WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Influence du profil parental sur la santé mentale des adolescents en milieu urbain

( Télécharger le fichier original )
par Erick Irien MUKALA MAYOYO
Institut Supérieur des Techniques Médicales de Kinshasa - Licence en Santé Communautaire, Option Epidémiologie 2008
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Introduction

Les adolescents des milieux urbains sont confrontés à des multiples situations stressantes au sein de leurs familles pouvant conduire à la déviation de leurs traits psychologiques ou au développement des problèmes de santé mentale à court, moyen ou plus long terme. Nonobstant cette problématique humaine, il existe encore tant de scepticismes et controverses concernant les liens entre le profil des parents et la santé mentale de leurs enfants. D'aucuns pensent que le statut socioéconomique des parents (SSEp) n'a vraiment pas d'impact sur l'équilibre psychologique de leurs enfants, mais il est admis de nombre des chercheurs que les enfants/adolescents élevés dans la défavorisation parentale sont exposés au stress d'autant plus qu'ils perçoivent cette situation comme étant une adversité.

De toute la recension des écrits effectuée, aucune étude répertoriée ne s'est exactement intéressée à cette association. Pourtant, une meilleure compréhension de la relation existant entre le SSEp et les traits psychologiques (résilience et estime de soi) des adolescents encore rattachés aux domiciles des parents, confrontés aux adversités multiples, pourrait aider à prévenir une série des problèmes de santé mentale y reliés et par le fait même, à favoriser une meilleure croissance de ces jeunes. Cette étude est intitulée : Influence du profil parental sur la santé mentale des adolescents en milieu urbain. Elle se propose d'examiner l'influence du SSEp sur la résilience et l'estime de soi des adolescents citadins.

Ce mémoire présente la recherche sous le format reconnu par la Section Santé Communautaire de l'ISTM/Kinshasa. Il comporte, hormis cette introduction, cinq chapitres : Le premier chapitre décrit la problématique de la recherche. Le deuxième chapitre présente la recension des écrits en mettant l'accent sur le cadre théorique ; cette recension permet de formuler le modèle hypothétique et deux hypothèses de recherche. Le troisième chapitre présente la méthodologie de la recherche. Le quatrième chapitre présente les résultats de la recherche. Enfin, le cinquième chapitre discute des résultats obtenus, discussion permettant de valider les objectifs et les hypothèses formulés. Finalement, une conclusion du mémoire est présentée, qui reprend et développe les principales suggestions et perspectives pour la recherche.

CHAPITRE I : PROBLÉMATIQUE DE LA RECHERCHE

Cette étude se veut épidémiologique ; elle examine les facteurs d'exposition du milieu familial menant à la dégradation de la santé mentale des adolescents dans une perspective de prévention. A ce titre, le présent chapitre fait état du contexte du problème à l'étude. Pour ce faire, la section 1 énonce le problème, la section 2 résume les objectifs de la recherche et enfin, la section 3 donne la justification de la présente étude.

1.1 Énoncé du problème

Malgré les progrès les plus frappants réalisés dans le domaine des sciences sanitaires de par le monde, la situation de la santé mentale ne cesse d'inquiéter les professionnels de santé. Aujourd'hui, il y a plus de 450 millions de personnes qui sont atteintes des troubles comportementaux et de santé mentale soit près de 13% de la charge mondiale de la morbidité totale et que, d'après les projections, ces chiffres seront doublés d'ici 2020 (OMS, 2001).

Des efforts immenses semblent être déployés, tant sur le plan intellectuel que dans la pratique, depuis la dernière décennie par des spécialistes pour améliorer la santé mentale des millions d'adolescents qui peuplent le globe. Cependant, un constat amer ne cesse de s'affirmer, la santé ``mentale'' des enfants de 12 à 20 ans est toujours moins bonne. L'enquête réalisée en France a indiqué que les jeunes de 12 à 24 ans sont doublement affectés que les adultes de 26 à 75 ans par des problèmes de santé mentale, soit 26% des enfants versus 13% des adultes (Perrin-Escalon & Hassoun, 2004 ; Pommereau, 2002). On note le « mal-être », le suicide, l'abus d'alcool et de drogues, les troubles de l'estime de soi et d'adaptation, et bien d'autres.

Au fil des ans, on s'aperçoit que les nations du monde se rapprochent les unes des autres poussées par la mondialisation, on parle récemment du « village planétaire » caractérisé par une urbanisation rapide et incontrôlée (Patel et coll., 2001). Les personnes qui vivent en milieux urbains sont plus frappés par les difficultés existentielles qui en découlent par rapport à ceux habitant en milieux ruraux, d'autant plus qu'il a été même constaté l'effritement de la traditionnelle solidarité ``africaine'' dans le centre des villes, comme étant un important facteur de risque pour la santé mentale des enfants et adolescents (Mampunza et coll., 1999).

A l'heure où la crise mondiale fait parler d'elle un peu partout, les questions de l'estime de soi et de la résilience que certains auteurs, notamment Desbiens (2006), qualifient des stratégies de coping ou mécanismes d'adaptation psychologique, abondent la littérature, attirant l'attention des chercheurs en santé mentale préoccupés par le devenir psychologique et/ou l'équilibre mental des enfants de 12 à 20 ans. Faut-il s'interroger sur les origines de cette dégradation de la santé mentale chez ces jeunes ? Dans la foulée des facteurs d'exposition, certains chercheurs pensent que ces problèmes trouvent leur origine dans quatre opérateurs dynamiques : le manque, la carence, la perte et les conflits ou les traumatismes. Kelly (1998) l'a énoncé en disant que les interactions père-mère-enfants c'est-à-dire les influences réciproques sont à prendre en compte dans le contexte actuel, aux plans socioéconomique et culturel ; Ce qui veut dire que le statut socioéconomique (SSE) des parents influe sur le mental de leurs enfants.

Selon Trouvé et coll. (2003), « la surmortalité adolescente est essentiellement liée à la souffrance psychique ». Pommereau (2002) stipule que 32,2% des jeunes dans les deux sexes, soit 17,1% des garçons versus 15,1% des filles meurent à cause des problèmes de santé mentale et indique que le risque est important d'ici 2015. D'après le Haut Comité de Santé Publique (HCSP, 2000), il n'existe pas d'approche curative satisfaisante pour les problèmes de santé mentale de l'adolescent et du jeune adulte. Il convient, d'après ces auteurs, de « mieux connaître, comprendre et promouvoir ce qui favorise la résilience, notamment dans les familles à risque ».

Comme les approches curatives sont souvent décevantes dans les structures psychiatriques bourrées de stigmatisations, surtout en Afrique subsaharienne, les progrès scientifiques en santé publique ont permis de mettre l'accent sur la prévention, comme l'ont souligné Vitaro et Gagnon (2003). Dans la foulée des travaux sur la prévention en santé publique, une nouvelle discipline appelée science de prévention est en train d'émerger à l'interface de la psychopathologie, de la psychiatrie, de l'épidémiologie, de la criminologie, de la psychologie de développement et de l'éducation (Leblanc, 2007). De toute évidence, la résilience et l'estime de soi sont des meilleurs indicateurs de santé mentale auxquels il faut s'accrocher lorsqu'il importe de prévenir les problèmes de santé mentale des jeunes.

Les peuples africains vivent des situations dramatiques. Les parents, aux prises avec des multiples problèmes socioéconomiques dont la paupérisation ont du mal à assumer leur rôle des responsables de familles. Pour faire preuve de leur parentalité, certains (surtout les parents seuls) adoptent des comportements négatifs à l'égard des enfants. Des statistiques concernant les événements traumatisants et la violence contre les enfants sont alarmantes. Selon les experts de l'OMS, 40 millions d'enfants de moins de 15 ans sont victimes, tous les ans, de violences et de privations ; 20 millions d'enfants quittent leurs foyers, d'après l'Unicef, deux millions ont perdu leurs vies dans les années 90 (World Federation of Mental Health - WFMH, 2002).

OMS AFRO (2000) ainsi que Patel et coll. (2001) ont pensé que la pauvreté, la violence et des troubles sociaux tels que la maltraitance des enfants et la violence domestique en milieu urbain sont à l'origine de la dégradation de la santé mentale des plus jeunes et soulignent qu'il faut vaincre la pauvreté et rendre meilleur le statut des parents pour ainsi améliorer la santé mentale des enfants.

Afriquespoir (2008), se référant à l'indicateur de l'espérance de vie, indique que l'âge moyen de la population en République Démocratique du Congo (RDC) est de 16,3 ans. Ces données statistiques confirment l'hypothèse selon laquelle la RDC compte beaucoup d'adolescents. Selon les estimations de quelques chercheurs, Kinshasa compte 10 à 13 millions d'habitants. Les retombées de la guerre datant de plus de 10 ans font que près de 80% de la population vive avec moins de 2 dollars par jour. Plusieurs familles se dissocient à cause de cette misère et, il sied de dire qu'on note de plus en plus des cas de filles-mères, des familles monoparentales où la mère est seule responsable du ménage (Millet, 2004).

Les difficultés parentales liées à la défavorisation ont plusieurs effets sur tous les membres de la famille. Les influences concernent la stabilité parentale, le soutien social ainsi que l'âge, le tempérament et la résilience de l'enfant voire son estime de soi. Et, quelques études ont indiqué que cette catégorie d'adolescents et jeunes a souvent des problèmes avec la justice, ils abusent l'alcool et les drogues et souffrent de détresse affective que ceux qui vivent dans des milieux favorisés (Amato, 1994 ; Société Canadienne de Pédiatrie - SCP, 2000).

Mampunza et coll. (1999) stipulent que le profil des parents kinois, à l'opposé des parents vivant en milieu rural, est caractérisé par l'extrême pauvreté liée au rythme accéléré de la vie, à la promiscuité, au surpeuplement accentuant le taux de chômage. D'ailleurs, d'aucuns pensent qu'à Kinshasa, certaines communes, en l'occurrence celle de la Gombe, sont plus favorisées que les autres notamment la commune de Ngiri-Ngiri. Ce qui incite à retenir les adolescents de ces deux communes pour déterminer si réellement la défavorisation est un facteur d'exposition dans le contexte de Kinshasa.

Les incidences des adversités du milieu familial sont alarmantes pour la santé mentale des enfants et adolescents. Selon les experts de la santé mentale, ces jeunes expriment : la colère, les souvenirs angoissants, la dépression, la phobie des autres et de soi-même, les troubles de concentration, le repli sur soi, le désarroi, les cauchemars, les insomnies, les agressions, les troubles de l'estime de soi et d'adaptation et autres (WFMH, 2002).

La panoplie des problèmes psychosociaux indiqués ci-haut, avec au centre la paupérisation grandissante, fait adopter aux parents des comportements négatifs envers les enfants. Cette problématique soulève l'absolue nécessité d'entamer des travaux de recherche notamment dans les pays du monde moins développé, pour étayer les données factuelles dont on dispose déjà surtout lorsqu'il s'agit de vérifier le lien entre le SSE des parents (SSEp) et la résilience puis l'estime de soi des adolescents (Patel et coll., 2001).

La recherche de ces auteurs a permis de vérifier l'association qui existe entre les facteurs socioéconomiques et la santé mentale. Cette étude a abouti à une conclusion telle que : plus les parents sont économiquement forts, plus la santé des membres de leur famille est bonne. Mais certaines recherches, notamment celle de Leblanc (2007), soutiennent que la famille soit pauvre ou pas, s'il y a un attachement sécure entre parents et enfants, il y aura très peu de problèmes de santé mentale. Ces données relèvent la nécessité de mener des recherches dans le contexte de la RDC, si bien que les données épidémiologiques et statistiques en matière de santé mentale sont presqu'inexistantes (Mampunza et coll., 1999).

Il est largement admis que, tout enfant, de quel âge qu'il soit, reste attaché à ses parents. Cet argumentaire relève la nécessité de retenir la variable de l'attachement de la théorie de l'attachement de Bowlby. En outre, ces enfants, lorsqu'ils se butent à des situations adverses (ou stressantes) au sein des familles, ils utilisent certaines stratégies adaptatives en vue de surmonter ces situations stressantes. Ceci fait appel à la théorie de stress et coping de Lazarus et Folkman (1984) tel qu'indiqué par Desbiens (2006). Ainsi, la théorie de l'attachement, la théorie de stress et coping ont servi de cadre de référence à cette étude.

Comme il a été mentionné ci-dessus, le profil des parents influence l'équilibre mental et même le devenir psychosocial des adolescents. La résilience et l'estime de soi comme indicateurs de santé mentale d'une part, et le SSE (la pauvreté) comme facteur d'exposition d'autre part, comme variables retenues dans cette étude, se justifient par de nombreux avantages surtout quand on veut promouvoir la santé mentale et prévenir les maladies mentales chez des membres d'une communauté à multiples crises tels que les jeunes congolais.

Afin de vérifier l'association entre le profil parental et la dégradation de la santé mentale des adolescents, il est proposé d'examiner les variables retenues du cadre théorique et, en fin, de vérifier les relations entre ces variables et les expliquer. La présente étude cherche à répondre à la question principale de savoir : Quelle influence le profil parental a-t-il sur la santé mentale des adolescents en milieu urbain ? Pour avoir des éléments de réponse à cette question principale, trois questions de recherche nous ont permis d'étudier ces relations, à savoir :

- Quelle est la prévalence des traits psychologiques (résilience et estime de soi) chez les adolescents des parents ayant un SSE bas ?

- Quelle est la prévalence des traits psychologiques (résilience et estime de soi) chez les adolescents des parents ayant un SSE élevé ?

- Existe-t-il une association entre le SSE parental et les traits psychologiques (résilience et estime de soi) des adolescents citadins ?

1.2 But et objectifs de l'étude

1.2.1 But de l'étude

Le but de cette étude est de contribuer à l'amélioration de la santé mentale des adolescents kinois encore rattachés aux domiciles de parents.

1.2.2 Objectif général

En cherchant à répondre aux questions de recherche ci-dessus, la présente étude se propose d'examiner dans quelle mesure le profil des parents, notamment leur SSE influe sur la santé mentale des adolescents afin de rechercher des pistes pour améliorer la santé mentale des adolescents au niveau de la famille.

1.2.3 Objectifs spécifiques

De manière spécifique, l'étude poursuit neuf objectifs, à savoir :

- Évaluer le SSE (scolarité, emploi et revenu) des parents de Ngiri-Ngiri,

- Évaluer le SSE (scolarité, emploi et revenu) des parents de Gombe,

- Comparer le SSE des parents de Ngiri-Ngiri à celui des parents de Gombe,

- Estimer la prévalence de la résilience chez les adolescents des parents ayant un SSE bas,

- Estimer la prévalence de la résilience chez les adolescents des parents ayant un SSE élevé,

- Estimer la prévalence de l'estime de soi chez les adolescents des parents ayant un SSE bas,

- Estimer la prévalence de l'estime de soi chez les adolescents des parents ayant un SSE élevé,

- Comparer la prévalence de la résilience des adolescents dont les parents ont un SSE bas à celle des adolescents dont les parents ont un SSE élevé,

- Comparer la prévalence de l'estime de soi des adolescents dont les parents ont un SSE bas à celle des adolescents dont les parents ont un SSE élevé,

1.3 Justification de l'étude

La santé mentale des adolescents est fortement menacée au fur et à mesure qu'ils sont exposés aux facteurs de risque au sein des ménages. Il faut donc promptement agir.

Il a été mentionné dans l'étude de Patel et coll. (2001) qu'il existe un lien entre les facteurs socioéconomiques et la santé mentale des populations. Il s'avère fondé que ces associations aient été découvertes. Cependant, à l'heure actuelle, à Kinshasa, on sait mal l'influence qu'a le profil parental et spécialement le SSE sur la santé mentale des adolescents puis qu'en règle générale, « aucune enquête épidémiologique générale à ce sujet n'a encore été réalisée » (Mampunza et coll., 1999). Si cette piste s'avère nécessaire pour les responsables de santé publique, il est donc très justifié de vérifier les relations existant entre le SSEp et l'estime de soi puis la résilience chez les adolescents kinois.

De toute évidence, la présente recherche pourrait être utile aux autorités sanitaires tant du secteur de psychiatrie et santé mentale que de santé publique ainsi qu'aux gestionnaires de la politique de santé familiale qui se préoccupent du bien être mental des adolescents. Cette étude, sans conteste, aiderait les épidémiologistes qui sont motivés à promouvoir la santé mentale des membres de communautés, et surtout, de l'avenir meilleur de ces êtres fragiles qui sont les adolescents. Orientée dans une perspective épidémiologique, cette recherche évalue la prévalence des problèmes de santé mentale étudiés ainsi que les facteurs d'exposition.

Au cours de ce chapitre, il a été question d'appréhender le contexte du problème. Les données de différents chercheurs actuellement disponibles instiguent à interroger différentes bases de données et à fouiller les catalogues de bibliothèques pour obtenir une littérature pertinente à cette situation problématique, ce qui constituera le prochain chapitre.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand