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Employabilité des jeunes en Côte d'Ivoire

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par Antoine N'Gratier
Université d'Abidjan - DEA 2007
  

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II) Les contraintes institutionnelles et financières des structures de promotion de l'emploi.

Les obstacles dans la mise en oeuvre des différents programmes sont de deux ordres principalement: insuffisances financières, obstacles institutionnels auxquels on ajoute la faiblesse au niveau de la qualité et de la quantité des ressources humaines.

On note qu'au niveau institutionnel, la lourdeur administrative et la lenteur des procédures de décaissement résultant de la nature des structures en charge de la politique, de même que les chevauchements d'activités constituent des obstacles au niveau de toutes les structures.

Concernant l'AGEPE, on a pu noter que les agents déjà en nombre insuffisant sont obligés de pré financer leurs missions ; le volet quantité des ressources humaines peut être réglé, mais ce n'est pas toujours que l'on a les personnes qu'il faut à la place où elles doivent être.

Les faibles résultats de l'AGEPE sont la résultante d'un dysfonctionnement des programmes d'emploi contenus dans le plan national de l'emploi de 1995.

Il est à noter que malgré la rédaction d'un nouveau plan national de développement de l'emploi en 2004, les programmes rencontrent toujours des dysfonctionnements.

Concernant le volet financier, on note l'inexistence de subventions pour la prise en charge réelle du traitement économique du chômage. Par ailleurs, il était prévu de consacrer deux tiers des recettes liés à l'allocation chômage et au traitement économique du chômage, mais cela n'a jamais été le cas.

Un autre frein à l'employabilité des jeunes est dû au fait que les structures d'insertion ne se font pas assez connaître. En effet, il revient aux structures de promotion des emplois de vulgariser leurs activités à tous les secteurs de l'économie, notamment aux entreprises privées ; il existe souvent une asymétrie d'information entre les offres d'emploi émanant des entreprises privées et les demandes d'emploi.

C'est très souvent que les postulants sont informés tardivement des demandes de travail; ce faisant le temps pour la collection des pièces administratives requises reste insuffisant entraînant de fait des échecs programmés.

A côté de l'AGEPE, l'AGEFOP elle aussi, n'enregistre pas des résultas satisfaisants. Les problèmes logistiques (moyens de déplacement, matériels informatiques,...) constituent des obstacles majeurs à la mise en place de politiques de résorption de la main d'oeuvre.

Au niveau des projets d'apprentissage, on note des dysfonctionnements dans l'encadrement des apprentis, l'insuffisance de ressources humaines (conseillers d'apprentissage), la mauvaise qualité des cours théoriques et l'insuffisance de matériels didactiques et d'équipements motorisés.

Concernant les formations qualifiantes, on souligne le problème de l'équivalence des certifiés de l'apprentissage et des formations qualifiantes. Ce problème est un obstacle à l'insertion des jeunes certifiés puisque les examens nationaux ne tiennent pas compte d'une catégorie particulière de formés. L'AGEFOP n'ayant pas les moyens de financer des cours complémentaires pour une remise à niveau, on assiste à une disqualification de ces derniers.

Les raisons de l'incapacité de l'AGEFOP à assurer les cours supplémentaires sont de trois ordres. D'abord, une insuffisance de ressources financières comme signifiée plus haut ; ensuite un non respect des programmes à dispenser ce qui entraînent une détérioration de la qualité de la formation et enfin le nombre insuffisant des conseillers pédagogiques.

Outre ces difficultés, on énumère celles qui suivent :

· L'impossibilité d'obtenir des salles de formation adaptées aux différents états physiques des candidats à la formation comme les handicapés moteurs, les sourds, les aveugles etc.,

· La méconnaissance des filières de formation.

· Le manque d'informations pertinentes sur les secteurs porteurs de l'économie.

· Une faible capacité d'orientation des jeunes.

· Le manque de dispositifs de suivie des jeunes formés, et de répertoires des qualifiés de l'AGEFOP.

