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Les à‰tats- Unis d'Afrique: par l'état ou par la gouvernance régionale

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par Godefroy MWANABWATO
Université de Kisangani RDC - Licence droit public 2009
  

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PREMIERE PARTIE

LA CONSTRUCTION DE L'ETAT PANAFRICAIN

CHAPITRE I : DE LA LOGIQUE D'UNIFICATION

A LA LOGIQUE DE SEGMENTARITE

CHAPITRE II : LA CONSTRUCTION DE LA MULTI - NATION : ENJEUX ET PERSPECTIVES

0. INTRODUCTION

Après avoir rompu avec la vulnérabilité stratégique et intellectuelle, la première hypothèse qu'il convient d'étudier et de mettre en épreuve est celle d'après laquelle les Etats-Unis d'Afrique peuvent se bâtir par la mise en place d'un Etat panafricain.

Le Guide de la révolution du 1er septembre de la grande Jamahiriya Arabe Libyenne populaire et socialiste, Mouammar Kadhafi en a fait depuis peu son cheval de bataille. Une telle ambition ne serait pas du tout antimonique à la nouvelle géopolitique qui a succédé à la guerre froide. La recomposition des forces géostratégiques du monde est un fait aujourd'hui et l'Afrique semble hors - course dans ce mouvement de globalisation.

Les changements en cours, notamment la poursuite de la construction Européenne ainsi que l'émergence des structures supra étatiques en Amérique latine et en Asie doivent aider le savant africain à libérer sa pensée et le pousser à chercher des outils susceptibles de lui permettre de réinventer l'Afrique afin de mieux l'adapter à la globalisation qui repose désormais sur une nouvelle rhétorique d'interdépendance collective.

Pour ce faire, des questions stratégiques se posent : Quel système de pensée les africains doivent adopter afin de mettre en place un Etat panafricain qui puisse rencontrer non seulement les exigences de la mondialisation mais surtout la nature multi ethnique et pluri identitaire du continent (Chapitre I) ?

Si l'on arrive à concevoir un modèle idéal - type d'Etat susceptible de contenir l'ambition d'unité africaine, quels problèmes juridiques son opérationnalisation risque-t-elle de poser (chapitre II) ?

CHAPITRE I : DE LA LOGIQUE D'UNIFICATION A LA LOGIQUE DE SEGMENTARITE

Chaque fois qu'est évoquée l'idée d'Unité de l'Afrique, la pensée a tendance à voir dans la diversité des peuples et des cultures sur le continent un obstacle plus qu'un atout. Comment est-il possible de regrouper sous une seule autorité étatique les Berbères, les Lokeles, les Massaïs, les Zoulous, les Bangubangu et les Wolofs ?

A ce niveau, le spectre de l'impossibilité surgit à l'horizon et étouffe la pensée en créant un pessimisme indolent.

Ce pessimisme trouverait sa racine dans l'idée d'après laquelle toute organisation politique ne peut être qu'un Etat - Nation. Une telle conception a été pendant des siècles véhiculée par l'occident et le droit constitutionnel. C'est cette illusion de l'Etat - Nation qui, d'après Tshiyembe, obscurcit encore l'imaginaire des intellectuels africains, arc-boutés sur des certitudes vacillantes, qui doit être brisée5(*).

I.1. LE DEPASSEMENT DE L'ILLUSION DE L'ETAT - NATION

Dominique Colas définit l'Etat - Nation comme une forme politique où les frontières territoriales, politiques et culturelles, religieuses, linguistiques coïncident6(*). Il ajoute que dans l'Etat-Nation, les limites politiques et culturelles se superposent. Sa formule la plus nette, illustre - t - il, est la revendication « tous les X en Xie, aucun Y en Xie ».

Né à la fin du XVIIIe siècle, suite à la révolution Française et Américaine, le principe des nationalités, qui est rapidement sorti des frontières françaises, apporte d'autre part à l'Etat national une justification rationnelle d'une portée universelle. Selon ce principe, ainsi que l'a relevé Nguyen Quoc Dinh, pour que sa souveraineté sois effective, chaque nation a le droit de se constituer un Etat indépendant. Il doit y avoir autant d'Etats que de nations. Par conséquent, si un Etat existant englobe plusieurs nations, il s'expose au démembrement dans la mesure nécessaire à la réalisation de la coïncidence Etat-nation. Inversement, si une même nation est divisée en plusieurs morceaux incorporés dans des Etats différents, elle possède le droit de refaire son unité au sein d'un même Etat7(*).

Ces idées ont bouleversé l'Europe au XIXe siècle qui peut, à juste titre, être considéré par excellence comme l'âge du nationalisme européen. Ainsi, la rébellion des Belges contre la Hollande et celle des Grecs contre l'Empire Ottoman ont abouti à la naissance de l'Etat Belge et de l'Etat Grec.

Nguyen Quoc nous révèle qu'au XXe siècle, entre les deux guerres mondiales, de nouveaux Etats nationaux européens ont vu le jour. Il s'agit de la Tchécoslovaquie, des Etats Balkaniques et des Etats Baltes8(*).

Le nationalisme européen tel que peint précédemment persiste encore dans l'esprit des intellectuels sous forme d'une conviction d'après laquelle l'Etat - Nation serait la préalable nécessaire à toute forme d'organisation politique.

Pourtant, la coexistence des cultures au sein d'un même Etat demeure enrichissante ne serait-ce que pour éloigner la néfaste tentation de la pureté ethnique, culturelle et religieuse.

Au fond, le nationalisme semble à nos yeux antimonique au supra étatisme en ce sens qu'il s'oppose à tout projet universaliste en opposant à la perspective d'une organisation politique hétérogène des particularismes sacralisés : la langue, la religion, le sang etc.

Il importe dès lors de se demander si le nationalisme ne constitue pas lui-même une régressive utopie. Une communauté, parce que parlant la même langue aurait-elle magiquement supprimé toutes les tensions et tous les conflits en son sein ? Adhérer à un tel paradigme constitue d'après Ignacio Ramonet, une véritable régression de l'esprit et de la raison politique à l'heure où se construit et se renforce l'Union Européenne9(*).

Qu'en est-il de l'Afrique ? Les Etats africains sont-ils des Etats-Nations au sens occidental du terme ou ne sont-ils que des regroupements hétéroclites de plusieurs peuples, de plusieurs cultures et de plusieurs religions ? Sont-ils appelés à se disloquer pour autant ?

Tshiyembe n'a donc pas tort lorsqu'il affirme qu'il s'agit, à quelques exceptions près, des Etats multinationaux qui s'ignorent10(*).

Un pays comme la République démocratique du Congo constitue à lui seul une mosaïque ethnique et culturelle ou s'enchevêtrent plus de quatre-cent cinquante tribus !

En sus, la nation ne peut se comprendre principalement par des races car en dessous de la race et du peuple se trouve « la terre » qui porte et qui nourrit.

La conception occidentale de la nation et du territoire a aujourd'hui des détracteurs de taille. Pour Lacan11(*), toutes les métaphores sur lesquelles se fonde l'illusion de l'Etat-Nation sont la conséquence de la personnification des nations. Races, nationalités relèvent, pour ce psychanalyste, de l'imaginaire et ne sont que des instances de la projection figée dans l'étymologie, une catachrèse : Le mot vient de « naître » et se rapproche de « nature ».

Les critiques précédentes ayant dévoilé les faiblesses du nationalisme occidental, nous renvoient donc à la quête d'autres outils et d'un autre socle dont la revendication principale doit être « l'acceptation de la diversité comme facteur de développement ».

Si tel est l'impératif, où les africains doivent-ils rechercher ces nouveaux outils ? Pour Mwayila Tshiyembe, c'est vers les sociétés africaines précoloniales qu'il conviendrait de se tourner si l'on veut créer un modèle-type d'Etat pouvant transcender les 53 pseudos - Etats nations et la mosaïque des peuples, des cultures et des identités.

Tshiyembe nous apprend que la fédération des terroirs suggère l'idée de dépassement de ce concept européen de « territoire », et l'investissement dans le concept africain de l'espace pensé comme cadre de vie, tissé des réseaux, de flux, d'échanges et des lieux de mémoire attachant les êtres humains à leur sol et à leur environnement12(*). Dans nombre de cas ajoute-t-il, il n'y a d'ailleurs pas de corrélation entre l'espace politique et l'espace socioculturel.

Ceci étant, conclue-t-il, il serait donc impérieux de rompre radicalement avec le modèle fondé sur la logique d'unification et d'harmonisation produit en occident appelée Etat-nation et imposée à la terre entière par la colonisation, le droit international et le droit constitutionnel13(*).

Une telle rupture aura le mérite de permettre aux africains de réinventer le pacte social qui devra couler dans le moule de la multinationalité dont nous allons à présent analyser les tenants et les aboutissants.

* 5 THIYEMBE, M ; op cit, p.4

* 6 COLAS, D ; Dictionnaire de la pensée politique, Larousse, Paris, 1997, p.97

* 7 NGUYEN, Q.D ; PELLET A. et DAILLIER P ; Droit international public, L.G.D., Paris 2002, p.62

* 8 Idem, p. 62.

* 9 RAMONET, I ; Géopolitique du chaos, Galilée, paris 1997, p.99

* 10 TSHIYEMBE, M ; op cit, p.5

* 11 LACAN ; cité par COLAS, D ; op cit, p.97

* 12 LACAN, cité par COLAS, D ; op cit p.97

* 13 TSHIYEMBE, M ; L'Afrique face au défi de l'Etat multinational, (en ligne) : http://mondediplomatique.fr/2000/09

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle