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La Constitution à  l'épreuve des accords politiques dans le nouveau constitutionnalisme africain


par Pihame BARBAKOUA
Université de Lomé Togo - Diplôme d'études approfondies en droit public fondamental 2008
  

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B : Un Etat de droit à faible densité démocratique

La faiblesse de la densité démocratique semble en contradiction avec la philosophie de l'Etat de droit. En Afrique, on constate une véritable splendeur théorique (1) aux antipodes d'une réalité décevante (2).

1 : Une splendeur théorique

On appelle Etat de droit un Etat soumis au droit. Hans Kelsen distingue trois variantes de l'Etat de droit: L'Etat de droit de police caractérisé par la puissance de l'Etat ou tout au moins sa force, l'Etat de droit légal marqué par la soumission de l'Etat au droit si non à la loi, et l'Etat de droit constitutionnel224. Valeur emblématique des Etats africains engagés nouvellement dans le processus démocratique, l'Etat de droit y est devenu le terme récurrent du discours politique et de la dogmatique juridique. La proclamation solennelle d'adhésion directe ou indirecte à l'Etat de droit dans les constitutions des Etats africains, tout comme la référence habituelle qu'en font les hommes politiques en constituent une parfaite illustration. Au Gabon par exemple, si dans le préambule, le constituant semble privilégier l'idée de légalité républicaine, il renvoie formellement à l'Etat de droit en tant que principe de la République dans le texte de la constitution. Il s'y réfère à nouveau dans le serment prêté par le président de la République. Tout aussi explicitement, il en est fait mention au Sénégal, dont le préambule proclame le respect et la consolidation de l'Etat de droit. Il en est de même au Tchad et en République Centrafricaine alors qu'au Cameroun et en Côte d'Ivoire, c'est la formulation implicite qui prévaut225. La soumission au droit que sous-tend le principe de l'Etat de droit est ainsi principalement garanti par des procédés juridictionnels. Bien plus, l'Etat de droit n'est plus seulement promu au rang de référentiel incontournable dans l'ordre interne. Il bénéficie aujourd'hui, d'une consécration au niveau international où, il est imposé comme nouveau label aux côtés des droits de l'homme, de la bonne gouvernance en tant que l'une des conditionnalités de l'aide par les bailleurs de fonds internationaux. Seulement cette vitrine extérieure marquée par l'exhibition d'une illusion démocratique semble en déphasage avec la réalité interne.

224 BOUMAKANI (B), « L'Etat de droit... », op.cit.p.446

225 Idem

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2 : Une réalité décevante

La déception se révèle fondamentalement par l'absence d'intériorisation de la constitution qui marque un distinguo entre une constitution des élites et une ignorance des citoyens vis-à-vis de la constitution. Un tel tableau permet ainsi de mieux appréhender l'observation du Professeur Yves GAUDEMET à propos de l'Etat de droit lorsqu'il écrit « L'Etat de droit n'est pas dans la législation ; il est dans les esprits et les moeurs. Il suppose la stabilité, la conviction, adhésion aux règles que le législateur se borne à exprimer »226. L'Etat de droit se construit donc au sommet et reproduit des valeurs partagées par une élite restreinte, en décalage avec la grande majorité de la population. Le greffage juridique ne semble donc pas fonctionner. Le juge, chargé de promouvoir et de garantir l'effectivité de l'Etat de droit devient un véritable « catalyseur de la crise politique »227 en s'introduisant dans « une relation

triangulaire où il cède le pas : politisation, déresponsabilité et fragilité. »228 La
déception est grande, d'où la nécessité d'une refonte.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote