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Pacification et sécurité nationale. Quelles stratégies pour la RDC ?

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par Frédéric BIRINDWA MIHIGO
Univesrité Simon Kimbangu de Bukavu - Licence en Relations Internationales 2010
  

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b)Le concept de sécurité

b.1.Définition

L'étymologie latine de « sécurité » révèle une contradiction intrinsèque, presque un oxymore , un choc entre la particule sine(sans) et l'idée de cura(soin). Les deux éléments mis ensemble(sine+cura) donnent à la sécurité un sens de déconcentrant : l'absence de soin, c'est-à-dire le sens de ce qu'elle veut dire aujourd'hui, un état dans lequel on a rien à craindre18(*)

La sécurité pour dédire Cicéron, ne désignait donc pas « l'absence d'anxiété dont dépend une vie heureuse »19(*) un état de quiétude intérieure, de sérénité et d'équilibre. Ce sens ne s'imposera que bien plus tard.

Le traité sur « les Passions de l'âme » de René Descartes abonde dans le sens que : « lorsque l'espérance est si forte qu'elle chasse entièrement la crainte, elle change de nature et se nomme sécurité ou assurance »20(*)

Avec Jean-Jacques ROUSSEAU, la sécurité deviendra « le problème fondamental auquel l'institution étatique doit apporter solution »21(*)

La sécurité est définie de façon simple comme « absence de menace »(B. Buzan) et de façon approfondie comme « absence des menaces sur les valeurs centrales » au sens objectif et comme « absence de la peur que les valeurs centrales ne fassent l'objet d'une attaque » au sens subjectif(A. Wolfers) ; la notion de sécurité est l'un des concepts fondamentaux des Relations Internationales22(*)

Mais à l'image d'autres notions telles que intérêt national, puissance, équilibre des puissances, la sécurité est aussi une notion contestée quant à sa signification et à sa portée : les conceptions relatives au sujet de la sécurité, à ses enjeux, et à sa nature, varient selon que l'on est sécuritaire traditionnel, élargi ou critique.

S'inscrivant dans le paradigme réaliste, les sécuritaires traditionnels établissent une équivalence entre la stratégie et la sécurité : de même que les études stratégiques sont concernées par l'analyse des effets des instruments des forces dans les Relations Internationales, de même les études de sécurité portent sur la menace, l'usage et le contrôle de la force militaire (S. Walt).

La sécurité est alors synonyme de sécurité nationale, à cause du dilemme de la sécurité auquel tout Etat exposé du fait de la rage anarchique des Relations Internationales : le référent de la sécurité, c'est -à-dire l'unité dont il s'agit d'assurer la sécurité est l'Etat, les valeurs centrales qu'il s'agit de protéger sont la souveraineté étatique, l'indépendance nationale, l'intégrité territoriale ; quant aux menaces qu'un Etat se doit d'être capable de dissuader ou d'affronter avec succès, elles concernent exclusivement la force armée à laquelle sont susceptibles de recourir, compte tenu de leurs capacités militaires objectifs, d'autres acteurs collectifs, étatiques mais aussi non-étatiques(groupes terroristes par exemple).

Longtemps prédominante, malgré l'émergence dans les années cinquante de la notion de communauté de sécurité, cette conception traditionnelle sera concernée à partir des années quatre-vingt.

L'évolution du contexte international y a été pour beaucoup : la maturation de l'anarchie au niveau des relations Est-Ouest et le moindre degré d'urgence des dimensions exclusivement militaires de la sécurité qui s'en est suivi ont suscité la régionalisation de la notion de sécurité d'une part, son élargissement de l'autre.

D'un côté, le postulat réaliste de l'indifférenciation fonctionnelle des Etats face aux problèmes de sécurité a été remis en cause.

D'après BUZAN, la sécurité d'un Etat est la façon significative médiatisée par les effets de la géographie : la situation sécuritaire varie selon les Etats car, toutes choses restant égales par ailleurs , et abstraction faite des puissances(ou de la superpuissance depuis la fin de la guerre froide), c'est dans ses voisins, avec lesquels il partage une histoire, qu'un Etat voit d'abord une menace ou non pour sa sécurité. D'où le concept de complexe de sécurité défini comme un groupe d'Etats dont les soucis primordiaux de sécurité sont si étroitement liés que la sécurité d'aucun d'entre eux ne saurait être séparée de celle des autres, et appliquée aux régions d'Amérique du Nord, d'Afrique Australe, du Proche et du Moyen Orient Arabo-Musulman , du sous-continent Indien, et de l'Asie du Sud-Est dans un premier temps, ainsi qu'aux Balkans, au Caucase et à l'Afrique des Grands Lacs et de l'Ouest depuis la fin de la guerre froide.

De l'autre, la notion de sécurité a été élargie pour prendre en compte les dimensions non militaires d'une sécurité dorénavant appréhendée sous un angle global.

Toujours d'après BUZAN et l'école Copenhague, tout autant que la sécurité militaire, qui concerne la survie des Etats pris dans l'interaction de leurs capacités offensives et défensives et des perceptions de leurs intentions respectives, la sécurité inclut:

§ La sécurité politique, qui concerne la stabilité des Etats, leurs systèmes de gouvernement et la légitimité de leur idéologie ;

§ La sécurité économique, relative à l'accès aux ressources, marchés et finances nécessaires pour maintenir de façon durable des niveaux acceptables de bien-être et de pouvoir étatique ;

§ La sécurité environnementale, portant sur la sauvegarde de la biosphère locale et planétaire comme support en dernier ressort de toute activité humaine ; et

§ La sécurité sociétale, définie comme la durabilité(sustainability), à l'intérieur des conditions acceptables d'évolution, des schémas traditionnels de langage et de la culture ainsi que de l'identité et des pratiques nationales et religieuses.

Selon Walter LIPPMAN, une Nation possède la sécurité lorsqu'elle n'est pas contrainte de sacrifier ses intérêts légitimes afin d'éviter la guerre, et est capable, s'il y a un obstacle , de les préserver à travers la guerre.

De ce qui précède, disons un mot sur la sécurité nationale.

v Qu'est-ce que la sécurité Nationale ?23(*)

Autant la clarification conceptuelle est absente autant il existe plusieurs définitions de la sécurité Nationale et internationale sans une réelle interaction. Notons-en quelques unes :

Penelope Hartiand-Thunberg écrit : « la sécurité nationale est la capacité d'une Nation à poursuivre avec succès ses intérêts nationaux tels qu'elle les voie à n'importe quel endroit du monde ».

Selon Giacomo LUCIANI, « la sécurité nationale, c'est la capacité de résister à toute agression étrangère »

Pour Frank N. Trager et Frank L. Simonie, « la sécurité nationale est cette partie de la politique gouvernementale qui a comme objectif central la création des conditions nationales et internationales favorables à la protection et à l'extension des valeurs vitales nationales contre des adversaires existants potentiels ».

Selon Barry BUZAN ; « dans le cas de la sécurité ; la discussion consiste à se soustraire à la menace. Dans le contexte du système international, la sécurité désigne la capacité des Etats et des sociétés à préserver l'autonomie de leur identité et de leur intégrité fonctionnelle ».

Arnold WOLFERS, quant à lui établit une distinction : « Dans un sens objectif, la sécurité mesure l'absence de menaces pesant sur les valeurs acquises ; dans un sens subjectif, elle désigne l'absence de peur que ces valeurs soient attaquées ».

De ces définitions, ajoutons celle de Dominique David qui propose de considérer la « sécurité » au sens le plus large du terme, comme l'état d'un sujet qui s'estime non menacé par tel ou tel danger, ou pense avoir les moyens d'y répondre si ce danger vient à devenir actuel »24(*)

Les trois premières définitions tombent facilement dans la catégorie d'une vision réaliste de la politique internationale au sein de laquelle l'objectif de l'Etat est la quête de la puissance à travers l'intérêt national. Elles renseignent considérablement le champ d'application du concept de « sécurité nationale ».

Par ailleurs, la définition de F.N. Trager et de F.L. Simonie a l'inconvénient d'être élitiste et bureaucratique. Ils font de la sécurité nationale un instrument de promotion et d'extension des « valeurs nationales vitales ». Cette idée peut être interprétée comme étant la manifestation d'une volonté de puissance impérialiste. En effet, parmi les valeurs nationales, il y a assurément l'idéologie organisatrice de l'Etat.

Le concept « sécurité » est polysémique non seulement parce qu'il est utilisé dans la plupart des domaines de la vie sociale, mais aussi parce qu'il est susceptible d'une forte connotation idéologique empêchant ainsi à la réalisation d'un consensus à son sujet.

Cependant d'une manière générale, le concept « sécurité » s'entend :

-d'une situation, d'un état dans lequel on n'est pas exposé au danger ;

-d'une tranquillité d'esprit inspiré par la confiance, par le sentiment de n'être pas menacé ;

-d'un dispositif empêchant la mise en marche intempestive d'un mécanisme nuisible ;

En d'autres termes, être en sécurité signifie « n'être pas exposé à un danger ». Dans cet ordre d'idées le terme « sécurité » est utilisé dans les secteurs sociaux .25(*)

Voici systématiquement, les différentes approches de la sécurité :

1. La sécurité alimentaire, la FAO la définit comme une situation dans laquelle « chacun peut accéder en toute circonstance à une alimentation saine et active ». Il fait donc référence à la disponibilité de la nourriture en qualité et en quantité suffisante.

2. La sécurité économique : ce concept renvoie à un niveau de vie assuré et stable qui fournit aux individus et aux familles le niveau nécessaire des ressources pour pouvoir participer sur le plan économique , social et culturel et avec dignité à la vie de leur communauté. Ainsi, cette notion va au- delà de la simple survie physique et comprend un niveau de ressources qui favorise l'insertion sociale.

3. La sécurité Informatique :il s'agit des dispositifs ou des systèmes qui consistent à assurer que les ressources matérielles ou logicielles d'une organisation sont en permanence disponibles dans le cadre prévu. La sécurité informatique consiste généralement en quatre principaux objectifs :l'intégrité(garantir que les données sont bien celles qu'on croit être), la confidentialité (assurer que seules les personnes autorisées aient accès aux ressources, la disponibilité (maintenir le bon fonctionnement du système informatique), la non répudiation (garantir qu'une transaction ne peut être niée),26(*)

4. La sécurité Humaine :il s'agit d'une approche de politique étrangère axée sur les personnes connaissant que la stabilité durable est impossible tant que la sécurité humaine n'est pas garantie et que les citoyens ne sont pas protégés des menaces d'atteintes violentes à leurs droits, leur sécurité et leur vie.

Souvent qualifiée de «  sécurité axée sur les personnes »ou de « sécurité à visage humain »,elle place les êtres humains, plutôt que les Etats, au coeur de la réflexion sur la sécurité. La sécurité humaine met en évidence les liens complexes et souvent ignorés qui existent, par exemple, entre désarmement, droits de l'homme et développement.27(*)

5. La sécurité sanitaire :ce terme se rapporte à la sûreté qui doit être accordée à tous les produits et activités nécessaires à la préservation de la santé. Son champ d'action s'étend des biens et produits à visée thérapeutique, diagnostique et préventive jusqu'aux aliments et milieux de vie.

6. La sécurité sociale :Il s'agit de la protection qu'une société accorde à ses membres, grâce à une série de mesures publiques en raison de la survenance d'un risque dit social(maladie, maternité, accidents de travail, maladies professionnelles, chômage, invalidité, vieillesse et décès.) ;

7. La sécurité nationale et la sécurité internationale :

la première se réfère à la capacité d'une nation à poursuivre avec succès ses intérêts nationaux tels qu'elle les voit à n'importe quel endroit du monde. C'est aussi la capacité de résister à toute agression étrangère. En d'autres termes, il s'agit de la partie de la politique gouvernementale qui a pour objectif central la création des conditions nationales et internationales favorables à la protection et à l'extension des valeurs vitales nationales contre les adversaires existants ou potentiels ;

la seconde repose plutôt sur la convergence et l'agrégation des intérêts étatiques autour des risques communs . En d'autres termes, c'est la capacité des Etats et des sociétés à préserver l'autonomie de leur intégrité fonctionnelle.

8. La sécurité Intérieure :Une définition de la sécurité intérieure ne s'impose pas facilement. Au premier plan de l'expression et des représentations, la notion de sécurité intérieure renvoie au maintien de la paix sociale dans l'espace clos des frontières nationales et donc, de manière implicite, à la séparation traditionnelle entre le territoire de l'Etat, domaine du policier et du magistrat, et un extérieur, domaine de la compétence des forces militaires.28(*)

Dans le cadre de notre travail, nous retenons la définition de la sécurité nationale et de la sécurité intérieure dans la mesure où ces dernières nous permettrons de comprendre ou de bien étudier les capacités qu'a la RDC à poursuivre ses intérêts à n'importe quel coin du monde et à maintenir la paix sociale à son sein.

b.2. Sources de politique de Sécurité nationale29(*)

En faisant abstraction des Etats totalitaires, en même de vivre une autarcie politique, et des politiques conjoncturelles durant lesquelles le processus décisionnel se fait sous la pression du temps qui entraîne une exacerbation du stress susceptible d'altérer significativement les capacités de jugement des politiques, on peut, à titre résolutoire, poser que la conduite des affaires liées à la sécurité nationale est tributaire d'au moins deux catégories de facteurs, externes et internes, dont l'équilibre négocié forme le coeur des politiques de sécurité.

Le cadre externe est à la fois une force de conditionnement des politiques et de sécurité et une source d'alliés potentiels. Quand au contexte interne, il permet de comprendre pourquoi des acteurs placés dans des circonstances similaires agiront différemment, mais aussi de déceler les constantes qui guident l'action d'un Etat donné.

Le développement qui va suivre vise à compléter le cadre analytique que nous essayons d'esquisser, en procédant de façon schématique.

1°. Les sources externes

La structure du système international affecte les politiques de sécurité de trois façons distinctes :

Tout d'abord, elle permet aux Etats de déceler les éventuels problèmes sécuritaires qui pourraient être causés par la prépondérance de la stratégie offensive au sein du système international, soit tout simplement par le syndrome dit de la « contiguïté géographique »,conséquence de l'instabilité inhérente à un Etat voisin.

Par ailleurs, la structure du système international détermine l'ampleur et la proximité temporelle de la matérialisation d'une menace en inspectant les capacités militaires des Etats ennemis.

Enfin, elle conditionne les réponses à apporter aux dangers qui se posent, en gouvernant par exemple les types de ripostes possibles, le choix final étant basé sur une évolution des gains relatifs à la nature de la stratégie adéquate, qui échappent difficilement au dilemme suivant : recourir à une alliance ou entreprendre une action isolée dont les coûts seront supportés par un budget propre.

Les institutions internationales. Nous entendons par «institution»une structure intégrée d'identités et d'intérêts qui tend asymptotiquement vers la stabilité. Dans ce sens, des textes tels que les StrategicArms Limitation Talks(SALT)I et II ou encore les Organisations internationales sont tous des institutions , à des niveaux de sophistication distincts.

En matière de sécurité, les régimes et les communautés de sécurité(Organisation du Traité de l'Atlantique Nord, OTAN, Communauté de Développement de l'Afrique Australe, SADC) ont pour rôle principal de reguler les interactions entre membres, d'une part, et entre l'institution comme un tout et l'extérieur, d'autre part.

De plus, les institutions sont en général des structures contraignantes, car le membership constitue une sorte d'insertion structurelle, consciente ou non, qui favorise de facto, un contrôle mutuelle entre membres.

Enfin, contrairement aux apparences, contrevenir à l'une des règles régulatrices cardinales d `une institution n'est jamais sans risque :cela nourrit notamment une rancoeur de la part des autres parties de l `institution, une perte des bénéfices qui étaient associés au membership, une baisse de la réputation ou, pire, la soumission à des actions coercitives lorsque cela est politiquement et économiquement possible.

2°. Les sources internes

la puissance nationale différencie les Etats en fonction de leurs aptitudes à mener une ou plusieurs politiques sécuritaires. La puissance nationale dépend surtout de trois facteurs : ce sont tout d'abord, les ressources matérielles disponibles au sein du territoire national ; elles-mêmes soumises aux conditions économiques , démographiques et technologiques; la capacité de l'Etat à prévaloir ces ressources pour conduire des politiques adaptées aux besoins nationaux ; et enfin la capacité de l'entité étatique à gérer des exigences opposées posant sur l'allocation des ressources nationales disponibles.

Par ailleurs dans un sens quelque peu différent, la puissance nationale ou son expression dépendent fortement de la cohésion sociale du Pays. Un Etat égoncé dans une fracture sociétale constitue une double menace, interne et externe.

Sur le plan interne, lorsqu'un Etat rencontre des demandes de reconnaissance politique identitaire assorties des revendications territoriales, il est souvent enclin à user la force militaire au nom de la survie nationale(exemple des banyamulenge en RDC). La redéfinition de l'espace et des composantes nationales est toujours vécue comme un pas vers l'émiettement menaçant la survie ontologique de l'entité étatique.

Sur le plan externe, deux cas méritent d'être précisés. D'une part, si l'Etat fait usage de la force, le flot de réfugiés qui s'en suit peut, dans le court ou long terme, poser des problèmes de sécurité aux niveaux nationaux et/ou régionaux(le Rwanda en 1994). D'autre part, un Etat contesté à l'intérieur pour des raisons de déficit de légitimité ou d'échec de politique sociale, par exemple, peut provoquer une crise ou une longue division externe afin de mobiliser les ressources matérielles et non matérielles pour un objectif défini comme étant supérieur aux querelles internes du moment(le cas du Zaïre de MOBUTU).

Les prédispositions nationales sont des variables qui permettent de déterminer quelles politiques de sécurité un Etat sera disposé à adopter nonobstant sa puissance et quelque soit le problème de sécurité qui se pose. Ces prédispositions nationales peuvent être idéelles ou institutionnelles.

La source idéelle la plus marquante est la culture stratégique d'un Etat. Paraphrasant Clifford Geertz, Alastair Iain JOHNSTON dépeint la culture stratégique comme un « système intégré de symboles (c'est-à- dire d'axiomes causals, des langages, d'analogies, des métaphores, etc.), qui agissent afin d'établir des préférences stratégiques étendues et durables, en formulant des conceptions sur le rôle et l'efficacité de la force militaire dans les affaires politiques inter étatiques, et en révetant ces conceptions d'une autre objectivité telle que ces préférences stratégiques qui semblent exceptionnellement réalistes et efficaces. »30(*)

La stratégie, en tant que « système de symboles »revêt deux dimensions .La première idéelle ou théorique)consiste en des hypothèses concernant, d'une part , le rôle de la guerre dans les affaires humaines, aberrantes ou inévitables, et d'autre part, l'efficacité de l'usage de la force, ce qui englobe la capacité d'en contrôler les résultats, d'éliminer les menaces et d'évaluer les conditions qui rendaient l'usage de la force tout à fait légitime.

Ces deux éléments, rôle de la guerre dans les affaires humaines et efficacité de l'usage de la force constituent le paradigme central, c'est-à-dire d'une collection des méthodes de recherche utilisées pour « guider la sélection des stratégies afin de résoudre les problèmes durant une période de temps spécifiable »

Le second versant de la culture stratégique, opérationnel, recouvre les opérations stratégiques les plus efficaces, qui ne sont pas nécessairement les plus efficientes, pour faire face à l'environnement menaçant, tel que défini par le paradigme central. C'est également à ce niveau opérationnel que la culture stratégique commence à avoir un effet substantiel sur le comportement des acteurs.

Les composantes essentielles de la culture stratégique apparaissent sous la forme d'un ensemble hiérarchisé de préférences de grandes stratégies, qui sont consistantes à travers les objets d'analyse et persistent à travers le temps.31(*) Ces composantes, ajoute A.I. JOHNSTON,ne sont pas nécessairement sensibles à des variables « non culturelles », telles que la technologie, la menace, l'organisation, etc. Un Etat ou un groupe d'Etats qui opte pour une confiance absolue en l'usage de la force pour une stratégie de type offensif(point A sur le schéma du paradigme central représenté ci-dessous) : c'est la stratégie de type « réaliste dur »ou encore celle dite du « si tu veux la paix, prépare la guerre. » A l'opposé, se situe une stratégie de type idéaliste, favorisant l'accommodation et la négociation diplomatiques.

La hiérarchisation des préférences stratégiques permet de tester la consistance de la culture stratégique à l'intérieur des systèmes et, par ricochet, entre différents systèmes se référant à différentes sociétés.32(*)

La classification des préférences permet alors de juger de la consistance des choix politiques à travers le temps et les objets analysés. L'inconsistance de ces préférences stratégiques doit permettre de conclure à l'inexistence d'une culture stratégique. De plus cette méthode permet de prévoir le comportement d'un acteur en fonction en fonction de la culture stratégique que l'on a identifiée . En d'autres termes, cette façon de concevoir la culture stratégique lui confère un caractère falsifiable que les traditions antérieures avaient largement négligé.

Les sources institutionnelles des prédispositions nationales sont souvent codifiées dans la constitution ou alors consignées dans d'autres documents officiels tels que les décrets, les lois et les accords gouvernementaux. Ces textes ont pour but d'assurer la légalité des décisions prises, mais ils constituent une variable négligeable lorsqu'il s'agit véritablement de spécifier l'influence des sources institutionnelles des prédispositions nationales sur une décision relative à la sécurité.

Cela est dû au fait que ces textes sont interprétés différemment selon la mouvance politique au pouvoir au moment de la prise de décision. A cet égard, les organes de décision, surtout administratifs, pourrait jouer un rôle plus crucial en la matière.

En effet, la routine bureaucratique, lorsqu'elle est suffisamment consolidée, peut devenir une lentille structurante, interprétative et/ou déformante à travers laquelle les décideurs « lisent » la réalité politique.

Par ailleurs, les missions, les fonctions et le statut de ces organes peuvent favoriser telle politique plutôt qu'une autre, dans un contexte traversé par des luttes entre divers services impliqués dans la prise des décision. Les médias, les complexes industriels liés à la sécurité et à la société civile peuvent également intervenir dans ce « champ »d'intérêts très contestés.33(*)

Les processus politiques : Leur poids sur la définition des politiques de sécurité nationale dépend de trois facteur majeurs. Tout d'abord, il dépend de la structure formelle des institutions décisionnelles, à savoir si ces dernières sont centralisées ou décentralisées. Et s'il en existe plusieurs, quel est le rapport entre les organes de prise de décision ?

Ensuite, en ce qui concerne la distribution des élites influentes sur l'échiquier politique, cette variable est plus lourde dans les pays ayant une culture stratégique exsangue ou simplement inexistante. Dans ce cas, la décision est le résultat de négociations intergouvernementales et, dans le contexte des gouvernements de coalition, la politique de sécurité se joue à l'interface des marchandages entre partis politiques et membres du gouvernement. Des pays tels que la Belgique et l'Italie illustre bien cet état de fait .

Enfin, les normes et les règles procédurales qui gouvernent les mécanismes décisionnels joue un rôle de boussole lorsque le pouvoir est décentralisé et que, simultanément, les différents organes chargés de construire les politiques de sécurité nourrissent les objectifs contradictoires. Les règles procédurales viennent alors hiérarchiser les organes de décision et réguler, de ce fait, les rapports entre ceux-ci.

Le tableau analytique qui résulte de cet article peut se décliner en quatre points : les niveaux d'analyse(individu, Etat, nation, globe) ;les secteurs (économique, sociétal, politico-militaire, environnemental) ;les sources pertinentes susceptibles d'influer sur les politiques de sécurité nationale(externe et interne) et la méthode d'analyse orientée vers le positivisme. Au total et en reformulant les points ci-dessus quatre questions interconnectées devraient guider l' étude des problèmes de sécurité.

La sécurité de qui ou de quoi ? Il s'agit de déterminer le référant adéquat ou le sujet de la sécurité. Il s'agit ici de définir quelle en est la source principale, quel est l'objet de la menace et quels sont les éléments pouvant affecter la perception de la menace.

Tout cela n'a de sens et de valeur heuristique que si l'on a préalablement répondu à la question suivante, à savoir s'il s'agit d'un processus de sécurisation ou d'une démarche de sécurisation. Ensuite, la sécurité par quels moyens(et à quel prix) ? Doit-on favoriser l'usage de la force, de la sanction ou leur préférer la négociation ? Enfin, quelles sont les sources internes et externes qui affectent les politiques de la RDC?

* 18 BALZACQ, T.,Qu'est ce que la sécurité Nationale ?in La revue internationale et stratégique , n°52, hiver 2003-2004

* 19 CICERON, « Tusculan Disputations », V.42, cité par Rothschild, « what is security ?Daedalus, vol 124, n°3, été 1995, p.61

* 20 DESCARTES, R., Les passions de l'âme( art.166) in OEuvres et Lettres, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la pléiade », 1952,pp 775-776

* 21 ROUSSEAU, JJ, Du contrat social in OEuvres complètes, Paris, Gallimard, Coll. « Bibliothèque de la pléiade », 1964, p486

* 22 SMOUTS, M-C, BATISTELLA, D, VANESSON, P., Dictionnaire des Relations Internationales, pp 450-453

* 23 BALZACQ, T., « Qu'est-ce que la sécurité nationale ? » in Revue internationale et stratégique, n°52, hivers 2003-2004, pp.32-45.

* 24Dictionnaire de stratégie, Paris PUF, 2000, p.500(sous la direction de Jean Klein)

* 25 KADIEBWE, R, Cours des théories et doctrines des Relations Internationales, G3 R.I., USK, inédit, 2006-2007

* 26 Ibidem

* 27LABANA,L.,Opcit,p;

* 28 HANON, J.P.,Sécurité intérieur et Europe élargie :discours et pratiques, in La revue internationale et stratégique, Hiver 2003 ,2004

* 29 BALZAQ, T.,Qu'est-ce que la sécurité nationale ?in Revue internationale et stratégique,p.p.45-50

* 30 JOHNSTON,A.,I, «Cultural Realism in Maoist China»,in Peter J.Katzenstein(ed), The culture of national sécurity:norms and identity in world politics,NewYork,Colubia University Pess,1996;p222,

* 31 WILDAVSKY,A.B. ,»Choosing preferencies by constructing insttutions: A cultural theory of preference Formation»,American political science review, Vol.81,N°1,1987,pp.3-20

* 32 JOHNSTON, A.,I , OpCit,p224

* 33BUZAN ,B. ,Introduction aux Etudes Stratégiques :Technologie militaire et Relations Internationales, Londres, Macmillan,1987

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon