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L'enseignement/apprentissage en langues nationales: une alternative au renforcement des compétences intellectuelles pour un développement durable

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par Aristide Adébayo ADJIBODOU
Université d'Abomey-Calavi (BENIN) - DEA en Sociolinguistique 2006
  

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3.4.3. Autres aspects.

L'école africaine en général est en crise. Les systèmes éducatifs partout en Afrique ont des difficultés de tous ordres. En effet, bien que la plupart des Etats africains consacrent entre 20 et 40% de leur budget national à leur système éducatif, le taux de scolarisation ne dépasse pas 20% de la population dans de nombreux pays.

Il faudra libéraliser l'enseignement, l'éducation classique ; c'est une question de développement et en mettant de côté la politique pour considérer de façon plus pratique et plus objective l'éducation, la question de langue d'enseignement/apprentissage a trouvé sa réponse depuis lors. Il suffit de l'appliquer.

57 ALBERIC, Gérard, & HAÏTSE, Véronique, 1992, "Le français et le plurilinguisme en Afrique" in Diagonales n° 24, p. 6.

3.5. Quelles options pour les langues nationales à l'école ?

Une question importante mérite d'être posée : « de quels savoirs le français est-il le véhicule ? » et BAUDIN (1992) de répondre « jusqu'à maintenant, certainement pas des savoirs dont l'enfant des pays du Sahel a eu l'expérience dans son entourage avant d'entrer à l'école ; ni les savoirs du berger guidant et soignant ses animaux, ni les techniques artisanales du vannier et du teinturier, ni les compétences du guérisseur choisissant ses simples, ni les milles et une inventions des petits métiers de la ville. En arrivant en classe, l'écolier abandonne avec sa langue maternelle toute l'identité culturelle qu'elle a permis de mettre en place et de transmettre ; la langue française et la connaissance ne font alors qu'un seul bloc, tout le savoir passe par la parole du maître et tout ce qui n'est pas parole du maître n'est pas savoir »58.

En menant le débat sur l'utilisation des langues nationales dans le système éducatif formel, une des principales interrogations consisteraient à se demander s'il faut utiliser les langues africaines à l'école comme objet d'enseignementlapprentissage ou comme moyen d'enseignementlapprentissage ; ensuite, de chercher à savoir la ou les langues à choisir.

Introduire les langues nationales à l'école comme objet d'enseignement / apprentissage, consisterait par exemple à prévoir dans le programme des écoliers et élèves des heures de cours de langues nationales pour les découvrir, pour s'exprimer, pour savoir mieux lire, écrire, compter dans ces langues ; bref, pour mieux les parler. Utiliser les langues nationales comme objet, c'est leur réserver un crédit horaire comme aux autres enseignements ou matières : mathématiques, sciences physiques, sciences de la vie et de la terre, sciences sociales, etc. Un début d'application de cette option a commencé avec les Nouveaux Programmes d'Etudes au Bénin. En effet, dans le programme des écoliers, il est prévu un module langue et culture où les écoliers s'expriment en langues nationales.

On peut aussi faire l'option d'utiliser les langues nationales a l'ecole comme moyen d'enseignementlapprentissage. Dans ce cas, il ne s'agit pas de réserver un crédit horaire aux langues nationales mais de les utiliser pour tout faire ; pour enseigner la mathématique, les sciences physiques, les sciences de la vie et de la terre, les sciences sociales, et toutes les autres disciplines à enseigner à l'école. Ces langues servent dans le cas d'espèce de support linguistique de travail.

Dans l'esprit du présent travail, il est question d'utiliser les langues nationales comme

58 BAUDIN, André, 1992, "Le laboratoire des jeunes années. La langue de la construction des savoirs", in Diagonales n° 21, p. 36.

moyen d'enseignement / apprentissage / evaluation.

En effet, on voit très mal comment améliorer la situation linguistique en accordant des crédits horaires pour l'enseignement/apprentissage en langues nationales ; ce serait du saupoudrage, rien de plus ; et de telles expériences n'ont de mérite que de permettre de citer leurs initiateurs en tant que promoteurs des langues nationales pour leurs audaces et leurs investissements.

Ce point de vue est partagé par Calvé, 1992 qui affirme en substance : «la situation de l'Afrique n'est pas bonne, la situation scolaire en particulier, et l'on voit mal comment régler le problème par une injection de crédits supplémentaires »59. Cette affirmation est soutenue par DIKI-KIDIRI qui a déclaré que « si l'on se contente d'envisager l'enseignement des langues nationales comme une aide fournie aux élèves dans les premières années de scolarité, on transforme ces langues en un tabouret fait pour accéder au français, autant dire qu'on nie leur existence propre »60

De plus, « les maîtres, les psychologues s'accordent pour affirmer que le développement de l'enfant s'effectue plus harmonieusement lorsqu'il n'y a pas de coupure brutale entre la langue maternelle et la langue d'enseignement »61

« Même si aujourd'hui, l'école s'inspire beaucoup plus qu'autrefois du contexte culturel de l'enfant il n'en demeure pas moins que le message oral et écrit en langue seconde implique, selon Joseph Roth, trois difficultés : la difficulte due au decodage du graphisme, celle de l'incomprehension du sens des mots qu'il doit dechiffrer et enfin celle due au medium lui-meme : la communication écrite étant vécue comme impersonnelle, distante, alors que la communication orale implique un interlocuteur physiquement présent qui précise et renforce le sens du message par son comportement »62

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand