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Aménagement du territoire et croissance urbaine au Cameroun

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par Chouaibou MOUNTON
Université de Yaoundé II SOA - Master II professionnel en politiques urbaines et des collectivités territoriales décentralisées 2016
  

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A.2. ouverture internationale et aménagement du territoire

Il est montré dans de nombreux pays en développement en particulier en Chine que l'insertion progressive de l'économie d'un pays en développement dans le commerce international est une des recommandations fortes de nombreux auteurs. Elle contribue en principe à la croissance selon la vision traditionnelle des avantages comparés ; mais elle a également pour conséquence immédiate une polarisation des activités économiques sur le territoire et une forte augmentation des inégalités régionales (Kanbur et Venables, 2007). Toutefois, on peut s'attendre à terme à une plus grande dispersion géographique des activités, idée confirmée par Ades et Glaeser (1999).

De même, L'intégration économique entre pays voisins contribue à une meilleure spécialisation économique et à des niveaux de croissance plus élevés. On constate toutefois que les accords commerciaux bilatéraux ou régionaux sont susceptibles d'avoir des effets positifs sur les relations politiques des pays concernés. Le commerce entre deux pays augmente le coût d'opportunité d'un conflit, alors que si ces deux pays sont très ouverts au commerce avec de nombreux pays tiers, leur dépendance commune est réduite et le coût d'opportunité d'un conflit entre eux est plus faible (Martin et al., 2008).

Mais, l'effet de l'intégration régionale sur le commerce international est ambigu. Si elle est susceptible de renforcer le développement des pays appartenant à l'aire régionale, cela peut se faire au détriment de ceux qui restent à l'écart de l'accord (Coulibaly, 2006 ; Madiès, 2007). La mise en oeuvre des accords régionaux peut avoir pour effet, du moins dans un premier temps, de favoriser une croissance plus rapide des territoires les mieux dotés en infrastructures et en capital humain. Ces accords commerciaux régionaux ne peuvent profiter aux pays enclavés et faibles que si leurs voisins adoptent des politiques dynamiques et « amicales » (Collier, 2007b).

Les forces du marché, l'ouverture internationale et des institutions économiques efficaces sont à l'évidence des constituants majeurs du développement économique. Toutefois, le libre jeu des forces de marché ne suffit pas à valoriser au mieux les capacités des territoires et leur croissance économique. Par exemple, une étude récente de la Banque Mondiale vient de montrer, sur un échantillon de 11 500 entreprises dans 27 pays émergents de l'ex-bloc soviétique, que l'ouverture à la concurrence, contrairement aux idées reçues, peut avoir un effet négatif sur la capacité d'innovation des entreprises (Gorodnichenko et al., 2009). Dans le même esprit, les

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forces d'agglomération ne peuvent être laissées complètement à elles-mêmes. Leur développement peut être utilement stimulé par des instruments appropriés et bien choisis (Scott, 2002).

B. Infrastructures, services publics et croissance démographique

Il est intéressant d'étudier l'impact des infrastructures et services publics sur la croissance urbaine, mais aussi d'étudier l'impact de la croissance démographique urbaine sur l'aménagement du territoire.

B.1. Infrastructures, services publics et efficacité économique

Un certain nombre de travaux empiriques cherchent à mesurer les effets des services publics dans le système économique. Ashauer (1989) affirme que la faiblesse de l'offre de services publics, dans les années 1970 aux Etats-Unis, est cruciale dans l'explication du déclin du taux de croissance de la productivité. Sa méthodologie a été remise en cause, mais d'autres travaux concernant différentes nations confirment l'impact plus ou moins direct des dépenses publiques sur la productivité. Femald (1990), Rubin (1991), Ford et Prorret (1991) contestent l'absence de contrôle du biais de simultanéité, c'est-à-dire du double sens de la relation dépenses-publiques-revenus, par Ashauer, mais aboutissent au même résultat.

Munell (1992) trouve que le capital public a un effet significatif et positif sur la croissance de l'emploi. Artus (1991) montre que le niveau des dépenses publiques a un effet sur la Recherche-Développement et sur le taux de croissance du PIB, en France.

Declercq (1996) conclut, après une étude par branches sectorielles portant sur la période 19521989, que « le capital public a un impact sur l'évolution du coût variable des entreprises des branches marchandes non financières de l'économie française». Les dépenses publiques sont donc des instruments de politique économique importants. Pour un pays en développement, un niveau d'investissements trop faible peut accentuer les écarts initiaux de revenu entre l'économie et le reste du monde et créer des effets d'hystérésis7.

7 Retard dans le développement d'un phénomène physique par rapport à un autre.

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Une économie ayant de faibles capacités productives initiales et ne bénéficiant pas d'externalités positives ne peut combler son retard. Elle risque de tomber dans une «trappe de sous-développement » (D'Autume-Michel, 1993), de se positionner sur une trajectoire de croissance irrémédiablement faible. Dans ces conditions, la convergence des taux de croissance des nations n'est plus assurée comme elle l'était dans les modèles néoclassiques traditionnels de croissance (Solow, 1956) et d'économie internationale.

Les services publics peuvent constituer des avantages comparatifs à part entière et permettre à la région d'attirer de nouvelles activités. Les services et infrastructures publics jouent sur la croissance régionale de deux façons : ils produisent des externalités technologiques et pécuniaires et engendrent une croissance nette et ils créent des avantages comparatifs qui vont attirer les agents dans la région et amplifier les économies d'échelle. Ainsi, les infrastructures et services publics peuvent être un catalyseur de développement. Ils permettent, dans un premier temps, aux entreprises localisées sur place d'obtenir des gains de productivité, puis ces bénéfices vont attirer d'autres firmes dans la région et générer une activité économique importante, donnant lieu à de fortes possibilités de division des tâches, de circulation de la connaissance et de technologies. Cette interdépendance conduit à un processus de développement auto-entretenu et cumulatif. Murphy et al., (1989) préconisent une injection exogène de capital public pour lancer ce processus cumulatif.

D'autres travaux empiriques ont traité de ces questions. Duffy-Deno et Eberts (1991) montrent que les investissements et le stock d'infrastructures publiques ont un effet positif significatif sur le revenu individuel par tête dans 28 unités urbaines de 1980 à 1984. De même, Ralle (1991) montre sur la période 1970-1989 que le capital public accroît la productivité du secteur privé dans les régions françaises. Des auteurs tels Eberts et Fogarty (1987) ou Munell (1990) testent la relation entre capital ou investissements publics et investissements privés et constatent une influence positive du capital public sur les investissements privés.

Richardson (1973) et Lever, Legler et Shapiro (1970) mettent en avant l'interdépendance entre la distribution partiale du capital public et les investissements privés. Les infrastructures de transport et communication vont diminuer les coûts de transport des biens, des capitaux, des hommes et de l'information entre les régions. Ces infrastructures vont permettre aux entreprises de développer leurs aires de marché, de réduire les monopoles spatiaux et donc de renforcer les effets de la concurrence. Elles sont donc à l'origine d'externalités spatiales qui vont profiter à

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l'ensemble de la communauté (Quinet, 1992). Cependant, elles ont un effet ambigu sur la croissance d'une région. La répartition des gains peut être défavorable aux régions les plus faibles.

Les modèles de localisation (Martin et Rogers, 1995) et les études empiriques (Johansson, 1993; Rietvield, 1989; William et Mullen, 1992) s'intéressent plus spécifiquement aux infrastructures et en particulier aux infrastructures de transport et communication. L'importance des coûts de transport dans l'analyse géographique des activités économiques les place au premier plan des discussions sur les conséquences des dépenses publiques sur le développement régional. Elles ont également des conséquences spatiales spécifiques. "Les transports comportent une dimension de plus que la plupart des autres activités : ils sont localisés dans l'espace, leur impact est déjà géographique, avant d'être macro-économique" (Quinet, 1992).

Hansen (1965) a construit une typologie des régions allant dans ce sens. Pour lui, il existe trois types de régions :

- les régions "congestionnées" dans lesquelles il y a une forte concentration de population, d'activités industrielles et commerciales et un stock important d'infrastructures. Dans ces régions, l'effet marginal positif d'investissements publics supplémentaires sera absorbé par l'effet négatif de pollution et la congestion supplémentaire.

- Les régions intermédiaires, où il y a abondance de main-d'oeuvre formée et de matières premières. Les investissements publics peuvent avoir dans ce cas un effet marginal supérieur aux coûts.

- Les régions pauvres, où le niveau de vie est faible : ce sont généralement des régions agricoles peu développées ou possédant une industrie déclinante. Ces régions sont peu attractives pour les entreprises et les investissements publics ont peu d'effets sur leur dynamisme.

Les tests effectués par Williams et Mullen (1992) sur 48 Etats américains, pour les années 1970, 1980 et 1986, nuancent l'hypothèse d'Hansen : les investissements publics en infrastructures routières ont un effet stimulant sur l'ensemble des régions, même les plus « en retard ».

Le jeu des répartitions d'activités entre les régions dépend des caractéristiques initiales de chacune, en particulier de leur position, les unes par rapport aux autres. La croissance de la région peut être reliée positivement avec le stock d'infrastructures de transport et communication

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qu'elle possède si les gains nets qu'elle tire de ces infrastructures sont supérieurs à ceux que les autres régions en tirent. La plupart des modèles s'intéressent à ces gains en termes de baisse de coûts de transport des biens (Martin et Rogers, 1995) et de leurs conséquences sur la répartition des entreprises. Or, si le déploiement des infrastructures de transport et communication a des effets directs sur le coût de transport des biens, il en a aussi sur la circulation des personnes et de l'information. Il est donc simplificateur de restreindre l'impact des infrastructures de la région à une baisse des coûts de transport.

Ces infrastructures facilitent également les échanges de main-d'oeuvre, de connaissance, de technologie entre différentes régions. Elles amplifient les externalités que peuvent se procurer les agents à se localiser près d'une région où les économies d'échelle sont fortes (Kubo, 1995).

L'intervention publique dans la sphère économique peut alors être positive. Cependant, l'étude du rôle des dépenses publiques dans les mécanismes de croissance doit tenir compte de deux caractéristiques capitales, au niveau régional.

En premier lieu, la région est ouverte sur le reste du monde. Les facteurs de production peuvent quitter la région ou affluer des autres régions. Les barrières culturelles et institutionnelles étant plus limitées, la région peut entrer dans un processus cumulatif de croissance qui peut être impulsé par les dotations initiales ou par des facteurs exogènes tels les externalités générées par la proximité de régions riches (Kubo, 1995) ou celles générées par des investissements publics importants (Murphy et al., 1989).

Ensuite, les dépenses publiques en infrastructures de transport et communication transforment l'espace et vont être essentielles pour comprendre les schémas de croissance régionaux. Elles baissent les coûts de transport, elles favorisent l'externalité de spillover et, au sein de la région, développent les complémentarités entre espaces urbains et espaces ruraux (Charlot, 1996).

Dans une étude s'intéressant aux effets des travaux publics sur la croissance du revenu réel dans 195 petites municipalités du Missouri, les auteurs ont estimé que les investissements de travaux publics contribuaient à 30 % de l'augmentation du revenu réel entre 1963 et 1966. La construction d'autoroutes, de ports maritimes, d'établissements d'enseignement professionnel et de structures récréatives participeraient le plus à la croissance du revenu (Charlot, 1996).

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Au total, c'est d'abord le montant des ressources publiques consacrées aux infrastructures de transport et la qualité de la gestion des modes de transport qui contribuent à l'efficacité économique de la ville (Perrot, 2004). Dans l'ensemble, les infrastructures de transport comme les autres services publics sont une condition majeure du développement et du bien-être des populations (Prager et Thisse, 2009).

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