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Employabilité des jeunes en Côte d'Ivoire

( Télécharger le fichier original )
par Antoine N'Gratier
Université d'Abidjan - DEA 2007
  

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II.2) Employabilité et expérience professionnelle.

Les offreurs d'emploi, outre les caractéristiques intrinsèques et acquis des demandeurs d'emploi comme, le niveau d'éducation dont nous avons parlé plus haut, utilisent des critères de recrutement qui amènent à sélectionner tendanciellement la main d'oeuvre. En raison de l'évolution rapide et de la flexibilité du marché du travail, les offreurs d'emploi discriminent et sont de plus en plus enclin à choisir une main d'oeuvre qualifiée, flexible et jouissant d'une expérience professionnelle allant de un (1) à cinq (5) ans, voire plus ; atout qui manque crucialement à la population des jeunes, puisque la majorité est primo demandeur.

L'une des raisons du choix des expérimentés professionnels résiderait dans le coût de formation. En effet, dès après l'embauche d'un nouvel entrant, l'entreprise se doit d'amener celui-ci à la maîtrise du poste qu'elle a à pourvoir. De ce fait, selon toute logique, il apparaîtra que l'entreprise aura plus à investir dans l'individu n'ayant aucune expérience professionnelle comparativement à celui qui en a une; d'où son intérêt pour ce dernier.

A cause que les entreprises veulent réduire ces coûts en atténuant autant que possible les coûts de formation, elles sont amenées dans la plupart des cas à offrir des emplois exigeant une expérience professionnelle. Cela ne va pas sans nuire à la jeunesse majoritairement primo demandeur et n'ayant bénéficié d'aucune expérience professionnelle (stages, par exemple) au cours de leur scolarité, puisque le système de formation n'en prévoit pas. Cela témoigne de la non concordance entre système de production de la main d'ouvre (système éducatif et de formation) et système d'absorption de la main d'oeuvre (entreprises) et de la discrimination dont les jeunes sont victimes à l'embauche.

De plus pour les entreprises, le recours à l'expérience professionnelle peut-être le moyen d'atténuer certaines incertitudes liées aux recrutements : CV, lettre de motivation, entretiens individuels et collectifs, tests psychotechniques... (François Stankiewicz ,1999). Sur le marché du travail ivoirien, l'expérience professionnelle ne fait pas défaut comme en témoigne le tableau ci-après.

Tableau 2 : Offres d'emploi selon l'expérience professionnelle.

Offre d'emplois

Années

1996 1998 1999 2000

Offres exigeant une expérience professionnelle

67%

61,5%

77,7%

82,5%

Offres n'exigeant aucune expérience professionnelle

33%

38,4%

22,3%

17,5%

Source: AGEPE / Observatoire.

De l'analyse du tableau, il ressort dans l'ensemble qu'à part 1998, les offres d'emploi exigeant une expérience professionnelle vont croissantes. Entre 1996 et 1999, on observe une augmentation de plus de 10% des offres exigeant une expérience professionnelle. Entre temps, les offres n'exigeant aucune expérience professionnelle vont décroissantes ; cela porte à croire que les employeurs sont de plus en plus friands de main d'oeuvre ayant déjà exercé. Ainsi, ce sont les primo demandeurs qui sont à même de postuler pour la deuxième catégorie d'emploi puisqu'ils ne bénéficient d'aucune expérience professionnelle; leur faible employabilité serait donc liée à leur inexpérience sur le marché du travail.

Cela est justifié comme en témoigne le tableau suivant concernant les bénéficiaires d'une expérience professionnelle (stages) sur plus d'un millier de jeunes à travers le Programme d'Aide à l'Embauche (PAE) exécuté par l'AGEPE. Il faut noter ici que le programme n'était que dans sa phase expérimentale.

Tableau 3 : Mise en stage du PAE de l'AGEPE

Nombre de jeunes bénéficiaires de stages

Années

1998

1999

2000

2002

154

16

13

5


Source : Extrait du PAE-AGEPE.

Sur plus d'un millier de jeunes demandeurs, seulement 154 ont bénéficié d'une expérience professionnelle en 1998. Pis encore, le nombre de bénéficiaires a décrut depuis cette date jusqu'à atteindre 5 mises en stage en 2002. Pendant qu'en 2000, 82,5% des emplois exigeaient une expérience professionnelle, seulement 13 jeunes avaient bénéficié d'une mise en stage. Cela témoigne de l'ampleur du problème d'expérience dont les jeunes paient le lourd tribut.

Face à cela, les théories de la discrimination et du filtre trouvent tout leur sens.

Les offreurs d'emploi discriminent positivement les personnes ayant une expérience professionnelle, expérience qui apparaît comme un moyen de filtre pour eux.

II.3) Employabilité et modes de recherche d'emploi.

La recherche d'emploi comporte un coût qui n'est rien d'autre que la perte de revenu liée à la durée du temps de recherche. De même, elle à un rendement qui est le gain espéré qui résulte d'une meilleure prospection.

On retiendra que l'apport essentiel de la théorie du job search, est que le chômage n'est plus interprété comme le résultat d'un blocage sur le marché du travail. On peut même y voir un chômage de recherche (pour les plus diplômés), véritable investissement rentable pour tous les agents économiques (individus, entreprises).

Voyons à présent ce qu'il en est sur le marché du travail pour les jeunes en Côte d'Ivoire. Les démarches pour la recherche d'un emploi par les jeunes sont multiples. Elles vont des cabinets de placements privés aux structures de placements publics en passant par les réseaux de solidarités familiales, parentales et amicales.

Tableau 4 : Démarches de recherche d'emploi.

Démarches de recherche d'emploi

AGEPE Cabinets Contacts Réseaux Autres

1998

4% 5% 14% 72% 10%

2002

3% 4% 30% 50% 8%

Source : Kouakou K. Clément.

Ce qu'il faut remarquer tout de suite, c'est le recours très important vers les réseaux de solidarités parentales et autres connaissances.

Les démarches de recherche d'emploi via les réseaux enregistrent pour 1998 un taux de 72% et pour 2002 un taux de 50%

Les démarches de recherche sont des processus par lesquels ont recours les individus pour l'obtention d'un emploi

L'analyse du tableau nous emmène à nous poser la question suivante : Pourquoi une baisse en pourcentage des démarches de recherche auprès des cabinets de placements et de l'AGEPE ?

Une des raisons du faible taux de recours aux agences de placement serait la méconnaissance de ces institutions par les jeunes chômeurs ; l'enquête 1-2-3 effectué en 2002 montre que dans les principales agglomérations de sept Etats membres de l'UEMOA (Abidjan, Bamako, Cotonou, Dakar, Lomé, Niamey et Ouagadougou), 56% des non-inscrits n'en ont jamais entendu parler. Une campagne d'envergure doit donc être lancée dans les différentes agglomérations suscitées pour que de plus en plus les jeunes demandeurs s'y intéressent et s'y inscrivent.

Une autre raison résiderait dans une perte de confiance progressive vis à vis de ces structures; cette baisse de pourcentage proviendrait également d'une déstructuration et d'un désagrégement des dites structures tant par la précarité de leurs locaux que par une perte de qualité de leurs services.

Par ailleurs, le manque de confiance semble être dû à une asymétrie d'information entre cabinets de placement et demandeurs d'emploi. Les derniers étant informés tardivement ou pas de l'existence de besoins en main d'oeuvre exprimés par les entreprises.

La perte de confiance est significative d'autant plus qu'en 1998 et en 2002, seulement 4% et 3% des demandeurs d'emploi ont entrepris des démarches de recherche d'emploi auprès de l'AGEPE et des cabinets de placements.

De plus en plus, les réseaux de connaissances sont sollicités en raison de l'accès à un poste de travail rendu aisé par la présence d'une connaissance dans une entreprise.

Cela nous montre clairement le manque de lien qu'il y a entre le système de formation et le système productif ; aujourd'hui, tout porte à croire que l'école ne garantit pas un emploi ; puisque l'on peut être diplômé, mais en manque de soutien, on se heurte à des barrières (souvent non institutionnelles) à l'entrée des entreprises ; or la situation aurait été plus aisée si l'école créait des canaux de recommandations auprès des entreprises ; cependant les jeunes, après leur scolarité restent seuls dans la recherche d'emploi.

Des conséquences immédiates de cet état semblent être la culture de l'insuccès, le manque de compétition et la perpétuation des classes sociales.

Il ressort que la théorie de la recherche d'emploi n'arrive pas à expliquer les principaux déterminants tendanciels de chômage. L'emploi est tellement rare et la main d'oeuvre abondante que la probabilité de trouver un meilleur emploi à l'issue d'une prospection reste relativement faible. Ceci suggère une dynamique de l'éducation et de l'emploi dont les éléments sont à rechercher dans d'autres théories.

A côté de l'inadéquation entre le système de formation et le système productif, inadéquation qui amoindri la probabilité des jeunes à trouver un emploi, nous notons les difficultés et les lourdeurs des systèmes d'insertion professionnelle qui devraient en principe faciliter l'accession des jeunes sur le marché du travail.

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