· La sénescence très prononcée des matériels de travail.

· Le faible engouement au niveau des formations qualifiantes à cause du caractère payant de la formation.

· L'inadéquation entre les modules de formations et les besoins de formation ; donc l'absence de référentiels de métiers et de compétences qui permettent d'appréhender l'évolution et les tendances des métiers.

Parallèlement à l'AGEPE et à l'AGEFOP, d'autres structures de promotion et de formation à l'emploi dont le Fonds de Développement de la Formation Professionnelle (FDFP) et le Fonds National de Solidarité (FNS) présentent des difficultés dans la mise en application de leurs projets emploi malgré leurs intentions affichées de participer à une résorption considérable de la main d'oeuvre.

Le FDFP créé en Décembre 1991 est sous double tutelle : le Ministère de l'économie et des finances et le Ministère de l'enseignement technique et de la formation professionnelle. Doté de la personnalité morale, ce fonds assure, grâce à la taxe additionnelle pour la formation professionnelle continue (1,5% de la masse salariale des entreprises), le financement des actions de formation continue destinées aux salariés des entreprises et des études ayant trait à la planification générale de la formation professionnelle continue, mais aussi et surtout grâce à la taxe sur l'apprentissage (0,5% de la masse salariale), le financement des actions de formations professionnelles initiales et d'apprentis et les études ayant trait à la planification générale de la formation professionnelle et technique.

Avec l'ensemble de ses partenaires, le FDFP assure :

· La formation des nouveaux embauchés (l'intégration).

· L'amélioration des acquis des stagiaires dans les spécialités qui sont les leurs à travers le perfectionnement.

· La formation permettant la promotion du travailleur.

· La formation par l'apprentissage souvent pour une reconversion.

Les problèmes rencontrés par les premières structures de gestion de la promotion de l'emploi citées plus haut sont à peu près similaires à ceux du FDFP.

La baisse des ressources liée à la fermeture des entreprises et aux licenciements ne permet pas de satisfaire totalement la demande de formation. Même si cette baisse a été comblée en certains endroits par les réserves du FDFP, il n'en demeure pas moins que ces réserves s'amenuisent depuis la crise, avec la réduction du nombre d'entreprises cotisantes. Dès lors, il se pose la question des financements complémentaires assurés par le FDFP au profit des entreprises cotisantes et du financement des structures qui ne participent pas aux cotisations.

Le coût du suivi-évaluation des projets financés par la structure est très élevé. Il faut suivre le jeune jusqu'à ce qu'il crée effectivement son entreprise et cela peut durer entre 6 et 12 mois ; or le FDPF n'a pas assez de moyens pour les suivre quotidiennement.

Aussi, compte tenu du désir grandissant pour la formation à l'apprentissage et la création de micro entreprises, les fonds ne suffisent plus ; les demandes étant supérieures aux offres, toutes choses égales par ailleurs, on assiste à une sélection de plus en plus restrictive des demandes de formation. Ce qui engendre des désavantages pour un grand nombre.

Au niveau des projets d'insertion, on souligne des difficultés d'ordre commercial, des problèmes avec certains bénéficiaires qui n'arrivent pas à comprendre les ambitions du projet à cause de leur faible niveau d'éducation et de leur manque de créativité. Le FDFP rencontre donc de sérieux problèmes liés à une transmission des différentes formations.

Une mauvaise gestion des fonds alloués aux bénéficiaires ou une utilisation de ces fonds à d'autres fins n'est pas de nature à favoriser les choses et limite déjà les possibilités de financement d'éventuels futurs demandeurs.

Au niveau des formations par apprentissage, on souligne un nombre non moins importants de difficultés :

· Les responsables de projets ne facilitent pas toujours la tâche ; c'est rarement qu'ils tiennent compte des propositions qui leur sont adressées.

· Le FDFP se heurte bien souvent à des cabinets de formation qui ne sont pas toujours expertes en la matière.

