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Analyse des facteurs de blocage de l'introduction des langues nationales dans le système éducatif formel au Sénégal: analyse de la perception des acteurs socioéducatifs de la commune de Fatick

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par Pape Samba Gueye
Université Gaston Berger de Saint-Louis Sénégal - Master 2 2010
  

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4.2.2. Introduire les LN dans le SEF : y a t-il une réelle volonté politique?

En cette année, le Sénégal à l'instar de beaucoup de pays africains, a passé cinquante ans « sans domination coloniale ».Donc, il est libre de choisir ses orientations socioéducatives en vue de redorer le blason de son système éducatif et de ses identités linguistiques. A ce titre, nous ne manquerons de nous demander si les décideurs ne s'inscrivent pas dans une logique de perpétuation du SEF hérité à l'organisation coloniale dont le but était en substance d'assouvir nos capacités linguistiques en les écartant de leur mode d'organisation éducative. Avec « une vérité de la Palice », il convient de noter qu'au vu et au su de tout le monde l'élite politique a maille à partir avec le système de `' l'ex pouvoir colonial».

Par ailleurs, des « classes télévisuelles » (1979-1984) aux « classes expérimentales » (2002- 2010), le Sénégal n'est encore parvenu à introduire même pas une seule LN dans le système éducatif (formel) de base. Quelle part de responsabilité ont les décideurs politiques sur cette problématique ? A cette interrogation, nos investigations nous permettent d'en avoir une analyse plus pertinente.

Logiquement, nous savons que si les décideurs avaient le ferme dessein de formaliser une, des ou les LN dans le système ça aurait été déjà traduit en acte dans la mesure où il est incompréhensible et impossible d'avoir mené un véridique combat pendant plusieurs décennies sans en avoir des résultats considérables. Ainsi, l'histoire nous a renseigné sur tant de projets et programmes de ce genre qui font retour à la case de départ du à des conduites timorées ou pusillanimes notées au niveau des structures sociopolitiques et institutionnelles.

Par ailleurs, il sied de reconnaitre qu'introduire une, des ou les LN n'est nullement irréalisable .Combien d'autres projets sont réalisés à des fins quasiment non sociétaires ?

Un des enquêtés a pu confesser : « il y a un manque d'engagement politique parce que sil'Etat voulait introduire les langues, il l'aurait fait. Par exemple, il a réalisé et inauguré la statue de la Renaissance » (Anonyme, commune de Fatick, avril 2010).

Par ailleurs, cette carence d'engagement est analysée, en d'autres termes comme le fruit d'un « secret d'état » qui fait que nos langues ne peuvent être insérées dans les programmes des écoles élémentaires formelles.

Tout compte fait, c'est l'avis d'un ancien éducateur en retraite qui laisse entendre : « je ne sais pas pourquoi les langues nationales ne sont pas introduites dans l'enseignement (...), peut être c'est une raison d'Etat » (M. LY, commune de Fatick, avril 2010.)

En d'autres termes, la « raison d'Etat » évoquée par notre répondant, s'analyse comme une silencieuse velléité d'engagement à l'endroit de nos décideurs politiques dans la mesure ces derniers ne se donnent pas le sacerdoce de viabiliser les projets d'éducation linguistique qu'ils murmurent depuis des décennies.

A supposer que cette interprétation soit juste, il nous est alors permis de citer A.SYLLA57 lorsqu'il rappelle les propos d' Iba Der THIAM ,ministre de l'éducation nationale(1983-1988) disant : « Jean COLLIN, ancien secrétaire général de la Présidence de la République ,considérait l'école nouvelle comme une utopie et a bloqué le texte sur la loi d'orientation .Il n'aimait pas la promotion des langues nationales ,raison pour laquelle il a systématiquement saboté mon programme »(Le Témoin ,30 juillet 1990 :2).Autrement ,les déterminants politiques du blocage de la promotion ou de l'enseignement des LN sont à rechercher, entre autres ,au niveau macro et micro de la configuration et de la posture sociopolitique des différents membres de l'Etat du Sénégal. A rappeler que c'est le sentiment nationaliste qui devait primer sur tout, la majorité des politiques sénégalais transpose et exige leurs déterminations socioculturelles ou ethniques dans les intérêts nécessaires pour le progrès.

Dans un autre sillage, la pusillanimité de l'Etat par rapport aux facteurs de blocage de la politique d'introduction des langues véhiculaires à l'école s'explique par le fait que le non suivi des politiques linguistiques est une réalité bien existante. Généralement au Sénégal, les politiques élaborées et théoriquement bien formulées connaissent dès leur début un enthousiasme sans faille de la part des politiques comme de celle de la société en générale. Mais, au bout de quelques temps se note un ralentissement allant jusqu'à l'abandon du projet.

Rappelons certains propos de certains de nos enquêtés : « l'Etat n'a pas du tout suiviparce que les conclusions même de l'évaluation (des classes expérimentales) n'ont pas été exploitées (...) bon, il n'y a pas un engagement ferme de la part de l'Etat, c'est vraiil y a l'option politique mais il n'y a pas d'accompagnement ». (Enquêtes, commune de Fatick Avril 2010).

57 A.SYLLA, op.cit.pp 390.

Ces propos s'inscrivant dans la même longueur d'onde mettent en exergue la grande part de responsabilité de l'Etat sénégalais face à ce problème socioéducatif. Leur responsabilité se situe entre autres dans l'inexistence d'une politique de maintien et de suivi-évaluation qui permettra de préparer les éventuels écueils dont les conséquences pourront éclore des sentiments d'utopie, de scepticisme, de pessimisme ou d'irréalité à l'endroit de la société.

En effet, cette remarque tant clamée est, par ailleurs, sous-tendue par la passivité de l 'Etat eu égard à la formation d'enseignants en langues nationales, à leur mobilité professionnelle et à l'élaboration de supports didactiques.

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