WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La médiation sanitaire: une réponse à  l'insatisfaction du patient

( Télécharger le fichier original )
par Isabelle Jeanneret
Institut universitaire Kurt Bosch IUKB, CH-Sion - Master européen en médiation 2009
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

4.2.3. Catégorie «Le processus de réparation»

Le processus de réparation

L'espace d'expression

L'espace de dialogue

La reconnaissance des torts

Les engagements moraux

L'apaisement à l'issue de la
séance

Les marques de sympathie

Les excuses formelles

Les engagements
individuels

Les engagements
institutionnels

Lors de la médiation, la qualité de l'ambiance durant la séance, sereine et sécurisante, a été appréciée :

o le climat était calme, respectueux. Il n'y avait pas d'esprit d'animosité, la médiatrice y est pour beaucoup (N32-p7);

o je me suis sentie en sécurité (Q27-p4).

L'espace d'expression

Ce cadre communicationnel privilégié a permis aux personnes d'exposer leur version des faits, d'exprimer leur vécu, leur souffrance, leurs ressentis et d'interroger les professionnels de la santé dans un but de clarification. L'on remarque, au travers des propos, que l'espace de médiation concède une place à l'expression des émotions :

o j'ai pu lui dire (M20-p4);

o ... ça m'a fait un bien immense. J'ai pu m'exprimer, c'était un soulagement moral (R28-p5);

o j'ai dit mon ressenti. Je me suis senti très écouté. On m'a écouté (P19-p4);

o j'ai fait part de mes ressentis, de mon sentiment d'injustice (Q16-p4). Il a écouté, il a entendu (Q18-p4);

o j'ai beaucoup pleuré... J'ai bien pu parler, j'ai pu dire. Jusque là, il ne savait

pas toutes les douleurs, toutes les souffrances que j'ai vécues (K23-p3);
o j'ai pu poser toutes mes questions, leur dire ce que j'avais vécu (N21-p7);

o j'étais satisfaite d'avoir pu raconter ma fille, pourquoi je pensais qu'elle était

tombé malade (L22-p4). Le médecin ne savait rien de tout ça... Pour eux,

c'était un cas à traiter, pour moi, une personne humaine... Ils étaient là, ne

disaient rien (L13-p4).

L'espace de dialogue

Trois personnes se sont exprimées sur la qualité des échanges. Au travers de leurs propos, les dimensions d'équité, d'authenticité et de respect mutuel sont perceptibles :

o c'était un dialogue, un vrai (P19-p3):

o la médiation c'est une discussion, c'est calme, c'est bien, on peut se regarder (N69-p10);

o il n'avait aucune position de pouvoir (S19-p3).

Les questions de départ ont été honorées par des explications de la part des professionnels de la santé dans la transparence. Les échanges d'informations et le débat d'idées ont levé des malentendus, mis en exergue des dysfonctionnements institutionnels et certaines limites de la médecine. L'intercompréhension qui en a résulté est perceptible dans les propos suivants :

o on nous a dit qu'il était insupportable. On a pu creuser un peu (O9-p2). Il a expliqué les raisons de ce transfert en psy fermé (O15-p3);

o le docteur m'a expliqué. Pour moi, des rayons X, c'est un soin curatif pas palliatif (N34-p8). Par rapport aux droits des patients, j'ai aussi compris la position du médecin : mon mari ne voulait pas être réanimé (N33-p7);

o ... elle a compris ce que j'ai vécu et que ce n'était pas correct. Elle ne savait pas les événements vécus avec le Professeur. Je croyais qu'elle savait. En fait, aucun médecin n'a communiqué avec les autres dans cet hôpital (R24- p4);

o il a appris beaucoup sur le chaos général de cette institution et les conséquences qu'il peut y avoir (S47-p7);

o ils m'ont fait leur aveu d'impuissance (L34-p5).

La reconnaissance des torts

Les attentes formulées varient selon les personnes mais elles portaient unanimement sur un besoin de reconnaissance de leur situation, de leur souffrance et sur la validation des erreurs commises et des torts subis.

> Les marques de sympathie

Pour certaines, l'expression de sympathie jugée sincère ou des gestes de reconnaissance de la part des professionnels ont suffi à la réparation :

o son attitude était humble et correcte. Je me suis sentie écoutée. Je crois qu'ils ont compris, ils ont reconnu que c'était traumatisant, ils ont été touchés N27-p7).

o j'ai été reconnue (N41-p8);

o la doctoresse n'a pas donné d'excuses franches mais une très forte compréhension. Elle a été profondément touchée (R33-p5);

o il n'y a pas eu d'excuses parce que je ne leur demandais rien. Je demandais juste qu'ils reconnaissent que les choses ne se sont pas passées comme elles auraient dû. Le plus important, ça a été les gestes de reconnaissance. (L30-p5);

o d'emblée, le Dr M. a reconnu. Il n'a pas fait d'opposition (O14-p3);

o j'étais libéré en ce sens qu'ils avaient reconnu l'erreur qu'ils avaient faite (O17-p3).

L'une d'entre-elle a fait part de sa satisfaction d'avoir été reconnue dans son identité et l'on sent, dans son propos, le sentiment positif généré par la reconnaissance du professionnel :

o ils m'ont reconnu, moi, A, qui je suis (P20-p3).

Une autre personne s'est sentie reconnue au travers d'une attitude d'écoute respectueuse :

o des excuses ... si j'ai reçu des excuses ? Je crois que oui (N38-p8).Ils m'ont écouté, c'est ce qui était important (N39-p8).

> Les excuses formelles

La qualité des excuses, jugées sincères, a eu une répercussion positive : réconfort, assurance d'une prise de conscience des professionnels de la santé, espoir d'une amélioration future :

o j'ai senti qu'elle comprenait ce que je lui disais, ce qu'elle entendait. J'ai aussi senti ses excuses sincères (J18-p3);

o mon beau-père et ma belle-mère ont reçu des excuses écrites et orales : c'était important pour eux, surtout sur les mots et le comportement au moment des excuses (S34-p5);

o apporté un réconfort dans le sens d'une déculpabilisation (O28-p4);

o il a présenté ses excuses, ça veut dire qu'il a pris conscience, qu'il y aura un changement à futur (P23-p5) .

L'attitude humaine des professionnels de la santé faite de respect, d'humilité et d'empathie dans ce moment clé a favorisé le pardon des plaignants :

o je ne leur tiens pas rigueur : ils ont été humbles, compatissants (N65- p10);

o j'ai ressenti avec le directeur un bon bagage de droit et du respect de l'être humain dans ses sentiments (S18-p3). Il n'avait aucune position de pouvoir (S19-p3).

Le manque de spontanéité et d'authenticité lors de la présentation des excuses ainsi que la banalisation des faits ont été identifiés par trois personnes. Malgré l'attitude du soignant jugée supérieure et humiliante, l'une d'elles s'est dite satisfaite de l'entendre prononcer son mea culpa :

o il a fait ses excuses car il était obligé, par peur (K34-p4). Sur la forme, ses excuses m'ont fait du bien (K36-p4). Ce n'est pas à une personne égale qu'il a fait ses excuses mais à une personne qu'il prend pour une analphabète (K54-p6);

o il me semble qu'il a fait des excuses, qu'il avait mal évalué la situation. Je n'ai pas senti qu'il était sincère (M14-p3). Il a dû faire des excuses pour ... je ne sais pas trop comment vous dire... il ne pouvait pas faire autrement.(M25-p4);

o il a tenté de minimiser les faits. Ses excuses ont été faites à reculons (J18-p3).

Les engagements moraux

Les déclarations d'intentions formalisées dans les contrats d'accords ont répondu aux attentes citoyennes exprimées. Les accords ont porté sur des points d'amélioration individuels et/ou institutionnels. L'on remarque que les points d'amélioration retenus par les médiés, qui se sont spontanément exprimés sur ce sujet (la moitié), concernent principalement des aspects communicationnels liés aux droits des patients en termes d'information, de consentement libre et éclairé et d'accompagnement : prise en compte de la parole du patient ou du proche dans l'approche diagnostique, renforcement de l'écoute et de l'information, intégration des proches dans le projet de soins :

> Les engagements individuels

Les personnes pensent avoir contribué à un changement d'attitudes et de comportements des professionnels de la santé au travers de leur engagement moral :

o il y a eu un engagement des professionnels à prendre à l'avenir plus d'attention dans l'écoute, l'information et la communication avec les patients (J10-p2);

o ... s'est engagé à être plus attentif avec les patients qui auraient les mêmes symptômes, d'écouter mieux les proches qui connaissent la personne (M17-p3);

o il m'a proposé de retirer sa facture. Il s'est engagé à me les rembourser (Q21-p4);

o il a fait un engagement moral de mieux informer (Q44-p6).

> Les engagements institutionnels

L'on retrouve le renforcement de l'information lié au consentement libre et éclairé. Dans le deuxième cas, la personne s'est rappelée précisément des points d'accords : une amélioration des transmissions concernant les directives anticipées, le répondant thérapeutique ainsi qu'un renforcement des transmissions verticales :

o il ne s'est pas excusé. Il m'a dit qu'il avait fait un ajout sur le papillon d'information pour les femmes de 40 ans et plus, l'information de se renseigner à sa caisse-maladie (Q32-p5);

o leurs engagements ont été : mettre en place une fiche d'information sur le répondant thérapeutique dans le dossier et un document sur les directives anticipées, mettre un panneau indicatif à l'entrée du service pour informer qui est de garde ... améliorer la communication en mettant en place deux tournées du médecin-chef pour rencontrer les familles, informer les assistants, respecter l'information en pyramide (N30-p7).

L'apaisement à l'issue de la séance

Les médiés se sont exprimés sur le sentiment de soulagement ressenti au terme de la séance de médiation qui démontre les vertus thérapeutiques des marques de reconnaissance des professionnels sur leurs blessures morales :

o ça amène du réconfort d'être pris en compte. En procès, c'est toujours en cours, c'est jamais fini (R31-p5);

o j'étais soulagée, contente, satisfaite ... J'avais un tel poids sur le coeur (J9- p2);

o ça m'a énormément calmée (N35-p8);

o ça m'a enlevé un poids, je n'y pense plus (M26-p4);

o ça a été évacué là-bas (M23-p4);

o j'étais satisfaite : j'ai posé ma colère. La colère m'a fait tellement de mal (K24-p3);

o j'étais satisfaite d'aboutir (Q24-p4);

o ça m'a apporté un bien-être, a enlevé une pression, j'étais soulagé (R34- p6);

o la qualité de la poignée de mains à l'issue de la 2ème séance était plus agréable. Ça rétablit un niveau relationnel plus humain (S29-p4).

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci