrad ADENAUER, selon lesquels « les partis politiques en RDC n'ont pas de siège propre et manquent d'archives. »41(*)

Concernant leurs programmes, ce terme englobant aux termes de l'enquête, tous les documents qui aident les partis politiques à exprimer leur opinion, c'est-à-dire le programme proprement dit, le projet de société ou le programme électoral, l'enquête a révélé que :

1) Il existe un écart entre les prescrits de la loi en matière de documents vitaux pour un parti (Statuts, etc.) et la pratique quotidienne des partis ;

2) Le siège du parti, pourtant élément vital de l'existence d'un parti, trahit la précarité de la plupart des partis politiques ;

3) Le projet de société des partis politiques est une coquille vide dans la plupart des cas, et ne semble pas, de ce fait, avoir un impact sur l'action politique ;

4) La communication des partis politiques est déficitaire, la mobilisation des partisans est faible entre les échéances électorales, et la formation civique des militants est quasi inexistante ;

5) Quant au programme électoral, le « changement » et la « bonne gouvernance » n'y figurent qu'à titre de maître-mot et sont creux et démagogiques et non comme concepts idéologiques ;

6) La question des ressources financières reste préoccupante pour les partis politiques et les pouvoirs publics, dans un contexte de pauvreté généralisée des adhérents et/ou des militants et d'absence de mécanismes de financement des partis politiques.

Somme toute, nous ne pouvons clore ce chapitre sans dire un mot sur l'implantation des partis politiques qui, du reste, demeure un facteur pouvant influencer positivement ou négativement sur le rôle desdits partis politiques dans un processus démocratique. L'implantation des partis politiques sur l'effectivité du territoire national est reconnue même par la loi n°04/002 du 15 mars 2004 portant organisation et fonctionnement des partis politiques qui, au point a) de l'article 5 stipule : «... à leur caractère national et ne peuvent ni s'identifier à une famille, à un clan, à une tribu, à une ethnie, à une province, à un sous-ensemble du pays, à une race, à une religion, à une langue, à un sexe ou à une quelconque origine,... » 42(*), à la même loi de poursuivre à l'article 3 : « Les partis politiques se créent, s'organisent et exercent leurs activités librement sur toute l'étendue du territoire national dans le respect de la constitution... »

Au terme de la loi sus évoquée, il est facilement compréhensible qu'il est reconnu aux partis politiques, à la fois, le droit et l'obligation de s'implanter effectivement sur le territoire national, car le faire reviendrait, pour les partis politiques, à une prouesse pouvant leur permettre de drainer de marées humaines.

Ainsi, les considérations ci-haut développées corroborent avec pertinence les résultats des recherches menées par la CASE (Commission Africaine pour la Surveillance des Elections)43(*). En effet, Sur 477 partis politiques régulièrement enregistrés au Ministère de l'intérieur, seul 4 partis politiques, soit 0,83% sont implantés sur vaste étendue du territoire évalué à 75%. Ce rapport mentionne aussi que 12 partis politiques soit 2,51% ne sont implantés que dans les chefs-lieux de province avec un taux de 45%. En fin, dans ce rapport paraissent 461 partis, soit 96,64% qui n'ont pas de base réelle dans la société, pour la plupart des cas les partis de cette dernière catégorie sont seulement à Kinshasa et parfois ne couvrent même pas la totalité des communes de la capitale. De manière plus pratique, l'implantation des partis politiques se présente de la manière suivante :

* 38 MULUMBATI, N., op.cit., p.138.

* 39 MBAYA K., Cours de droit administratif, UNILU/G2 SPA, 2011-2012, inédit.

* 40 APTER, D., The politic of modernization, 5ème Ed, California, berkeley institut of international study, 1968, p.181.

* 41 KONRAD ADENAUER, rapport sur Plaidoyer pour des structures durables et Organisées des partis politiques, Kinshasa, 2013.

* 42 Loi n°04/002 du 15 mars 2004 portant organisation et fonctionnement des partis politiques, version numérique, p.1.

* 43 Lire le rapport de la CASE publié le 18 mars 2015.

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