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Transports routiers et intégration des états de l'UEMOA

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par Tchoou Adong NOYOULEWA
Ecole Nationale d'Administration du Togo - Diplôme du Cycle III de l'ENA 2009
  

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Paragraphe 1 : Transports et réseau routiers comme facteur d'unité nationale

Le mauvais état des routes, en général, et leur praticabilité saisonnière, en particulier, sont vécus de façon différentielle selon les pays à l'échelle régionale. Au sein d'un même pays, cette disparité permet de faire une typologie qui distingue les zones frontalières du reste du territoire. Il en est de même de la distinction à faire entre zones enclavées et zones désenclavées, milieux ouverts et milieux fermés, localités spatialement insérées et localités spatialement non insérées. Il en résulte une analyse axée sur la situation d'enclavement au niveau des Etats (A) et l'approche « pays-frontière » comme solution plausible de désenclavement des zones transfrontalières (B).

A. L'enclavement, expression géographique de la discontinuité des réseaux routiers

Dans les pays de l'UEMOA, comme partout ailleurs, la plupart des zones frontalières souffrent d'une absence chronique de voies de communication qui induit une extraversion de leur économie. En fait, dans les zones transfrontalières, le problème de l'inexistence de routes ou de leur mauvais état prend une forme particulière. En lien direct avec les frontières héritées de la colonisation, les zones frontalières sont très souvent les plus enclavées. Cette situation relève non seulement de leur éloignement par rapport à la capitale, mais davantage de la question de la sécurité. A cet égard, l'Est de la région des Plateaux au Togo avec les localités de Kpékplémé, Glitto ou Igboloudja constitue un exemple éloquent. Dans ces localités rurales, on assiste à un développement des échanges transfrontaliers qui prennent corps autour de la théorie des avantages comparatifs qui fait que les Béninois achètent des céréales du côté

togolais alors que les Togolais importent des produits pétroliers du Bénin. Néanmoins, il est à préciser le caractère purement informel de ces transactions20.

A une toute autre échelle, des contrées quoique situées loin des frontières souffrent des retombées négatives de l'enclavement. On a pu parler à juste titre de localités enclavées qui rappellent le sens de « landlock » qui signifie « enfermer à l'intérieur des terres » puisque d'après le Dictionnaire Harcourt ( www.harcourt.com), en géographie, l'enclavement rappelle « un région qui n'a pas d'accès à la mer 21». Plus encore que l'accès à la mer, l'enclavement des localités dans les pays de l'espace UEMOA s'assimile à « l'isolement dans lequel se trouve une aire plus ou moins étendue, souvent dans un milieu montagneux ou désertique, du fait de l'absence ou de l'insuffisance des moyens de communication»22.

L'idée qui sous-tend notre analyse est que, en l'absence de routes pour relier les localités frontalières au reste du territoire national, ou les localités d'un même Etat entre elles, l'on peut réfléchir à la mise en place d'infrastructures de transports dans une logique nationale ou communautaire. Si au niveau interne des différents Etats, c'est la notion de centralité qui doit régir la mise en place de ces infrastructures, au niveau communautaire, le concept de « pays-frontière » tel qu'énoncé par les conclusions du Séminaire de Sikasso en 2002 nous paraît pertinent.

B. Le concept « pays-frontière », une innovation dans l'aménagement des zones frontalières

Aux termes du séminaire sous-régional de Sikasso le «pays-frontière» a été définit comme un espace géographique à cheval sur les lignes de partage de deux ou plusieurs États limitrophes où vivent des populations liées par des rapports socio-économiques et culturels. Cette définition du «pays-frontière» reconnaît l'existence des lignes frontières entre les différents pays et s'appuie sur une communauté dynamique vivant des mêmes réalités socioéconomiques et culturelles. Il vise à renforcer la politique d'intégration sous-régionale ouest-africaine par la création de zones d'intégration de proximité.

A partir de sa mise en oeuvre, les populations commenceront par se sentir membres d'une entité unique à laquelle elles peuvent s'identifier. De plus, la notion de Nation prend tout son sens et les obstacles liés à la suspicion d'exclusion de certaines communautés seront

20 NOYOULEWA T. A. (2006) : Enclavement et développement des zones rurales d'Afrique subsaharienne : Recherche bibliographique, Mémoire de DEA, Société - Environnement - Aménagement, Laboratoire de Recherche sur la Dynamique des Milieux et des Sociétés (LARDYMES), Université de Lomé, 111 pages.

21 Traduit de l'anglais « a land region having no access to a waterway » tel que présenté dans le dictionnaire cité

22 RABALLAND G. et ZINS M. (2003) : "La question de l'enclavement en Asie centrale", in Cahiers d'Etudes sur la Méditerranée Orientale et le Monde Turco-Iranien (CEMOTI), n° 35 de janvier - juin 2003. http://www.cemoti.revues.org/document759.htlm, document téléchargé le 28 juin 2005.

franchis afin que la marche des nouveaux Etats de l'Afrique de l'Ouest vers la constitution des Nations aboutisse plus rapidement.

L'avantage de cette approche est que, dans le plus grand nombre de pays au monde, les revendications identitaires commencent toujours autour d'une question d'exclusion par rapport aux richesses du pays. Dans cette logique, que ce soit chez les Touaregs du Niger, dans la Région du Delta au Nigeria, chez les Basques en Espagne ou en France, les mouvements de revendication ou de sécession commencent par le fait que des peuples se sentent exclus de l'entité territoriale à laquelle ils sont supposés appartenir. Dans certains cas, les difficultés de ralliement de la capitale par les voies de communication conventionnelles restent la preuve physique de cette exclusion.

En conséquence, les populations qui le peuvent, du fait de leur situation géographique, se tournent vers les pays voisins pour s'approvisionner en produits de base. L'absence des routes qui permettraient l'insertion spatiale de ces sociétés dans le réseau de leur pays se conjugue avec l'unité linguistique et monétaire23 pour entraîner un fait nouveau. Il s'agit du fait que les populations des zones frontalières enclavées développent une logique qui traduit une exclusion par rapport au reste du pays. La conséquence de cette situation est que, à long terme, l'unité nationale risque d'être menacée.

Autant dire que la route, plus qu'un simple moyen de transport, est un outil d'unité nationale. Elle permet à toutes les communautés de se sentir proches à travers les échanges qu'elles entretiennent. C'est pourquoi, il a été souvent reproché aux dirigeants politiques de certains pays de ne se rendre dans certaines localités qu'en période électorale et de ne s'en souvenir que quand approchent des élections du fait de l'impraticabilité des routes. Une telle situation n'est pas de nature à conforter l'unité nationale qui, en définitive, est la base de toute intégration régionale véritable et durable.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery