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Déterminants des disparités régionales en matière de scolarisation des enfants au Tchad

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par Hervé NOUBADIGNIM Ronelyambaye
Institut de Formation et de Recherche Démographiques (IFORD) /Université de Yaoundé II - Diplôme d'Etudes Supérieures Spécialisées en Démographie (DESSD) 2005
  

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3) JUSTIFICATION DE L'ÉTUDE

Point n'est besoin de démontrer le bienfait de l'instruction pour le bien-être individuel et familial et pour le développement social, économique et culturel d'un pays. Or, comme on le sait, de nombreux enfants africains d'âge scolaire, et notamment les filles et enfants issus de milieux défavorisés, ne vont pas à l'école. Même si l'on peut évoquer à juste titre le manque ou l'insuffisance d'infrastructures scolaires (offre scolaire), il y a lieu de penser qu'il ne suffit pas à expliquer cette situation. Cette pratique est déterminée par un réseau de facteurs et non une causalité simple et linéaire.

Comme l'écrit en effet Marc PILON (1991), «face à une même offre scolaire, faible ou forte, on observe des disparités, en ville comme en milieu rural, le phénomène le plus connu est la sous-scolarisation des filles ». De plus, pour expliquer cette situation, des études ont mis en évidence d'autres facteurs tels que la profession, le niveau d'instruction, l'appartenance ethnique du chef de ménage (Martin, 1982 ; Dupont, 1983 ; de Vreyer, 1993 ; Clignet, 1994 : cités par IFORD, 1996).

Bref le phénomène semble grandement lié tant aux caractéristiques socio-économiques que culturelles et idéologiques du chef de ménage ainsi qu'au statut familial des enfants, et découlerait plus ou moins des stratégies familiales dont il conviendrait de mieux comprendre les logiques.

Le fait de ne pas scolariser une fille est un problème qui doit toucher la nation entière car ne dit-on pas "qu'éduquer un homme c'est éduquer un individu mais éduquer une femme c'est éduquer une nation ?". Tout individu sans distinction de couleur, de race, de religion et de pays n'a pas seulement le droit à l'éducation mais le devoir de se faire éduquer pour le bien-être de tous. Car comme l'affirme Tchegho (1999), l'objectif quantitatif affirmé de tous les systèmes scolaires est de scolariser toutes les ressources humaines dont la mobilisation optimale permet d'accroître la production des richesses, paramètre important du bien-être.

Chacun sait aujourd'hui que la variable géographique affecte d'une manière déterminante la scolarisation. Les chances d'aller à l'école dépendent de la région où l'on vit et cela renforce généralement les inégalités entre garçons et filles....

Il est admis que l'urbanisation tend à diminuer les inégalités dans l'enseignement mais des études approfondies manquent pour mieux connaître les situations réelles et leurs véritables causes. On sait par ailleurs combien est importante l'influence du milieu familial. Le taux de scolarisation varie selon la catégorie socio-professionnelle de la famille (Deble, 1980).

De très fortes disparités scolaires s'observent dans les pays africains : la plupart des pays de la zone sahélienne (le Niger, le Mali, le Burkina Faso, l'Éthiopie et Djibouti) présentent des taux de scolarisation inférieurs à 50% pour les garçons et compris entre 20% et 35% pour les filles ; à l'opposé, presque tous les pays d'Afrique australe et la plupart des pays du Maghreb (sauf le Maroc) ont de taux bruts supérieurs à 100% tant pour les garçons que les filles, et donc avec des rapports de parité entre sexes très élevés. Globalement, les pays anglophones scolarisent davantage, et notamment les filles, que les francophones (Lange, 2000).

L'extrême diversité des pays d'Afrique nous amène à centrer nos préoccupations sur les pays africains situés au sud du Sahara et principalement sur le cas du Tchad.

Il nous semble impérieux de mener une étude sur ce pays sahélien situé au coeur de l'Afrique en vue de l'aider à arriver à instaurer dans les années à venir l'enseignement primaire universel.

Le pays semble être divisé en deux parties : le Nord et le Sud correspondant respectivement aux zones musulmane et chrétienne. Les guerres civiles surtout celle de 1979 et les incessants conflits tribaux ou claniques voire religieux ont profondément marqué les esprits et améné beaucoup de Tchadiens à ne réfléchir qu'en termes d'opposition Nord/Sud ou musulman/chrétien conduisant à des habitudes et comportements différenciés qui ont certainement une influence notable sur la scolarisation des enfants selon les régions.

Les divergences semblent encore s'approfondir avec l'instauration du bilinguisme Français-Arabe. Les Tchadiens du Nord se considèrent comme tributaires de l'Arabe et ceux du Sud se soucient très peu de l'Arabe en considérant le Français comme la seule langue officielle valable pour eux. Une conciliation des deux langues devrait être fructueuse pour tout Tchadien mais le fait de voir dans la langue en filigrane la religion qui l'utilise fréquemment empêche beaucoup de Tchadiens de tenir compte de la fonction première de chacune de ces deux langues. Et dans cette querelle, les enfants sont les grands perdants.

Pour être durable, un programme de développement doit veiller à préserver les intérêts des générations futures. Autrement dit, il faut que celles-ci aient des possibilités supérieures ou égales de développement que la génération actuelle. Le Tchad doit investir en faveur de ses enfants afin de maximiser ses chances de développement futur. Or pour comprendre le processus de développement, il faut reconnaître toute la complexité et tenir compte du contexte. Faire un état des lieux s'avère donc nécessaire. Comme le dit Mme Carol BELLAMY, directrice générale de l'UNICEF, « il y a bien des moyens de mesurer le progrès, mais les mesures axées sur les enfants sont les plus parlantes » (UNICEF, 2003).

En plus, la planification de l'éducation grâce à la carte scolaire qui vise à assurer l'égalité entre l'offre et la demande d'éducation, la répartition équitable des ressources éducatives, la prise en compte des spécificités locales et une bonne articulation des réseaux scolaires ne peut se faire qu'à l'aide des analyse-diagnostics du système éducatif existant du genre de la présente étude.

Nous avons choisi de travailler uniquement sur la scolarisation des enfants de 6 à 14 ans en vue de voir préférentiellement la situation des enfants tchadiens par rapport à l'EPU. Et surtout de scruter là où les enfants issus des familles pauvres peuvent du moins prétendre avoir accès sans difficulté. Cette tranche d'âges est aussi indispensable quand on veut se lancer dans des comparaisons internationales. Nonobstant l'apport non négligeable de l'enseignement secondaire et supérieur dans le processus de développement, nous avons voulu contribuer à la lutte pour la manifestation des signes précurseurs de la non-discrimination dans la société tchadienne prioritairement par l'examen de la situation au niveau de l'enseignement de base.

Cette étude vient en appui à certaines sollicitations et préoccupations de chercheurs africains et africanistes concernant les problèmes de genre en matière de scolarisation et la connaissance des déterminants familiaux de la scolarisation. Ainsi pour Daouda et al. (2001), « la prise en compte de la demande d'éducation reste tout à fait rare au Niger, même s'il est admis aujourd'hui que l'interrogation sur les déterminants familiaux est essentielle pour la résolution des problèmes de scolarisation....

Comment peut-on expliquer par exemple le fait que le taux de scolarisation soit aussi bas à Zinder (21,4%) et Tillaberi (23,5%), deux grandes villes de l'Est et de l'Ouest du pays, alors qu'il est plus élevé dans des régions apparemment moins dotées en infrastructures et en enseignants, comme celle d'Agadez en zone désertique du Nord avec 42,4% d'enfants scolarisés ? ».

A la fin d'une étude sur les déterminants socio-économiques et démographiques de la scolarisation au Tchad avec les données de l'Enquête sur la Consommation et le Secteur Informel au Tchad (ECOSIT), Mbaïndôh (1997) a formulé des propositions allant dans le sens d'un approfondissement des résultats avec la prise en compte des variables telles que le revenu des ménages, l'ethnie et la religion du chef de ménage, l'activité des adultes occupés qu'il n'avait pas pu prendre en compte car ne figurant pas dans le fichier ménage qui a servi à cette étude.

Par ailleurs, des études menées soit par les démographes de l'ATEP (Association Tchadienne pour l'Etude de la Population) et de la DCAP (Direction de la Coordination des Activités en matière de Population) en collaboration avec le FNUAP soit par les chercheurs de l'ISSED (Institut Supérieur des Sciences de l'Education) avec l'appui de l'UNICEF ont à maintes reprises attirées l'attention du public sur l'existence d'énormes disparités scolaires au Tchad. Les différentes études se sont surtout beaucoup plus appesanties sur les disparités en matière de scolarisation entre les sexes et dans une moindre mesure entre les régions (Galy, 1986; Djarma et Tolmbaye, 1995; Ngar-one, 1998; Ningam, 1999; Ignegongba, 1999; Hagam, 2003).

Cette étude permettra d'appréhender les caractéristiques des enfants les moins scolarisés en mettant un accent particulier sur leur région de résidence et les caractéristiques des ménages et des chefs de ménage où ils vivent d'une part et les inégalités entre sexes en matière de scolarisation d'autre part.

Parce que, dans nombre de pays d'Afrique, la majorité des enfants en âge scolaire légal n'ont jamais été ou ne sont plus à l'école, l'étude de la demande d'éducation doit aussi porter sur la «non-scolarisation » : en s'intéressant aux enfants «déscolarisés » et aux enfants «jamais scolarisés ». Mieux appréhender leurs caractéristiques constitue une autre manière d'aborder la question de la demande. La scolarisation des filles, toujours autant problématique dans la plupart des pays, mérite évidemment une attention renouvelée....

Des différences de scolarisation entre garçons et filles aux différences de pratiques scolaires entre hommes et femmes se trouve ainsi posée la problématique de la scolarisation sous l'angle du genre, des rapports entre sexes. C'est là une question fondamentale, qui dépasse le seul cadre éducatif, et touche au coeur du fonctionnement des sociétés (Pilon et Yaro, 2001 : 219).

Les enjeux de la scolarisation se révèlent assurément multiples et complexes car comme le souligne Gérard (1997), ils ne sont pas «simplement éducatifs mais aussi démographiques, sociaux, politiques, symboliques..., et liés tout autant au travail qu'à l'éducation ». Depuis les années 1980, l'attention des économistes sur la demande d'éducation dans les pays en développement s'est centrée sur la question de l'accès à l'école.

La recherche dans ce domaine chez les sociologues, anthropologues et démographes n'est presque qu'à ses débuts.

La rareté des études sur les disparités régionales en matière de scolarisation des enfants en Afrique subsaharienne justifie l'urgence de la réalisation de cette étude.

Nous souhaitons contribuer à une meilleure connaissance des facteurs influents sur la scolarisation des enfants et suggérer des solutions afin de rehausser le niveau de scolarisation des enfants de 6 à 14 ans et de réduire les disparités entre les régions et les sexes en République du Tchad.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery