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Ecotourisme: une amélioration de la contribution de la pratique touristique dans les PED ? Exemple de Madagascar

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par Mathieu Meyer
Sup de Co Reims - Master en Management 2010
  

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1 Le tourisme à Madagascar : devenir plus responsable pour assurer son avenir

La zone sub-saharienne, à laquelle appartient Madagascar, n'a encore que peu de poids sur le marché mondial du tourisme. En 2008, elle possédait 3,2% de part de marchés, soit 29,5 millions de visiteurs et un revenu de 13,5 milliards d'euros [UNWTO, 2008]. Mais la contribution des pays dans ce résultat est plutôt inégale, incluant des régions géographiques très attractives et d'autres bien plus en arrière. L'Afrique du Sud est la destination la plus populaire, captant 20,5% des visiteurs d'Afrique sub-saharienne et générant à elle seule 24,9% des revenus du tourisme. D'autres destinations, comme l'Angola ou l'Ouganda, n'atteignent certes pas encore ces niveaux, mais connaissent une croissance à deux chiffres [UNWTO, 2008].

Madagascar, quant à elle, reste encore une destination discrète et confidentielle, peu fréquentée, mais en progression depuis plusieurs années. Pour mieux appréhender les enjeux et mécanismes qui cernent cette activité au sein de l'île, une description plus approfondie de l'île paraît judicieuse.

1.1 Madagascar, un pays pauvre en mutation

Située au large des côtes africaines, baignée par l'océan Indien, la Grande Île peut étonner par différents aspects. Sa superficie de 587 041 km² en fait la cinquième plus grande île du monde -seules l'Australie, le Groenland, la Nouvelle-Guinée et Bornéo la supplantent. Par sa taille, la géographie et le climat de Madagascar sont variés. Cinq régions peuvent être distinguées : le Nord, recouvert de forêts primaires aux nombreuses espèces endémiques, est un haut lieu de tourisme. Cette région volcanique est géographiquement isolée du reste de l'île par la principale chaîne montagneuse, où le Tsaratanana culmine à 2 876 mètres. Les côtes et les îles, dont la plus connue est Nocy Be, attirent une large population de visiteurs chaque année. La côte Est, ouverte sur l'océan Indien, subit de fortes précipitations, ce qui explique l'abondante de végétations sur ces larges plaines. Les plages sont relativement semblables à celles de la côte Ouest, où les récifs forment des lagons et la mangrove couvre le rivage. Les hauts plateaux du Centre, au relief plus accidenté, bénéficient d'une bonne partie des pluies venues de l'Est, ce qui rend ces hautes terres fertiles et idéales pour la culture du riz dans cette zone. Le Sud-ouest de l'île est un vaste plateau, où l'aridité du climat le rend victime de la désertification et la savane remplace les denses forêts primaires.

Cette terre d'exotisme souffre néanmoins d'une autre réalité, bien moins reluisante : il s'agit de l'un des pays les plus pauvres de la planète. Presque l'ensemble des indicateurs macroéconomiques indique une situation préoccupante et une économie vacillante, affectant son développement. On estime même que la situation s'est dégradée pendant ces trente dernières années. En 1980, le Produit Intérieur Brut par habitant (PIB)6(*) était valorisé à 400 USD. Dix ans plus tard, celui-ci était plus de 40% plus faible (230 USD). Jusqu'en 2002, cet indicateur se révèle stable (250 USD), avant de connaître une croissance pour atteindre un niveau similaire aux années 1980 (410 USD en 2008). En 2006, 85% de la population vivait avec moins de deux dollars par jour7(*), un taux 10% supérieur à la moyenne des pays sub-sahariens [WBG, 2009]. Faiblesse de l'espérance de vie, accès difficile aux infrastructures médicales ou éducatives, détérioration des termes de l'échange, etc. La liste des maux dont souffrent Madagascar est longue, mais jusque récemment, le manque de données statistiques ne permettait que très rarement d'avoir un aperçu à plus long terme de la situation et de l'évolution dans le temps. A n'utiliser que les principaux agrégats statistiques de développement, l'Indicateur de Développement Humain (IDH) paraît relativement pertinent, car regroupant des variables de mesure de la santé, le savoir et le niveau de vie. Avec un indice de 0,543, Madagascar se place 145e à l'échelle mondiale en 2007, révélant un niveau de développement moyen [UNDP, 2009]. La volonté qu'a le pays à aller de l'avant à été soutenue par les institutions financières internationales (IFI), dont la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International. L'adoption d'un « modèle de développement », élaboré par ces bailleurs de fonds, est un ensemble de recommandations économiques, présentées comme la voie du succès vers le développement. Appliquant aujourd'hui ces règles de conduites, Madagascar n'a cependant pas toujours été ce « bon élève » décrit par ces institutions tutrices.

1.1.1 La géopolitique à la source d'un conflit latent

Cette situation n'est évidemment pas née d'elle-même, le contexte historique du dernier siècle à largement influencé le développement de l'île et donne un éclairage nouveau sur les choix géopolitiques ou économiques qui ont été pris. Par le passé, Madagascar a fait partie de l'ensemble francophone du Sud-ouest de l'océan Indien, incluant aussi la Réunion, Maurice ou les Comores. L'appartenance de ces territoires à l'ancien Empire colonial français à marqué leur histoire. L'influence française s'exprimait non seulement par la langue, mais aussi par le droit ou l'économie. Des vestiges de cette époque sont encore visibles : échanges privilégiés vers la France ou référence au droit français par exemple. Mais les difficultés que connaît Madagascar ne sont pas le simple fruit de la décolonisation, d'autres raisons internes et propres à l'île peuvent être avancées.

En évoquant les troubles auxquels Madagascar doit faire face, l'opposition entre les merina et les côtiers est souvent évoquée. La distinction entre ces deux groupes sociaux est floue et difficile à établir, elle ne relève pas, contrairement à beaucoup de pays d'Afrique, d'un conflit clairement ethnique, où la culture est le motif des tensions. Les merina regroupent une partie des habitants des hautes terres du centre de l'île, s'opposant donc aux côtiers, terme désignant le reste de la population, comprenant aussi bien les véritables habitants des côtes que tout autre non merina. Les raisons de cette opposition touchent relèvent plus du domaine politique ou économique que culturel. Les merina, bien que minoritaires -environ un quart de la population totale- ont un niveau d'instruction supérieur. Un atout essentiel expliquant leur meilleure maîtrise des techniques de production et leur forte présence à des postes clefs sur la scène politique, leur permettant de développer leurs relations avec le monde extérieur. Leurs principaux revenus proviennent des prélèvements obligatoires, leur région étant peu propice aux exportations. Ce mode de vie est plus mal perçu par les côtiers, la majorité laborieuse de l'île. En tant que véritables exploitants des ressources naturelles, ils sont générateurs des revenus d'exportations. La main mise des merina sur le pouvoir cultive un sentiment de méfiance et de défiance, d'autant plus que les premiers (merina) sont d'origine asiatique et les autres d'origine africaine.

L'importance de cette relative opposition ethnique est toutefois à modérer. L'île, malgré sa taille et les origines diverses des premiers habitants, a su construire une culture commune et a connu un développement plutôt homogène dans les différentes régions de son territoire. Madagascar est par ailleurs le seul pays d'Afrique présentant une unique langue, reconnue et parlée par chacun : le malgache. Et l'évolution des groupes de populations, bien que disperser et isoler géographiquement, ont connu un développement technologique et intellectuelle relativement similaire. Ces éléments appuient encore la singularité de Madagascar par rapport aux autres pays africains, où les frontières des Etats sont contestées parce qu'elles ne tiennent pas compte des territoires ethniques. Troubles politiques et guerres civiles sont souvent le résultat de cette discordance. Les écarts entre merina et côtiers ne se sont réellement creusés qu'à partir du XIXe siècle lorsque l'Empire britannique apporta son soutien à l'Imerina8(*). Ce rapprochement fut très bénéfique pour le royaume en pleine expansion territoriale, qui pu profiter d'aide financière et technique extérieure. Plus qu'une opposition, il s'agit d'une domination d'une minorité merina sur le reste de la population, rurale et contrainte aux travaux laborieux.

L'administration de l'île lors de la période coloniale française eut des aspects assez similaires à la précédente. La différence, majeure et non sans conséquence, réside dans le choix des populations soutenues par ce nouvel empire colonialiste. La rivalité entre la France et l'Angleterre s'est naturellement transposée à Madagascar. Les côtiers furent bien plus enclin à connaître les faveurs de la France, contrairement aux merina, jugées trop proche des Anglais, donc peu digne de confiance. Pour se faire, les Français tentèrent d'isoler, au moins politiquement et économiquement les merina, en plaçant notamment les administrations sur les côtes et en appuyant la distinction entre les deux groupes de population. La portée de ces politiques de « règne par la division » n'a cependant été qu'assez limitée. La présence des merina dans l'ensemble des secteurs économiques et étatiques leur permis tout de même de tirer partie du système en place, se révélant même être indispensable à celui-ci. La montée du nationalisme au sein des merina et le déclenchement d'une révolte en 1947 marque le renforcement de l'opposition merina-côtiers. La rébellion, encouragée par le Mouvement Démocratique de la Rénovation Malgache (MDRM), d'inspiration merina, fut écrasée par les forces côtières et coloniales.

L'avènement de la Ire République en octobre 1960 ne rompt pas avec le mode d'administration en place. Le gouvernement de Philibert Tsiranana, premier président de Madagascar, favorise toujours la population côtière. Mais les faibles relations extérieures qu'entretient ce groupe avec le reste du monde fait de la France un interlocuteur privilégié pour le président. Les critiques face à cet alignement et la stagnation politique et économique qu'il provoque précipite la chute de Tsiranana. La IIe République est proclamée en 1972, période pendant laquelle l'opposition merina-côtiers tend à s'estompée.

Didier Ratsiraka, président alors en place, voit pour Madagascar un avenir nouveau dans un changement radicale de politique. D'inspiration marxiste-léniniste, le chef de l'Etat engage l'île vers la voie du nationalisme. La mise en avant de la spécificité malgache s'exprime par l'abandon du franc CFA au profit du franc malgache (FMG), les relations avec la France se détériorent, les ambassades et consulats sont fermés. L'île s'isole et se concentre sur elle-même, voyant aussi la mise en place d'une administration centralisée forte, en accord avec un régime marxiste-léniniste. En pleine Guerre Froide, cet alignement idéologique sur le bloc soviétique fait de Madagascar un point stratégique entre l'Afrique et l'Asie, et plus particulièrement une position incontournable sur la route du pétrole.

Malheureusement, le choix d'une orientation politique socialiste s'avère être un échec dès les années 1980. Le niveau économique du pays est faible et l'apaisement des tensions entre Est et Ouest rendent sa situation géographique moins indispensable qu'auparavant. L'île tend à devoir s'ouvrir au libéralisme, en se tournant vers les Institutions Financières Internationales (IFI) par exemple. L'expérience socialiste a laissé des traces relativement profondes pour le pays. L'unité malgache semble avoir cédé la place à démembrement de l'île, qui ressemble à un archipel de zones plus ou moins développées. Ces vestiges des collectivités délocalisées, isolées les unes des autres par la vétusté des infrastructures de communications et la montée de l'insécurité, sont désormais de puissants représentants de l'autorité à l'échelle locale. Cette atomisation du pouvoir, alliée à la croissance des réseaux non étatiques comme l'Eglise, est un frein au fédéralisme souhaité par Ratsiraka.

* 6 PIB par habitant calculé selon la méthode Atlas, en dollars américains courants (USD courants), source : Banque Mondiale

* 7 L'Indicateur de Pauvreté Humaine a été crée par le PNUD ; on admet le seuil de pauvreté à $2 par jour

* 8 Nom donné au royaume merina

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle