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Ecotourisme: une amélioration de la contribution de la pratique touristique dans les PED ? Exemple de Madagascar

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par Mathieu Meyer
Sup de Co Reims - Master en Management 2010
  

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Introduction

Le concept de développement durable se fait de plus en plus présent dans nos sociétés contemporaines, aussi bien dans les esprits que dans les faits. Jacques-Yves Cousteau avait certainement ouvert la voie de la médiatisation du respect de l'environnement dès les années 1950, par le biais de films de ses recherches océanographiques. «  Je suis un découvreur, mon but est d'émerveiller. On aime ce qui nous a émerveillés, et on protège ce que l'on aime. », disait-il de lui. Cette carte de l'émerveillement a d'ailleurs était reprise par ses héritiers spirituels que sont notamment Nicolas Hulot ou Yann Arthus-Bertrand, tous deux devenus célèbres par leur engagement pour la protection de l'environnement. Cette idée de responsabilité face à l'environnement, et la société, semble mûrir au fil du temps, passant d'idée plutôt idéaliste et marginale à la volonté de s'engager à la mise en place de mesures beaucoup plus concrètes. La notion de développement durable se construit aussi politiquement, dépassant les frontières. Des institutions dédiées aux problèmes environnementaux, sociaux et économiques sont créées, citons par exemple l'Organisation des Nation Unies qui charge sa Division for Sustainable Development de promouvoir et mettre en place les applications concrètes de l'Agenda 21, les Sommets de la Terre sont le signe d'une coopération internationale accrue et volontaire. En mai 2007 naît le Ministère de l'Ecologie, de l'Energie, du Développement Durable et de la Mer (MEEDDM), par la fusion du Ministère de l'Ecologie et du Développement Durable et du Ministère des Transports, de l'Equipement, du Tourisme et de la Mer. L'action et le rôle de M. Borloo, toujours ministre du MEEDDM actuellement, est alors jugée importante pour l'avenir pour 60% des Français en juin 20071(*). Effet de mode pour les uns ou nécessité à adopter pour les autres, il n'empêche que ce concept tend fortement à s'exprimer de plus en plus dans la réalité.

Rappelons que le terme de « développement durable », traduit de l'anglais sustainable development, est officiellement définit en 1987 par la Commission Mondiale sur l'Environnement et le Développement dans le Rapport Brundtland2(*) :

« Le développement durable est un développement qui répond aux besoins présents sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. »3(*)

Cette graine, semée il y a maintenant plus de 20 ans, a germé et commence à éclore dans la conscience collective. La question d'un modèle de développement responsable et soutenable à long terme ne s'est réellement posée qu'à la fin de la croissance effrénée des années 1970, gourmande en ressources naturelles mais aussi en emplois. Les chocs pétroliers successifs (1971 et 1979), et la période de crise qui suivit, ont alors laissé transparaître les limites du système, notamment en matière sociale et écologique. Le Rapport Meadows4(*), initié en 1972 par le Club de Rome, avait déjà tenté d'alerter les opinions en mettant l'accent sur l'impact du développement industriel sur l'environnement. Cependant, le succès que connait le développement durable est relativement récent, mais croissant.

En juin 1992 se tient à Rio de Janeiro le troisième Sommet de la Terre, étape importante dans l'intégration et la diffusion médiatique de cette notion. Le développement durable aborde désormais trois principaux axes [CNUED, 1992]:

· le progrès économique (principe 8 et 12),

· la justice sociale (principe 5 et 22)

· la préservation de l'environnement (principe 4 et 15).

Cette définition ne se focalise plus uniquement sur une utilisation nécessaire (« besoin ») de ressources naturelles quantitativement limitées, mais sur une exploitation plus en accord avec l'environnement, en respect avec les populations et induisant un progrès économique dont chacun doit pouvoir profiter. Concrètement, l'Action 21 -Agenda 21 en anglais- est le plan d'actions à mettre en place au cours du XXIe siècle par les 173 pays signataires pour tendre vers les notions évoquées dans la Déclaration de Rio. Les domaines d'action concernent notamment la réduction de la pauvreté, la gestion plus pertinente des forêts, mers ou déchets et la gestion de l'agriculture.

En s'immisçant dans la sphère économique et sociale, le développement durable passe d'idéal d'un monde meilleur à un objectif à atteindre par le biais de recommandations définies à l'échelle internationales et applicables localement. Les acteurs du changement ne sont désormais plus uniquement leaders d'opinions isolés mais médiatisés, ou des institutions suggérant des perspectives de progression, mais le tissu économique dans son ensemble. En effet, au point de vue micro-économique, un terme spécifique définit le souci des entreprises à prendre part au développement durable : la responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Le MEEDDM en donne sa définition :

« La responsabilité sociétale des entreprises (RSE) est la contribution des entreprises aux enjeux du développement durable. La démarche consiste pour les entreprises à prendre en compte les impacts sociaux et environnementaux de leur activité pour adopter les meilleures pratiques possibles et contribuer ainsi à l'amélioration de la société et à la protection de l'environnement. La RSE permet d'associer logique économique, responsabilité sociale et éco-responsabilité. » [MEEDDM, 2010]

Ce principe ne cherche pas à sanctionner les entreprises en les mettant face aux conséquences de leur activité, au contraire, il les place au coeur du processus de changement induit par le développement durable : la responsabilité sociétale des entreprises n'est pas une contrainte imposée, mais une opportunité laissée aux entreprises de devenir vecteur de mutation et de prouver leur implication dans l'émergence d'un développement soutenable. La décision, qui est purement volontaire, consiste à mieux considérer les impacts économiques, sociaux et environnementaux de l'activité par son interaction avec les parties prenantes. Novethic, centre de recherche sur la RSE et l'Investissement Socialement Responsable (ISR) affilié à la Caisse des Dépôts, définit ces dernières ainsi :

« Les parties prenantes de l'entreprise regroupe l'ensemble de ceux qui participent à sa vie économique (salariés, clients, fournisseurs, actionnaires), de ceux qui observent l'entreprise (syndicats, ONG), et de ceux qu'elle influence plus ou moins directement (société civile, collectivité locale...) » [Novethic, 2010]

La triple dimension économique, sociale et environnementale fait de la RSE la déclinaison microéconomique du développement durable, tel que le présente la Déclaration de Rio. Elle illustre parfaitement les propos tenu René DUBOS lors du premier Sommet de la Terre de Stockholm en 1972 : « Penser global, agir local»5(*). Cette pensée contient l'esprit-même du développement durable. Chacun à son échelle peut agir, ce qui aura des répercussions sur l'ensemble de la collectivité. Dans un contexte de mondialisation, l'adoption de mesures socialement responsables prend d'autant plus de sens que les parties prenantes peuvent être localisées sur l'ensemble du globe. En dépassant les minima légaux en matière sociale ou environnementale par exemple, les entreprises contribuent à l'amélioration de la coopération avec ses partenaires et tentent des maîtriser ses externalités. Plusieurs démarches ont été entreprises pour favoriser l'expansion de ce modèle de gestion. Citons par exemple le Global Compact, programme de dix grands principes proposé par Kofi ANNAN en 1999 ou l'Alliance européenne pour la responsabilité sociale des entreprises, crée en mars 2006.

Les enjeux de la RSE deviennent donc considérables si l'on s'intéresse à des secteurs économiques dont le poids dans l'économie mondiale n'est absolument pas négligeable. Le tourisme devient un cas d'étude particulièrement pertinent, non seulement par son poids dans l'économie mondiale, mais aussi par sa nature-même. Les données statistiques de ce secteur en font l'une des principales industries du monde à plusieurs niveaux. Le tourisme génère le quatrième plus gros revenu d'exportations, derrière la pétrochimie, l'industrie chimique et l'industrie automobile [UNWTO, 2009]. Notons aussi la distinction entre industrie touristique et secteur touristique : le premier terme renvoie exclusivement et strictement aux entreprises aux prestations de voyages, telles que les tour-opérateurs. Le second terme inclut l'ensemble des entreprises qui gravitent autour de cette économie, comme le transport ou l'hôtellerie. Sauf précision, la question touristique abordée dorénavant concerne le secteur touristique dans sa totalité. D'après l'Organisation Mondiale du Tourisme des Nations Unies, en 2008, ce secteur a contribué à hauteur de 5% dans le PIB mondial, soit un revenu global généré de plus $9,44 milliards (6,42 M€) [UNWTO, 2009]. Près d'un actif sur douze y travaillait la même année, ce qui représente 238 277 000 emplois (8,4% de la population active mondiale). De plus, le tourisme devrait encore connaît une progression sur tous ses indicateurs dans les dix prochaines années, dont une évolution annuelle moyenne de création de richesses (PIB) de 4% et une augmentation prévue de 19,6% de ses effectifs d'ici à 2018 [WTTC, 2008]. Ajoutons qu'économiquement parlant, le tourisme est une activité certes lucrative mais aussi génératrice de nombreux emplois, donc essentiellement pour un très grand nombre de personnes.

La définition-même du tourisme rend cette activité tout à fait particulière sur un autre point.

« Pratique revenant à voyager et résider hors de son cadre de vie habituel pour une durée inférieure à une année, pour loisirs, cause professionnelle ou pour toutes autres raisons qui ne sont pas liées à l'exercice d'une activité rémunérée sur place. »[UNWTO]

La migration temporaire de population induite par l'activité touristique a évidemment un impact sur la région hôte. Le passage du touriste ne se réduit pas à son accueil sur place, il faut tout d'abord qu'il puisse s'y rendre, puis il séjourne, consomme et dépense. Ce processus rend d'autant plus attrayante le tourisme qu'une multitude d'autres activités en dépendent directement. Considéré comme un facteur de progression socio-économique, les pays ouvrent de plus en plus leurs frontières, élargissant le catalogue des destinations. Pour 83% des Pays en Développement, il est l'une des principales sources d'exportation, donc de devises. Ce secteur est même la première source de devises dans soixante pays, dont 1/3 des pays les plus pauvres [TIES, 2006]. En effet, si en 1950, quinze pays monopolisaient l'ensemble des touristes (98%), en 2007, ces mêmes quinze destinations n'en n'attirent plus que 57%, signe d'une diversification des pays d'accueil, notamment pour les PED qui accueillent 45% du tourisme mondial [UNWTO, 2008]. Ajoutons aussi que d'ici 2010, on estime qu'un milliard de personnes voyageront (1,6M en 2020), ce qui rend l'activité porteuse, prometteuse et très attrayante pour n'importe quelle région géographique.

En tant qu'activité de services « à consommation non-locale », le tourisme doit aussi être considéré pour son empreinte. Sa particularité provient du fait que le consommateur (le touriste) se déplace pour consommer le service. Ainsi, l'impact touristique devient rapidement transrégional, voire transnational. Le modèle de tourisme 3S (sea, sand and sun) - voire parfois 4S- ou tourisme de masse a dominé l'offre touristique jusque dans les années 1990. Mais l'accueil massif de personnes est gourmand en ressources et marque le lieu d'accueil, par un ensemble d'externalités positives (emplois, services en amont et aval) et négatives : problèmes du traitement des déchets sur les îles de Bali ou des Maldives, priorité de distribution d'eau potable vers les centres touristiques au détriment des populations autochtones ou le tourisme sexuel d'Asie du Sud Est sont des exemples parmi d'autres. On estime que chaque année les croisières aux Caraïbes produisent environ 70 000 tonnes de déchets [TIES, 2006].

Ce type de tourisme est aujourd'hui en phase de maturité, connaissant même, selon les régions, une évolution stagnante, laissant la place à des pratiques touristiques « alternatives ». Les plages ne sont plus les principaux pôles d'attraction ; l'United Nations Environment Programme indique que le tourisme à proximité des réserves naturelles connaît une forte progression [Christ, 2005]. L'expansion de l'activité touristique mondiale alliée à la stagnation du modèle traditionnelle sous-entend l'émergence d'autres formes. En effet, il est force de constater qu'un ensemble de modes de tourisme « alternatives » se développent rapidement, dont, en figure de proue, l'écotourisme. Ce dernier a connu une croissance comprise entre 20% et 34% par an depuis 1990 [TIES, 2006].

« Forme de tourisme responsable, respectueuse de l'environnement en promouvant les sites naturels et contribuant à l'amélioration du bien-être des populations locales. » [TIES, 1990]

Cette mutation suit une tendance plus globale des habitudes de consommation et de façon de penser : la question de l'écologie et de la maîtrise des impacts face à la Nature et à l'Homme a gagné ce secteur. L'offre touristique s'adapte à une demande plus exigeante en matière de responsabilité écologique et sociale. A même qualité et durée de séjour (2 semaines), près de 70% des touristes américains, anglais ou australiens sont près à payer $150 supplémentaires pour résider dans un hôtel responsable face à l'environnement. De même, 65% des voyageurs allemands sont soucieux d'avoir des prestations tenant compte de l'écologie [TIES, 2006].

Cette nouvelle opportunité de développement économique a largement été saisie par les PED. Les pays leaders en termes d'écotourisme ne se situent pas dans les grands pôles d'attraction touristiques (France, Espagne ou Etats-Unis par exemple), mais majoritairement dans les pays en développement. Ainsi, l'Amérique Centrale, avec l'Equateur, le Costa Rica ou le Belize et l'Afrique (Botswana et Kenya notamment), mettent en avant de leurs incroyables ressources naturelles pour profiter de cette nouvelle pratique. Le Népal et l'Australie sont aussi d'excellents élèves en la matière [Euromonitor International, 2008]. Ce constat soulève alors les questions des motivations, des gains potentiels et de la mise en place de cette politique respectueuses de l'environnement et des Hommes dans les PED, voire les Pays les Moins Avancés (PMA). Une étude complète des liens entre écotourisme et PED seraient extrêmement complexe à traitée, du fait de sa taille et de la diversité des situations à étudier. Cependant, certaines régions géographiques conjuguent une situation économique et géopolitique défavorable et priorité de développement pour le tourisme, ce qui est le cas de l'île de Madagascar. Les crises politiques répétées et successives n'ont pas empêché au pays de considérer le tourisme, et plus récemment l'écotourisme, comme une source de développement à privilégier.

Ainsi, comment Madagascar, l'un des pays les plus pauvres du monde, tente-il de bénéficier des retombées du tourisme ? Quels sont les enjeux et les mécanismes entrant en compte dans la promotion du tourisme, aussi bien du côté étatique que des acteurs privés ? Quels intérêts aurait Madagascar à développer un tourisme responsable ? Quelles en sont les principales contraintes ? Quel rôle pour le tourisme dans le développement de la Grande Île ? La relation qu'entretient Madagascar avec l'activité touristique soulève un grand nombre de questions, auxquelles le traitement de la problématique de cette étude va tenter d'apporter des réponses.

« Comment l'écotourisme peut-il améliorer la contribution de la pratique touristique au développement durable des régions d'accueil dans les PED? L'exemple de Madagascar »

Cette interrogation suggère que la pratique touristique est contributive aux PED, comme il l'a été évoqué précédemment. Cependant, l'intérêt porte sur un possible apport supplémentaire par l'adoption de tourismes alternatifs, dans les domaines économiques, sociaux ou humains par exemple, en tant que vecteur de développement durable à Madagascar. Plusieurs hypothèses sont formulées à ce propos.

Tout d'abord, les spécificités de l'île nécessitent une responsabilisation accrue du tourisme pour qu'il reste une activité fortement génératrice de ressources. Une approche économique et géopolitique de Madagascar pourra montrer que, malgré la pauvreté et un flou juridique, le tourisme bénéficie d'un cadre naturel et politique propice à son développement.

La pression exercée sur les ressources naturelles malgaches peut s'apaiser par le biais de la sensibilisation et la protection de ce patrimoine. Une gestion pertinente des ressources dont regorge l'île ne passe pas forcément par une sanctuarisation (conservation) de l'espace géographique, mais par une approche éducative et responsable.

Une forte intégration du tourisme au tissu économique et social local va présenter un double avantage. Considérant davantage la participation des populations locales à son activité, l'écotourisme peut d'une part avoir des retombées non négligeables sur l'économie, par les revenus générés et les emplois créés ; et d'autre part, il devient facteur d'échange entre visiteurs et visités.

Enfin, le choix du tourisme responsable peut aussi être un moyen pour Madagascar de mieux s'intégrer à l'économie mondiale. Ce succès est notamment conditionné par une promotion efficace de l'île auprès des pays émetteurs, c'est-à-dire essentiellement les pays de Nord. L'utilisation des nouvelles technologies semble être une option à fort potentiel.

* 1 Sondage TNS-Sofres, « Côtes de popularité des personnalités politiques » 1981-2009, adresse URL : http://www.tns-sofres.com/popularites/cote/choixdate.php?perso=borloo

* 2 La notion de « développement durable » apparait pour la première fois dans le rapport La Stratégie Mondiale Pour La Conservation, WWF et PNUD, 1980

* 3 Extrait du Rapport Brundtland, Chapitre II, Partie IV, 1987 (http://www.un-documents.net/ocf-02.htm#I)

* 4 Aussi nommé « Halte à la croissance ? », publié en 1972 par des chercheurs du Massachussetts Institute of Technology (MIT)

* 5 R. DUBOS, Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement, Stockholm, 1972

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld