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L'identité et le spectacle vivant à La Réunion

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par Virginie Verbaere
Université Aix-Marseille III - Administration des Institutions Culturelles 2004
  

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Héritages afro-malgaches

Les instruments introduits sur l'île par les esclaves sont essentiellement des percussions dont l'usage s'est perpétué jusqu'à nos jours par la pratique du maloya. Ainsi le kayamb qui est une sorte de grand hochet, le houleur qui est un gros tambour et l'arc musical, sont encore utilisés, parfois sous des formes simplifiées.

L'origine de certains instruments reste incertaine : Madagascar ou l'Afrique de l'ouest. Certain ne survivront pas jusqu'à nos jours dans l'usage populaire réunionnais (il s'agit par exemple du valiha qui ressemble à une harpe, du timba, de l'ancive qui est un coquillage et des grelots de jambe).

A partir du 19ème siècle, les témoignages s'accordent à souligner le rôle essentiel des Africains dans la musique et la danse populaire Réunionnaise. En 1817, L. de Freycinet86(*) note pour la première fois le nom que les exécutants eux-mêmes donnent à leur danse : « ...ils composent de petits airs, presque toujours pleins d'expression mélancolique et dont la mélodie plaît à l'oreille européenne la plus exercée : on désigne généralement ces airs sous le noms de chéga, ou plutôt tchéga. » et il ajoute une petite note sur l'origine du mots : « Le noms de tchéga se donne aussi à une danse de Mozambique qui pourrait être comparée au fandango des Espagnols (...) au milieu d'un cercle nombreux et au son du « tam-tam » s'élancent un danseur et une dame... ».

L'étymologie de séga confirme l'origine africaine de la danse (elle vient peut-être même du swahili sega qui signifie « relever, retrousser ses habits »). La description qu'il donne de leurs chants et danses s'apparente bien aux ancêtres du maloya réunionnais, du séga ravanne mauricien, du séga tambour rodriguais et du moutia des Seychelles dont la communauté d'origine africaine paraît incontestable.

Héritages indien

Les indiens sont les derniers à apporter leur participation au monde musical réunionnais, particulièrement après l'abolition de l'esclavage. On peut cependant, grâce à des voyages et des témoignages de sociologues, trouver précisément décrits, représentés et dotés de leur nom tamoul, tous les instruments apportés par les premiers immigrants qui sont encore en usage aujourd'hui. Les instruments pratiqués de façon traditionnelle sont des percussions comme par exemple le tapou (tambour circulaire) et des instruments à vent.

Si les objets sont restés les mêmes, leurs noms ont sensiblement changé. En effet le phénomène de la créolisation s'est également appliqué à la langue tamoule pour certains noms. Tous ces instruments ont toutefois conservé la fonction religieuse d'origine et ne sont donc pas intégrés à l'instrumentalisation populaire réunionnaise87(*). Par exemple dans les temples de plantation hindou, la musique est marquée par la pratique de percussions dont l'usage est réservé au prêtre. Le tambour le plus utilisé est le tapou. Aucun des tambours ne pénètre à l'intérieur du temple : la présence de la peau animale viendrait souiller l'espace où reposent les divinités. Confinés à l'extérieur mais à proximité du temple, leur espace, bien délimité, est néanmoins considéré sacré. Dans un langage codé, ils appellent les divinités et accompagnent les phases de la cérémonie. L'exécution simultanée des rythmes et leur aspect répétitif, assurent une communication directe et claire entre les dieux et les hommes ce qui est le but de chaque cérémonie. La musique y est donc organisée en fonction des appels adressés aux divinités et, dans cet univers symbolique, elle assure une mémoire collective. L'exécution musicale limite les possibilités de modifications ou d'improvisations car ces transformations peuvent venir parasiter la communication avec les dieux. L'efficacité rituelle passe ainsi par la musique. C'est cette fonction médiatrice du tambour qui donne à l'instrument une dimension sacrée.

Malgré sa richesse, l'héritage musical indien restera longtemps peu connu car il ne sera généralement visible à l'extérieur des temples qu'à l'occasion de cérémonies accessibles aux spectateurs n'appartenant pas à la communauté tamoul : processions, marches sur le feu, bal...

Malgré son importance fondamentale dans la religion hindoue et la culture indienne, il n'existe pas de témoignages anciens sur la pratique de la danse à La Réunion. On peut penser que les diverses formes de danse religieuse demandaient comme aujourd'hui de longues années d'étude, et étaient pratiquées uniquement par des professionnels attachés à un temple. Les danses traditionnelles profanes ou reliées aux rites de moisson peuvent avoir disparu par suite des changements d'activités et de modes de vie subis par les engagés. Une forme de théâtre dansé survit cependant de nos jours à travers la pratique du bal tamoul. Il est interprété uniquement par des hommes et met en scène des épisodes des grandes épopées indiennes.

La disparition des chants populaires tamouls s'explique par l'abandon de la langue tamoule au profit de l'usage du créole.

* 86 De Freycinet P. cité par LA SELVE J-P., 1995 : Musiques traditionnelles de la Réunion, Azalées Ed, 271p.

* 87 PIZZONI-ITIE F., 1998 : Tropiques métis, Edition de La Réunion des musées nationaux, Seuil, Paris, 142p.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius