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Transports routiers et intégration des états de l'UEMOA

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par Tchoou Adong NOYOULEWA
Ecole Nationale d'Administration du Togo - Diplôme du Cycle III de l'ENA 2009
  

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A. La route, facteur d'une économie sous-régionale intégrée

On note en Afrique occidentale une forte proportion de la part du coût des transports dans la valeur marchande des produits à l'exportation avec par exemple 36% pour le Mali contre 9% dans les pays développés et 17% pour l'ensemble des pays les moins avancés. Ce faisant, l'implication de cette situation est la hausse des prix des produits de consommation de base.

L'espace UEMOA est loin d'être un îlot de prospérité socio-économique tel qu'en rêvent les dirigeants. Actuellement, les approches adoptées par les Etats sont plutôt celles d'économies concurrentielles, essentiellement basées sur des activités de rentes. Celles-ci sont soit d'origine agro-exportatrice, soit d'exploitation minière à l'état brut, soit de commerce de

réexportation avec une économie d'entrepôt qui tend à transformer la région en de véritables « poubelles » des pays industrialisés. Par ailleurs, les échanges entre les Etats de la région sont estimés à seulement 15%. Le reste (85%) se fait avec l'extérieur, mais à des conditions qui ne permettent pas de tirer profit de ces activités commerciales27. Cette désintégration de l'économie sous-régionale est non seulement le fait de la similitude des conditions naturelles et humaines mais davantage découle de l'inexistence des voies de communications terrestres pour le déplacement des moyens de production et des produits.

Il est temps d'inverser cette tendance extravertie de l'économie de la sous-région par la diversification des productions et par le renforcement du support physique des échanges. La politique d'aménagement du territoire devrait également mettre l'accent sur la création de meilleures opportunités de développement en renforçant la complémentarité des économies. Par exemple, la crise ivoirienne a mis en évidence l'insuffisance et les grands déséquilibres du maillage et des liaisons entre les villes côtières et celles de l'intérieur de la région. En effet, l'analyse du fonctionnement de l'espace montre que les réseaux urbains sont déséquilibrés et mal connectés, faute de réseaux routiers intégrés, de chemins de fer achevés et de moyens de transport adéquats.

B. La route, véritable stimulateur du développement communautaire

Sur le plan social, la pauvreté demeure une préoccupation quotidienne dans les Etats membres. Le phénomène est aggravé par d'autres fléaux tels que le Sida, le paludisme et l'analphabétisme. En effet, la plupart des indicateurs sociaux de l'Union sont à des niveaux peu satisfaisants. Le nombre de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté se situe à 45 % en moyenne de la population totale. Le taux de mortalité infantile (0 à 1 an) est estimé à 103 %o contre 92 %o pour l'Afrique subsaharienne. Les taux de scolarisation primaire et secondaire se situent, respectivement, à 64 % et 15 %, contre 77 % et 27 % pour l'Afrique Subsaharienne. L'espérance de vie à la naissance y est de 47 ans, au même niveau que celui de l'Afrique Subsaharienne.

Dans l'ensemble de l'espace UEMOA, la question du développement reste une préoccupation majeure. Les graphiques n°s 4 et 5 conçus à partir des données du Bilan du monde 2007 : L'Atlas de 174 pays, la situation économique internationale28, présentent les principaux déterminants socio-économiques dans les différents pays et dans l'ensemble de

27 Cette situation découle d'une situation différenciée entre pays côtiers et pays de l'hinterland. Les premiers, du fait de leurs ports, sont des lieux de transit au profit des seconds qui ne peuvent échanger essentiellement qu'avec le moyen portuaire.

28 Le Monde : Bilan du monde 2007 : L'Atlas de 174 pays, la situation économique internationale, Le Monde, Hors série, pp. 41, 89 et 125

l'espace communautaire. Ces graphiques établissent respectivement le PNB par habitant et l'indice du développement humain dans les différents Etats de l'espace.

Figure n° 5: PNB/hab. dans les pays de l'UEMOA

0

Bénin

900

800

700

PNB/Hab.

600

500

400

300

200

100

Burkina
Faso

Côte
d'Ivoire

Guinnée
Bissau

Mali

Niger

Sénégal

Togo

UEMOA

510

400

840

370

380

240

710

350

475

PNB/hab.

Pour évaluer le niveau de développement des pays du monde, l'on a recours à des indices qui sont soit le Produit Intérieur Brut (PIB) soit le Produit National Brut (PNB). Le PIB, en comptabilité nationale, est la somme des valeurs ajoutées (biens et services) réalisées annuellement sur le territoire national par les entreprises d'un pays, quelle que soit leur nationalité. Quant au PNB, c'est la somme totale du PIB et du solde des revenus de facteurs de production transférés par l'étranger et/ou à l'étranger. Il est souvent retenu pour caractériser la puissance économique d'un pays. Dans l'UEMOA et au regard du graphique n°5, il est en moyenne de US 475 $. Sur cette base, seuls la Côte d'Ivoire, le Sénégal et le Bénin avaient en 2007 un PNB supérieur à la moyenne communautaire avec 840, 710 et 510 dollars US dans le même ordre. Dans le même temps, le Niger et le Togo, par exemple, ne présentent que 270 et 350 dollars US par habitant et par an respectivement.

A l'évidence, la moyenne régionale reste encore bien loin de celle des autres pays en développement, des pays émergents ou des pays développés. On peut ainsi noter que l'Angola et le Cameroun ont un PNB de 1350 et 1010 dollars US contre 3460 et 1740 dollars US pour le Brésil et la Chine. En ce qui concerne les pays développés, ils ont un PNB plus élevé, se situant autour de 38 980 et 34 810 dollars US pour le Japon et la France à titre indicatif.

Cependant, cette donnée qui caractérise la puissance économique ne traduit pas réellement le niveau de développement du pays. Aussi a-t-on recours à l'Indice de Développement Humain (IDH) dont la valeur par pays est présentée sur la figure n° 6.

Figure n° 6: IDH dans les pays de l'UEMOA

0,5

0,4

IDH

0,3

0,2

0,1

0

Bénin

IDH

0,44

0,33

0,4

0,34

0,49

0,46

0,42

0,42

0,31

0,6

Burkina
Faso

Guinnée
Bissau

Niger

Sénégal

Togo

UEMOA

Côte
d'Ivoire

Mali

L'Indice de Développement Humain (IDH), est un indicateur économique servant à évaluer le niveau de développement d'un pays et reposant sur trois éléments fondamentaux : la longévité (espérance de vie à la naissance), le savoir (taux d'alphabétisation et de scolarisation) et le niveau de vie (PNB par habitant). Dans son appréciation, plus il se rapproche de 1, plus le niveau de vie du pays est élevé. Il est en moyenne de 0,405 dans l'UEMOA et dénote du niveau de pauvreté qui y règne.

Mais, la situation diffère d'un pays à un autre. Ainsi, le Togo, le Sénégal, la Guinée, le Bénin et la Côte d'Ivoire ont un IDH respectif de 0,495 ; 0,460 ; 0,445 ; 0,428 et 0,421. Quant aux autres pays, leur IDH est inférieur à la moyenne communautaire.

Toutefois, il faut préciser que l'IDH des pays de l'UEMOA les placent très loin dans le classement mondial des pays riches. A ce titre, on peut citer la France et les Etats-Unis qui ont un IDH de 0,942 et 0,948 dans le même ordre. Avec l'IDH le plus élevé de la zone, le Togo, par exemple, est classé 143ième pays sur 177 classés. Quant au Niger, son IDH de 0,311 le place simplement en dernière position du classement mondial.

En définitive, notre analyse nous permet d'avancer que la zone UEMOA constitue une véritable poche de pauvreté dans le monde et que des efforts doivent être faits en vue de la rendre plus viable économiquement. A ce sujet, le développement des infrastructures de transports routiers constitue une voie idoine pour y parvenir.

Dans un article intitulé « Des infrastructures pour le développement » paru dans Jeune Afrique hors série n°12 : l'état de l'Afrique en 2006, Gobind NANKANI, vice-président de la Banque Mondiale pour l'Afrique, pense qu'à l'heure où l'Afrique et ses partenaires élaborent des stratégies pour réduire la pauvreté et doper la croissance, la construction d'infrastructures fait figure de priorité. Elles conditionnent à son avis autant le bien-être des hommes que la croissance économique.

A cet effet, il affirme que les infrastructures de transport sont au coeur de la stratégie de la Banque Mondiale pour l'Afrique. Leur amélioration devrait accroître la productivité, libérant les potentialités pour l'agriculture, une activité qui emploie près de 75% d'Africains.

Dans cet ordre d'idées, pour réduire la pauvreté en Afrique d'ici 2015, les pays africains devront porter leur niveau de croissance à 7% par an. Une infrastructure inadéquate rendra plus difficile cet objectif. Une étude de la Banque Mondiale montre que si le niveau des infrastructures de communication avait été dans les années 1980 comparable à celui de l'Asie de l'Est, le taux de croissance annuel en Afrique afficherait aujourd'hui 1,3 point de plus. Dans la réalité, au cours de ces années, l'aide au développement provenant de l'étranger consacrait 4 milliards de dollars aux infrastructures. Cette enveloppe a été réduite, pour n'atteindre que 2,4 milliards de dollars en 2003. Dans le même temps, l'élan attendu par le secteur privé ne s'est jamais concrétisé et les investissements privés ont été plutôt absorbés par les télécoms et se sont focalisés sur l'Afrique du Sud29.

Cependant, outre la nécessité de mettre en place les infrastructures routières pour conforter l'unité nationale, doper l'économie des Etats, réaliser l'intégration de ces Etats et la croissance de l'économie communautaire, il y a lieu de noter que la levée des barrières tarifaires et non tarifaires ainsi que des autres obstacles à la fluidité des transports participe à la construction d'un espace communautaire économiquement viable et homogène.

29 NANKANI G. (2006) : Des infrastructures pour le développement, in Jeune Afrique : L'état de l'Afrique en 2006 : 53 pays à la loupe, hors série n°12, page 75.

Chapitre 2 : COMMENT RENTABILISER LES INFRASTRUCTURES ROUTIERES DANS L'ESPACE UEMOA ?

La Recommandation n°04/97/CM du 21 juin 1997 du Conseil des Ministres en charge des transports de l'UEMOA énonçait dans son préambule le rôle primordial des infrastructures et des transports routiers dans la réalisation de l'intégration économique des Etats membres de l'UEMOA. Aussi ajoutait-elle la nécessité d'entreprendre, à court et moyen termes, des actions prioritaires, en matière d'infrastructures et de transports routiers, dans la perspective de l'élaboration et de la mise en oeuvre, à terme, d'une politique sectorielle commune des transports.

Pour la Commission Economique pour l'Afrique (CEA), les transports sont indispensables pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour la Développement (OMD) et de ceux de l'intégration en Afrique. Il faut, pour ce faire, absolument renforcer la compétitivité de l'Afrique sur les marchés mondiaux et régionaux en réduisant le coût élevé des transactions qui est aggravé par le mauvais état des infrastructures de transport30.

En s'inspirant des conclusions du Conseil des Ministres des Travaux Publics et des Transports des Etats membres de l'UEMOA, réuni le 30 mai 1997 à Ouagadougou (Burkina Faso), la Recommandation invite les Etats membres de l'UEMOA à mettre en oeuvre, à court et moyen termes, un Programme d'Actions Communautaires des Infrastructures et des Transports Routiers (PACITR), s'articulant autour des axes qui prennent en compte le plan institutionnel, ceux des infrastructures routières, des transports et de la sécurité.

Sur cette base, pour tirer un plus grand profit de la route dans l'environnement d'étude, l'Union doit renforcer ou mettre en place les institutions et les infrastructures routières (Section 1) puis lever les obstacles liés à la fluidité des transports tout en renforçant la sécurité sur les routes (Section 2).

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci