WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La Constitution à  l'épreuve des accords politiques dans le nouveau constitutionnalisme africain


par Pihame BARBAKOUA
Université de Lomé Togo - Diplôme d'études approfondies en droit public fondamental 2008
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

B : Les lacunes acquises

Déjà fragilisées par le compromis, les constitutions africaines tombent dans une véritable mésaventure, qui semble remettre en cause son essence même : la rigidité. Cette mésaventure s'illustre à travers les révisions qui ont pour objet de réintroduire dans le texte constitutionnel, des éléments qui en étaient sortis, au rythme du cri alarmant du « plus jamais ça ». On aboutit finalement à la monarchisation des régimes (1) et à la constitutionnalisation de la violation des droits de l'homme (2).

1 : La monarchisation des régimes

L'un des vices des textes constitutionnels africains est en réalité la monarchisation des régimes africains. Ce virus constitutionnel est matérialisé par la reconnaissance d'un « Jupiter constitutionnel » en la personne du président de la République, qui accumule tous les pouvoirs ou, dans le meilleur des cas, qui y a un pouvoir tentaculaire, lui permettant de soumettre à son haut patronage toutes les autres institutions. C'est du moins, ce que révèle la révision constitutionnelle de 2002 au Togo. Ce cadeau du nouvel an, offert par l'Assemblée Nationale au feu Général, avec au Perchoir Monsieur NATCHABA Ouattara Fambaré, fait de celui-ci un « hyper président ». Cette révision, qui avait pour objectif avoué d'accroître les pouvoirs du peuple, d'assurer une meilleure séparation des pouvoirs et qui selon les termes du Professeur DEBBASCH213, visait à mieux assurer la promotion de l'Etat de droit au Togo, faisait du Président Eyadema, un président à vie. L'on constate tout

211 DEBBASCH (C.), L'Etat du Togo1967-2004, Jouve, Paris, 2004, p30

212 BOLLE (S.), « Des constitutions... »op.cit., p.9

213 DEBBASCH (C.), L'Etat du Togo... op.cit.

76

simplement et avec amertume, que « cette révision crée un régime inqualifiable et inexistant dans les catégories classiques »214.

Les exemples se multiplient : Gabon, Burkina Faso etc... Mais ce qui fait le plus mal, c'est la constitutionnalisation des violations des droits de l'homme.

2 : La constitutionnalisation d'une violation des droits de l'homme

La constitutionnalisation de la violation des droits de l'homme s'est fait par l'inclusion dans le texte constitutionnel, de l'exclusion d'une personne déterminée à la course au pouvoir. La manoeuvre consiste à écarter d'avance, les adversaires les plus redoutables. En Côte d'Ivoire, la révision visait fondamentalement à écarter l'ancien Premier Ministre Alassane OUATTARA, de la course à la magistrature suprême. Le Général GUEI, alors Président de la République, inséra in extrémis dans la constitution, un « virus », à travers l'article 35 qui prévoyait en effet que les candidats aux élections présidentielles doivent être exclusivement de nationalité ivoirienne, né de père et de mère ivoiriens d'origine. Cette disposition, non seulement portait atteinte au droit fondamental d'Alassane OUATTARA de présenter sa candidature, mais créait une véritable discrimination entre les ivoiriens : une frange d'ivoiriens « présidentiables », c'est-à-dire ceux-là qui sont nés de père et de mère ivoiriens d'origine ; et une autre frange d'ivoiriens « non présidentiables », c'est-à-dire ceux de père ou de mère ivoiriens. Les premiers étaient donc plus ivoiriens que les seconds, ce qui rompt inévitablement le principe d'égalité des citoyens.

Le Togo a emprunté la même démarche pour exclure de l'élection présidentielle de 2003, l'éternel opposant Gilchrist OLYMPIO, en inscrivant dans les conditions d'éligibilité la clause de « douze mois de résidence ». Seulement par sa rétroactivité, ou du moins, son application immédiate tronquée215, elle enlevait aux togolais de la diaspora, qui avaient manqué de revenir au pays six mois avant la révision, le droit de postuler à la magistrature suprême, tout ceci avec la complicité du juge constitutionnel216. Il est donc clair que ces révisions quoique conformes à la complexité et à la solennité de la procédure de révision, ont versé les pays africains dans une situation fatale.

214 KPODAR (A.) « La communauté internationale... » op.cit., p.42

215 KESSOUGBO (K.), « Le juge constitutionnel... »op.cit., pp. 66-68 216Idem

77

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Nous voulons explorer la bonté contrée énorme où tout se tait"   Appolinaire