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Justice constitutionnelle en France et démocratie

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par Jean- Baptiste KLEBERSON
Université de Bretagne occidentale de France - Master 2 en droit public 2011
  

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Introduction

« La plupart des désordres » qu'ont connus les cités démocratiques antiques peuvent être attribués à leur manière de délibérer. Le peuple délibérait sur place » 8

Les révolutionnaires de 1789 ont joué sur deux tableaux simultanément : celui de discréditer et de combattre la légitimité du pouvoir monarchique et aristocratique, au sens premier du terme, et celui de dénoncer vertement l'incapacité et l'inintelligence politique du peuple à se gouverner lui-même afin de tenir à l'écart toute éventuelle velléité de démocratie directe. La conséquence logique de cette stratégie discursive est que le titulaire du pouvoir, inapte à l'exercer, doit choisir d'une manière ou d'une autre des délégués ou des représentants pour le faire à sa place. Les penseurs politiques du 18ème siècle, avec la même intelligence, se sont servis de leur aura et de leur plume pour légitimer et remplir d'éloges ces derniers. Les propos les plus appropriés à cet état de fait sont attribués à un pasteur américain nommé James Belknap dans le livre de Bertlin de Laniel9. Le ministre des cultes eut à dire :

« Tenons comme principe que le gouvernement tire son origine du peuple, mais qu'on enseigne au peuple qu'il n'est pas apte à se gouverner lui-même »

Il va sans dire que ce travail de promotion du système représentatif a été aussi lucidement et merveilleusement orchestré dans l'hexagone. Montesquieu prétendait dans son maitre-ouvrage (L'Esprit des lois) que « le grand avantage des représentants, c'est qu'ils sont capables de discuter des affaires. Le peuple n'y est point du tout propre : ce qui forma un des grands inconvénients de la démocratie », confondant à l'image des hommes de sa génération le système démocratique à la forme de démocratie directe. L'imaginaire collectif ou la société tout entière finissaient par s'imprégner de cette façon de concevoir la bonne gouvernance défendue par ses élites. En dépit de cette dite imprégnation sociale, la démocratie « sous sa forme pure » ou sans intermédiaires a eu ses défenseurs. Jean Jacques Rousseau, contrairement à une idée reçue, n'était pas l'un des chantres de la démocratie représentative malgré le fait qu'il acquiesça à l'idée identifiant la loi à la volonté générale. En plus de contester l'argument démographique avancé par les promoteurs du régime représentatif, l'auteur « Du contrat Social », réfuta catégoriquement la délégation du pouvoir souverain par le peuple à ses représentants. Lui comme certains d'autres marginaux, en termes de proportion, voyaient comme un mythe la souveraineté nationale et son principal corollaire, l'identification absolue du peuple à ceux qui siègent dans les assemblées parlementaires. Il écrivit dans le contrat social10 que « la souveraineté ne peut être représentée, par la même raison qu'elle ne peut être aliénée ». En d'autres termes, le concept souveraineté populaire n'est qu'un leurre si le peuple est privé de son pouvoir au détriment du mandataire, fût-ce il auréolé de l'onction électorale. Le parallélisme de la révolution française avec celle de la

8Cité par L. Cornu, « l'idée moderne de la république : émergence du mot, élaboré de l'idée en 1791 », La Révolution française et la philosophie : échanges et conflits, CRDP, 1990, p.7879

9 B.LANIEL « Le mot « democracy » aux Etats-Unis de 1780à 1856 », Publications de l'Université de Saint-Etienne, 1995LANIEL, « le mot «

10 ROUSSEAU, « Du contrat social », Livre III, chap. XII

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Introduction

république étoilée est bien probant en ce sens. En effet face à l'effort sans ménagement fourni par les tenants de la démocratie représentative ou plus précisément de la démocratie parlementaire aux USA, des auteurs et acteurs politiques ont manifesté une certaine résistance. L'un des précurseurs de la révolution américaine, John Cotton, démocrate convaincu, pasteur, signifia son désaccord à la position et l'opinion dominantes en déclarant que « le gouvernement n'est pas démocratique s'il est administré non par le peuple mais par des gouverneurs ». En novembre 1776, les radicaux de Caroline du Nord donnèrent l'instruction à leurs délégués élus pour rédiger la constitution que celle-ci devait être « une simple démocratie » et qu'ils devaient « s'opposer à tout ce qui tendrait vers l'aristocratie ou le pouvoir entre les mains des riches et des personnes en situation d'autorité habitués à opprimer les pauvres ».11 Sans surprise aucune, le discours de la souveraineté populaire mué en « souveraineté parlementaire » l'emporta conformément aux vues des acteurs politiques comme Sieyès et Brissot des auteurs comme Montesquieu au grand dam des penseurs politiques comme Jean Jacques Rousseau. L'agora, place publique servant de lieu ou les citoyens athéniens se réunissaient pour prendre les décisions relatives à la cité, n'est pas choisi comme le siège du pouvoir par les pères de la révolution française. Commence dès lors le règne presque sans partage, hormis pendant les tentatives de rétablissement de la monarchie, de la démocratie parlementaire dont le fondement est une osmose entre la nation et ses représentants élus. Ce régime a prévalu pendant les différentes républiques sauf celle qui est en cours, en l'occurrence la 5ème république. Le parlement s'est trouvé investi d'une puissance illimitée se fondant sur le fait qu'il équivaut au titulaire de la souveraineté ou encore qu'il est devenu lui-même, grâce à la légitimité électorale dépositaire de celle-ci. Ce pouvoir sans borne du corps législatif est ainsi exprimé par Carré de Malberg dans son livre intitulé, la loi l'expression de la volonté générale :

« Le parlement est capable d'étendre son pouvoir législatif à tout objet quelconque sur lequel il entend s'attribuer et se réserver la faculté de statuer à l'exclusion de toute autorité »12

Contrairement à la thèse rousseauiste d'inaliénabilité et d'indivisibilité de la souveraineté, le peuple français a dû admettre la « réflexion » de la sienne sur la personne de ses délégués.

Le système politico-administratif, érigé suite à la révolution française par la constitution de1791, en outre d'assimiler les délibérations des députés à la volonté populaire, laissait entrevoir avec clarté le parti pris pour une organisation verticale des pouvoirs. Les constituants postrévolutionnaires affichaient avec condescendance la prévalence du pouvoir législatif sur toutes les autres sphères de pouvoir y compris l'exécutif. La voix de la Législature prédominait ou devrait l'être aux dépens de toutes les autres structures institutionnelles. L'article 2 de la charte fondamentale, nous rappelle le maitre de Strasbourg prescrivait :

11 DUPUIS-DERI, op.cit.,

12 CARRE DE MALBERG R, « La Loi, expression de la volonté générale », 1ère édition, Paris, Economica, 1984, p. 14

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