· Les jeunes ne savent pas toujours très exactement ce qu'ils veulent. Ceux d'entre eux qui ont des idées n'ont pas les moyens de les réaliser et craignent de présenter leurs idées au risque de se les faire dérober. Il est souvent vrai que ceux qui ont les moyens n'ont pas d'idées. La stratégie d'imitation devient dans ce cas la règle et aboutit souvent à une congestion dans un même secteur et une concurrence destructive.

· Le manque de vulgarisation et de diffusion des résultats de recherche et d'étude est un handicap à l'innovation.

· La demande croissante de formation fait que le personnel est devenu insuffisant face aux nombreux défis de la structure.

Toutes ces difficultés rencontrées par le FDFP annihilent les efforts déployés par cette structure, conduisant à de sérieux blocages à l'entrée des jeunes dans un secteur de l'économie.

Le Fonds National de Solidarité (FNS) pour la promotion de l'emploi jeune institué en Décembre 2003 et placé sous tutelle administrative, technique, économique et financière du Ministère de l'économie et des finances et qui a pour mission de favoriser, en partenariat avec le système bancaire et financier national et international, l'accès au crédit de jeunes entrepreneurs et entreprises créatrices d'emploi jeune, rencontre lui aussi des difficultés de fonctionnement qui ne sont pas toujours dues à une mauvaise gestion en son sein mais pour la plupart du temps provenant des demandeurs de fonds.

S'il est vrai que les mesures de sélection et d'acceptation de financement de projets ne sont pas toujours aisées, il n'est pas faux que très souvent l'ensemble des projets individuels présentés par les candidats à l'octroi aux crédits ne sont pas toujours solides.

Cette fragilité proviendrait de la non corrélation entre le profil du promoteur et la viabilité du projet. Les projets ambitieux nécessitent en plus des fonds, un certain niveau de formation requis, ce qui n'est pas toujours le cas. En outre, les résultats de terrain relativement aux expériences précédentes indiquent un risque majeur et récurrent, le risque de gestion. La mise en place de mesures de suivi et d'évaluation de proximité s'impose.

Au-delà de toutes ces difficultés, il faut noter le problème de multiplicité des acteurs intervenant dans la gestion des dispositifs d'insertion professionnelle (Kouadio Bénié Marcel, 2007). En effet, parallèlement aux services publics d'Emploi, les ministères en charge de l'emploi et de la formation professionnelle interviennent directement au niveau de la stratégie « Employabilité et Entrepreneuriat », à partir des directions qui existent en son sein.

Une telle multiplicité des centres de conception et de décision pour l'employabilité des jeunes, pose le problème de l'absence de coordination des actions à entreprendre. Cette absence de coordination ne leur permet pas d'être en synergie d'action dans la mesure où il n'existe pas de plate-forme d'échange. Aussi, l'absence de complémentarité entre les différents structures engendre leur inefficacité puisqu'elles ont été conçues dans une logique de véritable collaboration.

CONCLUSION PARTIELLE

La situation des jeunes sur le marché du travail ivoirien est alarmante. Des années 90 aux années 2000, les jeunes connaissent des difficultés de positionnement sur le marché du travail.

Leur manque d'expérience professionnelle, leur niveau d'éducation et de formation, les difficultés au niveau des structures d'insertion professionnelle participent de la faiblesse de leur employabilité. La majorité des jeunes étant primo demandeurs, ceux-ci se heurtent à des barrières à l'entrée du marché du travail.

Plus de la moitié d'entre eux n'ont jamais connu une première expérience professionnelle et font l'amère expérience d'une longue durée de chômage. Leur vulnérabilité est très prononcée.

L'élaboration de politiques ciblées et concrètes se rapprochant de cette couche de la population est capitale pour la survie de notre économie et pour pallier aux tensions qui naissent du fait du sentiment d'inutilité qui anime plus d'un.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote