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Décentralisation et coopération décentralisée au Bénin: Vers la légitimation des espaceds publics locaux pour le developpement des collectivités locales

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par cassius jean SOSSOU BIADJA
Université de Genève Institut Universitaire d'Etudes en Développement - DEA 2004
  

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UNIVERSITE DE GENEVE

INSTITUT UNIVERSITAIRE D'ETUDES DU DEVELOPPEMENT

MEMOIRE DE DIPLOME D'ETUDES APPROFONDIES

EN ETUDES DU DEVELOPPEMENT

Année académique 2003-2004

DECENTRALISATION ET COOPERATION DECENTRALISEE AU BENIN: VERS LA LEGITIMATION DES ESPACES PUBLICS LOCAUX POUR LE DEVELOPPEMENT DES COLLECTIVITES LOCALES.

Présentation: Cassius Jean SOSSOU BIABJA

Directeur: Daniel FINO

Juré: Pape DIOUF

Mai 2004

REMERCIEMENTS

Mes remerciements vont tout d'abord aux deux principales institutions Suisse à savoir:

- L'État, le canton et la ville de Genève qui m'ont offert l'hospitalité et les conditions nécessaires pour suivre les cours dans mon nouveau domaine de spécialisation.

- L'Institut Universitaire des Etudes en Développement (IUED) qui a accepté ma candidature et a mis à ma disposition les conditions académiques nécessaires pour mieux comprendre et approfondir mes connaissances en développement.

Qu'il me soit permis de dire, ici aux représentants de ces deux institutions toute ma gratitude.

Mes remerciements vont ensuite particulièrement à Monsieur François DERIAZ, responsable du Service des Etudiants, qui m'a personnellement compris et soutenu lors de la dure épreuve que j'ai connue. Monsieur DERIAZ, recevez ici l'expression de toute ma reconnaissance.

Monsieur Daniel FINO, je vous dis merci pour avoir accepté de me repêcher à la dernière minute et de me stimuler à vite finir ce travail.

Qu'il me soit aussi permis de dire merci à Monsieur Pape DIOU pour avoir accepté d'être le juré de ce travail.

Je ne saurais oublier le corps enseignant qui m'a encadré et pour qui je dis Merci.

Enfin, je ne saurais passer sous silence les nombreux amis (es) qui, de près ou de loin, m'ont soutenu moralement. Que tous vous retrouviez ici l'expression de ma sincère gratitude.

DEDICACE

Philomène BABAGBETO ma défunte mère, je ne sais comment te dire merci pour tout ton soutien et ton affection avant ton départ d'ici bas. Pour moi tu y es et tu demeureras toujours dans mon coeur.

Priscard SOSSOU ma jeune soeur, huit jours après ma soutenance tu quittais ce monde. Je viens te dire bon voyage et que la terre te soit légère.

Á titre posthume je vous dédicace toutes deux ce mémoire.

À Chancelle Hermione SOSSOU trouve dans ce mémoire l'expression de mon effort pour arriver à te donner un bon exemple de réussite intellectuelle et sociale. Bon vent à toi et longue vie

Á mon père, mes frères et soeurs bref à ma famille toute entière je vous dis merci pour votre soutien et daignez accepter que je vous dédicace ce mémoire.

Enfin, à la famille MASSOT Jean, Martine et Fabienne ce mémoire vous est aussi dédicacé.

Merci à tous pour votre soutien

Cassius Jean SOSSOU

Décentralisation et coopération décentralisée au Bénin: vers la légitimation des espaces publics locaux pour le développement des collectivités locales.

Introduction

Au cours des dernières années plusieurs États africains dont le Bénin ont initié les processus de décentralisation politique et administrative visant à rapprocher le développement des citoyens. L'objectif étant de mettre en place, dans les programmes et stratégies de développement des pays les conditions nécessaires pour un développement global et durable. Avec l'amorce du processus de démocratisation, s'est imposée à la classe politique béninoise, la nécessité de décentraliser l'administration du pays. En effet, c'est avec la Conférence Nationale des Forces Vives de février 1990 qu'a été formulée la recommandation d'instituer des réformes de l'Administration Territoriale. Celles-ci se sont traduites dans la pratique par la mise en place non seulement des institutions et des structures préparatoires du processus mais aussi des instruments juridiques devant consacrer l'assise des futures entités territoriales décentralisées.

Le Bénin tout comme la plupart des pays africains s'est donc inscrit dans la dynamique des stratégies de bonne gouvernance et de lutte contre la pauvreté à travers la mise en oeuvre du processus de décentralisation. En effet, la question se pose aujourd'hui de savoir quelles sont les enjeux que représente pour les nouvelles collectivités territoriales décentralisées béninoises la décentralisation, dans le contexte de l'aide au développement et plus précisément de la coopération décentralisée?

Pour mieux cerner ces enjeux, il importe de définir la relation qui existe entre les notions de décentralisation de pauvreté et de coopération décentralisée, lesquelles nous permettraient de relativiser l'apport de la décentralisation dans l'effort de lutte contre la pauvreté pour le développement et le rôle qu'est sensé jouer la coopération décentralisée dans ce contexte.

Existe t-il un lien entre le concept de la décentralisation et les principes de bonne gouvernance locale et de lutte contre la pauvreté?

En effet, la décentralisation d'une manière sommaire est définie comme un système d'organisation des structures de l'État, qui accorde des pouvoirs de décision et de gestion à des organes autonomes régionaux ou locaux (collectivités locales, établissements publics). Pour emprunter la sémantique juridique nous pouvons nous permettre de dire que la décentralisation est une institution par laquelle l'État enclenche un processus d'administration de son territoire et qui, lui permet de déléguer une partie de ses pouvoirs à des assemblées locales élues en les dotant d'une personnalité morale et d'une autonomie financière. À travers la pratique décentralisatrice, est supposée se retrouver la notion de gouvernance locale qui est définie comme l'exercice par l'autorité locale des pouvoirs qui lui sont conférés par la loi en vue de promouvoir le développement local d'une manière efficace et transparente. Cependant, aucune décentralisation ne peut réussir si le transfert de compétences ne s'accompagne d'un transfert effectif de moyens adéquats.

Par ailleurs, il existe plusieurs définitions de la pauvreté, mais elles se rejoignent toutes pour dire que la pauvreté est un état de privation ou de manque. Cet état peut varier dans l'espace et le temps selon le contenu qui lui est donné. Les définitions générales les plus communément admises sont les suivantes:

- Extrême pauvreté: affecte les personnes qui ne disposent pas de revenus suffisants pour satisfaire leurs besoins alimentaires essentiels (dite aussi pauvreté absolue.)

- Pauvreté générale: affecte les personnes qui ne disposent pas de revenus suffisants pour satisfaire leurs besoins essentiels non alimentaires (dite aussi pauvreté relative.)

Ces définitions générales sont pratiques mais limitent la notion de pauvreté à une question de revenu. D'où l'introduction d'une notion plus complète initiée par le PNUD: il s'agit de la notion de pauvreté humaine.

- Pauvreté humaine: elle met l'accent sur ce que les gens peuvent ou ne peuvent pas faire et en exergue la privation des capacités les plus essentielles de la vie, y compris celle de mener une longue vie en bonne santé, d'accéder aux connaissances, d'être suffisamment approvisionné sur le plan des biens économiques et de participer pleinement à la vie de la communauté.

Selon le PNUD, l'objectif primordial de toute décentralisation est la mise en place des systèmes de bonne gouvernance et de lutte contre la pauvreté, entre autres exigences du développement. En effet, la plupart des acteurs du développement vont dans le même sens que le PNUD et pensent qu'en Afrique pour atteindre les objectifs de développement, la priorité passe par la mise en place des stratégies efficaces de lutte contre la pauvreté et de bonne gouvernance. La décentralisation est à ce titre aujourd'hui considérée comme un instrument de lutte efficace contre la pauvreté et pour ce faire, il importe de concéder aux entités infra étatiques les principales libertés locales qui leurs permettraient d'asseoir une bonne politique de coopération à l'échelle locale.

Ainsi aujourd'hui, lutter contre la pauvreté c'est mettre en place les instruments de politique de gestion, de direction et d'administration qui intègrent autres dimensions que celles économiques. D'où l'importance de la prise en compte des dimensions politiques, culturelles et sociales dans toute politique de développement. Dans cette perspective la décentralisation apparaît comme une notion carrefour du développement car à travers elle les populations participent directement aux processus de décision et de gestion des affaires locales. Il existe donc un lien très étroit entre les concepts de décentralisation et de lutte contre la pauvreté car une décentralisation effective basée sur le principe d'une bonne gouvernance locale est un outil indispensable de lutte contre la pauvreté laquelle, en cas d'éradication est un gage de développement.

Le lien entre les concepts de décentralisation et de bonne gouvernance locale constituent l'un des moyens les plus efficaces de la participation des populations, qui est aujourd'hui privilégiée par la coopération au développement dans sa politique de lutte contre la pauvreté et de marche vers le développement. Dans cet enchevêtrement conceptuel il est fort aisé de constater et de conclure que la coopération et plus spécifiquement l'aide au développement prend dorénavant toute une autre tournure.

Il existe aujourd'hui une forte volonté d'utiliser la coopération au développement pour soutenir les efforts de développement en Afrique. La volonté d'utiliser largement la coopération décentralisée et les collectivités territoriales en appui à la décentralisation en Afrique à toutes les chances de renforcer ce processus de transfert de compétences. Toutefois se pose une difficulté: Comment institutionnaliser la pratique afin que l'aide se passe de l'État pour atteindre directement les populations cibles, car il est bon que dans ce contexte la coopération se fasse de société civile à société civile et pas seulement d'État à État. C'est la tout le sens de la problématique que pose B. HUSSON dans son assertion lorsqu'il affirmait que «La décentralisation dans les pays du Sud et de l'Est ouvre un enjeu majeur, celui de la création d'un espace public local, animé par des collectivités territoriales efficaces et attentives aux initiatives des citoyens. Alors que la coopération décentralisée est jusqu'ici intervenue essentiellement selon une logique projet, ne trouverait-elle pas sa légitimité et son efficacité en se positionnant clairement en appui aux collectivités territoriales naissantes dans leurs missions propres dans leur dialogue avec les dynamiques associatives locales et leur État, oeuvrant ainsi à la construction d'un tel espace public? »1(*)

La perspective ouverte par B. HUSSON suscite certaines interrogations lorsqu'on essaie de l'appréhender dans le contexte de la décentralisation comme processus en cours au Bénin. Dans la suite du développement de ce document nous donnerons une esquisse de réponse à ces interrogations tout en essayant de dresser un bilan et de formuler des perspectives.

Problématique

Avec l'organisation des municipales, le Bénin a posé l'un des derniers actes de recommandation de la conférence des forces vives de la nation: celui du transfère des pouvoirs de décision de la sphère centrale vers les communautés de base. En effet, le législateur de la loi fondamentale a prévu une autre forme d'administration territoriale que celle qui gouvernait les principes d'administration sous les régimes précédents. Ainsi, la constitution du 11 décembre 1990 en ses art. 150 et suivants stipule, que " les collectivités territoriales de la république du Bénin sont créées par la loi et qu'elles s'administrent librement par des conseils élus et dans les conditions prévues par la loi." Dès lors, l'État est investi dans sa fonction de tutelle et de garant du développement harmonieux de toutes les collectivités territoriales sur la base de la solidarité nationale, des potentialités régionales et de l'équilibre inter-régional. Mais le transfère effectif des pouvoirs de décision de la sphère centrale vers le peuple n'a pas été chose aisée.

Le Bénin, premier pays à s'engager dans le processus de démocratisation, n'a pas très tôt procédé à la décentralisation politique de ses structures administratives. Alors que l'expérience démocratique est vieille de 13 ans, c'est seulement en décembre 2002 que les premières élections communales et municipales ont eu lieu. Calculs, jeux et enjeux politiques n'ont pas permis d'organiser à temps, non seulement la mise en place effective des entités réformées mais aussi les élections afférentes devant les consacrer. Or, il est évident que la décentralisation lorsqu'elle est réalisée dans son effectivité constitue pour les collectivités territoriales un enjeu de développement que la coopération au développement privilégie.

C'est dans ce sens que Bernard HUSSON affirmait que «La décentralisation dans les pays du Sud et de l'Est ouvre un enjeu majeur, celui de la création d'un espace public local, animé par des collectivités territoriales efficaces et attentives aux initiatives des citoyens. Alors que la coopération décentralisée est jusqu'ici intervenue essentiellement selon une logique projet, ne trouverait-elle pas sa légitimité et son efficacité en se positionnant clairement en appui aux collectivités territoriales naissantes dans leurs missions propres dans leur dialogue avec les dynamiques associatives locales et leur État, oeuvrant ainsi à la construction d'un tel espace public? »2(*) Cette assertion de Bernard HUSSON vérifie t-elle les objectifs que se sont assignés les réformes décentralisatrices béninoises? Et que prévoient ces réformes en matière de coopération décentralisée pour vérifier l'assertion?

Répondre à ces questions principales c'est d'abord tenter de définir les concepts de coopération décentralisée et de décentralisation et quel rapprochement faisons-nous entre ces deux concepts pour étayer la citation de B.Husson?

Décentralisation: processus qui permet le transfère des pouvoirs de décision de la sphère centrale vers la base. Elle vise à partager le pouvoir entre les responsables de l'État, les élus locaux et les citoyens, pour engager une politique de développement de proximité. Pour ce faire l'État transfère une partie de ses compétences et de ses moyens à des communes, nouvelles collectivités territoriales, afin de répondre directement aux besoins des populations. L'État assure de nouvelles fonctions: tutelle, appui et conseil vis-à-vis des communes. Les élus de la commune ont la charge de l'élaboration, de la mise en oeuvre et du suivi des plans locaux de développement, dans les domaines, économique, social et culturel. La commune est directement responsable de la gestion des ressources financières, techniques et humaines mises à sa disposition par l'État et de la mobilisation des ressources propres. Elle doit répondre de ses stratégies et de ses choix devant les citoyens.

Au Bénin le processus de décentralisation a été amorcé au lendemain de la tenue de l'Historique Conférence des Forces Vives de la Nation de février 1990. Sa mise en oeuvre efficiente a été tributaire de l'adhésion effective des populations qui vont contribuer ensemble au relèvement des défis suivants:

- La lutte contre la pauvreté qui passe par une amélioration efficiente de la satisfaction des besoins fondamentaux.

- La mobilisation judicieuse tant des ressources endogènes disponibles au niveau local ou national que celles extérieures.

- La création de nouveaux espaces politiques (leaders locaux) en vue d'une bonne visibilité dans la cogestion des affaires publiques au niveau local.

- La garantie de la qualité et de l'accès de tous aux services socio-communautaires.

Coopération décentralisée: Il conviendrait de faire la distinction entre les deux principales définitions de la coopération décentralisée: l'acception française (c'est-à-dire la coopération décentralisée bilatérale) et celle de l'Union-Européenne (la coopération décentralisée multilatérale).

D'un point de vue bilatéral, la coopération décentralisée consiste en la menée conjointe d'actions entre une ou plusieurs autorités locales de deux États dans un même intérêt. Elle se traduit par une nouvelle forme de solidarité internationale mise en oeuvre au niveau des collectivités locales des pays du Nord, qui leur permet d'être aux côtés des communes défavorisées des pays du Sud à travers la mise en place des projets de développement qui privilégient le partenariat et les actions à long terme. Son objet est d'accompagner la transformation de l'organisation administrative et politique des pays en voie de décentralisation ou nouvellement décentralisés par un appui aux nouvelles collectivités territoriales. Ses objectifs sont de consolider les collectivités locales et de renforcer leur capacité à répondre aux aspirations des populations, dans le respect des traditions et spécificités de la société étrangère.

Lorsqu'on envisage la coopération décentralisée sous l'angle multilatéral elle est une approche définit par l'Union-Européenne selon laquelle, la coopération décentralisée est avant tout, une autre façon de faire la coopération. Elle a pour objet de mettre les acteurs (dans toutes leurs diversités) au centre du processus de coopération en les impliquant tout au long du cycle d'intervention et en précisant les rôles et responsabilités de chacun, conformément au principe de subsidiarité. La coopération décentralisée dans le cadre de l'UE n'est donc pas un énième instrument ou guichet pour financer des petits projets à la base, mais une approche spécifique de coopération reposant sur cinq idées maîtresses

1-La participation active (responsabilisation) de toutes les familles d'acteur.

2-La recherche d'une concertation et d'une complémentarité entre différents acteurs.

3-La gestion décentralisée.

4-L'adoption d'une «approche-processus.»

5-La priorité donnée au renforcement des capacités et au développement institutionnel.

Pour l'Union-Européenne (UE) la coopération décentralisée a pour objectif d'améliorer la prise en charge par les acteurs de leurs propres processus de développement. En effet l'UE met l'accent sur la cohérence et la viabilité des actions. Les résultats attendus par l'adoption de cette démarche sont:

° Des appuis directs aux dynamiques et initiatives locales ;

° Une maîtrise d'ouvrage renforcé des acteurs locaux ;

° Une meilleure articulation entre les appuis aux initiatives de développement à la base et les appuis à la décentralisation ;

° Une plus grande légitimité et capacité de gestion des pouvoirs locaux ;

° Le développement de nouveaux espaces de concertation et d'expérimentation du développement durable (pratiques, méthodes, outils);

° La mise en place de mécanismes décentralisés de circulation de l'information, de la communication et de la gestion des conflits;

° Un appui à la consolidation de systèmes de démocratie et de gouvernance locale.

Que ce soit la définition de l'Union-Européenne ou celle française, la coopération décentralisée se révèle être pour paraphraser Franck Petiteville, l'un des effets induits de la décentralisation en Afrique, les collectivités territoriales africaines qui ont, à travers la décentralisation, vu leurs compétences renforcées ne tardent pas à nouer des relations de coopération avec leurs homologues étrangères.

Ainsi définis, nous-nous posons un certain nombre de questions: Les élus des populations qui, a priori, sont l'émanation de celles-ci et qui maîtrisent les réalités locales, peuvent-ils se prévaloir d'une certaine légitimité et agir au nom et pour le compte du peuple? Disposent-ils d'une légitimité d'action pour signer des traités de coopération avec des partenaires étrangers?

Les espaces publics locaux nés de la concrétisation de la décentralisation au Bénin, disposent-ils dorénavant de la légitimité nécessaire pour se positionner clairement en interlocuteur des partenaires au développement? L'organisation et la mise en place effective des structures décentralisées au Bénin ouvrent-elles la voie à celles-ci pour s'inscrire dans le registre des entités infra étatiques en droit de coopérer?

Autrement, les communes béninoises peuvent-elles dorénavant, sans passer par la tutelle de l'État, s'inscrire dans la dynamique de la coopération au développement?

C'est toute la problématique de la légitimité qui se pose à ce niveau, légitimité d'action des mandataires de la souveraineté locale, légitimité de représentation de ces mêmes mandataires devant les partenaires au développement. Cette problématique de légitimité soulève sans l'ombre d'un doute la question de la souveraineté de l'État dans la nouvelle dynamique de coopération décentralisée et de décentralisation. L'État en cédant une partie de ses prérogatives aux entités décentralisées ne perd t-il pas partiellement sa souveraineté? Voilà autant de questions auxquelles nous essayerons de répondre dans le cadre de ce travail.

Nous tenons pour évidence primaire que l'objectif de toute coopération décentralisée est la recherche de partenariat entre deux collectivités distinctes pour des échanges d'expérience et de savoir- faire. Cependant, la coopération décentralisée dans les pays du Sud comme la Bénin oeuvre non seulement pour le partenariat mais aussi pour l'appui aux entités infra étatiques dans le but:

- de la participation à l'amélioration des conditions de vie des populations,

- du soutien aux efforts de lutte contre la pauvreté,

- du renforcement des capacités de gestion et d'administration des entités décentralisées.

- de la contribution à l'effort de développement de ces populations. Dans ce cadre, le processus de décentralisation enclenché au Bénin offre d'importants atouts aux populations locales. En effet, quelles sont les attentes des populations par rapport à la décentralisation?

Pour les populations locales la décentralisation doit:

- contribuer à améliorer les services dont elles ont besoin;

- contribuer à lutter contre la pauvreté surtout en milieu rural;

- être un instrument propre à stimuler le développement à la base de même que la démocratie à la base à travers la dynamique participative;

- être le creuset propice à la bonne gestion des affaires publiques et de lutte contre la corruption;

- permettre aux populations de décider par elles-mêmes en toute autonomie de leur politique de coopération.

Ces attentes rencontrent-elles les objectifs de la population?

Bien évidemment les objectifs des populations et de la coopération décentralisée se croisent à plus d'un titre ils sont pratiquement les mêmes. Dans ce système, les populations du Sud apparaissent comme des demandeurs de prestations, lesquelles, légitimeront leur autonomie, alors que les partenaires au développement sont comme des prestataires qui répondent favorablement aux requêtes des collectivités du Sud.

Cependant, comme le souligne Henri Philippe Cart de la DDC, «la décentralisation n'apportera de solutions durables aux défis actuels que si elle se situe dans un contexte démocratique et si les communautés locales sont en mesure de s'exprimer et de s'affirmer».3(*) En effet, l'expression et l'affirmation des communautés locales passent par leur capacité reconnue et affirmée par la législation à s'autogérer. Ainsi, dès lors que chaque communauté locale dispose de la faculté de s'administrer, elle peut valablement décider et gérer par elle-même toute sa micro politique de coopération.

Il en appert donc que, la mise en oeuvre effective de la décentralisation, qui s'opère par l'installation des structures afférentes, permet de reconnaître aux collectivités territoriales une certaine légitimité de fait; même si au Bénin la légitimité de jure (de droit) ne leur est pas encore acquise.

Le processus de décentralisation qui implique le renoncement partiel de la part de l'état de sa souveraineté nationale laquelle se trouve restreinte à l'extérieur, veut qu'à l'intérieur certaines compétences de droit public soient cédées à des acteurs régionaux ou locaux.

Sur cette base la coopération décentralisée pourra trouver toute sa légitimité et son efficacité en se positionnant clairement en appui aux collectivités territoriales naissantes [....] oeuvrant ainsi à la construction d'un tel espace public. Qu'en est-il du cas béninois?

Au lendemain des élections communales au Bénin, il est d'un constat notoire que décentralisation et coopération décentralisée devront former un tandem qui s'inscrirait dans la dynamique de développement d'une manière générale et de lutte contre la pauvreté en particulier.

La coopération décentralisée dans ce contexte, pour trouver toute légitimité d'action, devra dès lors prendre causes et faits pour les collectivités territoriales et les soutenir en amont et en aval pour le développement des populations. Il va s'en dire que pour une bonne applicabilité de la dynamique coopération décentralisée/décentralisation, et pour atteindre ses objectifs, celle-ci ne passera plus par l'exécution de la logique projet (qui privilégie le financement ponctuel de certaines activités ou domaines d'activité), mais se fera par voie d'appui direct sous forme de programme (qui au contraire agit sur la durabilité dans le temps) aux entités infra étatiques sous forme:

° D'appui au processus de décentralisation, visant l'émergence de systèmes de gouvernance locale légitimes et efficaces

° D'appui aux initiatives et dynamiques de développement local, permettant d'assurer la cohérence d'actions ponctuelles dans un cadre territorial déterminé

° D'appui au dialogue politique et social en vue d'assurer la participation en amont des acteurs décentralisés dans la formulation des politiques et la programmation de l'aide.

Cette nouvelle expérience de décentralisation dans le contexte actuel de la démocratisation au Bénin comporte bien évidemment des écueils à éviter. Car comme tout processus la décentralisation ne peut être assimilée à l'accomplissement et/ou l'achèvement de certains principes démocratiques cardinaux. Nous reconnaissons que le chemin parcouru est encore très court et que la mise en place d'un véritable État de droit démocratique est une affaire de longue haleine. Cependant, force est de constater que l'effectivité du processus de décentralisation crée de fait et de droit, la dynamique dans laquelle devra s'inscrire (sous certaines conditions bien évidemment) la résolution des problèmes de développement qui se posent aux populations béninoises. Il serait illusoire de faire penser que la décentralisation est la panacée universelle nécessaire qui résoudrait le défi de développement qui se pose au pays. Loin s'en faut. La décentralisation est certes une bouffée d'oxygène, qui, comme dans tout processus démocratique conduit à une meilleure gestion des affaires locales à travers l'apprentissage à la base de la prise de parole, de la prise de décision et du débat démocratique.

En tant que tel et pour donner des chances de réussite à tout processus de décentralisation, il faudrait donner aux béninois et aux béninoises le pouvoir et les aptitudes nécessaires (empowerment), à «créer les conditions juridiques ou organisationnelles qui leur permettront d'exercer davantage d'influences sur les situations et les actions qui les concernent».4(*)

En bref nous résoudrons les questions suivantes: quels sont les enjeux qu'offre la décentralisation aux communes béninoises lorsqu'on envisage le rapport de coopération de celles-ci avec d'autres communes ou d'autres organisations internationales intervenant dans le champ de la coopération décentralisée? Et quelles en sont les perspectives pour un véritable développement?

Première partie: Décentralisation et coopération décentralisée au Bénin: Consécration institutionnelle et objectifs

Chapitre premier: Revue historique

Il est évident que le processus de décentralisation n'est pas intervenu pour la première fois au Bénin sous la recommandation des bailleurs de fonds et des institutions de coopération. Le Bénin tout comme la plupart des pays africains a dû expérimenter certaines formes de délégation de pouvoir dont entre autre : la centralisation démocratique, la déconcentration, la concentration etc. En dépit de toutes ces expériences de gestion politique et administrative, la décentralisation démocratique s'est imposée d'elle-même comme le seul et unique moyen d'améliorer l'efficacité et la qualité des services publics, de rapprocher l'administration des administrés, de lutter contre la corruption et la pauvreté. Il ne pouvait en être autrement d'autant plus que, sous l'action conjuguée de la conjoncture économique, de la mauvaise gestion des affaires publiques et des tares qui ont miné le bon fonctionnement des services centraux de l'administration républicaine, l'échec du système économique, politique et social en cours ne pouvait être qu'une évidence.

Afin de mieux cerner les enjeux de la décentralisation en cours, il serait intéressant de jeter un bref regard rétrospectif sur l'évolution historique de la coopération et de la décentralisation à travers le temps.

I- Ancrage historique

A - Coopération et décentralisation avant la conférence

A-1 Coopération et décentralisation sous l'ère coloniale

C'est la loi française n°55-1489 du 18 novembre 1955 relative à la réorganisation municipale en AOF, AEF, au Togo, au Cameroun et à Madagascar qui a initié pour la première fois au Bénin (ex Dahomey) l'expérience de la décentralisation. Elle a érigé certaines principales villes en communes avec conseil municipal élu et autonomie financière. Mais à ce niveau le processus n'a pas été généralisé dans la mesure où seules, les entités disposant de ressources suffisantes pour assurer l'équilibre de leur budget étaient éligibles au rang de commune de plein exercice.

Au cours de cette période aucune aide officielle n'a été donnée pour appuyer ou renforcer le processus d'autonomisation des entités nouvellement créées. Nous n'en voulons pour preuve que, les renseignements qui nous sont fournis par l'histoire et idées de l'aide publique au développement; selon cette histoire, les relations entre les colonies et la métropole pendant cette période étaient plutôt liées à l'appartenance commune à une sphère commerciale et financière exclusive plutôt qu'à un système d'aide d'Etat à Etat. Ce lien avait pour objectif le protectionnisme et l'investissement public pour la mise en valeur du pays dans les secteurs clés. Ainsi, aucun système d'aide aux entités décentralisées dans l'optique de les rendre plus autonomes n'a été mis en place. Pour la métropole c'est le développement des relations commerciales et des échanges entre partenaires qui formaient l'ossature de la «coopération» avec ses colonies.

A-2 Coopération et décentralisation après l'indépendance (1960-1972)

Dès l'accession à l'indépendance, le pays a connu une instabilité politique quasi-permanente qui a obligé les dirigeants à opter pour une priorité à l'unité nationale.

Ainsi, plutôt que de bénéficier d'une autonomie, les collectivités territoriales ont été mises sous contrôle politique. Leur statut a aussi varié entre temps et passait de commune à circonscription urbaine avec chacune à sa tête des préfets et des délégués du gouvernement. D'autres formes de décentralisation sont intervenues:

- En 1964 avec la loi 64-17 du 11 août 1964 qui confère à la commune le double statut de collectivité territoriale autonome et de circonscription dirigée par des représentants locaux de l'État.

- En 1965 puis en 1974 d'autres formes de décentralisation plus autoritaires et plus restrictives d'autonomie ont vu le jour et n'ont pas permis aux collectivités de se départir de l'autorité du pouvoir central pour se développer.

Bref, on peut noter que la période allant de l'indépendance à 1974 à été caractérisée par une instabilité politique qui a eu pour conséquence la refonte permanente de l'administration territoriale dans l'optique de la consolidation de l'unité nationale. Le souci de consolider l'unité nationale rendait impossible l'autonomisation au sens réel du terme de quelque entité que se soit. L'aide au développement allant dans le même sens, c'est-à-dire celui du renforcement de la capacité institutionnelle de l'État afin de lui permettre le renforcement de l'unité nationale. Alors, les entités territoriales créées ne bénéficiant pas d'une autonomie réelle, ne pouvaient pas s'administrer d'elles-mêmes au point de bénéficier d'une quelconque aide au développement.

A-3 Coopération et décentralisation sous la révolution (1972-1990)

Sous le régime révolutionnaire socialiste il a été procédé à une réforme de l'administration territoriale dans le sens de la centralisation démocratique avec pour objectif le rapprochement de l'administration des administrés. Ainsi, 4 niveaux de collectivités dites décentralisées (province, district, commune et village) ont été créés avec personnalité morale, autonomie financière (seuls les districts et les provinces jouissaient d'une autonomie financière effective) et des conseils élus. Cependant les entités qui disposaient d'une autonomie financière sont dirigées par des cadres nommés en conseil des ministres sur proposition des instances du parti unique, ces cadres sont ordonnateurs du budget de ces collectivités sans être responsables devant elles. Cette autonomie factice n'était pas de nature à favoriser tout effort de développement local et même toute coopération décentralisée devait prendre par le canal du pouvoir central de l'Etat.

Bref, aujourd'hui le pays est en train d'expérimenter un vrai processus de décentralisation qui transfère aux collectivités locales les attributs qui sont les siennes.

Toutefois la question se pose de savoir comment est née l'idée de la nécessité de transférer aux populations les compétences et pouvoirs requis pour la gestion de leurs affaires?

B - Coopération et décentralisation après la conférence

B-1 Démocratie, décentralisation et coopération sous l'ère du renouveau

Faisant suite à la définition des enjeux que constitue la décentralisation pour les populations locales béninoises, la conférence des forces vives de la nation de février 1990 dans ses recommandations a adopté le principe de la décentralisation administrative comme système d'administration territoriale. En application à toutes ces recommandations il a été organisé les états généraux de l'administration territoriale, lesquels ont défini les grandes lignes de la nouvelle politique de décentralisation. Un comité national de suivi des recommandations de ces états généraux est mis sur pied et a été chargé de la conception et de la préparation des textes de base de la décentralisation. Aujourd'hui ce comité a disparu pour faire place aux structures d'appui à la décentralisation que sont:

-La mission de la décentralisation (MD)

-La maison des collectivités locales (MCL)

-Le centre d'information et de documentation sur les collectivités locales (CIDCL).

A cette étape du processus il convient de se poser la question de savoir si la décentralisation démocratique au Bénin est tributaire de la pression des bailleurs de fonds ou si ce sont les conditions endogènes qui ont contribué à déterminer sa mise en place.

B-2 Décentralisation démocratique: contrainte exogène et/ou endogène?

Fondamentalement les récentes réformes de l'administration territoriale en Afrique au sud du Sahara sont intervenues dans le contexte d'une économie délabrée faite de violentes tensions sociales.

Même si nous reconnaissons avec Antoine Raogo Sawadogo que ce sont les nouvelles ethnies (Banque mondiale, FMI, Union européenne...) qui recommandent de décentraliser l'État, parce que disent-elles, «votre mal se trouve dans un excès de centralisation et une mauvaise gouvernance» il est fort aisé de constater que, cette imposition est la conséquence logique de la mauvaise gestion caractérisée de l'économie de ces États.

Si la décentralisation est perçue comme une nouvelle manière de gérer les affaires et un moyen de créer de nouvelles relations entre le gouvernement et les citoyens, le souci de décentraliser au Bénin procède alors non seulement des contraintes de natures exogènes et endogènes mais aussi du constat de l'incapacité de l'État béninois à résoudre les problèmes de développement qui se posent aux populations. En effet le contexte macro-économique Béninois était défavorable et caractéristique de la mauvaise gestion observée dans presque tous les pays africains au sud du Sahara. Les décennies qui ont précédé la démocratisation (avec ses corollaires de réformes économiques, territoriales et administratives), ont été faites des performances économiques négatives avec des indicateurs défavorables, caractérisées par un taux de croissance négatif, une diminution des capacités budgétaires de l'État, une corruption endémique, la mauvaise gestion, etc. Cet état de choses ne permettait pas à l'Etat d'honorer ses engagements à l'égard de ses partenaires sociaux internes et internationaux. Exacerbé par les tensions politiques et sociales de l'intérieur du pays, l'Etat béninois a dû se plier aux injonctions de ses partenaires au développement qui dorénavant se font «plus rigoureux sur les conditions d'octroi de leur concours.»2 Dès lors la redéfinition du rôle et des interventions de l'État dans ses fonctions classiques s'est avérée indispensable, il urgeait de laisser aux acteurs infra étatiques la responsabilité des activités de développement. Pour ce faire, la décentralisation et la privatisation ont été définies comme étant la passerelle nécessaire pour atteindre les objectifs d'un développement harmonieux et global. Ainsi, comme on peut le constater le processus en cours d'expérimentation est né dans un contexte de morosité économique caractérisé.

Par ailleurs, le contexte politico-administratif n'était pas non plus favorable dans la mesure où:

D'une part, l`Etat n'a pas pu «s'institutionnaliser» pour créer la dynamique pouvant lui permettre de transcender les multiples consciences infra nationales. Ainsi, la conscience citoyenne que les différents gouvernements ont voulu créer n'a pas pu suppléer les particularismes. Les populations éprouvaient alors le besoin pressant de se départir de l'État pour disposer d'une large autonomie de gestion et de décision pouvant leur permettre de se prendre en charge.

D'autre part, délaissées par l'État qui devait être leur répondant, les entités territoriales créés pendant les 17 ans du régime militaro-marxiste (les provinces et les districts) n'ont véritablement pas pu s'autonomiser pour se développer car, bâillonnées par une centralisation décisionnelle trop excessive.

Cette centralisation des pouvoirs politiques et administratifs avait confiné les populations, confrontées aux questions de leur propre développement dans une passivité, négatrice de toute volonté d'initiative locale et donc de développement. Ainsi, toutes les questions d'ordre décisionnel et opérationnel, relatives à la participation au développement des entités administratives crées par l'État étaient de l'ordre de l'absolu, pour ainsi dire, prise par le pouvoir central. Cet état de chose étouffait toute initiative locale de développement.

Poussé par les fréquents troubles sociaux nés de l'irresponsabilité et de la faiblesse des structures administratives, asphyxié par l'inexécution et le non-respect de ses engagements contractuels extérieurs vis-à-vis de ses partenaires qui, deviennent de plus en plus exigeants et, qui tendent davantage à s'immiscer dans sa légitimité, le gouvernement béninois n'avait plus autres solutions que d'accepter malgré lui ces nouvelles conditionnalités afin d'éviter le «déni de l'État ou du mois la négation de l'État, le non-État ». La décentralisation est apparue alors comme une bouffée d'oxygène, qui non seulement favorisait :

- l'État béninois (dans la mesure où il allait pouvoir se décharger de certaines de ses obligations),

- ses partenaires au développement (qui ne lui font plus confiance notamment pour les questions de développement des populations, et donc trouvent dans les entités décentralisées et la société civile des partenaires fiables),

- les populations bénéficiaires de l'aide (car elles sont les plus concernées par les questions de développement.)

On peut alors affirmer que la décentralisation au Bénin n'est pas seulement née de la volonté politique de l'état central, non plus seulement de la pression exercée par les partenaires au développement mais de l'effort conjugué de plusieurs facteurs aussi bien endogènes qu'exogènes.

C'est le même constat que font Diane Intartaglia (Camel) et Annette Corrèze lorsqu'elles affirment que «Les processus de décentralisation à l'oeuvre dans les pays africains et latino [.....] S'avèrent souvent être un mélange complexe entre une volonté politique initiale de l'État et les politiques incitatives des bailleurs»3

Ceci étant, il paraît curieux de savoir que depuis 1994 où les états généraux sur la réforme de l'administration territoriale ont eu lieu, et en dépit des recommandations qui en ont suivi, les premières élections municipales qui sont appelées à mettre sur pieds les organes des futures communes n'ont eu lieu qu'en décembre 2002. Les enjeux politiques que représente la non-organisation des élections et la mise en place des structures afférentes primaient sur les enjeux qu'offre cette décentralisation aux populations concernées par les questions de développement et à qui le processus est sensé apporter une amélioration des conditions de vie.

Avant d'analyser le processus en cours, il conviendrait de théoriser les objectifs et les avantages de la décentralisation pour les populations béninoise.

II- Les Réformes : Objectifs, acteurs et rôles dans le nouveau processus de décentralisation/coopération décentralisée.

Faisant suite aux recommandations de la conférence nationale des réformes institutionnelles ont été entreprises. La décentralisation politique et administrative en est la plus récente. Quels sont les objectifs visés par les réformes décentralisatrices, quels en sont les avantages et quel lien existe-t-il entre la coopération décentralisée et la décentralisation. Enfin, les acteurs sont-ils les mêmes dans ce nouveau processus?

A- Les objectifs aux réformes

En tant que processus de décentralisation/déconcentration la Réforme de l'Administration Territoriale a été faite dans l'optique d'atteindre trois objectifs globaux.

Ces objectifs sont d'ordre politique, économique et "développementaliste".

1- D'un point de vue politique l'objectif visé par la réforme est l'instauration d'une plus grande participation des populations à la gestion de leurs propres affaires en application des articles 150 et 153 de la constitution du 11 décembre 1990 dans le sens de l'approfondissement du processus de démocratisation à la base. En effet, l'objectif politique de la réforme vise principalement la promotion de la démocratie à la base à travers la participation du citoyen à la gestion de la chose publique, le rapprochement de l'administration du citoyen, la prise en charge à la base par la population de ses propres affaires et la mise en valeur du potentiel économique de chaque localité en vue de son développement.

2- Du point de vue économique, la réforme visait à limiter les espaces géographiques à décentraliser

à des entités territoriales économiquement viables. Pour ce faire, un seul niveau de décentralisation a été retenu et se limitait aux anciennes sous-préfectures et circonscriptions urbaines, qui sont érigées en communes avec personnalité juridique et autonomie financière. Des réformes conséquentes des finances locales ont été mises en place afin de permettre aux communes de disposer des fonds nécessaires pour l'accomplissement de leurs nouvelles missions.

3- Au-delà des objectifs politiques et économiques visés par la décentralisation, il faut dire que le

processus amorcé envisageait beaucoup plus la promotion d'un véritable développement à la base. Tel est l'objectif développementaliste envisagé par le processus. En effet qu'est-ce le développement local ? Il s'agit d'une approche de développement qui incite à privilégier les acteurs plus que les infrastructures, les réseaux plus que les institutions établies pour donner aux hommes et aux groupes directement intéressés une fonction de décision sur les actions qu'ils mènent. Cela se traduit par la conception des programmes de développement qui tiennent compte des besoins et préoccupations réels des administrés, la recherche avec ces derniers des solutions les meilleures et des moyens adéquats pour promouvoir le développement des communes. Il en résulte l'instauration d'un dialogue sincère et permanent entre les élus locaux et leurs mandants et surtout une formation civique des citoyens pour permettre à chacun de mesurer ses responsabilités et de les assumer en toute conscience. Le concept de développement local permet la mise en valeur des initiatives des acteurs de terrain.

Il va s'en dire que ce sont les efforts des personnes qui sont au contact de la réalité, c'est-à-dire ceux-là mêmes qui se trouvent être confrontés aux problèmes et à la réalité des populations locales qui seront désormais appuyés par les partenaires au développement. Ceux-ci partent du postulat que se sont des initiatives qui reflètent la réalité du terrain et vécues par les personnes qui les mettent en oeuvre, elles ne sont donc pas inspirées des décideurs d'en haut mais sont l'émanation des groupements et des populations qui s'associent pour son élaboration et son application.

Avec la décentralisation le concept de développement local trouvera tout son sens dans la mesure où il constitue un enjeu majeur pour les nouvelles collectivités territoriales décentralisées.

À côté des objectifs globaux d'autres objectifs spécifiques ont été assignés à la décentralisation:

- La lutte contre la pauvreté qui passe par une amélioration efficiente de la satisfaction des besoins fondamentaux.

- La mobilisation judicieuse tant des ressources endogènes disponibles au niveau local ou national que celles extérieures.

- La création de nouveaux espaces politiques (leaders locaux) en vue d'une bonne visibilité dans la cogestion des affaires publiques au niveau local.

- La garantie de la qualité et de l'accès de tous aux services socio-communautaires.

- La promotion du développement endogène et auto-entretenu des communautés à la base par une implication participative des populations concernées dans le processus des choix et décisions stratégiques et de mobilisation des ressources nécessaires à l'exécution des programmes d'action de lutte contre la pauvreté.

A.1- Les avantages attendus de la décentralisation

Plusieurs avantages sont attendus de ce transfère de compétence de la sphère centrale vers les communautés de base. En effet, il serait illusoire de faire penser que la décentralisation est la panacée universelle nécessaire qui résoudrait le défi de développement qui se pose au pays. Loin s'en faut. La décentralisation est certes un processus qui conduit à une meilleure gestion des affaires locales à travers l'apprentissage à la base de la prise de parole, de la prise de décision et du débat démocratique, fondements de toute politique de développement autocentré.

Tout d'abord la décentralisation est perçue comme un facteur de renforcement de la vie démocratique. Vue dans ce schéma, elle est considérée comme le creuset favorable au renforcement de la vie démocratique dans la mesure où elle facilite la prise de décision. Toutes décisions et questions concernant le développement des populations, sont prises à la base.

Le schéma décisionnel n'évolue plus selon la dynamique verticale (du sommet vers le bas) mais plutôt selon la dynamique ascendante (du bas vers le sommet). Les décideurs sont plus près des problèmes et de l'information ce qui réduit le temps de réaction. Ainsi, la décentralisation rapproche la prise de décision du lieu où se posent les problèmes et où se trouvent les personnes concernées.

Cependant, elle participe du renforcement de la démocratie dans la mesure où elle promeut la démocratie locale qui peut servir de baromètre politique et social à l'exercice de la démocratie, c'est à l'aune de l'appropriation de l'outil politique de décision et de gestion par les populations qu'on peut déterminer le degré d'avancée démocratique d'un pays.

Enfin, elle renforce la démocratie en la consolidant à sa base, en permettant l'émergence d'acteurs locaux capables de remplir leur charge, en associant les habitants au développement de leur collectivité par des consultations, par le dialogue et en favorisant leur connaissance des institutions, l'apprentissage de la citoyenneté.

D'un autre coté et dans tout un autre registre, la décentralisation est un facteur d'efficience de l'action publique dans la mesure où elle contribue à la rendre (l'action publique) plus effective et vivante. Pour cela, on considère qu'elle:

- Améliore l'efficacité dans la répartition des ressources en permettant la réduction des inégalités dans l'affectation des ressources aux autorités locales en fonction de la demande de chaque localité. Il a été reconnu que les autorités locales sont plus proches du peuple que le gouvernement central et, ont de meilleures informations sur les préférences locales.

- Améliore l'efficacité de production des autorités locales qui ont des responsabilités en matière de gestion financière, en réduisant la corruption et en augmentant le coût de rentabilité du gouvernement.

- Permet d'encourager la compétition entre les autorités locales afin d'améliorer leur performance.

- Augmente la valeur ajoutée, tout en encourageant la volonté des ménages à payer pour des services qui correspondent à leurs besoins. Ceci en retour, renforce les mesures d'encouragement prises par les autorités nationales et leurs administrés pour le contrôle de la collecte des revenus, la planification des dépenses, et la qualité des services de distribution.

- A une potentialité immuable pour accroître et quelquefois encourager la participation de la population au processus civique, ce qui pourra conduire à tirer les avantages des informations locales.

La responsabilité et le contrôle par les autorités locales auront la potentialité d'améliorer les résultats du développement et d'introduire des changements institutionnels qui dans l'ensemble bénéficieraient aux pauvres et les soutiendraient.

Cependant la liste des avantages n'est pas exhaustive et leur acquisition n'est pas immédiate. L'expérience démontre clairement que la décentralisation est beaucoup plus complexe et a un impact à plus long terme que le simple fait de mettre en place des gouvernements locaux.

De tout ce qui précède, il importe d'aborder avec circonspection les questions difficiles sur les réformes et les restructurations des organes locaux telles que: la détermination de la nature de la structure voire la détermination des relations entre les autorités locales et les autorités centrales; la question des transferts fiscaux intergouvernementaux; la question de développement économique, la responsabilité des autorités locales et la transparence dans la gestion des affaires locales. D'où l'intérêt de l'étude de l'impact de la coopération décentralisée dans un processus de décentralisation démocratique comme c'est le cas au Bénin. Quel rapport pouvons-nous établir alors entre la décentralisation et la coopération décentralisée?

A.2- Décentralisation facteur de dynamisation de la coopération décentralisée

La décentralisation est le creuset favorable à la nouvelle donne de la coopération décentralisée. En effet, poursuivant le processus de démocratisation entamé, le Bénin a entrepris tardivement de décentraliser l'organisation administrative et politique de son territoire.

Le démarrage de ce processus amorcera l'amplification d'une forme particulière de coopération au développement dite coopération décentralisée. Rappelons toutefois que la coopération décentralisée n'est pas apparue pour la première fois au Bénin avec la décentralisation.

La coopération décentralisée, faut-il le dire, consiste en la menée conjointe d'actions entre une ou plusieurs autorités locales de deux États dans un intérêt commun. Son objet est d'accompagner la transformation de l'organisation administrative et politique des pays en voie de décentralisation ("PVD" qui sont pour la plupart des pays en voie de développement) par un appui aux nouvelles collectivités territoriales naissantes. Ses objectifs sont la consolidation des collectivités locales et le renforcement de leur capacité à répondre aux aspirations des populations, dans le respect des traditions et spécificités de la société bénéficiaire de l'appui. Les actions menées dans ce cadre peuvent prendre diverses formes: jumelage culturel, jumelage technique, coopération-jumelage, programmes de développement, projets de développement, pour ne citer que ces formes de coopération.

La décentralisation présente donc pour la coopération décentralisée un atout très important dans la mesure où elle s'attache au développement local. Or la coopération décentralisée aussi a pour point d'ancrage le développement local, c'est une coopération de proximité, un partenariat entre acteurs locaux qui, par leur connaissance du terrain, des besoins des administrés, mènent des opérations concrètes, utiles et innovantes lesquelles contribueront au développement économique et social durable de la collectivité bénéficiaire et par ricochet de ses habitants.

Ensuite, la coopération décentralisée permet de rapprocher les hommes: basée sur des relations personnalisées, lieu d'échanges et de rencontres, elle favorise la connaissance mutuelle des partenaires et veille à l'instauration d'une solidarité transnationale tout en suscitant le dialogue entre les cultures différentes.

Face à cette nouvelle dynamique de coopération décentralisée et de décentralisation, la question se pose de savoir quels sont les rôles que jouent les différents acteurs.

B- Les acteurs et leurs rôles

La décentralisation béninoise est basée sur une approche qui combine deux techniques à la fois, à savoir:

- L'autonomisation qui consiste à doter les anciennes Sous-préfectures et Circonscriptions urbaines de la personnalité morale et de l'autonomie financière. Dorénavant indépendantes, ces nouvelles collectivités territoriales seront gérées par des organes élus que sont les maires avec l'aide ou l'assistance des conseillers communaux ou municipaux eux aussi élus.

- La déconcentration qui est une méthode d'organisation administrative par laquelle les autorités centrales délèguent une partie de leurs pouvoirs à des autorités subordonnées en fonction dans les circonscriptions administratives, structures faîtières au niveau régional des collectivités locales.

En effet, à cette forme particulière d'organisation et de gestion administrative a été assignée l'objectif global de promotion de la démocratie à la base et de renforcement du développement local. Pour ce faire, afin d'aboutir à une synergie locale capable d'atteindre lesdits objectifs, les acteurs suivants ont été identifiés comme intervenants actifs dans le processus.

- Les élus locaux qui ont à charge d'administrer la commune, d'en élaborer le plan de développement et de mobiliser les ressources financières matérielles et humaines nécessaires à l'exécution de ce plan.

- La société civile représentée par les ONG, les associations professionnelles, associations de femmes les chefs traditionnels et religieux qui impulsera le développement des communautés à la base et de l'économie locale.

- L'État qui apportera son expertise (appui technique, appui-conseil) et son soutien financier et matériel aux communes.

- Les partenaires au développement local (organismes bilatéraux et multilatéraux, Communes étrangères, organisations internationales de ville, etc.) qui apporteront leurs appuis aux efforts de développement local.

Sur cette base nous classifierons ces acteurs en deux grandes catégories.

B.1- Les acteurs nationaux et leurs rôles

Les acteurs ont toujours été les mêmes à la seule différence que leurs rôles ont quelque peu changé. Cependant avec la démocratisation, la société civile et les ONG ont fait leur apparition sur la scène de la coopération et se révèlent être beaucoup plus actives pour les questions de développement. Ils sont (ces acteurs) désormais identifiés comme des structures bien organisées beaucoup plus proches des populations et de leurs vécus quotidiens, ils s'interposent dès lors entre l'Etat et les structures de coopération et deviennent de ce fait leurs partenaires et les porte-parole des populations. Nous pouvons ainsi citer les acteurs suivants:

a- Les collectivités territoriales:

Elles ont toujours existé mais n'ont d'existence que de nom. Bien que disposant d'une autonomie juridique (pour ce qui est de leur légitimité existentielle) leurs pouvoirs de décision et de gestion étaient limités, leur autonomie financière quasiment inexistante. Toutes dispositions devant leur conférer une existence réelle étaient factices.

Les nouvelles collectivités quant à elles sont des entités territoriales ayant une réelle autonomie juridique et financière avec chacune à sa tête un maire élu au suffrage universel qui, avec l'assistance d'un conseil municipal également élu, est chargé de gérer les affaires de la municipalité ou de la commune.

Dans l'entendement populaire au Bénin, la notion de décentralisation se confond au redécoupage territorial et les collectivités territoriales sont dans l'esprit du commun identifiées à l'espace physique sur lequel les nouvelles communes autonomes sont appelées à exercer leurs compétences.

Dans la mesure où les anciennes limites géographiques des entités territoriales ont été redéfinies, on peut facilement comprendre cette confusion sémantique dans l'esprit populaire, étant entendu que les collectivités territoriales ont avant tout un caractère physique ( nouvel espace géographique), avant d'être une organisation sociale. Ainsi de six (6) départements, la carte administrative du pays passe à douze (12) départements avec soixante dix sept (77) communes comme entités décentralisées.

Si les nouvelles dispositions légales concernant les collectivités territoriales sont réellement appliquées, alors celles-ci disposeraient d'une réelle autonomie qui se traduirait dans les faits par la mise en place d'un budget municipal autonome, par la capacité à pouvoir conclure des accords ou des traités de coopération.

En effet, les nouvelles collectivités territoriales béninoises sont de fait en même temps que les ONG et la société civile les acteurs locaux privilégiés de la coopération décentralisée.

b- Les ONG, la société civile et le secteur privé

La société civile ne jouait aucun rôle dans le processus de développement avant la démocratisation. Depuis 1990, son rôle a été renforcé à travers certaines actions comme la mobilisation, la coercition, les pressions de tout genre.

Les nouvelles dispositions légales sur la représentativité et l'élection des membres du conseil municipal excluant la représentation des institutions de la société civile, celles-ci se sont organisées pour la défense des intérêts de leur corporation et interviennent dans le processus de façon indirect non pas comme structure sociale organisée mais comme structure corporative de défense d'intérêts spécifiques. Aujourd'hui avec l'apparition des ONG elles jouent toutes, un rôle de premier plan dans la coopération décentralisée. A ce titre on peut citer: le centre Africa Obota, le Centre béninois pour le Développement Durable, le Centre International de Développement et de Recherche, le Corps de la Paix, L'institut Kilimandjaro, l'Association des Journalistes Communicateurs pour la Décentralisation et l'Eveil de la Base etc.

B.2- Les partenaires au développement et leurs rôles:

Ce sont les organismes multilatéraux et bilatéraux de coopération qui privilégient la décentralisation comme instrument au service du développement. Aujourd'hui, dans le cadre de la décentralisation plusieurs bailleurs de fonds sont intervenus soit pour appuyer le processus dans sa phase de préparation et de démarrage, soit ils subordonnent leur appui à l'effectivité du démarrage du processus. De nombreux partenaires au développement du Bénin interviennent dans ce registre en matière de gouvernance locale, de décentralisation, d'appui aux collectivités locales, de développement local etc. Il s'agit notamment de l'USAID, du Canada, de la Coopération danoise (DANIDA), de l'Union Européenne, de l'Allemagne, de la France, de l'Agence internationale de la francophonie, de la Coopération néerlandaise (SNV), de la Coopération suisse, de la Banque Mondiale, du Japon, de la BAD, de la BOAD, des collectivités territoriales étrangères etc. Sur ce on peut classifier ces intervenants (bailleurs de fonds) selon leurs secteurs d'appui en trois grandes catégories:

a- L'appui aux structures étatiques

Ce sont les partenaires qui interviennent pour appuyer et renforcer les structures étatiques dans l'accomplissement de la tâche de mise en oeuvre du processus de décentralisation. Dans ce registre on peut citer le projet tripartite Bénino-franco-allemand d'appui à la décentralisation/déconcentration ancrage institutionnel, qui fait intervenir au niveau de:

- l'État béninois, le Ministère de l'intérieur de la sécurité et de l'administration territoriale

- la Coopération française, le Service de Coopération et d'Action Culturelle (SCAC),

- la Coopération Allemande, la Deutsche Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit (GTZ).

Ce projet qui intervient sur tout le territoire a pour objectifs la mise en place d'un État démocratique et d'une administration de proximité selon le principe de la subsidiarité et, l'organisation des communes en vue de l'exécution de leurs missions en tant que collectivités locales autonomes.

b- L'appui aux communes

Il s'agit des partenaires qui interviennent pour appuyer et renforcer financièrement et techniquement les capacités institutionnelles des nouvelles communes béninoises dans ce registre on peut citer:

* la France à travers son programme d'appui à la décentralisation qui a accordé une subvention de 1,3 millions d'euros le 26 octobre 2001 pour la poursuite de la politique du programme de décentralisation engagée dans le département des collines.

* les Etats-unis d'Amérique qui ont accordés au Bénin une subvention de 12 millions d'euros pour soutenir le programme de réforme de l'éducation de base, le renforcement de la démocratie et l'amélioration de la bonne gouvernance. La Banque Mondiale, le FMI, la BOAD, la BAD, le FED, pour ne citer que ces organisations partenaires.

c- La coopération bilatérale décentralisée:

Ce sont les partenaires qui interviennent dans le cadre d'un accord de partenariat de jumelage ou de coopération entre elles et les collectivités territoriales béninoises. Cet aspect de coopération qui existe déjà entre certaines entités territoriales béninoises et d'autres étrangères est surtout très actif entre la France (ancienne puissance colonisatrice) et le Bénin. La mise en place effective de la décentralisation ouvrira les perspectives de l'élargissement et la diversification du champ territorial de cette coopération.

Chapitre deuxième: Coopération décentralisée et réformes décentralisatrices au Bénin

 

Le processus de décentralisation enclenché au Bénin depuis 1993 l'a été dans la perspective d'aboutir à des réformes institutionnelles, lesquelles mettront en place les conditions favorables à la gestion du processus d'une part, et la Réforme de l'Administration Territoriale prévue dans le cadre de "la communalisation" du pays d'autre part. Les réformes prévues pas les textes de loi est un processus de décentralisation déconcentration qui vise deux objectifs globaux: la démocratie à la base et le développement local à travers une gestion autonome par les collectivités territoriales elles-mêmes de leurs ressources humaines, de leur patrimoine financier, administratif, économique et social. Mais en bref quelles sont les principales réformes entreprises dans le cadre de la mise en place du processus de décentralisation. Quelles en sont les incidences sur la coopération décentralisée?

I- Les réformes décentralisatrices

Elles font partie d'une série de recommandations adoptées par la Conférence des Forces Vives de la NATION tenue à Cotonou du 19 au 28 février 1990 et qui ont fait l'objet de stipulations de la constitution du 11 décembre 1990 dans ses dispositions à travers les articles 150 et 153.

A- Les réformes institutionnelles

Elles regroupent toutes les réformes qui ont été entreprises tant dans l'appui aux institutions existantes que dans l'appui à la mise en place des institutions décentralisatrices. C'est en 1997 que les Réformes Institutionnelles ont été faites dans l'optique de la mise en place des instruments de gestion appropriés au processus de décentralisation. Cinq principales lois décentralisatrices leur servent d'ossature juridique. Passons d'abord en revue tous les actes qui ont prévalu aux réformes.

A.1- Conception préparation et suivi du processus de décentralisation au Bénin

La conception, la préparation et le suivi de la mise en oeuvre de la décentralisation a été l'oeuvre du Ministère de l'intérieur, de la sécurité et de l'administration territoriale. Pour y arriver ce Ministère a opéré à travers deux structures principales : le comité national de suivi des états généraux et la Direction Générale de l'Administration Territoriale (DGAT).

En effet, les États généraux se sont clôturés par la mise sur pied d'un comité national de suivi de ses recommandations. C'est ce comité placé sous la responsabilité du Ministère de l'intérieur, de la sécurité et de l'administration territoriale qui a été chargé du travail de conception et de préparation des avant-projets de textes de base de la décentralisation. Le comité a ainsi mis au point cinq avant-projets de lois qui ont tous été approuvés par le gouvernement, adoptés par le parlement et promulgués par le Président de la République à l'exception de la loi portant statut des fonctionnaires territoriaux. Mais cette structure a disparu pour faire place à d'autres organes ad'hoc.

D'un autre côté, dans l'optique de donner au Ministère de l'Intérieur, de la Sécurité et de l'Administration Territoriale (MISAT) les attributions du second volet de son portefeuille que lui confère sa dénomination, c'est-à-dire l'Administration Territoriale, l'ancienne Direction de l'Administration Territoriale et des Collectivités (DATC) a été érigée en Direction Générale de l'Administration Territoriale (DGAT).

L'importance de cette recomposition institutionnelle au niveau de l'état central résulte du fait qu'il urge pour ce Ministère de se restructurer pour s'adapter le mieux à la nouvelle donne institutionnelle qu'induira la mise en oeuvre effective de la réforme de l'Administration territoriale. La DGAT est une structure permanente du ministère, son rôle est de définir la politique générale de l'État en matière d'administration territoriale et de proposer toute réforme nécessaire. Elle dispose de deux branches:

- d'une branche chargée spécialement des questions de la décentralisation et de l'administration territoriale: la Direction des Collectivités Locales (DCL).

Celle-ci est responsable de la mise en oeuvre de la tutelle sur les communes, elle est chargée de gérer le volet  décentralisation c'est à dire, de suivre et d'encadrer les activités des nouvelles communes. À ce titre, elle doit promouvoir la structuration d'une fonction publique territoriale, promouvoir la coopération intercommunale et la coopération décentralisée.

- d'une branche chargée de gérer le volet déconcentration, la Direction de l'Administration d'État (DAE) qui est la structure faîtière des services déconcentrés de l'Etat.

Outre ces structures de l'administration ministérielle, et dans le cadre de la bonne préparation et de la mise en oeuvre des réformes institutionnelles de l'administration territoriale, un appui institutionnel a été mis en oeuvre à travers la création d'organes ad'hoc. Cet appui à la mise en oeuvre de la décentralisation a été confiée à deux structures: la Mission de Décentralisation et la Maison des Collectivités Locales.

a- La Mission de décentralisation (MD)

La MD est créée par le décret n° 97-254 du 23 mai 1997 qui la place sous l'autorité du Ministre Chargée de l'administration territoriale. C'est une administration de mission qui dispose d'une large autonomie de gestion et d'opération. Structure interministérielle, son cahier de charge lui recommandait de proposer au gouvernement une stratégie globale pour une mise en oeuvre et une gestion efficiente de la réforme de l'administration territoriale. Pour ce faire, elle dispose en son sein d'une structure technique d'appui dont la composition pluridisciplinaire et le professionnalisme ont permis pendant une période de trois ans de mettre en oeuvre l'ensemble des mesures d'accompagnement de la Réforme de l'Administration Territoriale. Dans cette optique, elle a effectué les tâches suivantes:

- L'élaboration de l'ensemble des textes législatifs et réglementaires ayant permis d'aboutir à un code administratif des collectivités locales;

- La proposition au gouvernement de toutes les mesures d'accompagnement de la décentralisation;

- La réalisation de toutes les études sectorielles nécessaires à la gestion efficiente des affaires locales;

- L'assistance et les conseils à donner aux collectivités décentralisées en ingénierie et en développement local;

- L'organisation financière, comptable et administrative des départements et des communes;

- La promotion des politiques d'une part de solidarités inter communales et d'autre part de la coopération décentralisée.

Dans la pratique, la MD a été chargée de produire des avant-projets de textes législatifs et réglementaires complémentaires et concevoir des outils de travail administratif et technique à l'usage des nouvelles administrations locales. Parallèlement la Mission s'est investit dans la sensibilisation de l'opinion nationale en matière de décentralisation et de développement local.

b- La Maison des collectivités locales (MCL)

Créée par le décret n° 97-272 du 9 juin 1997, la MCL est un établissement public à caractère administratif. Elle est chargée dans le cadre de la mise en oeuvre de la décentralisation d'apporter un appui aux collectivités locales par la mise au point d'outils d'aide à la décision et l'animation d'un réseau de conseils et d'assistances aux communes. Ses compétences couvrent d'une part, l'organisation des services internes des communes sur les plans administratifs, comptables et financiers et, d'autre part, la réflexion, la conception et l'exécution des outils de planification, d'aménagement, d'orientation et de programmation au niveau communal. Á ce titre il a été prévu statutairement que la MCL à l'installation des nouvelles communes doit:

- oeuvrer à la structuration du mouvement municipal en aidant à la mise sur pied d'une association d'élus locaux,

- assurer la formation continue des personnels communaux ainsi que l'information et la sensibilisation des élus locaux et de la société civile,

- développer les outils d'aide à la décision (observatoires et banques de données sur les finances locales, les ressources humaines et le patrimoine, registre foncier urbain, plan de développement communal, etc.)

- animer un réseau de conseil et d'assistance aux collectivités locales et éditer une revue trimestrielle consacrée à la vie des communes;

- promouvoir la coopération intercommunale, la coopération décentralisée et la communication locale;

- promouvoir l'affiliation des communes béninoises aux organismes internationaux de coopération.

c- Le Centre d'Information et de Documentation sur les Collectivités locales (CIDCL)

Le CIDCL est une structure rattachée à un projet mené par le gouvernement béninois avec un double partenariat français et allemand. Il a été mis en place en septembre 1995 et est organisé selon la formule tripartite de coopération. Sous la houlette conceptuelle et financière du Bénin, de la France et de l'Allemagne, ce projet tripartite a été mis en place dans l'optique d'un d'appui à la décentralisation/déconcentration. Cet établissement sans statut organisationnel fonctionne de manière autogérée. Il centralise les informations (documents, archives) sur la décentralisation et la vie des communes. La communication sur les municipalités fait également partie de ses attributions. Le centre s'occupe dans le cadre de la préparation de la décentralisation, de la réalisation des études d'estimation du patrimoine des nouvelles communes (anciennes sous-préfectures et circonscriptions urbaines.) Ces études visent à évaluer les apports dont ces collectivités auront besoin de la part de l'Etat. Enfin, le Centre identifie les besoins des communes en formation des ressources humaines, élabore des manuels didactiques à l'usage des personnels des nouvelles communes et aide à la mise en place de services documentaires et d'archives des communes.

Bref lorsqu'on s'en tient aux attributions, à l'organisation et au fonctionnement de ses différentes structures mis en place pour l'accompagnement du processus de décentralisation, il n'est point de doute que la relance du processus est partie sur de bonnes bases pour atteindre les objectifs qui sont assignés aux nouvelles collectivités territoriales décentralisées béninoises.

Cependant la confusion et le flou entretenu par les attributions nées des réformes institutionnelles n'est pas de nature à faciliter la tâche aux nouvelles collectivités territoriales décentralisées, dans la mesure où les mêmes attributions d'assistance et de promotion de la coopération décentralisée sont dévolues aux structures d'appui mis en place par cette restructuration. Il s'ensuivra dans la pratique le fait que des conflits permanents d'attribution entre la MCL et la MD naîtront et paralyseront dans la mesure du possible l'action des nouvelles collectivités à oeuvrer pour une coopération décentralisée qui milite en leur faveur.

A.2- Le fond des réformes prévues par la loi

Quels sont les principaux changements prévus par le législateur et qui déterminent le nouveau statut des communes béninoises? De l'examen de l'ensemble des textes de loi qui régissent la décentralisation au Bénin il ressort ce qui suit:

a- Des Principes cardinaux de la réforme et du redécoupage territorial

La réforme sur la décentralisation repose sur neuf (9) principes cardinaux :


· Le couplage de la décentralisation avec la déconcentration: un seul niveau de décentralisation (la commune) et un seul niveau de déconcentration (le département).


· Les collectivités décentralisées s'administrent librement par les conseils élus, dans les conditions prévues par la loi.

Ainsi ce sont des conseils élus au suffrage universel direct qui, administrent les communes, contrairement aux circonscriptions administratives qui étaient dirigées par des fonctionnaires de l'Etat.


· L'existence de deux (2) catégories de communes: les communes de droit commun (communes ordinaires) et les communes à statut particulier.


· La commune dispose de compétences propres et de compétences qui lui sont déléguées par l'Etat.


· La commune dispose d'un budget propre élaboré par le Maire (organe exécutif) et voté par le conseil communal ou municipal (organe délibérant).


· L'affirmation du rôle de la tutelle administrative qui se traduit par le contrôle de la légalité des actes du Maire, des décisions du conseil communal et du budget communal, d'une part; et de l'assistance-conseil aux communes, d'autre part.


· L'exigence du soutien de l'État aux collectivités locales à travers divers mécanismes et dans différents domaines (ressources humaines, matérielles et financières).


· La nécessité d'assurer le développement local par un accroissement des recettes provenant des richesses potentielles ou avérées des communes ou des relations avec les partenaires et organismes nationaux ou internationaux.


· La capacité des communes à nouer des relations de partenariat à travers la coopération notamment décentralisée.

La particularité de cette réforme décentralisatrice repose sur le fait qu'elle n'a pas pu se faire sans le redécoupage du territoire national. Le couplage de la décentralisation et du redécoupage territorial est motivé par le souci de rendre les entités administratives beaucoup plus viables et administrables. Ainsi, le territoire national est divisé en circonscriptions administratives (entités déconcentrées remplaçant les départements) et en communes (entités décentralisées qu'étaient les sous-préfectures et les circonscriptions urbaines.) Les 77 actuelles communes occupent le territoire de chacune des 67 sous-préfectures et 10 circonscriptions urbaines.

Les communes sont divisées en unités administratives sans personnalité juridique, ni autonomie financière qui sont appelées arrondissements. Les arrondissements quant à eux, sont subdivisés en villages dans les zones rurales et en quartiers de villes dans les zones urbaines.

Des six (6) départements d'avant, la réforme à fait naître à travers le redécoupage douze (12) départements que sont: l'Alibori, l'Atacora, l'Atlantique, le Borgou, les Collines, le Couffo, la Donga, le Littoral, le Mono, l'Ouémé, le Plateau et le Zou.

b- Du mode de désignation des élus et de la compétence des nouvelles communes


· Les conseillers communaux ou municipaux sont élus au suffrage universel direct, égal, au scrutin secret pour un mandat de cinq (5) ans renouvelables. Le Maire et ses adjoints sont élus par le conseil en son sein. L'arrondissement est administré par un chef d'arrondissement qui est désigné par le conseil communal en son sein et parmi les conseillers municipaux élus sur la liste de l'arrondissement concerné. Les membres du conseil de village ou de quartier sont désignés par consultation démocratique pour cinq (5) ans renouvelables. Le conseil est dirigé par un chef de village ou de quartier de ville.


· En ce qui concerne la compétence des nouvelles communes, elles se résument en:

Développement local, aménagement, habitat et urbanisme; infrastructures, équipement et transport; environnement, hygiène et salubrité; enseignement primaire et maternel; santé, action sociale et culturelle; état civil; police judiciaire et municipale; etc. 

Cependant la question se pose de savoir, à partir du transfère réel de ces compétences aux collectivités territoriales, quelle peut être la nature du rôle que peut jouer l'État dans ses rapports avec les nouvelles entités autonomes?


· Dans le cadre de la coopération entre le Gouvernement et les communes, le rapport entre celui-ci et les nouvelles entités décentralisées est celui de la promotion du développement. Pour ce faire priorité est donnée aux communes les plus pauvres et enclavées dans un souci de promotion d'un développement équilibré. Le Gouvernement assure autant que possible une répartition territoriale équilibrée de ses interventions afin d'éviter la tendance à la concentration excessive de ses interventions dans les communes urbaines et celles plus favorisées.

B- Le cadre juridique de la coopération décentralisée

Il conviendrait d'abord de souligner que les réformes juridiques sur la décentralisation au Bénin ont porté sur cinq lois votées et promulguées sur la base des dispositions de la Constitution du 11 décembre 1990 qui affirme le principe de la libre administration des Communes par des Conseils élus. Les textes qui forment l'ossature juridique de la décentralisation et de la coopération décentralisée au Bénin sont annexés à la fin du document.

Cependant pour qui sait lire entre les lignes, on constate que dans les textes sur la décentralisation au Bénin, le législateur n'a pas vraiment légiféré sur la question de la coopération décentralisée. Il n'y a que de courtes dispositions indiquant de façon laconique que les collectivités territoriales peuvent engager des actions de coopération décentralisée.

En effet, la Loi n° 98-005 du 15 janvier 199 portant organisation des communes à statut particulier stipule en son art. 33 que "les règles relatives aux actions judiciaires, à la responsabilité et à la coopération décentralisée sont celles prévues par la loi portant organisation des communes."

Or, lorsque l'on se réfère à ladite loi, celle du 15 janvier 1999, loi N° 97-029 portant Organisation des Communes en République du Bénin aucune disposition législative expresse ne légifère sur la possibilité et les modalités qu'ont les communes à exercer dorénavant l'une des prérogatives exclusivement réservées à l'État: le droit de conclure des accords relevant de la coopération décentralisée.

L'art. 179 de cette même loi stipule de manière implicite et brève que, "lorsqu'une commune décide d'établir des relations avec des organismes décentralisés étrangers ou d'adhérer à une organisation internationale, elle en saisit l'autorité de tutelle en bonne et due forme pour approbation".

Dans ce cas il nous semble que c'est la saisine de l'autorité de tutelle en cas de litige sur la coopération décentralisée qui est la principale préoccupation du législateur béninois; alors que les modalités opérationnelles de cette coopération ne le préoccupent guère.

Le texte est donc muet sur un certain nombre de choses dont notamment, la compétence des communes à exercer leur nouvelle prérogative, leur capacité et la nature que peuvent prendre les accords de coopération, créant de ce fait un vide juridique en la matière.

B.1- Des lacunes juridiques par rapport à la coopération décentralisée

La législation sur la décentralisation au Bénin est muette sur un certain nombre de questions d'importance vitale pour les nouvelles collectivités territoriales. Il s'agit des dispositions à elles expressément reconnue par la loi à exercer certaines prérogatives de souveraineté infra étatique.

En effet, outre ces références textuelles précitées, les nouvelles collectivités territoriales béninoises disposent-elles d'un cadre juridique qui leur offre des prérogatives de droit interne leur garantissant leur autonomie prévue par la loi? Le cas échéant peuvent-elles contracter avec des collectivités étrangères et leurs groupements avec un État membre d'un État à structure fédérale ou, à l'opposé un groupement villageois ou encore une collectivité publique? Autrement dit quelles sont leurs compétences en matière de coopération.

Quelles peuvent être les formes que devraient revêtir les accords de coopération entre les nouvelles communes décentralisées béninoises et leurs partenaires étrangers? Quelles sont les limites au-delà desquelles les entités décentralisées ne pourront pas conclure des accords? Voilà autant de questions, d'importance vitale, pour les nouvelles collectivités territoriales béninoises, questions dont la réponse est tout autant importante pour la détermination de leur capacité et compétence et qualité à être des acteurs de la coopération décentralisée.

Il est évident qu'au Bénin le cadre juridique de la coopération décentralisée n'existe pas, il en résulte bien évidemment l'inexistence de toute politique de coopération décentralisée. Cette double lacune est inévitablement préjudiciable aux nouvelles communes dans leur démarche de coopération décentralisée.

Les principales lacunes juridiques de la législation béninoise sur la décentralisation portent sur les points suivants:

a- Les Compétences et capacités juridiques des communes et leurs limites

Par compétence juridique il faut entendre l'action par laquelle le législateur reconnaît et remet aux collectivités locales de droit et de fait:

1- Leurs prérogatives en qualité d'acteur de la coopération.

La loi doit reconnaître de façon expresse et remettre dans son effectivité aux nouvelles communes décentralisées béninoises leur qualité d'acteur de coopération, du moins de coopération décentralisée. Cette reconnaissance officielle légitimera celles-ci dans leur démarche et mission envers les partenaires bilatéraux et multilatéraux.

Dans la pratique observée jusqu'à ce jour, la coopération entre les entités administratives déconcentrées béninoises et les communes étrangères se faisait toujours par la signature d'un accord de partenariat qui définissait les bases légales des relations, ainsi que les domaines d'intervention de chacune des parties au contrat.

Aujourd'hui puisque aucune disposition législative ne prévoit la réglementation de ces accords de partenariat dans le nouveau cadre de la décentralisation, et même s'il est prévu qu'un décret gouvernemental en fixerait les modalités, il est fort souhaitable que la législation reconnaisse aux communes, la capacité et la compétence d'établir ces rapports de partenariats.

2- Des compétences appartenant à l'État.

Le transfert de compétences en tant que devoir de l'État central se révèle être pour les nouvelles collectivités territoriales décentralisées béninoises un droit, entendu comme enjeu principal de la décentralisation. Ceci entraîne de la part de l'État la mise à disposition des collectivités locales, des moyens matériels et humains nécessaires. L'absence de textes en la matière est à la base des difficultés observées aujourd'hui entre la Mairie de Cotonou et la Présidence de la République. Une stipulation textuelle en la matière réduirait les conflits entre l'État et les collectivités territoriales.

Principe juridique corollaire de la reconnaissance de compétence, la capacité juridique est ici entendue comme l'aptitude que leur reconnaît la loi à pouvoir mettre en oeuvre par elles-mêmes les compétences qui leurs sont dévolues.

Sur tout un autre registre on peut constater que le processus de décentralisation qui implique le renoncement partiel de la part de l'État de sa souveraineté nationale laquelle se trouve restreinte à l'extérieur, veut qu'à l'intérieur certaines compétences de droit public soient cédées à des acteurs régionaux ou locaux. Les collectivités territoriales, il faut le dire ont dès lors une parcelle de souveraineté qui leur permet un rayonnement international; mais celle-ci leur offre des compétences très limitées en matière de coopération internationale puisqu'elles ne sont pas des sujets de droit au plan du droit international public. Cette qualité appartenant exclusivement aux États et aux organisations internationales. Il résulte de ce qui précède que si la législation reconnaît aux collectivités la compétence d'établir des rapports de coopération, celles-ci doivent être limitées dans leurs champs d'action. Ainsi, la réglementation spécifique sur la coopération décentralisée devrait se prononcer par exemple sur le fait que:

- Tout accord de partenariat qui empièterait sur les prérogatives étatiques et qui mettrait en danger la souveraineté de l'État est interdite.

- La commune ne doit, sous quelque prétexte que ce soit, signer des conventions contraires à l'ordre public et la sécurité publique locale ou nationale.

- La commune ne doit pas intervenir dans les domaines relevant de la compétence exclusive de l'État comme la diplomatie d'État, la défense nationale, la justice etc.

- La commune n'est pas autorisée à conclure ou à être partie à un accord international ni à conclure de convention avec un Etat, etc.

b- De la forme des accords, des modes de coopération et domaines d'intervention en matière de coopération

Elle concerne la forme que doit revêtir tout accord de coopération afin de ne pas être invalide. Les contrats de partenariat bilatéraux et multilatéraux dans le cadre de la coopération décentralisée doivent-ils être conclu sous forme de traité de convention ou sous formes de simple accord? C'est là tout le sens de la nature des accords de coopération décentralisée.

Nous savons que du point de vue du droit international public l'État entre en coopération avec ses partenaires sous forme de traité de convention, de protocole, etc. Mais la commune qui, du point de vue du Droit International Public ne remplit pas les conditions nécessaires pour être reconnue comme ayant des prérogatives étatiques doit-elle, pour entrer en partenariat de coopération décentralisée, emprunter l'une ou l'autre forme de conclusion d'accords internationaux (convention, accord de partenariat, protocole, charte de jumelage, etc.)

Du point de vue de la pratique internationale la convention est la voie privilégiée de la coopération décentralisée pour tous les types d'intervention. En France par exemple, une circulaire des ministères de l'Intérieur, de l'Aménagement du Territoire et des Affaires Etrangères en date du 26 mai 1994 le confirme.

En ce qui concerne les domaines de coopération, ce sont ceux dans lesquelles les nouvelles communes pourraient entrer en coopération avec leurs partenaires étrangers.

Il est vrai que la loi sur la décentralisation précise les domaines de compétence des nouvelles communes, mais en ce qui concerne leur compétence en matière de coopération décentralisée, elle est muette. La liste des domaines en la matière ne doit pas être exhaustive, elle peut concerner par exemple à titre indicatif les domaines suivants:


· Education: (enseignement primaire et maternel, enseignement secondaire général, technique et professionnel, alphabétisation des adultes, construction, équipement et réparations des établissements publics).


· Equipement et réparations des centres publics de santé et de promotion sociale, des infrastructures publiques culturelles, de jeunesse, de sport et de loisirs; l'aide sociale aux déshérités et sinistrés, la conservation du patrimoine culturel local.


· Economie locale: gestion des marchés et abattoirs, aménagement de zones artisanales et de zones industrielles.


· Infrastructures, équipements et transports: réalisation et entretien des routes, des infrastructures de communication ; des pistes et ouvrages d'art (signalisation routière) réalisation et entretien des réseaux d'éclairage public.


· Environnement, hygiène et salubrité


· Gestion administrative et budgétaire,


· Promotion de la sauvegarde des forêts classées et zones cynégétiques, protection de l'environnement, aménagement du territoire.


· Promotion culturelle Jumelage entre départements ou coopération avec des institutions nationales ou étrangères.

B.2- De la nécessité de combler le vide juridique en matière de coopération décentralisée

Si l'on s'en tient aux atouts très importants que constitue la coopération décentralisée dans le cadre de la décentralisation, atouts que l'on peut résumer en ces deux termes: développement et démocratie, il est inconcevable qu'aucune disposition législative ne légifère sur la question. Ce vide juridique peut être une brèche ouverte aux abus et aux fausses interprétations des droits et obligations des communes en matière de coopération.

Il ne serait pas certes, sans doute, inutile de rappeler que, de la nécessité de combler le vide juridique en la matière, dépend en grande partie la légitimité des collectivités territoriales à coopérer avec d'autres communes étrangères en matière de coopération décentralisée.

D'autre part l'absence ou l'insuffisance de cadre légal n'est pas de nature à faciliter les choses et peut conduire à des montages institutionnels et financiers peu solides et même à d'incessants contentieux. C'est pourquoi il est souhaitable que le développement des initiatives locales soit fait dans un cadre légal rigide et bien défini. Ceci est le gage du succès de l'action des communes béninoises en matière de coopération décentralisée.

De tout ce qui précède, nous pouvons nous permettre de faire la synthèse suivante: Reconnaître que tout processus de développement est d'abord politique et ne peut-être remplacé par la quête et l'afflux d'importants flux financiers, c'est accepter de reconnaître que la reformulation du cadre politique à la suite de laquelle les réformes politiques et sociales, les recompositions institutionnelles sont faites, sont en Afrique inéluctables et d'une impérative nécessité pour aboutir à un développement durable. Certes aujourd'hui, dans le contexte de démocratie multipartisane au Bénin, on ne saurait parler du développement de manière globale des nouvelles entités décentralisées et par ricochet de la population sans envisager d'aborder la question de la cession des libertés de gestion et de direction bref, de l'autonomie des entités infra étatiques pour une gestion autocentrée et raisonnable.

Dans cette optique décentralisation et coopération se révèlent être, du point de vue institutionnel, un tandem fort utile pour insuffler la nouvelle donne de développement, celle qui veut que le développement intègre la dynamique participative.

Pour que la coopération (qui a priori est du domaine de compétence de l'état) et la décentralisation (qui concerne en premier lieu les collectivités locales) puissent se coordonner, ne faudrait-il pas que les deux notions se trouvent un champ d'interaction qui leur soit commun et propice?

La coopération décentralisée leur offre le creuset idéal et fertile qui promeut la dynamique participative qui est à la fois chère à la coopération au développement et fondement des libertés locales conquises à travers la décentralisation.

Les réformes décentralisatrices, il faut le dire, recueillent un intérêt et un appui considérables de la part des bailleurs dont : L'Union européenne, les agences de coopération bilatérale et multilatérale, les ONG et les collectivités territoriales. Ces réformes seront amenées à modifier fondamentalement le cadre de la coopération au développement surtout dans le domaine de la coopération décentralisée. Qu'en est-il réellement du cas béninois ?

Au Bénin, depuis la mise en place du processus de démocratisation, le gouvernement béninois a lancé une nouvelle génération de réformes administratives et institutionnelles visant à établir de nouveaux cadres d'autogestion au niveau local.

Ces réformes l'ont été, nous le savons bien, sous l'effet duel de la pression des bailleurs de fonds (qui exigeaient entre autre de la part de l'État des réformes institutionnelles) et les pressions sociales de la population qui voudrait prendre une plus grande part de responsabilisation dans le processus d'autonomisation des entités territoriales à décentraliser. Dans la foulée des réformes entreprises, la décentralisation des pouvoirs politiques au profit des collectivités locales a été faite. La législation décentralisatrice qui est issue de ce processus et qui a consacré l'émergence des pouvoirs publics locaux n'a pas contribué pour autant à donner aux populations les moyens légaux d'asseoir une véritable politique de coopération décentralisée.

Cependant, force est de constater que l'émergence des pouvoirs publics locaux issus de ces recompositions institutionnelles, modifiera les pratiques de coopération à la base, d'autant plus que les collectivités territoriales, investis dès lors des missions de pouvoirs publiques n'hésiteront pas à se substituer à l'État dans ses prérogatives de garant des politiques de coopération. La diplomatie, expression de la souveraineté étatique est, de ce fait, restreinte à l'extérieur. En s'appauvrissant sur ce plan, l'État favorise les pouvoirs publics locaux qui verront accroître leur capacité à s'engager dans des actions de coopération au développement.

Mais tout d'abord, pour une compréhension de la suite logique de l'interactivité et de l'interdépendance entre coopération décentralisée et décentralisation, tentons de donner une définition de chacun des deux concepts.

II- Définition des concepts: décentralisation et coopération décentralisée

A- Définitions

A.1- Décentralisation

La décentralisation est un processus qui permet le transfère des pouvoirs de décision de la sphère centrale vers la base. Elle s'opérationalise par le transfert d'attributions de l'État à des collectivités ou institutions différentes de lui et bénéficiant d'une certaine autonomie de gestion de décision et de leur propre budget (principe de libre administration) sous la surveillance d'un représentant de l'État (l'autorité de tutelle). À travers elle, les compétences auparavant dévolues à l'État sont transférées à des assemblées élues ayant un budget et un exécutif propres. Elle vise à «partager le pouvoir entre les responsables de l'État, les élus locaux et les citoyens, pour engager une politique de développement de proximité. Pour ce faire l'État transfère une partie de ses compétences et de ses moyens à des communes, nouvelles collectivités territoriales, afin de répondre directement aux besoins des populations. L'État assure de nouvelles fonctions: tutelle, appui et conseil vis-à-vis des communes. Les élus de la commune ont la charge de l'élaboration, de la mise en oeuvre et du suivi des plans locaux de développement, dans les domaines économique, social et culturel. La commune est directement responsable de la gestion des ressources financières, techniques et humaines mises à sa disposition par l'État et de la mobilisation des ressources propres. Elle doit répondre de ses stratégies et de ses choix devant les citoyens».5(*)

La décentralisation politique et administrative peut prendre plusieurs formes selon le degré de pouvoir qu'un gouvernement délègue aux entités de niveau subalterne.

Mais quel que soit le degré de délégation de pouvoirs, le transfert de compétences aux collectivités locales devrait être effectif et concret afin de faciliter une réelle participation citoyenne et un meilleur partage du pouvoir entre le public et la société civile au niveau local.

La coopération décentralisée rejoint précisément sur ce point la décentralisation dans sa définition, celle qui concerne les modes de faire et de penser le partage du pouvoir entre le secteur public et la société civile (les organisations non gouvernementales, les associations populaires et de développement, les privés, les autorités coutumières ou religieuses etc.)

La coopération décentralisée en ce qu'elle cherche à organiser les relations entre les différentes familles d'acteurs du développement, met en relation de synergie d'action les acteurs du niveau local et ceux du niveau national et plus particulièrement le pouvoir public central et le pouvoir public local avec la société civile organisée.

A.2- Coopération décentralisée

Il conviendrait de faire la distinction entre les deux principales définitions de la coopération décentralisée: l'acception française (c'est-à-dire la coopération décentralisée bilatérale) et celle de l'Union Européenne (la coopération décentralisée multilatérale).

. D'un point de vue bilatéral, la coopération décentralisée consiste en la menée conjointe d'actions entre une ou plusieurs autorités locales de deux États dans un même intérêt. Elle se traduit par une nouvelle forme de solidarité internationale mise en oeuvre au niveau des collectivités locales des pays du Nord, qui, leur permet d'être aux côtés des communes défavorisées des pays du Sud à travers la mise en place des projets de développement qui privilégient le partenariat et les actions à long terme.

Son objet est d'accompagner la transformation de l'organisation administrative et politique des pays en voie de décentralisation par un appui aux nouvelles collectivités territoriales. Ses objectifs sont de consolider les collectivités locales et de renforcer leur capacité à répondre aux aspirations des populations, dans le respect des traditions et spécificités de la société étrangère.

. Lorsqu'on envisage la coopération décentralisée sous l'angle multilatéral elle est une approche définit par l'Union-Européenne selon laquelle, la coopération décentralisée est avant tout une autre façon de faire la coopération. Elle vise à mettre les acteurs (dans toutes leurs diversités) au centre du processus de coopération en les impliquant tout au long du cycle d'intervention et en précisant les rôles et responsabilités de chacun, conformément au principe de subsidiarité. La coopération décentralisée dans le cadre de l'UE n'est donc pas un énième instrument ou guichet pour financer des petits projets à la base, mais une approche spécifique de coopération reposant sur cinq idées maîtresses.

1-La participation active (responsabilisation) de toutes les familles d'acteur.

2-La recherche d'une concertation et d'une complémentarité entre différents acteurs.

3-La gestion décentralisée.

4-L'adoption d'une «approche-processus».

5-La priorité donnée au renforcement des capacités et au développement institutionnel.

L'objectif pour l'Union-Européenne est d'améliorer la prise en charge par les acteurs de leurs propres processus de développement en mettant l'accent sur la cohérence et la viabilité des actions.

Les résultats attendus par l'adoption de cette démarche sont:

° Les appuis directs aux dynamiques et initiatives locales ;

° Une maîtrise d'ouvrage renforcé des acteurs locaux ;

° Une meilleure articulation entre les appuis aux initiatives de développement à la base et les appuis à la décentralisation ;

° Une plus grande légitimité et capacité de gestion des pouvoirs locaux ;

° Le développement de nouveaux espaces de concertation et d'expérimentation du développement durable (pratiques, méthodes, outils);

° La mise en place de mécanismes décentralisés de circulation de l'information, de la communication et de la gestion des conflits;

° Un appui à la consolidation de systèmes de démocratie locale et de gouvernance locale.

Bref, d'une manière globale et indépendamment des deux assertions, nous pouvons constater et affirmer que la coopération décentralisée n'est pas un nouvel instrument ou thème d'action de la coopération au développement, elle est tout simplement une nouvelle donne dans la manière de repenser, de concevoir et de pratiquer le développement à travers la coopération.

"Son objectif est d'assurer un « meilleur » développement, par une plus grande prise en compte des besoins et priorités exprimés par la population ; de renforcer le rôle et la place de la société civile dans les processus de développement."6(*)

Pour ce faire, elle fait collaborer à différents niveaux d'intervention les acteurs économiques et sociaux potentiels, tant du Nord que du Sud. Dans ce cadre, les partenariats entre le Nord et le Sud sont encouragés et formalisés sous forme de: Coopération entre régions ou pouvoirs publics locaux, coopération interuniversitaire, coopération intersyndicale, coopération entre ONG ou organisations populaires, coopération entre chambres de commerce, etc. Selon les contenus qu'on lui donne et les objectifs qu'on lui assigne, la coopération décentralisée peut être identifiée selon trois types d'approches: l'approche solidarité, l'approche appui politique et institutionnel et l'approche appui institutionnel à la structuration des sociétés. On reviendra beaucoup plus largement sur le développement de ces approches.

Cette clarification conceptuelle faite, il nous est important de définir l'origine et la finalité de la coopération décentralisée au Bénin.

B- Origines et finalité de la coopération décentralisée au Bénin

Que l'on s'inscrive dans le schéma de définition de l'Union Européenne ou dans celui de la France, la coopération décentralisée se révèle être pour paraphraser Franck Petiteville, l'un des effets induits de la décentralisation en Afrique, en effet, les collectivités territoriales africaines qui ont à travers la décentralisation vu, leurs compétences renforcées n'ont pas tergiversé avant de nouer des relations de coopération avec leurs homologues étrangères. L'origine de la coopération décentralisée dans le sens de la nouvelle donne de gestion administrative et politique au Bénin relève de la décentralisation.

Sa finalité fait corps avec les objectifs globaux de lutte contre la pauvreté.

B.1 - Origines

Parler de l'origine de la coopération décentralisée au Bénin reviendrait à faire la distinction entre les deux acceptions du concept afin d'en donner les tenants et les aboutissants.

1- La coopération décentralisée bilatérale

La coopération décentralisée bilatérale existait déjà bien avant la mise en place du processus de démocratie et bien plus tard de la décentralisation. Elle était opérationnalisée et entretenue sous forme de coopération-jumelage entre certaines villes partenaires du développement et les structures administratives déconcentrées du Bénin. Les formes que prenaient ces accords dans la pratique étaient le partenariat pour le jumelage entre villes déconcentrées béninoises et communes européennes. Cette coopération était bien plus une coopération jumelage qu'une coopération décentralisée. Cependant, la coopération décentralisée proprement dite, celle qui est institutionnalisée et consacrée par la décentralisation, est en train de prendre forme à partir des réformes résultant du processus d'ajustement structurel ayant conduit à la démocratisation de la vie politique et à la décentralisation administrative de l'État.

Le répertoire de la coopération décentralisée Franco-Béninoise ci dessous annexé, nous dresse la liste des communes béninoises en accords de coopération décentralisée avec des communes françaises bien avant la décentralisation.

2- La coopération décentralisée multilatérale

Dans le cadre de la politique européenne de développement, la notion de coopération décentralisée est apparue pour la première fois dans la quatrième Convention de Lomé, par rapport aux objectifs, principes et acteurs de la coopération. L'importance de la coopération décentralisée est réaffirmée dans Lomé IV bis (article 12 bis): "Reconnaissant que les acteurs de la coopération décentralisée peuvent apporter une contribution positive au développement des États ACP, les parties contractantes conviennent d'intensifier leurs efforts visant à encourager la participation des acteurs ACP et de la Communauté aux activités de coopération."

Cette coopération décentralisée s'appuie sur des principes de base favorisant l'ouverture, le dialogue, la concertation, les modes d'expression et de fonctionnement démocratique, la participation des acteurs et, à terme, un développement plus équitable. Cette dernière convention n'étant plus en vigueur c'est l'accord de Cotonou qui constitue actuellement le cadre référentiel du partenariat ACP-UE, et qui sert de base réglementaire à la coopération décentralisée multilatérale. Nous détaillerons les apports de l'accord de Cotonou aux nouvelles communes béninoises dans la suite du développement.

B.2- Finalité de la coopération décentralisée

L'une des finalités de la coopération décentralisée est la participation des acteurs décentralisés au processus de développement. Cette condition est, du point de vue des experts, essentielle pour atteindre un développement durable à travers le renforcement des capacités des populations à la base, afin qu'elles puissent influencer les politiques et générer des changements dans la société.

D'un autre côté, en tant qu'approche globale de développement, la coopération décentralisée a pour autre finalité la promotion de l'implication des organisations de la société civile et des pouvoirs locaux dans l'élaboration des programmations indicatives du FED.

Á cet effet Lomé II prévoit que "La coopération décentralisée pourra donc faire l'objet de programmes spécifiques, soit être utilisée comme méthode dans des programmes existants ou à mettre en oeuvre, soit encore bénéficier d'une enveloppe réservée au sein du programme indicatif à l'appui d'initiatives d'acteurs décentralisés."7(*)

Il en résulte le fait que le concept de la coopération décentralisée en global (c'est-à-dire qu'elle soit bilatérale ou multilatérale) peut s'appliquer à la plupart des interventions de l'aide au développement.

Ceci étant, quels sont les atouts qu'offre ce binôme pour le développement des collectivités territoriales béninoises?

Deuxième partie: Décentralisation et coopération décentralisée au Bénin: enjeux, bilan et perspectives

"La décentralisation n'a pas seulement une valeur administrative; elle a une portée civique puisqu'elle multiplie les occasions pour les citoyens de s'intéresser aux affaires publiques; elle les accoutume à user de la liberté. Et de l'agglomération de ces libertés locales, actives et sourcilleuses, naît le plus efficace contrepoids aux prétentions du pouvoir central, fusent-elles étayées par l'anonymat de la volonté collective".
A. DE TOCQUEVILLE

Chapitre premier: Décentralisation et coopération décentralisée au Bénin, un couple en formation

La politique de décentralisation enclenchée au Bénin est conçue comme faisant partie intégrante du processus de démocratisation engagée depuis 1990; elle fait partie des initiatives les plus fortes pour soutenir le développement des populations à la base. Le regain d'intérêt pour cette forme d'organisation de l'État qu'est la décentralisation vient de la reconnaissance qu'une prise de décisions moins centralisée permettrait d'améliorer l'efficacité et la responsabilité des institutions publiques nationales ainsi que la capacité des gouvernements locaux et de la société civile à gérer leurs propres affaires. Pour la Banque mondiale "La décentralisation a tenu ses promesses en ce qui concerne le renforcement de la démocratie au niveau national ainsi que l'engagement du gouvernement central en faveur du développement rural. Elle a ainsi contribué au retournement du biais urbain du développement, à mieux gérer la complexité de la coordination des projets de développement rural intégré et à améliorer leur durabilité. La décentralisation a également réduit la pauvreté qui découle des disparités régionales en prêtant plus d'attention à ses facteurs socio-économiques, en facilitant l'augmentation progressive des efforts de développement et la promotion de la coopération entre le gouvernement et les organisations non gouvernementales, tout en accroissant la transparence, la responsabilisation et la capacité de réponse des institutions"8(*)

Des grandes résolutions de la conférence nationale béninoise il ressort que la centralisation administrative et politique du Bénin était excessive et ne favorisait pas l'émancipation des populations à la base; l'autonomisation des entités infra étatiques était le seul gage du développement des populations. Certes, on considère aujourd'hui au Bénin que la décentralisation est intervenue dans la suite logique des grands bouleversements institutionnels du pays. L'enjeu principal de cette recomposition institutionnelle se trouve, semble t-il, d'une part dans la gestion politique du passage d'un système du tout Etat, à un système de partage de pouvoir et de ressources entre l'État et d'autres acteurs publics, notamment les collectivités locales et d'autre part la gestion administrative et financière du passage d'un système sans collectivités locales à un système à 77 communes.

Bref, les changements opérés dans le cadre des réformes décentralisatrices n'ont pas eu de répercussions sur l'amélioration de l'environnement institutionnel de la coopération décentralisée, or forcement le bouleversement institutionnel ne restera pas sans avoir de retombée sur la pratique de la coopération décentralisée.

En dépit de l'absence d'un cadre formel et rigide de coopération décentralisée qui définirait les modalités opératoires de cette coopération, il est envisageable un certain nombre d'atouts pour les collectivités territoriales décentralisées béninoises.

I- Démocratie et décentralisation: atouts pour les collectivités locales

Avec la concrétisation de la décentralisation au Bénin, certaines compétences vitales justifiant l'autonomie des collectivités décentralisées, sont transférées du centre vers la base.

Ainsi de nouvelles compétences et de nouveaux moyens adéquats sont mis à disposition des populations, qui les exerceront par le biais des structures de décisions qu'elles ont mises sur pied. De ce fait l'administration se sentira beaucoup plus rapprochée de l'administré. Celui-ci lui fera confiance et participera avec elle à l'identification et à la résolution des problèmes de développement.

Il est bien évidemment claire dans l'esprit de tout politologue que «La décentralisation n'apportera de solutions durables aux défis actuels que si elle se situe dans un contexte démocratique et si les communautés locales sont en mesure de s'exprimer et de s'affirmer9(*)

Cette affirmation de Henri Philippe CART vice-directeur de la DDC, résume en elle tous les atouts que représente la décentralisation pour le développement des futures collectivités locales décentralisées au Bénin.

Ces atouts, loin d'être la panacée qui sortirait le pays de ses difficultés, constituent, à ne point en douter, des avantages non moins importants qui offriraient aux populations les moyens nécessaires à leur propre épanouissement. Ces atouts peuvent s'analyser en terme de transfère de compétences et de renforcement des capacités locales.

A- Le transfère de compétence

Les réformes décentralisatrices au Bénin prévoient plusieurs domaines de transfère de compétence. Nous les regrouperons en deux grandes catégories.

A.1- Développement économique et local, aménagement habitat et urbanisme, 10(*)

° Sur le plan du développement économique la loi stipule que "sous réserve des droits et charges de l'État, et en vue de favoriser le développement à la base, la commune, la collectivité décentralisée, jouit de la personnalité juridique et de l'autonomie financière.
La jouissance de la personnalité juridique et de l'autonomie financière est soumise aux conditions déterminées par la loi et au contrôle de l'autorité de tutelle"11(*)
Il va s'en dire que les nouvelles collectivités locales béninoises sont juridiquement autonomes et disposent dès lors d'un budget propre de fonctionnement. L'article 2 de la même loi le précise en ces termes : Pour la mise en oeuvre de son autonomie financière et l'accomplissement de sa mission de développement, la commune est dotée d'un budget propre.

Cependant, si la décentralisation s'entend du transfert par l'État des compétences et des moyens adéquats aux collectivités locales en vue de la prise en charge de leur propre développement, se pose alors la fondamentale question des ressources financières de ces dernières, ressources en terme de recettes budgétaires des nouvelles entités territoriales. Cette question revêt une si grande importance pour la viabilité du processus qu'au point où, si elle n'est pas examinée avec précision, le développement local durable et la démocratie locale participative qui sont les principaux enjeux de cette décentralisation risquent d'être un voeu pieux. Dès lors on peut se poser la question de savoir ce que représente l'autonomie d'une commune dépourvue de ressources financières suffisantes. Les expériences passées en matière de décentralisation sur la question des ressources financières des communes nous en disent long à cet effet.

Tout comme le budget national qui est essentiellement basé sur les recettes fiscales, les ressources financières des communes au Bénin le sont aussi, ce qui laisse entrevoir la faiblesse des ressources budgétaires de ces nouvelles communes. Afin de combler ce déficit, il a été prévu des mécanismes tels que la Taxe de Développement Local (TDL, article 10-a de la loi n° 98-007 du 15 janvier 1999). Cette taxe a une assiette qui repose sur les activités socio-économiques locales (produits agricoles, pêche, élevage, artisanat, activités de commerce ou de service). L'espoir fondé sur l'instauration de cette nouvelle source ne doit cependant pas occulter la faiblesse du tissu économique des actuelles collectivités territoriales et par conséquent de son rendement.

Á travers la bonne résolution des problèmes liés au transfère des compétences économiques et financières, dépendent en grande partie la réussite du transfère des autres compétences dévolues aux nouvelles collectivités territoriales béninoises D'où l'importance de la promotion des mécanismes de coopération sous toutes leurs formes.

°Sur le plan du développement local, de l'aménagement de l'habitat et de l'urbanisme, c'est la loi n° loi n° 97- 029 du 15 janvier 1999 en son chapitre III et en ses articles 84 à 86 qui confère aux nouvelles communes des compétences propres en la matière. Elle stipule que la commune:

- élabore et adopte son schéma directeur d'aménagement; sur ce plan en élaborant les documents de planification nécessaires, elle délivre les permis d'habiter et les permis de construire et elle assure le contrôle permanent de la conformité des réalisations et des constructions avec la réglementation en vigueur.

La commune assure également la promotion de l'habitat social et est consultée dans le cadre de l'élaboration du plan national de développement. Elle a compétence en matière d'habitat pour créer les conditions pouvant favoriser la promotion immobilière publique et privée.

- élabore son plan local de développement économique et social.

La question à ce niveau se pose de savoir si les collectivités territoriales béninoises ont aujourd'hui les moyens d'asseoir une bonne politique d'aménagement de l'habitat et d'assainissement de l'environnement tout en ne perdant pas l'objectif principal qu'est le développement local? La réponse à cette question est bien évidemment négative dans la mesure ou on sait le poids que représente pour les pays africains en général et le Bénin en particulier les problèmes liés à l'aménagement de l'habitat et à l'assainissement de l'environnement. Avec la coopération décentralisée et son volet d'appui à la gestion municipale, de nouvelles perspectives s'ouvriront aux nouvelles communes béninoises.

A.2- Infrastructures, équipements et transports; environnement, hygiène et salubrité.12(*)

°Le cahier de charges des nouvelles communes dans ce domaine est lourd. Sur ce plan il est évident que tout est à refaire dans la mesure où le manque et/ou la vétusté des infrastructures de communication, des équipements et des moyens de transport est pour les nouvelles communes la pointe d'épine qui entrave leur marche vers le développement. La coopération décentralisée saura y apporter sa modeste contribution.

°Ici aussi, tout comme dans les autres domaines il revient aux nouvelles collectivités territoriales d'assurer la coordination entre les exigences du développement local et la sauvegarde de l'environnement. Sur ce plan, les grands centres urbains du pays comme Cotonou, Porto-novo, Parakou etc. sauront tirer partie de leur autonomie de gestion pour améliorer leur technique de gestion urbaine et bénéficier de leur partenaire des appuis logistiques, techniques, financiers etc.

Certaines communes reçoivent en plus de ces compétences énumérées d'autres, notamment en matière d'enseignement et de formation professionnelle, de transport et de circulation, de sécurité et de communication.

B- Le renforcement des capacités locales

°Il s'exprime en terme de soutien de l'État et/ou de tout autre organisme de coopération (collectivités territoriales partenaires, organismes d'aide et de coopération) pour accompagner le processus de transfère de compétence.

De la part de l'État, le renforcement des capacités locales se fera par la mise à disposition des collectivités locales:

- des ressources humaines qualifiées et compétentes. En effet, la loi sur le statut de la fonction publique territoriale prévoit divers projets et programmes de formation et de remises à niveau des personnes appelées à travailler pour le compte des collectivités décentralisées,

- de moyens financiers et logistiques permettant aux nouvelles collectivités locales d'exercer leurs nouvelles compétences,

- de l'assistance technique aux nouvelles collectivités dans leur phase de démarrage.

Cependant, il serait illusoire de penser que l'État béninois accomplirait diligemment et bien sa mission de renforcement des capacités locales ci-dessus décrite, dans la mesure où, les ressources budgétaires des États africains sont notoirement connus comme étant limitées. C'est surtout ici qu'intervient l'importance du rôle de la coopération dans l'appui aux collectivités décentralisées, la coopération décentralisée trouve tout son sens dans ce contexte.

°De la part des organismes de coopération, il se fera par les différents programmes d'appui dans le sens du renforcement des capacités institutionnelles de ces nouvelles entités ou de l'appui aux programmes de développement communal ou municipal, leur offrant ainsi les perspectives pour un réel développement.

Á la lumière de ces exemples d'atouts cités, l'on est en droit de se poser la question de savoir quel lien peut-on établir entre la coopération décentralisée et la décentralisation?

B.1- Liens entre la coopération décentralisée et la décentralisation au Bénin

Après l'indépendance toute la stratégie de développement du Bénin a été attribuée à l'État qui jouait un rôle directeur dans la gestion des questions du développement, souvent au détriment des acteurs les plus importants de la société. Le secteur public étatique s'est ainsi vu se développer bien au-delà de ses possibilités financières et ses possibilités de gestion. Mais très tôt les faiblesses de cette stratégie se sont révélées et ont permis de mettre en évidence la nécessité d'accorder aux acteurs locaux plus de pouvoirs de décision et de gestion. Cette mainmise de l'État, c'est-à-dire le monopole du pouvoir dont disposait l'État sur le développement, a été remis en cause grâce à la décentralisation. L'État béninois autrefois unique bénéficiaire et partenaire de l'aide internationale, perd à la faveur de la décentralisation son statut d'organe le plus favorisé. Les changements ainsi nés vont permettre aux autres acteurs du développement d'occuper la place ainsi libérée et contribueront à la cession aux entités territoriales des compétences vitales à leur émancipation. Une nouvelle orthodoxie du développement naîtra ainsi du processus de décentralisation: celle qui veut que les collectivités territoriales soient directement en contact avec les partenaires au développement, c'est-à-dire que l'aide au développement se passe du canal de l'État central pour atteindre directement les populations bénéficiaires.

En effet, tandis que le paysage institutionnel se diversifie et s'intensifie actuellement au Bénin avec la mise en oeuvre de la décentralisation, la coopération au développement en général et l'appui à la décentralisation en particulier deviennent de plus en plus complexes et politiques. Dans ce nouveau cercle, qu'est celui de la relation entre la coopération décentralisée et la décentralisation, il existe une unanimité, un consensus entre les bailleurs de fonds européens (bilatéraux et multilatéraux) et leurs partenaires africains sur le fait que la décentralisation démocratique modifie de manière fondamentale le cadre politique et institutionnel pour la coopération au développement dans les pays partenaires. La décentralisation démocratique participe pour ainsi dire au changement du cadre de la coopération au développement d'une manière fondamentale pour l'ensemble des bailleurs de fonds et les acteurs locaux du développement que sont les collectivités locales. Il en résulte le fait que les collectivités locales, les groupements de citoyens, les coopératives et les associations professionnelles (pour ne nommer que ceux-là ) revendiquent tous, un rôle de plus en plus politique en matière de développement, aux côtés des dirigeants traditionnels et du gouvernement central.

Pour la coopération décentralisée, tous ces  acteurs  constituent des partenaires ou des  voies d'accès  pour des mesures particulières d'appui à la décentralisation démocratique (par exemple: la formation des conseillers municipaux, l'éducation civique des groupements de citoyens, et le renforcement des capacités des entrepreneurs locaux pour répondre aux appels d'offre des collectivités locales) et de nouvelles possibilités dans la poursuite des objectifs de réduction de la pauvreté et de développement local.

Pour ce faire, la coopération décentralisée qu'elle soit bilatérale ou multilatérale oeuvre pour la mise en place de nouveaux instruments, des stratégies et modalités de coopération, susceptibles de faciliter le changement institutionnel et d'optimiser les possibilités de promouvoir les objectifs de développement stratégique, tels que la réduction de la pauvreté ou le développement économique local.

II- Décentralisation, espace public local et légitimité de la coopération décentralisée au Bénin

Dans le contexte de l'évolution institutionnelle du Bénin, contexte caractérisé par la décentralisation des pouvoirs politiques, et au vu des grands changements que connaît la coopération au développement sur le plan international, les nouvelles collectivités locales béninoises sont appelées à se lancer dans des actions de coopération au développement. L'entreprise n'est pas sans difficultés.

Cependant, face à la lourdeur de responsabilité et à l'immensité de la tâche qui revient à ces nouvelles entités autonomes, il est important pour les acteurs locaux de développement d'analyser et de définir le rôle et la place de chaque composante de la société locale afin de permettre à la coopération décentralisée de se décentraliser (c'est-à-dire se passer du canal traditionnel et officiel) pour être un instrument de développement plus proche des populations.

Pour ce faire nous essayerons d'analyser et de contextualiser la problématique soulevée par la citation de Bernard Husson lorsqu'il affirme que: "La décentralisation dans les pays du Sud et de l'Est ouvre un enjeu majeur, celui de la création d'un espace public local, animé par des collectivités territoriales efficaces et attentives aux initiatives des citoyens. Alors que la coopération décentralisée est jusqu'ici intervenue essentiellement selon une logique projet, ne trouverait-elle pas sa légitimité et son efficacité en se positionnant clairement en appui aux collectivités territoriales naissantes dans leurs missions propres dans leur dialogue avec les dynamiques associatives locales et leur État, oeuvrant ainsi à la construction d'un tel espace public "13(*)

En effet, la lecture de cette problématique mérite qu'on s'y attarde afin d'analyser et de voir dans quelles conditions les nouvelles entités territoriales décentralisées béninoises, en elles-mêmes, constituent un enjeu de développement. Pour y parvenir, nous tenterons de définir les principaux concepts qui nous aideraient à élucider un certain nombre de préoccupations d'ordre théorique. Sur cette base, les questionnements suivants nous servirons de fil conducteur:

Qu'est-ce en effet l'espace public local, qu'est-ce qu'une collectivité territoriale?

Quel rapport existe t-il entre l'espace public local et la coopération décentralisée?

Entre la nouvelle donne décentralisatrice au Bénin et la coopération décentralisée, la notion d'espace public peut-elle trouver une quelconque légitimité?

Quel est le rôle de l'État dans ce nouveau concept de coopération décentralisée?

A- Espace public local et développement au Bénin

Il s'agit pour nous de définir l'enjeu que constitue la création des espaces publics locaux dans le contexte de la mise en oeuvre du processus de décentralisation au Bénin. En effet la décentralisation participe t-elle de la création d'un espace public local? Et quelle est dans la dynamique coopération décentralisée/décentralisation le rôle que peut jouer cet espace public local?

A.1- Collectivité territoriale et espace public local essai de définition

Deux succinctes définitions de ces deux notions nous donnent un point de départ de l'analyse conceptuelle de la problématique.

a- Les collectivités territoriales

La notion de collectivité territoriale ou locale est une expression générique qui désigne l'ensemble des groupements humains géographiquement localisés sur une portion déterminée du territoire national, auquel l'État a conféré la personnalité juridique et le pouvoir de s'administrer par des autorités élus. Au Bénin, la loi sur l'administration territoriale stipule en son article premier que "l'administration territoriale de la République est assurée par les autorités et services déconcentrés de l'État et par les collectivités territoriales décentralisées dans le cadre défini par la présente loi." En effet, les collectivités territoriales au titre de cette loi sont non seulement les communes à statut particulier mais aussi les communes de droit commun à qui l'État a concédé une parcelle de pouvoir, d'autonomie de gestion et de décision.

La collectivité territoriale est donc vue comme l'espace territorial géographiquement délimité sur lequel un groupement d'hommes revendique et exerce une compétence de direction et de gestion qui lui est concédée par l'État central. Cette notion ne doit pas, cependant, être confondue avec celle d'élu local car ce sont ces derniers qui reçoivent mandat de la population pour administrer et gérer la collectivité.

La collectivité locale ou collectivité territoriale est, pour ainsi dire une notion carrefour regroupant outre l'ensemble des élus locaux, les autres composantes de la société à savoir: les associations les groupements, les légitimités non électorales que sont: les pouvoirs traditionnels, les notables les comités villageois etc. Chacun jouant un rôle précis mais surtout dans la complémentarité.

Certes dans cet espace territorial local sur lequel peut être identifiée et localisée la collectivité territoriale, existe une légitimité publique locale détenue par les élus locaux, qui en vertu des pouvoirs que leur confère leur élection, sont les seuls représentants des populations.

b- L'espace public local

Au sens commun "l'espace public" désigne les espaces libres, accessibles à un libre usage et qui dans l'ère géographique sur lequel il est situé, à un caractère "public". Au sens classique, le terme "public" porte en lui deux sens liés : "qui concerne le peuple, qui appartient à l'État ". Autrement dit: d'une part, l'usage de l'espace public est ouvert et propriété de tous; d'autre part son affectation, son agencement et sa gestion relèvent de décisions "officielles". Mais ceci ne suffit pas à désigner la multiplicité de fonctions et de sens que porte et contient la notion d'espace public. Aussi, une acception moderne du concept "d'espace public" permettra de l'entendre comme le lieu du débat, dans toute sa diversité de fonction et d'échelles, de sens. Sur ce, lorsqu'on parle d'espace public on parle bien évidemment "d'espace du débat" c'est-à-dire "d'espace de citoyenneté", "d'espace pour l'exercice de la démocratie".

Pour en revenir à la notion d'espace public local, celle-ci ne se résume pas au caractère physique d'un domaine ou d'un territoire géographique donné, sur lequel les collectivités locales béninoises pourront exercer leurs pouvoirs et prérogatives conquises à travers la décentralisation.

L'espace public local est une notion carrefour qui s'appréhende ici comme l'ensemble des synergies qui se dégagent de la dynamique issue des reconstitutions institutionnelles locales. Autrement dit, il est le reflet de la vitalité qui, dans le processus de décentralisation, s'observe au niveau d'une part, des élus locaux et d'autre part de la société civile. L'espace public local est, pour ainsi dire, un espace de concertation et d'action entre différents groupes d'acteurs locaux, qui assurent pour le bien être de la société, la cohérence d'actions ponctuelles dans un cadre territorial déterminé.

Dès lors se pose la question de savoir si la décentralisation participe de la création d'un espace public local? Autrement reformulée on se demandera si on peut concevoir un espace public local dynamique sans la décentralisation? Et quelle est dans la dynamique coopération décentralisée/décentralisation le rôle joué par cet espace public local? Ou du moins quel est le rapport qui existe entre la décentralisation et l'espace public local?

A.2 -Décentralisation, espace public local et logique participative au Bénin

a- Décentralisation et espace local

La question se pose ici de savoir s'il existe un rapport de dépendance entre les deux notions, autrement est-ce la décentralisation qui crée l'espace public local ou favorise t-elle le dynamisme de celui-ci s'il lui est totalement indépendant.

La décentralisation il faut le dire, libère les énergies à la base et de ce point de vue elle "favorise la participation des populations à l'élaboration des politiques de développement dans les domaines qui les concernent [...] elle contribue à assurer leur adhésion à leur exécution et par voie de conséquence une appropriation des politiques de développement."14(*) Il va s'en dire que la décentralisation en tant que processus de transfère de compétences ouvre un espace de débat public au sein duquel se retrouvent les populations pour disséquer et solutionner les problèmes de développement qui se posent à elles.

Si la décentralisation ne peut se concevoir sans le transfère des compétences et des pouvoirs de la sphère centrale vers la périphérie, sans la promotion des libertés locales et individuelles, il est peu envisageable qu'un espace public local dynamique tel que défini ci-dessus puisse être conçu sans la décentralisation.

Aujourd'hui, la dynamique participative, fondement principal de la notion d'espace public, est ancrée dans tous les domaines de pratiques des populations locales au point où, toute logique décisionnelle de direction, de gestion qui ne s'approprierait pas cet outil, est considérée comme anachronique et "anti-développementaliste."

Les deux concepts se nourrissent et se complètent lorsqu'on se place dans le champ de la démocratie et de la coopération internationale. L'espace public local n'est pas une notion née de la décentralisation, mais du fait que la décentralisation libère les énergies à la base, cela permet la revitalisation, une certaine dynamisation voire une émancipation de l'espace publique local en tant qu'espace du débat, de citoyenneté et de démocratie.

Certes, la décentralisation constitue pour ainsi dire, un cadre favorable au développement des espaces publics locaux dans la mesure où elle leurs vient en renfort institutionnel.

Ceci nous permet de constater qu'en Afrique en général et au Bénin en particulier, les forums de débats publics et de concertations existaient depuis fort longtemps, sous la dénomination de l'arbre à palabre. Mais ces plates-formes locales ne pouvaient pas être qualifiées d'espace public local au sens de la nouvelle donne, dans la mesure où, d'une part elles excluaient des débats certaines franges de la population comme les femmes, certains adultes, certaines catégories socioprofessionnelles et même certaines castes jugées indignent de participation et d'autre part, elles ne sont pas issues d'un processus de démocratie universellement reconnu et accepté.

Mais dans le nouveau contexte de décentralisation, l'espace public local ne pourra avoir tout son sens et son dynamisme que si le débat reste ouvert et accessible à ces laissés-pour-compte.

Le processus de décentralisation amorcé depuis les municipales de décembre 2002, nous le pensons bien, offre aux nouvelles collectivités territoriales, l'opportunité et le cadre propice de concertation et d'action au niveau local, ce qui favoriserait l'amorce d'une véritable politique de coopération décentralisée au profit des populations. Certes comme le souligne si bien Bernard HUSSON, la décentralisation favorise la création d'un espace public local qui est animé par des collectivités territoriales efficaces et attentives aux initiatives des citoyens.

Cependant, si l'objet de la coopération décentralisée dans sa nouvelle conception est de se passer de l'État pour que l'aide au développement atteigne directement les populations, toute politique de coopération décentralisée ne devrait pas se fier à l'exclusive action et au pouvoir discrétionnaire des élus des collectivités locales, d'où l'importance de la logique participative fondement de la notion d'espace public.

b- L'espace public local et la logique participative

Afin de reconnaître à l'espace public toute sa légitimité, il est clair qu'il faut se concerter et collaborer. Concertation et collaboration sont-elles les fondements de cette notion? Quelle est la place qu'occupe la logique participative dans la légitimité de l'espace public local? Répondre à ces questions, c'est résoudre le problème des modalités d'intervention directe des populations dans la vie municipale.

Force est de constater que pour une bonne administration des collectivités territoriales, la pratique veut que ne soit pas exclut l'évidence de la nécessité de concertation et de collaboration entre les instances locales de direction et la société civile, c'est-à-dire les populations ou leurs structures de regroupement. La concertation doit prévaloir en amont, elle suppose que les élus locaux requièrent l'assentiment de toutes les composantes de la population par des procédés formels de concertation tels que les référendums de consultation, les enquêtes, les assises populaires etc., afin de recueillir l'avis et les besoins réels des populations dans l'optique d'orienter et de définir l'approche de coopération décentralisée favorable au partenariat. Requérir l'avis des populations et s'enquérir de leurs besoins réels avant tout partenariat de coopération décentralisée tels doit être le credo des élus locaux. Quant à la collaboration elle doit être le fruit de la conjugaison des efforts entre les différents acteurs du développement au plan local.

Il est vrai qu'en Afrique, la coopération au développement depuis que les processus de décentralisation ont émergé, a toujours joué un rôle non moins important dans la promotion et la reconnaissance des rôles et des fonctions entre les différents acteurs du développement dont entre autre les acteurs non électoraux.

Cependant, à notre avis, le fait ne doit pas seulement être unidirectionnel, c'est-à-dire qu'il ne revient pas aux seuls partenaires au développement à travers les nouveaux programmes de coopération décentralisée en Afrique, de reconnaître la force des autorités traditionnelles et d'opter pour une approche plus ouverte, qui tienne compte de la légitimité sociale et du pouvoir de fait de ces autorités. Dans de nombreux pays où la décentralisation est en cours, les rôles et les mandats des autorités locales ne sont pas clairement définis.

Le cadre juridique reste assez vague sur la façon dont les différentes autorités locales doivent assumer leurs missions et leurs responsabilités. Pire, si le cadre existe réellement, il ne reflète pas toujours la pluralité des acteurs du développement ni la dynamique sur le terrain. Le Bénin n'échappe pas à cette généralité lacunaire.

Dans le processus actuel de la décentralisation et de la coopération décentralisée chaque maillon de la société local a un rôle à jouer. Les légitimités électorales ont certes un mandat électif, représentatif et sont censées s'enquérir des besoins des populations, mais ne sont pas forcement les personnes les mieux averties des questions de développement.

Pour renchérir cette thèse nous-nous permettons de paraphraser Emile Lebris qui affirme que "Les formes les plus efficaces de la participation populaire ne sont pas nécessairement celles qui sont organisées démocratiquement".15(*)

Cette réflexion soulève l'épineuse question de la nécessaire collaboration entre les instances locales (élus locaux) et la société civile, la nécessaire recherche d'un fil d'Ariane entre le corpus social local et le corpus politique local dans la mise en place efficace d'un espace public local dynamique.

Certaines forces locales non électorales ont une influence et un charisme qui peuvent être qualifiés de pouvoir de surdétermination sur la population, elles disposent (ces forces) d'un pouvoir d'influence sur l'ensemble de la population locale ou du moins, sur une frange non moins importante de celle-ci. Ainsi, au sein de l'espace public local, les légitimités sociales doivent être concertées comme des acteurs de la scène locale incontournables, car l'expérience a prouvé que tout cadre juridique ou arrangements institutionnels qui ignorent ou met sur la touche les autorités traditionnelles menace le succès des réformes. Ceci nous amène à dire qu'il ne faut en aucun cas oublier, ni mésestimer ou sous-estimer le rôle non moins important que joue la société civile dans la détermination et la formulation des questions de développement qui concernent la population. D'où l'importance de la reconnaissance du rôle non moins important des légitimités locales non électorales. L'implication de ces acteurs et la reconnaissance de leur autorité aussi bien par les acteurs locaux (la collectivité locale) et les partenaires, peuvent se révéler cruciales dans le succès des initiatives décentralisées visant à aborder les contraintes du développement et les causes profondes de la pauvreté. Grâce à leur légitimité sociale et à leur autorité morale, les leaders traditionnels et/ou religieux peuvent jouer un rôle important dans le règlement des conflits, l'établissement de consensus sur des sujets culturellement sensibles et la mobilisation des populations locales sur les projets de développement. Ces forces ou légitimités non électorales sont membres à part entière de la société civile et ont un rôle très important à jouer qu'au point où, toute politique de développement ou de coopération qui les exclurait serait vouée à échec. Il serait alors une erreur de ne pas prendre en compte leur point de vue, voire les associer dans toute politique de coopération décentralisée.

En effet sur ce point, Bernard Husson en observant l'homogénéité des sociétés du Sud affirme à cet égard que  "Les sociétés du Sud ont leur structuration, leur organisation, avec des pouvoirs traditionnels, des autorités religieuses, des associations professionnelles, des notables, des groupements de producteurs, des familles allogènes et des familles autochtones, des partis politiques, des associations de parents d'élèves, des comités de village, des ressortissants dans la capitale, etc."

Cette structuration sociale doit permettre une homogénéité d'action (homogénéité en terme de concertation et de collaboration au sein de l'espace public local pour légitimer celui-ci) dans la mise en place des initiatives décentralisées visant à aborder les contraintes du développement et les causes profondes de la pauvreté.

Au Bénin, les élus locaux vont jouer un rôle très important dans la coopération décentralisée à travers leur implication déterminante et collective pour asseoir une bonne politique en la matière, mais en réalité qu'est ce qui légitime l'action de ses élus locaux?

C'est incontestablement la législation dans toutes ses dispositions qui légitime leurs actions puisqu'elle dispose que les communes sont administrées par des conseils locaux et municipaux qui sont élus au suffrage universel direct dans les conditions fixées par la loi. La participation des populations à la désignation des autorités locales assure ainsi la légitimité démocratique de ces dernières.

Or la légitimité démocratique n'est pas la seule qui mobilise les populations au sein des collectivités locales, il existe au Bénin bien d'autres formes de légitimité, c'est le cas de la légitimité traditionnelle détenue par des chefferies coutumières (les chefs vodouns, les chefs de certaines sectes etc.)

L'existence au niveau local de ces forces dont la légitimité est reconnue ou vécue par une frange de la population locale comme facteur influençant leur vie quotidienne, telles que les détenteurs du pouvoir traditionnel, les chefferies, les associations professionnelles, les notables les groupements de producteurs, les associations des parents d'écoles, les comités de villages etc. ne doit pas être ignoré.

Bernard Husson, le souligne à juste titre " Etre élus et disposer d'un budget ne donne ni tous les droits ni toutes les compétences pour gérer le développement local et des relations de partenariat. Avoir une expérience dans les actions de développement et appartenir à la société civile ne donne ni de légitimité politique incontestable, ni nécessairement une connaissance approfondie de toutes les questions à traiter. Les collectivités du Nord comme du Sud aussi légitimes soient-elles, sont amenés à devoir collaborer avec les associations et plus largement avec le tissu économique et social; leur partenariat a besoin de s'ouvrir et de se diversifier, ne serait-ce que pour donner tout son sens à son caractère public ".16(*)

La notion d'espace public local, nous l'avons vu, ne pourra s'inscrire dans le contexte de l'assertion de Bernard Husson que si elle fait intervenir la dynamique participative qui impose la reconnaissance du rôle non moins important des légitimités non électorales. Cependant, sous quelle forme devra t-on institutionnaliser la pratique décentralisatrice pour légitimer l'espace public local? C'est toute la question du choix du mode de participation à la gestion des affaires locales ou du choix des modalités d'intervention directe des populations dans la vie municipale.

B- Légitimité et rôle de la coopération décentralisée

Si la décentralisation offre aux nouvelles collectivités territoriales béninoises une souveraineté partielle de gestion autonome au plan administratif, politique et économique, qu'en est-il de leur légitimité, légitimité entendue sous forme de capacité à être des acteurs de la coopération au plan international? Peut-on concevoir dans le contexte actuel de la mise en oeuvre du processus de décentralisation au Bénin, que les nouvelles collectivités territoriales sont légitimées par le simple fait de leur consécration à être des acteurs de la coopération au développement?

B.1- Légitimité des communes et de la coopération décentralisée

Il est de notoriété que la décentralisation peut réellement contribuer à accroître l'efficacité de l'aide en impliquant des acteurs autres que l'État, tant dans la conception du développement que dans sa mise en oeuvre. Autrefois, l'aide passait directement de l'État ou institution donateur à l'État central receveur c'est-à-dire d'une bureaucratie à une autre. Les populations bénéficiaires n'étant donc que des acteurs trop éloignés. Cet état de chose ne permettait pas aux populations de se sentir concernées des questions de développement et par conséquent de s'y impliquer. Á la suite du processus de démocratisation et pour pallier à cette insuffisance, il a été admis que l'aide doit être gérée de façon beaucoup plus décentralisée c'est-à-dire que ce soit les populations elles-mêmes qui s'occupent de la conception des politiques de développement et de la gestion de l'aide. Impliquer directement des acteurs non étatiques, tel est le credo actuel des acteurs de la coopération au développement.

Toutefois la grande question qui taraude ces acteurs de la coopération est celle de savoir comment mettre cette théorie en pratique.

La réponse à cette question se trouve selon Bernard Husson dans la mise en place des conditions qui légitiment les collectivités territoriales décentralisées dans leur nouvel état c'est-à-dire dans leurs missions propres dans leur dialogue avec les dynamiques associatives locales.

Toutefois, indépendamment du rôle que sont appelés à jouer les nouvelles collectivités décentralisées, l'État c'est-à-dire le gouvernement central ne doit pas être exclu de la scène de la coopération. Il ne doit pas non plus se décharger de sa mission en se dessaisissant de ses devoirs qui consistent à encourager la coopération entre le gouvernement local, la société civile et les organisations partenaires.

Les collectivités territoriales sont-elles reconnues comme des actrices de la coopération décentralisée?

a- La légitimité des collectivités territoriales comme actrices de la coopération

Il est important de rappeler encore une fois que la loi sur la décentralisation au Bénin, est incomplète ou du moins souffre de certaines lacunes préjudiciables (dans une mesure formelle) aux nouvelles collectivités décentralisées dans leurs actions de partenariat vers une coopération décentralisée. Cependant peut-on pour autant dire que l'inexistence d'un cadre juridique et/ou d'une politique qui promeut la coopération décentralisée est pour autant un facteur d'inhibition, un handicap à la reconnaissance légitime des collectivités locales comme des actrices de la coopération?

Depuis son accession à l'indépendance toute la politique étrangère de l'État béninois a toujours été menée par le gouvernement à travers sa chancellerie, les différents gouvernements qui se sont succédés à la tête de l'État béninois ont fait de la coopération, une politique officielle placée au plus haut niveau (d'État à État). Or la coopération au développement est un instrument d'aide qui offre aux pays pauvres les moyens de lutter contre la pauvreté en touchant les couches les plus défavorisées. Mais aujourd'hui, la mise en oeuvre effective de la décentralisation qui s'opère par l'installation des structures afférentes, à défaut de reconnaître aux nouvelles collectivités territoriales une légitimité de jure (de droit) va t-elle leur permettre de reconnaître une légitimité de facto (de fait), qui leur ouvrira la faculté et la possibilité de conclure des accords de partenariat internationaux?

La légitimité des collectivités territoriales comme actrices de la coopération peut être justifiée par deux idées forces:

- Si la nouvelle donne en matière de coopération décentralisée reconnaît aux communes le droit d'entrer en accord de partenariat sans passer par le truchement de l'État, si on conçoit bien avec Franck Petiteville que la coopération décentralisée est, "l'un des effets induits de la décentralisation en Afrique", alors il est aisé de comprendre que dès lors que l'État met en place le processus de décentralisation, il restreint sa légitimité en matière de coopération notamment décentralisée. Il s'agit ici bien plus qu'un simple transfère de compétence d'une sphère centrale vers une sphère locale au sein d'un même État, que d'une aliénation partielle de souveraineté.

Bien qu'aucune disposition légale ne le stipule, les nouvelles collectivités territoriales décentralisées au Bénin sont de fait des actrices de la coopération décentralisée puisque les partenaires au développement (l'UE et les communes partenaires) les reconnaissent en tant que tel. Toutefois il est souhaitable que cette lacune juridique soit comblée au plus vite pour conférer aux communes une légitimité formelle, de droit.

- Du fait que la décentralisation contribue à officialiser l'entrée en scène des collectivités locales béninoises sur le terrain de la coopération, il va s'en dire que les recompositions institutionnelles locales qui sont nées de ce processus contribuent à légitimer les collectivités locales dans leur nouveau rôle d'actrice de coopération notamment décentralisée.

Parler de la légitimité des collectivités locales dans le contexte actuel de la décentralisation et de coopération décentralisée c'est leur reconnaître la qualité et la capacité d'être des actrices de la coopération décentralisée, c'est rélégitimer l'État dans sa nouvelle fonction et c'est aussi reconnaître à la coopération au développement la faculté d'intervenir directement sans passer par le canal de l'État central dans sa démarche d'appui aux collectivités locales. Il est évident qu'avec la mise en oeuvre de la décentralisation au Bénin, c'est tout le processus de la coopération décentralisée qui se trouve être remis en cause.

Cette remise en cause se justifie à plus d'un titre car:

D'une part l'État central en transférant certaines compétences aux collectivités locales, légitime ces institutions en leur reconnaissant de facto (c'est le cas de le dire puisque aucune disposition légale ne le dit expressément) la qualité d'actrice de coopération.

D'autre part la coopération au développement notamment décentralisée retrouve les raisons d'être de sa nouvelle politique celle qui consiste à appuyer directement les acteurs locaux décentralisés, qu'elle considère comme étant plus proches des populations et des questions de développement et plus concernés par la gestion et l'administration du patrimoine local.

Enfin le processus de décentralisation remet en cause, du moins réduit partiellement la compétence de l'État central à être le seul canal par lequel la coopération décentralisée doit passer pour atteindre les populations bénéficiaires.

Il s'ensuit le fait que la politique de coopération internationale de l'État élaborée et mis en application par le Ministère des Affaires Etrangères se trouve dès lors restreinte à travers la nouvelle donne de coopération décentralisée.

Pour ce qui est de la légitimité des pouvoirs publics locaux, étant des institutions nationales élues démocratiquement, les pouvoirs publics locaux ont une légitimité et une responsabilité devant les électeurs. Ce sont des institutions publiques dotées d'un mandat visant à favoriser le développement au niveau local. Tous les actes menés par ces pouvoirs ne peuvent souffrir d'aucune illégitimité.

Toutes ces raisons évoquées participent-elles de la détermination de la légitimité de la coopération décentralisée dans le contexte de la décentralisation en cours au Bénin telle que le formule Bernard Husson? En quoi la coopération décentralisée trouve t-elle une quelconque légitimité en appuyant les collectivités territoriales naissantes béninoises?

b- Légitimité de la coopération décentralisée dans le contexte de la décentralisation au Bénin

Lorsque Bernard HUSSON affirme que «[...] alors que la coopération décentralisée est jusqu'ici intervenue essentiellement selon une logique projet, ne trouverait-elle pas sa légitimité et son efficacité en se positionnant clairement en appui aux collectivités territoriales naissantes dans leurs missions propres dans leur dialogue avec les dynamiques associatives locales et leur État, oeuvrant ainsi à la construction d'un tel espace public?»17(*) C'est toute la question de la définition du rôle que peut jouer la coopération décentralisée dans un contexte de décentralisation dans les pays du Sud et plus particulièrement pour ce qui est du cas qui nous intéresse au Bénin.

Le processus de décentralisation en cours au Bénin se traduit par d'importants défis auxquels les pouvoirs publics locaux doivent faire face:

- Tout d'abord, pour ces pouvoirs publics locaux, il leur revient la tâche de créer un environnement dans lequel les collectivités pourront participer de manière effective à la gouvernance locale et au développement local.

- Ensuite les pouvoirs publics locaux doivent créer les conditions qui leur permettent de disposer du potentiel nécessaire pour contribuer à l'amélioration de la démocratie participative mais aussi pour accompagner les efforts des organisations de la société civile et du secteur privé en faveur d'un développement local durable.

- Enfin, il leur revient de créer les conditions susceptibles de générer des moyens durables de soutien au développement local.

Ces défis à leur tour impliquent l'engagement des pouvoirs publics locaux dans l'éducation et le développement des collectivités afin de poser les fondements d'une gouvernance locale réelle et responsable et de renforcer en même temps la capacité des institutions locales à répondre de manière efficace aux besoins de leurs collectivités. Or les pouvoirs publics locaux sont confrontés au problème de l'inadéquation des ressources matérielles et humaines ainsi qu'à de faibles ressources fiscales.

Sans un soutien extérieur, les actions des pouvoirs publics locaux sont vouées à l'échec, d'où le rôle non moins important de la coopération décentralisée.

Ce rôle est d'autant plus capital pour les collectivités locales qu'en les appuyant, les partenaires au développement légitiment leurs interventions lorsque celles-ci interviennent dans le cadre d'appui à la décentralisation.

Parler du rôle de la coopération décentralisée dans le contexte de la décentralisation au Bénin revient à définir tout d'abord l'approche de cette coopération qui, la mieux, favoriserait les collectivités territoriales béninoises dans la mise en oeuvre de leur relation soit avec leurs partenaires territoriaux décentralisés (les communes étrangères) soit avec les institutions bilatérales ou multilatérales d'appui à la décentralisation.

Il est clair que la définition d'une approche de coopération décentralisée passe par la mise en place d'un cadre de politique précis, qui en des termes très clairs défini le contenu et les objectifs que peuvent poursuivre chaque entité infra étatique béninoise décentralisée. L'inexistence au Bénin de ce cadre de politique de coopération décentralisée ne facilite pas la tâche aux nouvelles entités décentralisées dans leur quête de partenariat qui réponde aux nouvelles exigences de coopération décentralisée.

Quelles sont les différentes approches de coopération décentralisée envisageables par les collectivités locales béninoises?

De l'analyse faite par Bernard Husson des approches de coopération décentralisée, il ressort que deux approches de coopération décentralisée sont les plus usitées dans les rapports de partenariat entre le Nord et le Sud. Il s'agit de l'approche solidarité et de l'approche développement communal, qui pour la plupart font appel beaucoup plus à la dimension partenariale de la coopération décentralisée, plutôt que de privilégier la dimension qui la légitime en se positionnant en appui institutionnel aux collectivités.

L'approche solidarité

Selon cette approche la coopération décentralisée est un instrument au service du brassage inter humain, un espace de rencontre interculturel qui ouvre à des rapports de solidarité et à une meilleure connaissance mutuelle entre les hommes. Dans ce cas, les collectivités territoriales sollicitent et obtiennent de leurs partenaires du Nord l'aide solidarité sous la forme :

- d'envoi d'objets en nature : livres, matériel médical, matériel de transport, etc.

- de financement de petites infrastructures : puits, écoles, centres de santé, etc.

Dans cette approche les actions des partenaires ne se distinguent pas des modes traditionnels d'appui au développement.

Les collectivités territoriales ici, s'intéressent plus à la réalisation d'infrastructures, plus qu'aux dispositifs pérennes et procédures de soutien aux innovations sociales. Lorsqu'on analyse le répertoire de la coopération décentralisée au Bénin, cette approche solidarité de la coopération décentralisée à été à la base de la plupart des partenariats entre les entités déconcentrées béninoises et les communes étrangères notamment françaises. Cette forme de coopération appelée coopération-jumelage foisonnent d'exemples, on peut dans ce régistre citer à cet égard: la coopération-jumelage Echirolles-Honhoué, la coopération-jumelage Evreux-Djougou, la coopération-jumelage Guyancourt-Comé, la coopération-jumelage Rillieux la Pape-Natitingou, pour ne citer que celles-là. La liste des accords de coopération décentralisée sous cette forme est annexée au document.

L'approche développement communal

Cette approche constitue une version beaucoup plus améliorée de la précédente et s'inscrit dans le contexte d'appui politique et institutionnel aux collectivités béninoises. Elle consacre son champ d'intervention à l'appui à la gestion de services urbains.

Cet appui passe par le soutien matériel, logistique et financier aux activités telles que, la mise en place de zones artisanales, l'amélioration de la qualité des services de santé, l'enlèvement et le traitement des ordures ménagères etc., et ceci dans la recherche des voies qui permettent de légitimer les nouvelles collectivités territoriales.

Notons que sous le centralisme politique cette approche de coopération a été mise en oeuvre par les communes françaises et les partenaires béninois. En réalité ce sont la plupart des coopération-jumelages qui ont su adapter cette approche de coopération à leur partenariat.

Dans ce registre de mutation s'inscrivent les partenariats entre Djougou au Bénin et la ville d'Evreux en France, Mamers et Sè, Séremane-Erzange et Natitingou, San de Cergy Pontoise et Porto-Novo, Le grand Lyon et Porto-Novo, Echirolles et Honhoué etc.

Ces deux approches dans le nouveau contexte de décentralisation en Afrique doivent selon Bernard Husson être revues. Une troisième approche peut-être envisagée et constitue l'approche la mieux adaptée qui dans le contexte de la décentralisation favoriserait les pays du Sud dont notamment le Bénin.

Cette approche non encore expérimentée s'inscrit selon Bernard Husson dans "l'accompagnement et la transformation de l'organisation administrative et politique du pays dans un sens de plus grande transparence et d'une plus grande efficacité dans les services aux populations."18(*)

L'approche appui institutionnel

Cette nouvelle approche serait beaucoup plus favorable aux nouvelles communes béninoises. En effet, avec l'appui institutionnel la coopération décentralisée légitime non seulement les collectivités territoriales dans leurs nouvelles missions, dans leurs nouveaux rôles mais aussi participe de la relégitimation de l'État central en sa qualité de gardien de la coopération décentralisée.

Dans cette approche, la coopération décentralisée est appréhendée comme un appui qui favorise l'exercice, par les sociétés, de leurs droits et particulièrement de leur droit à la responsabilité. Elle peut être un facteur de réduction du fossé existant entre le « sommet » institutionnel (capital, pouvoir, connaissance) et la « base ». Elle arrive en soutien au développement économique et social dans les régions où elle se manifeste, par un concours à la mise en place et au renforcement de services collectifs et de dispositifs pérennes, plus que par le financement de projets et programmes limités dans le temps. Les domaines d'appui lorsqu'on envisage de s'inscrire dans cette approche sont les suivants :

- Aider les collectivités locales à se constituer en interlocuteur des associations et non à se penser comme une association supplémentaire;

- Contribuer à instaurer une notion de service public;

- Aider à prendre en compte l'existence et les demandes des groupes sociaux minoritaires;

- Favoriser une attention des techniciens des services publics nationaux aux demandes des populations;

- Inciter à l'élaboration de plans locaux de développement;

- Travailler en concertation avec l'État;

- Appliquer les systèmes de fiscalité locale; etc.

Cette troisième approche non encore expérimentée dans la pratique de la coopération au développement conduit selon B. HUSSON "à instaurer un nouvel espace de coopération entre la coopération inter étatique, gérée par les administrations centrales, et la coopération non gouvernementale. Son originalité est de reposer à la fois sur une assise institutionnelle et de bénéficier d'un ancrage local, qui mobilise au-delà du cercle restreint des techniciens et militants du développement et des entreprises qui voient dans la coopération un marché".19(*)

Quel peut être le rôle de l'État dans cette perspective?

B.2- Le rôle de l'État et propositions de réformes

a- Le rôle de l'État

Les vertus de la décentralisation telles que nous le souligne Dominique Gentil sont telles que: "La décentralisation doit permettre une meilleure mobilisation des populations pour un développement à la base, durable; la décentralisation est un moyen de relégitimer l'État, de le restructurer pour qu'il soit plus efficace [...] la décentralisation est un moyen de développer la démocratie." 20(*)

En effet, les recompositions institutionnelles nées de la décentralisation au Bénin ne doivent pas être un catalyseur de la légitimité de l'État central, ces recompositions sont en quelque sorte une brèche qui est ouverte pour la relégitimation de l'État central, laquelle a pour objet premier de donner à l'État toute sa légitimité comme lieu d'élaboration des règles de la vie commune, comme garant de la cohésion sociale.

Il ne s'agit pas de vider l'administration centrale de son contenu, de le dépouiller de ses prérogatives, mais plutôt de le renforcer dans sa nouvelle mission. L'État central dans la nouvelle donne du binôme décentralisation et coopération décentralisée a encore certes un rôle à jouer, il doit être à la fois le gardien et le garant de la légitimité du processus mais aussi le mécène de la coopération dans laquelle ses collectivités s'engagent.

Bernard Husson lui-même le confirme, lorsqu'il affirme que "La décentralisation ne sera pas réussie contre les États du Sud; Elle ne peut aboutir s'ils n'assument pas leurs fonctions. Il revient toujours aux États de préparer l'avenir, de faire émerger un projet global de société, de le négocier, le porter, le défendre à l'intérieur du territoire, comme sur la scène internationale".21(*)

En effet, dans ce contexte l'État doit être avant tout le garant de la légalité des actions menées par les collectivités territoriales en matière de coopération décentralisée. Pour ce faire il doit:

- Mener le contrôle de la légalité des actions des communes,

- S'établir un partenariat avec les nouvelles collectivités à travers l'élaboration des stratégies locales de coopération décentralisée,

- Soutenir certaines actions de coopération décentralisée à travers des cofinancements,

- Accompagner les opérations de coopération décentralisée au plan local à travers l'action de ses services déconcentrés.

- La législation en la matière doit lui confier le soin de veiller au respect par les collectivités territoriales des engagements internationaux du Bénin.

Pour y parvenir la coopération décentralisée doit aider l'État à jouer ce rôle, la coopération décentralisée ne peut avoir quelque légitimité entendue au sens d'efficacité que si elle se présente comme un ensemble cohérent vis-à-vis de chaque pays et si ces pays définissent une politique claire d'appui extérieur à leurs propres collectivités. Dans ce cas alors la coopération décentralisée peut être un des moyens de rénovation de la coopération en faveur du développement et un outil efficace pour soutenir les processus de démocratisation dans les pays où cette dynamique est engagée. Bernard Husson en affirmant que la décentralisation dans les pays du sud ouvre un enjeu majeur, celui de la création d'un espace public local qui légitime les actions de la coopération décentralisée ne renie pas la légitimité des États centraux du Sud. Au demeurant dans son assertion se trouvent les conditions sine qua non de la réussite de la coopération décentralisée.

Parlant du rôle de l'État central du Sud il affirme que: "Dans le domaine économique [...], leur fonction reste déterminante dans des domaines essentiels qui influent fortement sur les actions au niveau local: Contrôle des importations, valeur de la monnaie, politique d'ouverture aux investissements étrangers, fiscalité, soutien aux circuits de commercialisation des produits agricoles, aménagement d'infrastructures primaires... Le niveau local ne dispose ni de la compétence, ni de l'autorité politique nécessaire pour se substituer à l'État sur ces questions et les collectivités du Nord ne disposent d'aucun mandat pour appuyer leur partenaire dans ce sens. Les appuis devraient avoir, au contraire, pour objet de contribuer au rétablissement ou au renforcement de la légitimité des États du Sud. La réduction des relations de coopération de l'État n'est donc pas synonyme d'une coopération plus efficace."22(*)

Pour mieux répondre aux défis de développement que lui pose la décentralisation, l'État central béninois doit construire toute sa politique de coopération décentralisée autour de quelques grands axes afin de permettre aux collectivités territoriales béninoises de coordonner leurs actions de partenariat.

b- Propositions pour le renforcement de la dynamique coopération décentralisée et décentralisation au bénin

C'est toujours à Bernard HUSSON que nous devons ces propositions qui visent à renforcer la dynamique coopération décentralisée et décentralisation. Toutefois il conviendrait de noter que les collectivités territoriales béninoises ne pourront bénéficier de l'appui de la coopération décentralisée que s'il existe un cadre de politique global en la matière. L'inexistence d'un cadre référentiel de politique cohérent de coopération décentralisée est de nature à asphyxier toute initiative de développement par la coopération, des collectivités territoriales. Les propositions ici formulées viennent en appoint au rôle de l'État.

Renforcer le niveau politique local, construire des espaces de débats

"Nouer des relations directes entre personnes et institutions décentralisées est un puissant moteur de partenariat. Sans ces dimensions, la coopération décentralisée s'étiolera aussi vite qu'elle est apparue. Pour autant, la décentralisation dans les pays du Sud ne sera réussie que si des dispositifs permettant une collaboration entre collectivités territoriales et associations sont mis en place. Il ne s'agit donc pas d'appuyer les collectivités une à une, mais bien de contribuer à une dynamique locale qui implique le plus grand nombre d'acteurs. Cette option demande le respect de conditions précises : que soit dépassée l'aide par projet qui concentre une abondance de ressources humaines, techniques et financières pour traiter d'une situation, pour centrer les appuis sur la construction d'un espace public local de dialogue entre collectivités et acteurs non gouvernementaux (en charge pour cet espace d'impulser et soutenir les dynamiques locales."23(*) En effet le renforcement du niveau politique local passe par la mise en place au niveau des collectivités territoriales décentralisées des facteurs et des conditions propices à l'exercice effectif de la démocratie à la base. Même si, force est de le reconnaître, grâce à la décentralisation l'espace public local va être créé et que la coopération au développement contribuera à dynamiser cet espace, il ne serait point superflu de rappeler que la construction d'un l'espace public local dynamique est déterminante dans la réussite des programmes de coopération décentralisée visant à appuyer les processus de décentralisation. Cet effort de renforcement doit d'abord provenir et être mis en place par les autorités politiques du Bénin avant d'être appuyé par la coopération décentralisée.

Aider les collectivités locales à agir comme institutions publiques

Afin que les collectivités locales béninoises soient reconnues comme institutions publiques légitimes, par les résidents et par les différents partenaires au développement, afin que les pouvoirs publics locaux soient légitimés dans leurs rôles et afin que les partenaires au développement puissent intervenir dans la légitimité, il faut que les nouvelles collectivités territoriales décentralisées béninoises disposent de ces priorités sine qua non:

(1) Un budget bien alimenté par la collecte de l'impôt car sans ressources financières prélevées localement, les collectivités territoriales n'auront pas de crédibilité. La mise en place d'une législation fiscale au profit des collectivités territoriales qui définisse l'assiette des impôts locaux et les autres sources de financement des budgets locaux est d'une impérieuse et pressante nécessité.

(2) Un personnel bien formé agissant dans le cadre d'un service public local dynamique est le gage de la réussite et de la poursuite des réformes institutionnelles entreprises.,

(3) En liaison avec les instances nationales construire un système d'information pour choisir des priorités de développement.

En effet, des informations précises et claires pour choisir les priorités locales sont aussi importantes que les autres priorités ci-dessus citées. "Pour assurer pleinement leurs responsabilités, arrêter leur politique et concrétiser leur décision, les collectivités du Sud ont besoin de disposer d'une information précise sur leur territoire, qui dépasse la seule distribution des équipements installés. [...] Sans ces informations, les collectivités auront de grandes difficultés à organiser leurs priorités et à asseoir des assiettes pour les impôts locaux."24(*)

Mais déjà le Bénin peut se targuer d'avoir mis en place sur financement européen, la SERHAU-SEM (société d'économie mixte) qui a mis au point un produit informatisé et une méthode d'utilisation, pour la collecte équitable de l'impôt local dans des communes de taille moyenne.

Ce sont là les enjeux que la coopération décentralisée peut aider à relever et que le gouvernement central béninois doit contribuer à promouvoir.

Chapitre deuxième: Enjeux, Bilan et Perspectives de la coopération décentralisée au Bénin

À la faveur de la législation sur la décentralisation, les nouvelles entités territoriales décentralisées béninoises ont acquis une véritable autonomie en matière d'autogestion. Elles peuvent dès lors se prendre en charge quant à la gestion du budget municipal, à la direction des affaires de la municipalité, à la prise de décisions autonomes, au choix discrétionnaire de leurs partenaires et du mode de partenariat, bref, elles ont acquis une véritable autonomie en matière de coopération.

Sur le plan de la coopération décentralisée elles peuvent y intervenir librement dans le cadre de leurs compétences, sous la réserve bien évidemment du respect des engagements internationaux du Bénin et de l'interdiction de contracter avec un pays étranger.

À ce jour aucun bilan exhaustif ne permet de dire exactement combien de collectivités territoriales où leurs associations sont en accord de partenariat, entrepris sous l'angle de la coopération décentralisée. Cependant, croire que sous la centralisation démocratique, tous les domaines explorables du développement l'ont été et que la coopération décentralisée n'a plus rien à offrir aux collectivités territoriales béninoises serait illusoire. Á l'état actuel des choses, plusieurs domaines sont encore à explorer et/ou à renforcer. Á la lumière des exemples de coopération décentralisée passée ou en cours nous essayerons de mettre en évidence tout le potentiel de la coopération décentralisée, potentiel que nous analyserons en terme d'atouts pour les collectivités territoriales béninoises.

Bref Gustave MASSIAH affirmait que: "L'enjeu majeur de la coopération décentralisée est celui de la mise à l'échelle à partir de l'expérimentation et des projets pilotes, il s'agit de passer à une coopération qui travaille en vraie grandeur, à l'échelle des besoins et des aspirations des populations".25(*) En effet, dans le contexte actuel de la décentralisation, la coopération décentralisée offre aux communes béninoises des atouts de développement très importants qui doivent répondre aux besoins et aux aspirations des populations. À partir des exemples déjà existants sur le terrain nous analyserons ces enjeux selon les deux approches de la coopération décentralisée.

I- Les enjeux de la coopération décentralisée bilatérale pour les nouvelles collectivités béninoises

"A un moment où l'importance du local s'affirme, à travers les politiques de décentralisation en cours dans les pays partenaires d'Afrique de l'Ouest, la coopération décentralisée privilégie une approche du développement de proximité, intervenant sur des échelons appropriés pour la définition et la mise en oeuvre de stratégies de développement "à la base" ou de "développement local".26(*)

En effet, la coopération décentralisée envisagée sous l'angle du rapport de partenariat Nord-Sud entre deux entités territoriales offre aux collectivités locales des pays du sud des opportunités, sans nul doute, énormes.

Celles-ci, lorsqu'elles sont appréhendées dans le contexte de la décentralisation comme processus d'accompagnement de l'effort démocratique, contribuent à ne point en douter, à l'amélioration des conditions de vie des populations, à travers une prise en charge autonome de leur capacité de décision en de gestion.

La coopération décentralisée bilatérale est susceptible d'accompagner le processus de démocratisation par les initiatives qu'elle peut susciter au niveau local.

Mais en fait quel rôle la coopération décentralisée bilatérale peut-elle jouer dans le contexte actuel de la décentralisation/démocratisation ? C'est la coopération franco-béninoise qui nous sert de référentiel pour l'analyse des enjeux de cette forme de coopération.

Contexte et caractéristiques de cette coopération

Au Bénin la coopération bilatérale décentralisée est intervenue depuis toujours dans un contexte de centralisation politique et a été aussi toujours dominée par les rapports de coopération qui ont prévalu entre la France et le Bénin.

Le groupe-pays Bénin de Cités Unies France en a dressé un bilan que voici.

"Les partenariats de coopération décentralisée franco-béninois sont au nombre d'une douzaine dont la plupart sont réunis au sein du groupe-pays Bénin de Cités Unies. Ce groupe est marqué par une assez grande homogénéité dans sa démarche de coopération. Tant en milieu rural qu'urbain, la coopération décentralisée se fonde sur une approche globale du milieu partenaire par le biais de programmes pluriannuels de développement local. Ceux-ci visent à renforcer les capacités techniques, humaines des collectivités locales partenaires et à promouvoir des actions d'amélioration du cadre de vie des populations. Il est à noter que les cinq (5) principales circonscriptions urbaines béninoises sont en relation de coopération avec des villes françaises. Elles bénéficient chacune d'une démarche d'appui à la municipalité grâce à la mise en place d'outils de planification et de fiscalité (Registre Foncier Urbain -RFU-) et à des programmes de formation des cadres municipaux. A titre d'exemple, on peut citer le programme de formation des agents communaux (une centaine) mis en place dans le cadre du partenariat Cotonou/Créteil. A plusieurs reprises, les villes françaises ont exprimé leur volonté de mutualiser leurs expériences et savoir-faire et ce, notamment, en matière de formation du personnel communal. Il s'agirait de promouvoir des actions concertées, voire communes, destinées à l'ensemble des villes béninoises ayant prioritairement des partenaires français. Il y a lieu très certainement de rechercher également une plus forte collaboration avec le programme d'appui à la décentralisation et à la gestion urbaine de la Coopération française.

Les programmes des autres partenaires au développement intervenant en

matière d'appui à la décentralisation au Bénin.

D'une manière générale, les projets de coopération décentralisée sont multisectoriels, et concernent tous les domaines permettant d'améliorer les conditions de vie des populations.

En milieu rural la plupart des projets concernent les secteurs suivants: Appui au développement agricole (amélioration de la production, circuits de commercialisation, appui aux associations de producteurs, aménagement de pistes villageoises) - Aménagements hydro-agricoles - Infrastructures socio-sanitaires - Adduction d'eau. Un fonds de solidarité prioritaire (FSP) est prévu pour la période 2001-2003.

En milieu urbain - Appui à la gestion municipale : renforcement des services municipaux, formation des agents communaux, appui à l'équipement - Promotion de petites activités économiques - Projets de quartiers: construction de latrines, infrastructures, appui aux associations de quartiers - Appui aux systèmes socio-sanitaires (appui aux équipements et à leur fonctionnement, sensibilisation) - Assainissement et adduction d'eau - Amélioration de la démocratie à la base (La décision est prise au niveau de la région par les conseillers élus, une efficacité accrue par délégation des responsabilités, des services de meilleures qualités car plus proches des administrés)." 27(*)

Afin de mieux disséquer ce bilan du groupe-pays Bénin de Cités Unies France, explorons les différents domaines de cette coopération pour en extraire les enjeux pour les communes béninoises. Pour ce faire, nous classifierons les enjeux en deux grandes catégories : Les enjeux institutionnels et structurels d'une part et les enjeux sociaux d'autre part.

A- Les enjeux institutionnels et structurels

Ils regroupent l'ensemble des avantages que la coopération décentralisée offre déjà et/ou peut offrir directement aux nouvelles communes décentralisées béninoises et par ricochet à l'État en terme d'appui institutionnel et structurel: La coopération institutionnelle.

La coopération institutionnelle et structurelle a pour objectif global de mettre les institutions publiques (locales décentralisées, déconcentrées et/ou centrale) au coeur du processus de développement, en veillant à concilier l'intérêt général et les intérêts de la personne. Agissant principalement sur les institutions de l'État, centrales ou décentralisées, cette coopération fait aussi appel à la société civile, via des associations ou organisations non gouvernementales qui facilitent les rapports entre les citoyens et les administrations publiques.

J. P. Perier écrivait que "L'enjeu d'une coopération décentralisée est d'abord politique, global, il ne peut être limité à un ou plusieurs projets "28(*) en effet, cet enjeu politique l'est aussi bien pour l'État béninois que pour les États au sein desquels se trouvent les communes partenaires. Mais limitons-nous ici à seulement analyser les enjeux que la coopération décentralisée peut avoir pour l'État béninois et par ricochet pour les nouvelles collectivités décentralisées.

A-1- La coopération administrative et le renforcement de la démocratie locale

a- La coopération administrative

Cette forme de coopération fait partie de l'appui à la décentralisation et vise les administrations des pays en développement. Le domaine de prédilection de la coopération administrative est celui de la formation des cadres de la fonction publique locale, l'appui aux processus de réformes administratives, l'assistance juridique, etc.

Aujourd'hui, la problématique de la coopération administrative se pose aux nouvelles communes béninoises en terme d'appui et de formation à l'administration communale. Il est évident que les administrations territoriales nouvellement décentralisées au Bénin manquent de cadres techniquement compétents pour diligenter les affaires de la commune.

Le recrutement et/ou le redéploiement est une paire de manche pour l'État central et les communes et pour cause, les fonctionnaires administratifs centraux qui ne sont pas forcement bons techniquement pour travailler dans les administrations communales sont insuffisants pour être redéployés dans les communes. L'autre difficulté pour les communes béninoises relève de la formation de leurs fonctionnaires dans le domaine de la gestion de l'administration communale qui, est le gage de la réussite des plans de développement communaux. La coopération décentralisée jouera un rôle très important dans ce domaine dans la mesure où les cadres de l'administration territoriale pourront bénéficier à travers elle, de la possibilité d'avoir des échanges d'expériences qui prennent souvent la forme de rencontres, séminaires, voyages d'études, etc. Les actions de formation et l'expertise qui sont souvent conçues comme complémentaires d'autres modes d'intervention de la coopération décentralisée peuvent être inscrites au registre des atouts de la coopération décentralisée pour les communes béninoises.

En appuyant les nouvelles collectivités béninoises la coopération décentralisée ne participe t'elle pas à la légitimation de ses interventions dans le rôle qu'assigne aux entités autonomes la décentralisation? Bien évidemment la coopération décentralisée trouve sa consolidation, sa légitimité et sa raison d'être dans cette forme d'appui aux collectivités du Sud dont notamment celles du Bénin.

Bernard Husson dans le cadre des propositions à formuler pour le renforcement de la coopération décentralisée le constate et suggère à cet effet que priorité soit donnée à la formation des personnels territoriaux des États du Sud.

Sur ce il estime que "La deuxième assise de la crédibilité des collectivités territoriales du Sud repose sur la compétence technique de leurs agents et de leur personnel politique. Les collectivités du Nord estiment de leur devoir de former ces responsables dans leur collectivité partenaire, mais leurs pratiques actuelles conduisent à un fractionnement des formations, sans permettre au pays concerné de mener une politique globale de formation. Pour que les formations directement réalisées par les collectivités du Nord soient un complément des formations mises en place au niveau national, et non un substitut comme c'est actuellement le cas, il faut une articulation entre les deux, autrement dit:

- Contribuer à mettre en place ou renforcer des structures nationales de formation des personnels territoriaux; actions qui relèvent principalement de la coopération inter étatique, accessoirement de la coopération décentralisée;

- Soutenir la formation, par ces structures nationales, des personnels territoriaux des collectivités du Sud; actions qui peuvent être appuyées et complétées par leurs collectivités partenaires du Nord."29(*)

En résumé nous pouvons affirmer que, de la mise en place des conditions les meilleures pour la formation des agents et des cadres locaux et municipaux dépend en grande partie la réussite de la bonne gestion des administrations locales des pays du Sud. Il est évident que la décentralisation ne serait pas une réussite dans ces pays si la qualité de gestion et d'administration est piètre et que les élus locaux font preuve de bassesse intellectuelle et d'ignorance culturelle notoire. Avec la coopération décentralisée les nouvelles communes béninoises pourront combler cette lacune et offriront à leurs administrations respectives les ressources humaines compétentes, capables de gérer avec efficacité les défis que leur pose le processus de décentralisation démocratique en cours.

b- Le renforcement de la démocratie locale

La démocratie locale est une transposition à l'échelle micro (de la localité) du concept de démocratie dans sa phase élective et pratique, l'élection et la représentation des personnes devant faire partie du conseil local, sont alors faites sur la base du suffrage universel dans les mêmes conditions que l'élection des parlementaires. (Cf. art. 3 de la loi n° 98-006 mars 2000 portant régime électoral communal et municipal en république du Bénin).

Or Thomas Bierschenk en analysant la vague des processus de démocratisation intervenue en Afrique s'est intéressé au cas béninois qui présentait une particularité. Il en dresse le constat suivant lequel "le Renouveau Démocratique au Bénin ne s'est-il pas jusqu'ici limité à la démocratisation de la procédure électorale au sommet de l'État" (Président et Parlement), et plus loin il dit «Par contre, en ce qui concerne la démocratisation en milieu Rural (donc la démocratie locale), nous ne savons pratiquement rien.»30(*). Ce constat mettait en évidence l'absence au niveau local béninois de la pratique démocratique c'est-à-dire la non cession aux collectivités locales des libertés locales. Il existe certes un lien entre la décentralisation et la démocratie locale car si la décentralisation participe de la conquête des libertés locales et publiques par les collectivités humaines, la démocratie locale elle la renforce dans la mesure où, «elle promeut au sein de l'État ces collectivités qui sont unies par des liens de solidarité et d'intérêts qui légitiment leurs revendications pour la reconnaissance d'une identité spécifique au sein de l'ensemble national.»31(*)

C'est vrai qu'il n'y a pas de démocratie effective si les citoyens à la base ne participent pas directement au choix des responsables chargés de la conduite des affaires communales. Mais avec l'amorce du processus de décentralisation, aujourd'hui la question ne se pose plus dans ce pays sur l'exercice réel du pouvoir par les citoyens à la base au niveau des Villages (Unité Administrative de Base au Bénin), mais en terme de valorisation des libertés locales, publiques et individuelles et de renforcement de la démocratie à travers la pratique quotidienne à l'échelle locale.

C'est là tout le sens de la problématique de l'apport de la coopération décentralisée au processus de renforcement de la démocratie à la base. En effet quel rôle peut jouer la coopération décentralisée dans le processus de démocratie à la base?

La réponse à cette question tient en deux volets:

* Vu la fragilité du processus démocratique et vu le caractère récent de l'expérimentation de la décentralisation, la coopération décentralisée est au plan politique un facteur de promotion et de renforcement de l'État de droit. À travers elle, les collectivités territoriales béninoises bénéficieront de l'appui-conseil et de l'assistance technique des grandes démocraties qui ont eu le privilège d'avoir acquis une expertise en la matière depuis des lustres à travers la pratique. Ces collectivités bénéficieront concrètement de leurs partenaires, d'une multiplicité d'initiatives politiques destinées à renforcer au quotidien la pratique démocratique. Dans la mesure où les collectivités locales recevront conseils et appui en la matière, il s'ensuivra bien évidemment, le fait que la pratique quotidienne verra s'incruster de nouvelles habitudes démocratiques au niveau des populations locales. Cet état de chose ne peut que faire renforcer la démocratie, qui nous le savons, est un processus tout nouveau et fragile en cours d'expérimentation dans la plupart des pays africains dont le Bénin.

*À la logique de l'approche « du sommet vers la base », qui prévalait dans le processus décisionnel  prévaudra dorénavant une autre logique d'approche, celle «de la base vers le sommet» et ceci dans l'optique du renforcement et de la consolidation de la jeune démocratie béninoise. À travers la coopération décentralisée les citoyens à la base au niveau des Villages, bénéficieront de l'appui de leurs partenaires étrangers sous forme d'appui-conseil ou de formation sur les principes démocratiques, ce qui les renforcera dans l'exercice des libertés locales, publiques et individuelles.

C'est ce qu'a d'ailleurs confirmé le rédacteur du Guide français de la coopération décentralisée lorsqu'il écrivait qu'" Au-delà des aspects techniques de coopération économique et administrative, la coopération décentralisée oeuvre également à la promotion de l'État de droit dans le monde. Par le conseil et l'exemple au quotidien, les collectivités territoriales françaises sont à même de faire émerger et/ou de renforcer des pratiques démocratiques locales et d'initier à cet égard une dynamique « de la base vers le sommet » dans les pays où la démocratie est encore largement à construire."32(*)

Bref en résumé nous pouvons affirmer que la coopération décentralisée renforce la démocratie en la consolidant à sa base, tout en permettant l'émergence d'acteurs locaux capables de remplir leur charge, elle associe les habitants au développement de leur collectivité par des consultations, par le dialogue, elle favorise leur connaissance des institutions en les formant pour l'apprentissage de la citoyenneté.

Dans le contexte actuel de la décentralisation au Bénin, la démocratie locale doit être une priorité des pouvoirs publics locaux qui doivent chercher les voies et moyens de rendre beaucoup plus vivaces l'expression de la démocratie à l'échelle de la communauté de base. Cependant, le choix des modalités d'intervention directe des populations dans la vie municipale est important à plus d'un titre.

- D'une part, il sert de barème aux partenaires au développement qui peuvent y mesurer le degré d'implication des populations locales dans le processus décisionnel.

- D'autre part, il permet de déterminer et d'orienter les partenaires dans l'appui institutionnel nécessaire à la collectivité territoriale.

- Il permet enfin de mesurer l'impact qu'a la population dans la gestion des affaires locales.

La question se pose ici de savoir si la démocratie locale à la Béninoise doit être participative ou représentative. Notons qu'à ce niveau aussi, aucune disposition légale ne légifère sur la question.

Avec la mise en place récente des conseils municipaux, deux hypothèses de fonctionnement de la démocratie locale sont envisageables: la représentativité et la participation.

La représentativité

La décentralisation suppose, nous le savons, la libre administration des collectivités locales par des instances collégiales (conseils) élues à cet effet, lesquelles sont chargées de diligenter les questions de développement relatives à la localité pour laquelle elles ont reçu mandat. Dans cette hypothèse les conseils municipaux qui sont des structures destinées à rapprocher le citoyen de sa localité, et à rendre ces derniers acteurs de la vie politique de leur arrondissement, sont acteurs de la politique de développement et maîtres du processus décisionnel.

Ils agissent au nom et pour le compte des administrés de qui ils ont reçu un mandat de représentativité. La représentativité est donc le principe d'administration selon lequel, dans une décentralisation démocratique, les élus locaux sont légitimés dans leurs actions à agir au nom et pour le compte des électeurs.

Ils n'ont de compte à rendre qu'au conseil local (organe délibérant) qui tire aussi sa légitimité de son élection au suffrage universel. Ce système présente aussi bien des avantages que des inconvénients.

La participation

L'enjeu central de toute réforme municipale est celui de la participation démocratique du citoyen. La démocratie et la décentralisation à l'échelon local ne représentent pas seulement la concession d'une plus grande part de pouvoir aux élus, mais aussi aux citoyens. Dans cette deuxième hypothèse les administrés prennent part aux débats qui rythment la vie de leur localité aux côtés des élus des conseils municipaux. Leurs avis sont obligatoirement requis par les instances locales dirigeantes avant toute décision au fond. La démocratie locale ici prend une tournure inflationniste dans laquelle les élus locaux sont otages des populations dans la logique du mandat impératif.

En effet, la participation est un principe qui repose sur l'engagement de tous les "citoyens" (entendu au sens large d'habitants) à la vie de la localité; elle s'est développée en réponse aux limites catégorielles (les étrangers sont exclus du vote) de la démocratie représentative et compte tenu d'une demande de plus en plus forte de certains acteurs (habitants ou associations) à participer à la vie de la cité. Ses objectifs sont nobles d'autant plus qu'elle contribue à :

-Faciliter l'expression des citoyens locaux.

-Faciliter leur appropriation des circuits de décision publique.

-Permettre aux élus de mieux prendre en compte les besoins et intérêts des citoyens locaux.
- Améliorer la qualité de conception, de décision et de mise en oeuvre de la "chose" publique par le débat et les échanges (et non être un processus de légitimation des décisions),
- Permettre de travailler ensemble pour trouver des solutions aux difficultés en modifiant les rapports entre institutions et habitants.

- Permettre de se connaître, de créer du lien, de "mieux vivre ensemble ».

Dès lors, se pose un certain nombre de questions: faut-il privilégier la représentativité, c'est-à-dire rapprocher le pouvoir des habitants ou faut-il encourager la participation qui privilégie le rapprochement des habitants du pouvoir.

Dans l'un ou l'autre cas c'est le principe de la proximité qui se joue dans les deux sens. Quelle soit représentative (délégative) ou participative, la démocratie locale suppose l'engagement plein et volontaire des citoyens d'une même commune ou d'un même quartier vers une démocratie de proximité dans laquelle les populations s'approprieront l'outil de décision et de gestion. La coopération décentralisée peut contribuer à faire évoluer la démarche des collectivités autonomes béninoises d'une démocratie centralisée à une démocratie de proximité. Il apparaît claire qu'à travers ce processus de démocratie locale, c'est la population qui est impliquée dans la gestion des affaires publiques de la collectivité, laquelle implication s'opère par le biais de la participation ou par celui de la représentativité. Le degré d'implication de la population est déterminé par rapport à sa participation, laquelle selon Marion GRET se mesure à l'aune de l'appropriation de la chose publique par le citoyen.

A.2-Le développement local et la gestion locale institutionnelle

Avec la décentralisation, le concept de développement local retrouve tout son sens et constitue un enjeu majeur pour les nouvelles collectivités territoriales béninoises dans la mesure où, les initiatives des acteurs de terrain, c'est-à-dire ceux-là mêmes qui se trouvent être confrontés aux problèmes et à la réalité des populations locales, seront les plus appuyées par les partenaires au développement. Ceux-ci partent du postulat que se sont des initiatives qui reflètent la réalité du terrain et vécues par les personnes qui les mettent en oeuvre, elles ne sont donc pas inspirées des décideurs d'en haut (l'État central) mais, sont l'émanation des groupements et des populations qui s'associent pour son élaboration et son application. L'objectif de la coopération décentralisée dans ce cas, est avant tout de permettre aux nouvelles collectivités locales d'assurer un meilleur développement et une plus grande prise en compte des besoins et priorités exprimés à la base par les populations locales. Ainsi, le rôle et la place de la société civile se trouvent renforcés à travers ce processus d'appui.

En effet, dans le contexte actuel de la démocratisation de la vie politique et de la décentralisation, les collectivités territoriales béninoises ont besoin du savoir-faire particulier de leurs homologues étrangers afin de légitimer le processus en cours. Ceux-ci disposent de la technicité nécessaire dans les domaines de l'administration publique locale que sont :

a- La gestion locale et développement de la vie politique et associative

Aujourd'hui, face à l'affirmation de l'importance du local à travers les politiques de décentralisation en cours dans les pays du Sud, la coopération décentralisée privilégie une approche du développement de proximité intervenant sur des échelons appropriés pour la définition et la mise en oeuvre de stratégies de développement "à la base" ou de "développement local".

Les collectivités étrangères partenaires engagées en coopération mobilisent une expertise spécifique, un savoir-faire spécifique, et se proposent de les mettre à la disposition de leurs partenaires du Sud, tout en respectant et analysant les contraintes et particularités du milieu local partenaire tant au niveau social qu'économique, politique et technique. La coopération décentralisée prend ainsi tout son sens: C'est la dimension partenariale qui caractérise les échanges entre collectivités locales.

Il est vrai que les collectivités locales partenaires du Nord ont une compétence, un savoir-faire particulier, une technicité dans le domaine de la gestion locale. Cet acquis leur permet de savoir accompagner légitimement les processus de décentralisation, corollaires de la démocratisation de la vie politique des pays qui s'y sont engagés, à travers les projets relevant des domaines de l'administration publique locale (gestion municipale) et du développement de la vie politique (démocratie locale) et associative.

D'un autre côté les institutions partenaires (PNUD, BM, FMI, UE, etc.) aussi savent, à cet égard, apporter leur contribution financière et technique aux efforts de gestion locale et de développement local dans les pays où ces efforts sont entrepris, soit en appuyant directement les collectivités du Sud, ou en apportant les soutien financier aux collectivités du Nord qui inscrivent dans leur programme de partenariat, la gestion locale et le développement locale des entités du Sud.

Dans son Introduction au Guide de la Coopération française le rédacteur affirmait que: "L'objectif de la coopération décentralisée est d'assurer avant tout un meilleur développement par une plus grande prise en compte des besoins et priorités exprimés par les populations; elle vise ainsi à renforcer le rôle et la place de la société civile locale dans les processus de développement. Elle associe et fait collaborer à différents niveaux d'intervention les acteurs territoriaux tant du Nord que du Sud. Elle suscite la participation active et déterminante des bénéficiaires aux prises de décisions et aux différentes étapes des actions qui les concernent."33(*) En effet, les besoins et priorités exprimées par les populations au niveau local, constituent à ne point en douter, un pôle très important sur lequel la coopération décentralisée focalise son attention et ses efforts. Dans cette perspective, nous l'avions vu, le rôle et la place de la société civile locale dans les efforts de développement, est incontournable. La coopération décentralisée le sait et maîtrise cette réalité de fait, qui gouverne le succès de toutes les actions de développement sur le terrain.

Pour cela, il appert que les communes béninoises peuvent bénéficier en matière de gestion locale

- de l'appui à la gestion locale (renforcement des services communaux, formation des agents communaux),

- de l'appui à l'équipement à la Promotion de petites activités économiques,

- de l'appui aux systèmes socio-sanitaires (appui aux équipements et à leur fonctionnement, sensibilisation),

- de l'appui aux associations de quartiers, la construction de latrines, les infrastructures, l'assainissement et l'adduction d'eau.

Parlant du développement de la vie politique et associative c'est-à-dire de la démocratie locale, la coopération décentralisée oeuvre à ne point en douter à la concrétion, à l'enracinement de la démocratie locale gage de la réussite du processus de décentralisation en cours et baromètre du succès démocratique.

En résume nous pouvons affirmer à l'instar de Bernard Husson que " À travers la coopération décentralisée, les collectivités locales africaines peuvent s'appuyer sur celles du Nord. Elles doivent en effet faire face à des demandes massives d'équipements et de services alors que leurs ressources sont quasiment nulles et les fiscalités locales souvent inopérantes. Or elles doivent se rendre crédibles pour pérenniser le développement local et la démocratie. Le partenariat entre les collectivités locales peut y contribuer".34(*)

b- L'appui à la décentralisation

L'appui à la décentralisation peut prendre plusieurs formes, il peut emprunter le canal du financement des projets techniques de développement ou celui d'appui institutionnel aux collectivités locales.

L'engagement des acteurs de la coopération internationale et des collectivités partenaires à appuyer les politiques de décentralisation en Afrique, relève de deux idées directrices :

* Première idée directrice

Vu la fragilité des processus de démocratisation, il urge de soutenir les efforts de décentralisation à travers des politiques d'appui à la décentralisation afin de légitimer la pratique de la démocratie à la base. Dans cette optique la Banque Mondiale voyait dans la décentralisation les moyens de mettre en oeuvre sa politique d'appui à la décentralisation à travers ses mots d'ordres que sont: la bonne gouvernance et le développement institutionnel qui, ont pour objectif la réduction des prérogatives de l'État au profit du marché, de la société civile, et des pouvoirs locaux intermédiaires.

Afin de mieux appuyer les politiques de décentralisation la Banque part du principe que "les politiques de décentralisation s'inspirent de l'a priori qu'en rapprochant de la base les niveaux de décision politique et en réduisant les intermédiaires, l'individualisation des rapports sociaux progresse et rapproche le fonctionnement concret des marchés politiques du modèle universel à base des citoyens pratiquant le calcul d'optimisation." 35(*) Pour cela elle soutient et finance tout effort de décentralisation car estime t-elle pour qu'un programme de décentralisation donne de bons résultats, il faut accorder des ressources nécessaires aux régions pauvres du pays considéré, et mettre en place d'une part des mécanismes qui susciteront la participation des classes rurales démunies, et d'autre part des règles précises ce contrôle par les citoyens et par le gouvernement central.

* Deuxième idée directrice

La décentralisation, au vu de la crise urbaine dans les pays africains, apparaît comme la mesure la plus adaptée à la gestion de celle-ci. En effet, les problèmes urbains en Afrique se posent en grande partie en terme de décentralisation et de démocratisation de la gestion urbaine. Par décentralisation et démocratisation de la gestion urbaine nous entendons la mise en place du mécanisme rendant aux services urbains des villes, leur capacité autonome de gestion; ce qui, sur le plan institutionnel se traduit par la nécessaire décentralisation de cette gestion. Face à cet enjeu que constitue la gestion urbaine pour le développement des villes du Sud, et vu les difficultés connues par le passé lors de la gestion des projets de développement urbain par les gouvernements centraux, la Banque Mondiale et la coopération française ont décidé de négocier les politiques de développement urbain directement avec les municipalités.

La coopération française à cet égard constate et affirme que  "Seule une nouvelle approche des problèmes (urbains) par les pays intéressés et par la communauté internationale permettra de prendre en main ces transformations. Ce n'est pas tant au niveau central que ce sera possible, mais en favorisant plutôt les initiatives et les contributions des habitants et des communautés de bases, et en s'appuyant sur des collectivités locales aux pouvoirs et aux moyens renforcés. "36(*)

C'est dans cette optique qu'est né le Programme de Développement Municipal (PDM), programme tripartite initié par la Banque Mondiale, le Ministère français de la Coopération et l'agence de la coopération allemande GTZ, elle a pour vocation de contribuer à l'émergence d'une culture municipale africaine.

Quelle peut être alors, la contribution de la coopération décentralisée au programme de développement municipal au Bénin?

Bien que tardif, le processus de décentralisation enclenché au Bénin depuis les assises de la conférence nationale bénéficie de l'attention, de la faveur et du concours rapide des acteurs de la coopération internationale et aussi des collectivités partenaires.

Cependant vu la fragilité du processus, vu le dénuement total du patrimoine légué par les anciennes entités territoriales déconcentrées aux nouvelles collectivités décentralisées, vu les méthodes de gestion chaotiques qui y ont prévalu, il urge que celles-ci trouvent un point d'ancrage qui leur favorise l'amorce de toute politique de développement autocentré.

Pour les nouvelles collectivités territoriales béninoises, dans ce contexte de décentralisation/coopération décentralisée l'appui à la décentralisation serait adéquat comme solution.

Ainsi, depuis que la décentralisation a été affichée comme priorité politique de l'État béninois, tous les espoirs ont été placés en elle pour favoriser l'appréhension par les populations de leur propre développement et susciter la dynamique de développement à la base. Les nouvelles réformes décentralisatrices sont allées dans ce sens, ouvrant ainsi grandement aux municipalités béninoises les portes d'une prise en charge responsable et autonome. À la faveur des programmes de développement municipal d'énormes projets ont été financés et soutenus par le canal de la coopération décentralisée au Bénin. Nous n'en voulons pour preuve que les programmes de coopération à la mise en ouvre des plans de développement local entre : Orléans et Parakou, Cotonou et Créteil, Cergy-Pontoise et Porto-Novo, Corbeil-Essonnes et Ouidah. Le bilan de cette forme de coopération est répertorié dans le récapitulatif de la coopération décentralisée bilatérale au Bénin en fin de section.

B - Les enjeux sociaux de la coopération décentralisée

B.1- Le développement urbain et municipal: la gestion urbaine

La population citadine béninoise est cosmopolite, les crises socio-économiques et politiques qui ont marqué l'histoire du pays ont favorisé le déplacement massif des populations rurales vers les grands centres comme Cotonou, Parakou, Porto-Novo.

L'homo béninensis n'a pas attendu l'avènement du millésime 2000 pour migrer vers les villes, déjà à la faveur de l'exode rural et des flux migratoires interrégionaux les principales villes béninoises ont connu le déplacement massif des populations des centres ruraux vers les villes. Il s'en est suivi un développement social urbain très anarchique caractérisé par le chômage, la poussée des bidonvilles, l'insalubrité, la promiscuité, l'insécurité, les problèmes d'aménagement, d'infrastructures de communication, etc. Dès lors, avec ce peuplement anarchique des villes d'énormes problèmes se sont posés aux autorités municipales. La mise en place de la décentralisation, en terme d'émergence des pouvoirs municipaux, verra accroître d'avantage ces difficultés, lesquelles se poseront à leur tour en terme de gestion de la crise urbaine, crise qui a pour nom : aménagement urbain, infrastructures et équipements urbains, gestion et planification urbaine, développement social urbain. La coopération décentralisée trouve dans ce contexte son centre d'intérêt.

a- Les villes béninoises, enjeu de la coopération décentralisée

Les problèmes liés à l'urbanisation des villes béninoises tout comme la plupart des villes africaines ne faisaient pas partie du champ prioritaire de la coopération internationale au développement. Mais depuis les années 80, face à l'explosion urbaine dans les pays du Sud, la prise de conscience d'inclure dans les politiques de développement l'enjeu urbain a été beaucoup plus forte.

À cet effet la Banque Mondiale avec son programme de gestion urbaine s'est employée à répandre une nouvelle équation faisant apparaître l'urbanisation comme facteur décisif de développement, les villes du tiers monde sont, à ce titre, considérées comme moteur du développement économique, capables de résorber les crises de chômage à travers, la réalisation des travaux urbains à haute intensité de main-d'oeuvre, l'aménagement urbain, la réalisation des infrastructures de développement.

Cet enjeu urbain que constitue le développement des villes du Sud trouve son champ d'application particulièrement riche dans le cas de la coopération décentralisée. Plusieurs organisations de coopération décentralisée bilatérale et multilatérale s'y sont investies:

- La banque Mondiale à travers sa nouvelle vision du développement des villes du tiers monde définit l'urbanisation comme un facteur décisif du développement et trouve dans les Programmes de Gestion Urbaine le moyen de financer la coopération au développement urbain. Pour ce faire la banque a entrepris depuis les années 80 en direction des villes du tiers monde des investissements croissants dans les programmes de coopération urbaine.

- La coopération américaine à travers l'US-Aid qui appuie les programmes de développement urbain et municipal dans les pays du Sud.

- L'Union-Européenne depuis les accords de Lomé à travers le programme FED d'appui aux villes et aussi dans le cadre de la mise en oeuvre des accords de Cotonou apporte son assistance technique et financière aux programmes de gestion urbaine dans les pays du tiers-monde.

- Quant aux communes françaises, elles appuient également les communes béninoises dans le cadre formel de la coopération bilatérale décentralisée franco-béninoise.

En effet quels sont les avantages et atouts que les villes béninoises peuvent tirer de la coopération décentralisée au développement urbain?

b- Les villes béninoises et la coopération décentralisée au développement urbain

Pour Franck Petiteville "s'il y a une vocation première assignée à la coopération décentralisée Nord-Sud, c'est bien ce domaine de la coopération urbaine, qui a pour objet ce qu'il est, aujourd'hui convenu d'appeler "développement urbain et municipal "37(*). En effet le développement urbain municipal a pour objet de gérer les crises nées du développement des villes, son domaine d'intervention concerne toutes les activités des champs urbains dont la voirie, l'urbanisme, l'habitat, l'administration municipale, l'assainissement, le transport urbain, la sécurité civile urbaine, etc. À ce titre la coopération décentralisée peut légitimement participer à la redynamisation des potentialités des villes dans l'optique de leur donner les moyens adéquats pour jouer leur rôle de moteur de développement. Dans cette perspective la coopération décentralisée au développement urbain peut être pour les villes béninoises des atouts très importants dans la mesure où les partenaires étrangers, qui sont détenteurs de l'expertise de l'ingénierie urbaine, mettront à travers ce canal à la disposition de ces villes leurs compétences et acquis.

Toujours pour rester dans le registre de l'urbain, un créneau de coopération qui se situe à la jonction des problématiques de l'urbain et du social, appelé Programme de Solidarité Habitat (PSH) est très porteur pour le développement des nouvelles municipalités béninoises.

Le Programme de Solidarité Habitat (PSH) est un programme français de coopération décentralisée pour le développement social urbain qui à pour vocation de " promouvoir, accompagner et valoriser les initiatives de coopération entre acteurs locaux de France et des pays en développement, qui visent à améliorer l'accès à l'habitat du plus grand nombre ".38(*) Le PSH ne se borne pas seulement à la construction des logements sociaux mais au règlement des problèmes liés à la construction de ses logements et aussi à leur assainissement. Pour ce faire le PSH agit sur deux volets:

- Le volet financement qui permet l'accès à la propriété du logement selon le principe de l'autonomisation financière des projets destinés à assurer leur pérennité après le désengagement des acteurs français.

- Le volet développement social des quartiers qui traite des questions d'insertion sociale en milieu urbain défavorisé.

Sur le plan opérationnel, cela se concrétise par une intervention prioritaire en zone d'habitat précaire telles que les bidonvilles.

Le PSH veille à la réalisation des projets qui font intervenir des procédés de construction légers, réplicables et peu coûteux, susceptibles d'être techniquement et financièrement accessibles aux populations locales bénéficiaires.

Aucun Programme de Solidarité Habitat n'est répertorié à ce jour dans le registre de la coopération bilatérale décentralisée franco-béninoise.

Il revient donc aux autorités des principales villes dites, selon la loi sur la décentralisation, villes à statut particulier comme Cotonou Parakou et Porto-Novo, et où il existe des zones d'habitation précaires que sont les bidonvilles, de saisir l'opportunité que leur offre la décentralisation pour développer des Programmes de Solidarité Habitat (PSH) afin d'aménager et de viabiliser les bidonvilles de ces centres urbains.

B.2- La coopération décentralisée au développement rural

Elle constitue l'autre enjeu social du développement à travers la coopération décentralisée pour les nouvelles entités décentralisées béninoises. La coopération décentralisée au développement rural est une forme de coopération très particulière entre la France et ses partenaires africains qui sont pour la plupart ses anciennes colonies. Elle est ciblée sur le développement rural en Afrique subsaharienne et privilégie, le développement du secteur agricole qui dans cette zone " représente les deux tiers de l'emploi, 40% du PIB et la moitié des exportations"39(*). En effet, les domaines de prédilection de cette forme de coopération sont les suivants :

- l'appui au stockage et à la commercialisation des cultures maraîchères,

- l'élevage,

- les infrastructures rurales et les travaux hydrauliques,

- l'assistance technique et la formation agricole,

- le soutien aux micro-entreprises d'artisanat rural,

- l'aménagement rural et la protection de l'environnement, etc.

Aujourd'hui, un seul exemple de coopération décentralisée au développement rural est en phase d'application au Bénin, il s'agit du projet de soutien du conseil général de Vendée en France aux associations de développement rural à Kilibo au Bénin. Les données techniques sur ce projet ne nous sont pas accessibles. Cependant, il conviendrait de rappeler que des 77 communes que compte le Bénin après la mise en place du processus de la décentralisation et le redécoupage territorial qui s'en est suivi, il n'y a que 3 communes à statut particulier, les 73 autres étant des communes ayant vocation rurale.

La coopération décentralisée au développement rural constitue pour ces communes un enjeu de développement majeur dans la mesure où, au-delà de la logique d'appui ponctuel aux projets techniques dont elles ont été bénéficiaires dans le passé (construction de petits équipements, travaux d'infrastructures, chantiers, etc.) elles bénéficieront de l'appui aux dynamiques paysannes (appui au désenclavement rural, et à la commercialisation des produits agricoles, etc.) qui peuvent s'inscrire dans le cadre d'un ou plusieurs programmes. C'est là que l'interrogation de Bernard Husson lorsqu'il affirme que "Alors que la coopération décentralisée est jusqu'ici intervenue essentiellement selon une logique projet, ne trouverait-elle pas sa légitimité et son efficacité en se positionnant clairement en appui aux collectivités territoriales naissantes dans leurs missions propres dans leur dialogue avec les dynamiques associatives locales et leur État, oeuvrant ainsi à la construction d'un tel espace public" retrouve tout son sens.

En effet, la logique projet dans le domaine de la coopération décentralisée voudrait que des actions homogènes de coopération soient menées sur une courte durée et de façon ponctuelle en faveur des collectivités décentralisées du Sud sans pour autant se soucier à leur pérennité c'est-à-dire à leur durabilité dans les temps. La dimension temporelle des actions et des effets de ces actions n'est pas pris en compte dans cette logique.

Cette lacune pourrait se combler facilement selon Bernard Husson, si la coopération décentralisée dans sa nouvelle vision du développement dans les pays du Sud prend en compte la dimension temporelle c'est-à-dire opte pour une logique programme dans son approche.

La logique programme ne recouvre pas nécessairement un objectif matériel précis; il correspond plutôt à une orientation générale touchant à tel ou tel domaine d'intervention, et se définit pour une période annuelle ou pluriannuelle pour se décliner en plusieurs projets.

C'est celle logique que la coopération décentralisée dans sa nouvelle vision doit faire sienne selon le voeu de Bernard Husson et ceci pour la bonne cause du développement global des nouvelles entités décentralisées du Sud dont celles du Bénin.

II- La coopération décentralisée Multilatérale

Nous évoquerons ici le cas des futures communes béninoises dans les accords de Cotonou, c'est-à-dire les enjeux que présentent ces accords pour les nouvelles communes béninoises.

A- Les futures communes béninoises et l'accord de Cotonou

Depuis l'organisation des élections municipales qui ont vu consacrer le couronnement du processus démocratique, le Bénin s'est engagé dans ce qui a été décrit comme une délégation de pouvoirs ou, plus exactement, comme une décentralisation démocratique à savoir, des réformes institutionnelles visant à transférer des compétences, des ressources et des pouvoirs de décision à des instances locales élues démocratiquement.

Au Bénin, la formulation et la mise en oeuvre de cette nouvelle génération de programmes de décentralisation ont largement été soutenues par la communauté internationale, et les bailleurs de fonds de l'Union européenne sont devenus une source d'aide extérieure importante dans ce domaine. La plupart de l'aide extérieure destinée à la formulation et à la mise en oeuvre du programme de décentralisation et du processus de développement municipal qui leur sont liés, a été fournie par les bailleurs de fonds de l'Union européenne et les agences d'aide bilatérales, ainsi que par les ONG européennes et les collectivités locales et régionales.

En effet aujourd'hui, les espoirs placés dans la coopération décentralisée par les collectivités locales du Sud sont énormes «On attend de la coopération décentralisée qu'elle puisse stimuler ce mouvement et qu'elle sache proposer des modes d'intervention nouveaux adaptés aux réalités et aux défis qu'ont à relever les collectivités locales du Sud. En complémentarité avec les initiatives des agents locaux du développement, les collectivités locales du Sud sont naturellement destinées à devenir des moteurs privilégiés de la coopération décentralisée au sens de l'UE. La relative jeunesse des institutions locales et la fragilité des processus de démocratisation et décentralisation y font encore obstacle dans la plupart de ces pays. C'est certainement sur ce terrain que l'assistance des collectivités du Nord, est des plus nécessaires. »40(*) Mais attardons-nous à analyser l'apport de l'Union Européenne à la décentralisation, c'est-à-dire le rôle joué par cette institution en amont et en aval du processus de décentralisation au Bénin. En bref la question se pose de savoir quel est, en terme d'apports futurs, le rôle que peut jouer ou bien jouera l'accord de Cotonou dans la consolidation du processus de décentralisation en cours au Bénin.

A.1- L'aide à la décentralisation et l'accord de Cotonou: bases juridiques

Le 23 juin 2000, les 15 États membres de l'Union européenne et les 77 pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) ont conclu un nouvel accord de partenariat pour une durée de 20 ans, à Cotonou au Bénin : l'accord de Cotonou. Cet accord succède à la convention de Lomé IV qui est arrivée à son terme et est prévu pour être révisé tous les cinq ans. Il marque un changement important dans la coopération entre l'Union européenne et les Etats d'Afrique, Caraïbes et Pacifique (ACP). Avec ce nouvel instrument de coopération la base juridique de la coopération entre l'UE et les ACP a été remodelée. L'Accord de Cotonou introduit un certain nombre d'innovations en termes de concepts, de procédures et d'instruments, lesquels ont un impact sur la manière dont l'Union européenne, ses États membres et leurs partenaires en Afrique abordent la problématique de l'appui à la décentralisation. Il comprend cinq axes prioritaires.

1) En conformité avec les prescriptions de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), il vise désormais prioritairement à intégrer les pays ACP dans l'économie mondiale en libéralisant les échanges. Pour ce faire l'accord met notamment fin au Stabex et au Sysmin, mécanismes de stabilisation des prix qui garantissaient les recettes des exportations des pays ACP pour les produits agricoles (Stabex) et pour les produits miniers (Sysmin).

2) L'aide n'est plus automatique et dépend de la réalisation de performances (réformes institutionnelles, utilisation des ressources, réduction de la pauvreté, mesures de développement durable...) Chaque pays dispose d'une enveloppe qui couvre l'aide programmée sur la base d'une stratégie de coopération nationale (SCN).

3) La lutte contre la pauvreté, objectif central de l'accord, mêle les dimensions politiques (coopération régionale), économiques (développement du secteur privé, réformes structurelles et sectorielles), sociales (jeunes, égalité des chances), culturelles et environnementales de chaque pays.

4) Les populations concernées doivent être informées et consultées afin d'accroître la participation des acteurs économiques, sociaux et associatifs locaux à la mise en oeuvre des projets.

5) Un « dialogue politique » est prévu sur toutes les questions d'intérêt mutuel, aussi bien au niveau national, régional ou du groupe ACP. Des procédures sont instituées en cas de violation des droits de l'homme ou de corruption, notamment la suspension de l'aide.

L'Accord de Cotonou accorde à la Communauté européenne un mandat vaste et explicite pour s'engager dans la coopération en matière de décentralisation et de développement municipal.

Avec cet accord de nombreuses possibilités d'extension et de consolidation de la coopération ACP-UE en matière de décentralisation démocratique et de gouvernance locale nous sont fournies. Toutefois, l'accord ne fait que définir les objectifs, les instruments et les procédures en termes relativement généraux, en laissant une marge d'interprétation considérable.

Peu après sa signature de nombreuses questions ont été soulevées à propos des implications du nouvel accord, notamment sur la portée et la nature de la coopération ACP-UE en matière de décentralisation ou sur le futur rôle de la Communauté européenne en sa qualité de bailleur de fonds et d'acteur  dans ce nouveau domaine de la coopération au développement.

Voyons d'abord quels sont les instruments juridiques qui offrent à cet accord la possibilité de s'engager dans la coopération en matière de décentralisation et de développement municipal.

Ce sont deux principaux articles (article 6 et article 33) qui contiennent les dispositions les plus importantes pour la coopération ACP-UE dans ces nouveaux domaines de la coopération au développement. Rappelons pour toute fins utiles que, la fourniture d'un appui à la décentralisation démocratique constitue un domaine relativement nouveau de la coopération.

L'article 6 tout en définissant les acteurs de la coopération  reconnaît les autorités locales et régionales comme représentant une sphère spécifique de l'État et donc leur donne la possibilité d'être admis comme des partenaires potentiels de la coopération.

Il va s'en dire que, outre le seul gouvernement central la coopération au développement est dorénavant ouverte à une vaste gamme d'acteurs du développement. Les autorités locales béninoises (les élus locaux) auront avec l'accord de Cotonou, le statut d'interlocuteur direct de l'UE. Quant à l'article 33, il inclut des références explicites à la décentralisation comme un domaine d'appui important pour la réforme institutionnelle. À cet effet, il mentionne l'appui à la décentralisation politique, administrative, économique et financière comme un domaine stratégique de la coopération dans ce domaine (paragraphe 3f) ; et souligne enfin l'importance de reconstituer et d'augmenter la capacité du secteur public, notamment la capacité de mise en oeuvre de la politique de décentralisation au niveau local et municipal et d'accroître la participation (à partir de la base) de la population au processus de développement (paragraphe 4d).

Parallèlement, les articles 70 et 71 fournissent une base solide pour des approches  émanant de la base  en matière de coopération sur des thèmes liés à la décentralisation, au développement municipal et à la gouvernance, ainsi qu'une base pour la promotion des initiatives décentralisées en faveur de la réduction de la pauvreté et du développement local.

En effet, ces articles reflètent la ferme détermination d'encourager les initiatives décentralisées en faveur du développement local ainsi que des approches de formulation des politiques et des réformes émanant de la base.

À travers ces articles sont mis en valeur deux modalités de coopération qui ont été spécifiquement conçues dans la perspective de mieux répondre aux besoins des collectivités locales et de contribuer à une approche décentralisée de la coopération au développement: les micro réalisations et la coopération décentralisée.

L'usage de ces deux modalités est considéré comme une réponse aux besoins de développement des collectivités locales, et comme le moyen d'encourager les initiatives de développement prises par les  acteurs de la coopération décentralisée.

Ils reflètent la volonté de développer des modalités de coopération novatrices visant à promouvoir un développement participatif émanant de la base. Mais comment ces modalités sont-elles définies?

Les Micro réalisations visent à répondre aux besoins prioritaires exprimés et constatés des collectivités locales, avec la participation active de ces dernières, et sont conçues pour avoir un impact économique et social sur la vie des populations (par exemple, infrastructures et services des communes); elles sont mises en oeuvre avec l'aide matérielle et financière des collectivités locales (en tant que bénéficiaires).

La  coopération décentralisée  dans le contexte de la coopération ACP-UE se définit comme un autre type de coopération qui place les acteurs eux-mêmes au coeur du processus de coopération. Ce dernier peut inclure des collectivités territoriales ainsi qu'une vaste gamme d'acteurs non étatiques. Selon le guide d'opérationnalisation, cette nouvelle approche de la coopération s'articule autour de trois orientations stratégiques principales ou plates-formes d'intervention :

- Un appui aux processus de décentralisation, visant l'émergence de systèmes de gouvernance locale légitimes et efficaces.

- Un appui à des initiatives et dynamiques de développement local.

- Un appui au dialogue politique et social visant à assurer la participation en amont des acteurs locaux dans la formulation des politiques et la programmation.

En termes de procédures et d'instruments, les opérations doivent respecter les critères suivants :

1- la participation active de toutes les familles d'acteurs;

2- la collaboration et la complémentarité entre les acteurs;

3- une gestion décentralisée;

4- une approche processus;

5- la priorité accordée au renforcement des capacités et au développement institutionnel.

Selon l'article 71, l'assistance doit être accordée de préférence aux initiatives qui combinent les efforts et les ressources des acteurs décentralisés des États ACP et de l'Union européenne.

Quand bien même (nous le reconnaissons) les dispositions de l'Accord de Cotonou demeurent relativement générales, il importe de faire remarquer que la Commission européenne a fait des efforts considérables pour clarifier sa conception et son approche de la coopération décentralisée. 

A.2- Principales innovations de l'Accord de Cotonou en matière d'appui à la décentralisation démocratique

À la lumière du changement du paysage institutionnel et politique des pays ACP, l'Accord de Cotonou a su adapter au nouveau contexte de nouvelles stratégies et de nouveaux instruments de la coopération.

Par comparaison avec les conventions de Lomé qui l'ont précédé, ce nouveau cadre de la coopération attribue une importance bien plus marquée à la dimension politique du développement ainsi qu'à une approche pluraliste du partenariat. Conformément à l'accent mis sur la dimension politique du développement, l'Accord de Cotonou accorde la priorité aux processus de réformes politiques et institutionnelles (démocratie, décentralisation) et attribue une place de premier plan au dialogue portant sur les politiques avec les différents acteurs du développement. Le paragraphe 4 de l'article 9 en résume ainsi les implications pour les stratégies de coopération de la Communauté européenne : «La Communauté apporte un appui aux réformes politiques, institutionnelles et juridiques, et au renforcement des capacités des acteurs publics, privés et de la société civile, dans le cadre des stratégies qui sont décidées d'un commun accord entre l'État concerné et la Communauté.»

Ce nouvel axe stratégique offre de nouvelles perspectives de coopération dans le domaine de la décentralisation, du développement municipal et de la gouvernance locale.

Cette tendance se manifeste, à titre d'exemple, par la position centrale accordée au principe de bonne gouvernance ainsi qu'à travers l'accent opérationnel mis sur le dialogue portant sur les politiques et l'approche participative à la coopération au développement, ouverte désormais à une vaste gamme d'acteurs du développement, outre le seul gouvernement central.

En effet, les principes clés du nouveau partenariat s'annoncent en terme de participation et bonne gouvernance.

L'article 2 définit la participation comme un principe fondamental de la coopération ACP-UE et étend le partenariat à un vaste éventail d'acteurs, outre le gouvernement central.

Quant à l'article 9 il définit le néologisme de bonne gestion des affaires publiques ou  bonne gouvernance, comme « la gestion transparente et responsable des ressources humaines, naturelles, économiques et financières en vue du développement équitable et durable. » Ces articles contiennent des définitions et des orientations fondamentales pour la coopération, et leurs dispositions ont une incidence directe sur l'appui à la décentralisation et au développement municipal.

Hormis ces références directes aux micro-réalisations, à la décentralisation et aux collectivités locales, certaines priorités sont particulièrement mises en évidence dans l'accord de Cotonou et se révèlent être d'une importance vitale pour les collectivités locales béninoises.

B-Les autres priorités de l'accord de Cotonou et les perspectives

B-1 Les autres priorités de l'accord de Cotonou

a- Coopération en matière de réformes et de politiques macro-économiques et structurelles

La coopération en matière de réformes macro-économiques et structurelles inclut la formulation d'un cadre juridique pour la décentralisation fiscale, la conception de mesures directes pour améliorer la capacité des collectivités locales à mobiliser et à gérer les ressources (fiscales) ou l'identification de programmes et de modalités de subventions croisées entre circonscriptions.

Au Bénin s'il existe un cadre juridique pour la décentralisation fiscale, c'est bien celui de la loi n° 98-007 du 15 janvier 1999 portant régime financier des communes en République du Bénin. Cette loi dispose en ses articles 2 et 3 que : "Pour la mise en oeuvre de son autonomie financière et l'accomplissement de sa mission de développement, la commune est dotée d'un budget propre"; or le budget des nouvelles communes est essentiellement fiscal, par conséquent, l'autonomie financière projetée pour celles-ci passe d'abord et avant tout par la maîtrise des ressources fiscales (patentes et licences, contributions foncières des propriétés bâties et non bâties...) et des ressources non fiscales (produits des exploitations et des prestations), mais leur rendement est faible et leur recouvrement difficile.

Les collectivités locales béninoises étant pour la plupart dépourvues de ressources propres suffisantes pour une auto gestion raisonnée, il est évident que cette forme de coopération leur est une aubaine.

Celle-ci leur permettra de se lancer dans la conception et/ou l'amélioration de leur capacité à générer et à gérer leurs ressources propres. En bref nous pouvons affirmer que la mobilisation des ressources fiscales locales et leur gestion saine est d'une importance vitale pour les nouvelles communes béninoises. De leurs recouvrements et de leurs gestions saines dépendent la viabilité du processus. La Coopération en matière de réformes et de politiques macro-économiques et structurelles peut y contribuer.

b- Développement du secteur social et la préoccupation transversale des questions liées au genre

C'est dans la droite ligne de la priorité accordée à la lutte contre la pauvreté que la Commission européenne dans le cadre du nouvel accord de Cotonou, met un accent stratégique sur le développement du secteur social. Dans ce domaine L'UE entend appuyer les efforts des États ACP dans l'élaboration et la mise en oeuvre de politiques et de réformes sectorielles, dans le but d'améliorer la couverture, la qualité et l'accès aux infrastructures et aux services sociaux de base. Elle favorise la promotion de méthodes participatives de dialogue social.

Dans les pays mettant en oeuvre des programmes de décentralisation à l'échelon national ou sectoriel, la majeure partie de la coopération en matière de développement du secteur social prend la forme d'un appui direct ou indirect aux processus de décentralisation. Par ailleurs, la coopération « prend en compte les besoins locaux et les demandes spécifiques des groupes les plus vulnérables et les plus défavorisés » (article 25).

L'article 31 accorde aux questions liées au statut des femmes une place de premier plan en tant que nouveau thème transversal.

Il comporte un engagement envers le « renforcement des politiques et programmes qui améliorent, assurent et élargissent la participation égale des hommes et des femmes à tous les secteurs de la vie politique, économique, sociale et culturelle » et « l'amélioration de l'accès des femmes à toutes les ressources nécessaires au plein exercice de leurs droits fondamentaux ». La décentralisation démocratique peut contribuer à atteindre ces objectifs, à condition que celle-ci tienne compte des préoccupations liées au statut des femmes.

L'article 31 peut donc servir de base pour intensifier l'appui aux activités qui cherchent à renforcer la dimension genre dans la conception et la mise en oeuvre des programmes de décentralisation ainsi que les capacités des femmes à bénéficier de ces réformes.

De plus, ancrer les préoccupations liées au statut des femmes dans l'appui à la décentralisation et au développement municipal pourrait servir à véhiculer et à opérationnaliser le principe selon lequel « La coopération doit, en particulier, créer un cadre propre à intégrer les questions de genre et adopter une approche sensible à chaque niveau des domaines de coopération [...] encourager l'adoption de mesures positives spécifiques en faveur des femmes, telles que la participation à la vie politique nationale et locale [...] ».

B.2- Perspectives de la coopération décentralisée pour les communes béninoises

a- Par rapport aux politiques urbaines, à la gestion municipale et au PDM

De tout ce qui précède, on peut affirmer non moins sans réserve que le bilan, qui se dégage de la synergie d'action entre les projets de coopération décentralisée et le PDM, est positif. Mais il reste trop à envisager dans ce domaine dans la mesure où, certains champs du développement sont encore restés en jachère et ne font pas apparemment l'objet des priorités aussi bien des autorités des villes que de leurs partenaires.

La question du développement municipale doit être, à notre avis, comprise sous l'angle de l'appui aux axes prioritaires du développement.

Le développement municipal ne doit pas être sectaire, il est un tout cohérent qui nécessite que certains domaines n'en soit pas exclus, donc parents pauvres du système : il s'agit des domaines sensibles comme l'éducation et la santé, etc.

C'est précisément à ce niveau qu'intervient le rôle non moins négligeable des nouvelles collectivités locales dans la promotion du développement à travers la coopération décentralisée.

Dans le domaine des politiques urbaines et de la gestion municipale, les nouvelles collectivités territoriales doivent chercher à favoriser une meilleure prise en compte des problèmes locaux dans les circonscriptions urbaines, par un travail effectué en concertation avec tous les acteurs locaux concernés (instances municipales, société civile, administration d'état déconcentré, opérateurs). Les politiques municipales de coopération décentralisée doivent viser certains objectifs spécifiques dont entre autre:

- Le renforcement de la capacité de maîtrise d'ouvrage, entendue comme leur capacité à initier, élaborer, mettre en oeuvre et assurer le suivi de projets de développement local ;

- La meilleure planification du développement local ;

- Le renforcement des capacités économiques et financières des populations ;

- La dynamisation du tissu économique, social et culturel des populations ;

- Le renforcement de la concertation entre les habitants et l'échelon municipal ;

- Le renforcement des initiatives "de quartiers" engagées par les populations dans le domaine du développement local, social et économique, en s'appuyant sur des projets d'animation communautaire.

b- Par rapport à l'appui à la structuration du monde rural.

En effet, à partir du bilan des appuis existants et des enjeux sociaux de la coopération décentralisée pour le monde rural béninois, on peut aujourd'hui entrevoir les perspectives en terme de renforcement des démarches de développement local en milieu rural béninois. Cette démarche qui privilégie une approche d'aménagement de terroirs peut s'articuler autour de trois volets principaux :


· L'appui à des programmes d'investissements 

Il concerne les points suivants:

* Les aménagements fonciers: travaux anti-érosifs, aménagement de bas-fonds, hydraulique rurale et pastorale, petits périmètres irrigués ;

* Les équipements et infrastructures de base: forages et adduction d'eau, électrification rurale, infrastructures de stockage et de conservation, marchés locaux, services socio-éducatifs.

* Le développement d'activités économiques: appui à l'artisanat, construction de fermes avicoles.


· L'appui à l'organisation du monde rural

Dans l'hypothèse où il existe au sein des communautés rurales un programme de développement local, cet appui est nécessaire pour:

* Renforcer leur capacité à faire un diagnostic des besoins à partir d'une connaissance des potentialités et contraintes du milieu;

* Renforcer leur capacité à établir une programmation de développement local;

* Renforcer leur capacité à mettre en place des instances de décisions (prise de décision, réalisation, gestion et suivi des financements), en relation avec les services techniques locaux.


· L'appui à la mise en place de mécanismes de financements complémentaires cohérents et articulés. Plusieurs mécanismes et outils pourront être mis en place:

* L'expérimentation de fonds d'investissements locaux: contribution directe des populations, fonds de subvention des projets, produits des fiscalités locales

* La réflexion sur la notion de prêts aux associations villageoises et approche mutualiste.

c- De la nécessité d'articuler les perspectives entre le rural et l'urbain

De tout ce qui précède, il est important que, pour une meilleure coordination des actions sur le terrain, une bonne articulation des perspectives entre l'appui au monde rural et l'appui au développement municipal soit faite. Pour ce faire les collectivités territoriales doivent dans le cadre mise en oeuvre des projets de coopération décentralisée, envisager dans, une meilleure articulation entre le rural et l'urbain, un renforcement du partenariat entre les autorités communales et les acteurs de la société civile.

Par ailleurs afin d'être complémentaires, les actions de coopération décentralisée bilatérale et multilatérale et même les actions des agences de coopération internationales doivent se compléter dans la concertation et la synergie d'action, d'où le renforcement de l'articulation entre la coopération décentralisée et les programmes des autres acteurs de coopération.

Par rapport à l'accord de Cotonou

Par rapport à l'accord de Cotonou, il faut dire que ce bilan met en relief la diversité des expériences en matière de coopération décentralisée, et surtout montre qu'il s'agit d'un champ de réflexion et d'action en pleine évolution, qui offre des perspectives non encore exploitées. En effet rappelons pour toutes fins utiles que pour l'UE la coopération décentralisée contribue:

- à atteindre un développement économique et social durable en privilégiant l'idée que seul le développement "approprié" par les sociétés locales peut être durable et renforcer efficacement les besoins des populations, notamment en fonction de l'objectif de lutte contre la pauvreté;

- à consolider l'État de droit et la démocratisation en redonnant à la société civile le poids nécessaire vis-à-vis des sphères du politique et de l'économique. Pour ce faire le développement sur le long terme des capacités institutionnelles et techniques des organisations de la société civile, du monde social et économique, des pouvoirs locaux doit être au centre des politiques et programmes s'appuyant sur ces objectifs.

Le point commun à l'ensemble de ces approches c'est la recherche de modèles de coopération davantage centrés sur les individus et les acteurs sociaux et économiques de base, de modèles plus adaptés aux réalités et dynamiques locales, et par conséquent plus efficaces et viables.

Conclusion

«La coopération décentralisée est... un mode de coopération novateur dans ses orientations et ses formes d'intervention [...] elle ouvre un espace à d'autres acteurs, facilite la mobilisation des autres acteurs y compris les acteurs économiques.»41(*) En effet, si le développement ne doit pas se mesurer seulement à l'aune des performances économiques d'un pays et qu' «il est avant tout un processus politique qui ne peut être remplacé par des flux financiers extérieurs»42(*) alors, la démocratie elle doit se mesurer à l'aune de la participation des populations au processus de décision et de gestion. Et pour cela les libertés publiques locales sont et doivent être une priorité de chaque État central qui doit veiller à ce que les collectivités locales acquièrent leur autonomie à travers la délégation à elles faites de leurs droits fondamentaux. Il est évident que la décentralisation n'est pas la seule solution qui résoudrait tous les problèmes de développement qui se posent au Bénin. Cependant, dans la lutte contre la pauvreté, la décentralisation est supposée apporter aux populations les outils de décision et de gestion nécessaire pour leur implication dans la résolution des questions de développement qui se posent à elles.

En effet, selon Wendy S. Ayres, pour que la décentralisation donne de résultats probants et efficaces «il faut accorder les ressources nécessaires aux régions pauvres du pays considéré, mettre en place d'une part des mécanismes qui susciteront la participation des classes rurales démunies, et d'autre part des règles précises de contrôle par les citoyens et par le gouvernement central. Il faut en outre que le gouvernement s'occupe des trois dimensions (administrative, politique et fiscale) de la décentralisation.»43(*) C'est là tout le sens de l'apport de la coopération décentralisée à la réalisation des défis que la décentralisation impose aux nouvelles collectivités territoriales décentralisées béninoises.

ANNEXES

Récapitulatif de la coopération décentralisée bilatérale au Bénin

Il s'agit de la coopération décentralisée Franco-béninoise. Vieille de plus de quarante ans, la coopération décentralisée entre le Bénin et les communes françaises est essentiellement faite de partenariat sous forme de coopération-jumelage. Expression d'une solidarité Nord-Sud, la coopération jumelage unit les collectivités locales de pays industrialisés à celles des pays en voie de développement. Aujourd'hui, grâce à la naissance du concept de coopération décentralisée, l'action internationale des collectivités locales est reconnue et les initiatives se sont multipliées en France depuis les années 80 avec les lois de décentralisation, les collectivités territoriales françaises engagent ou soutiennent des actions humanitaires, des projets d'aide au développement ou encore apportent un soutien aux processus de décentralisation et de démocratisation, en Afrique.

À ce jour on peut affirmer sans le souci d'être contredit que ce sont les anciens jumelages franco-béninois qui ont institutionnellement évolué pour donner naissance à la coopération décentralisée bilatérale. Á la faveur de la démocratisation de la vie politique de nouvelles formes ont été introduites dans la pratique de coopération: l'appui politique et institutionnel aux collectivités béninoises. Aujourd'hui, alors que se construit la base de la décentralisation au Bénin Les échanges entre les nouvelles collectivités locales et leurs partenaires étrangers vont s'intensifier.

Le partenariat San de Cergy-Pontoise et Porto-Novo

Il s'agit d'un programme de jumelage franco-africain qui a été orienté vers l'appui à la décentralisation et a donné lieu à une convention de partenariat de coopération décentralisée. Cette convention qui lie la ville de Porto-Novo au syndicat d'agglomération nouvelle de Cergy-Pontoise en France a pour objet le renforcement et l'amélioration de la gestion urbaine de Porto-Novo. Signée depuis 1995, donc avant la décentralisation, elle visait à permettre à la ville de Porto-Novo de faire face à des responsabilités croissantes en matière de gestion urbaine. Dans cette optique, Cergy-Pontoise a apporté son concours technique et financier à Porto-Novo dans les domaines de la gestion urbaine, du développement économique, de la promotion de la francophonie, de la culture et des initiatives à la base. La ville de Porto-Novo a pu grâce à ce partenariat relever son niveau d'équipement public et commencer à se doter de nouveaux outils de gestion urbaine notamment le Programme Pluriannuel de développement et d'Investissement (PPDI). À travers le PPDI, les grands axes de la politique de la ville de Porto-Novo en matière de développement et d'investissement ont été définis, les investissements publics sont planifiés et programmés. Il est facile de constater qu'à travers ce programme la ville de Porto-Novo est bénéficiaire d'appui dans des domaines très variés du développement.

La coopération Lyon et la ville de Porto-Novo

Une délégation conduite par le maire de Porto-Novo, M. Bernard Dossou, s'est rendue en France, du1erau 19 octobre 2003, afin de consolider les relations de coopération entre la capitale béninoise et les villes de Lyon et de Cergy-Pontoise. Cette visite a également permis d'approfondir les liens d'amitié qui unissent Porto-Novo à des villes comme Maux ou Mantes-La-Jolie. A l'occasion de ce séjour, la municipalité de Porto-Novo a également pu établir de nouveaux liens avec des villes comme Toulouse, Le Havre, Lille et Bordeaux.

Le partenariat Orléans et la ville de Parakou

Le partenariat entre les villes d'Orléans et de Parakou a débuté en 1993 et a porté sur l'exécution de trois conventions (1993-2002) articulées autour de la coopération institutionnelle, du conseil en maîtrise d'ouvrage, de l'appui aux investissements et d'actions diverses de coopération. Sur la durée des trois conventions, 726.619,24 €, soit 476.341.782 Fcfa ont été affectés aux réalisations du partenariat, marqué par une forte implication de toutes les parties. Une récente évaluation externe a abouti à une appréciation globalement positive de l'action mise en oeuvre au cours de la décennie écoulée, reconnaissant par-là même la qualité du travail issu de cette collaboration.

Le partenariat Champagne-Ardenne et la ville de Parakou

Après un premier partenariat de coopération avec le Togo débuté dès 1987, la Région Champagne-Ardenne a souhaité à partir de 1993 donner à son action de coopération décentralisée une dimension sous-régionale en initiant une nouvelle coopération avec le Bénin voisin. L'opérateur est l'Institut Régional de Coopération-Développement (IRCOD), créé spécialement pour mettre en oeuvre les actions programmées au Togo et au Bénin. Une antenne locale a été ouverte à Parakou dès la première année, à partir de laquelle sont coordonnées l'ensemble des activités, en liaison avec le siège de l'IRCOD basé à Châlons-en-Champagne. Au Bénin, l'IRCOD agit principalement dans trois domaines : l'appui à l'initiative privée dans les secteurs de l'artisanat, de l'agriculture et de l'élevage ; l'appui aux activités féminines telles que la production maraîchère et la transformation agro-alimentaire; le partenariat industriel.

Le partenariat Cotonou et Créteil

Le Maire de Cotonou, Nicéphore Dieudonné Soglo, et le président du Comité de jumelage de la ville de Créteil, M. Denis Dangaix, ont signé un Accord cadre visant à approfondir le partenariat entre les deux villes, le vendredi 12 septembre 2003. Outre une collaboration entre l'hôpital intercommunal de Créteil et le CNHU de Cotonou, cet accord prévoit une coopération en matière de politique touristique ainsi que la construction du marché de Sainte-Rita, à cheval sur les 8ème et 9èmearrondissements de la capitale économique béninoise.

Le partenariat Melun et la ville de Ouidah

Melun, chef-lieu de département et 191ème ville de France en termes de démographie, a souhaité en 2000 s'ouvrir à la coopération décentralisée, démarche concrétisée depuis le 4 septembre 2002. S'en remettant à « Cités-Unies France », première organisation de collectivités françaises engagées dans des actions de coopération décentralisée, Melun s'est vu proposer comme pays partenaires, au choix, la Guinée Conakry et le Bénin. Au terme d'une première mission exploratoire en décembre 2001, le choix de Melun s'est porté sur le Bénin, puis sur Ouidah, en février 2002. Le 20 septembre 2003, une délégation conduite par le maire de Ouidah, M. Pierre Badet, a procédé à la signature d'une convention avec la ville de Melun. Son homologue français s'est quant à lui rendu fin octobre de la même année au Bénin, accompagné d'une vingtaine de melunais. Les principaux points de cet accord de partenariat sont l'appui institutionnel, les échanges culturels, scolaires et sportifs, l'appui aux acteurs économiques locaux ainsi que la santé publique.

Le partenariat ville franche-sur-Saône et la ville de Kandi

Ville franche-sur-Saône, commune urbaine du Beaujolais forte de 30 000 habitants, s'est ouverte au concept de coopération décentralisée sous l'impulsion de son maire actuel, M. Jean-Jacques PIGNARD. A la suite d'un voyage exploratoire effectué par ce dernier en 2000, Kandi a été retenu et le conseil municipal a validé un premier accord triennal de partenariat de coopération décentralisée le 22 juin 2001. La commune a depuis dépensé 23 000 euros en actions de coopération diverses, sans compter les frais de déplacement et l'accueil des personnes. La durée de la convention initiale étant parvenue à son terme, une nouvelle convention (2003-2005) a été validée dernièrement par les deux parties. Dans cette perspective, une importante délégation de Ville franche s'est rendue à Kandi, du 25octobre au 3 novembre, séjour au cours duquel plusieurs manifestations ont été organisées, en présence du maire de Kandi, le Dr. Alassane SEIDOU et de l'Honorable député Sacca KINA, premier vice-Président de l'Assemblée nationale et vice-Président de l'Association de Développement de Kandi « Iri Bonsé ».Au centre de ce partenariat, le projet d'appui au développement local de la commune de Kandi comprend cinq volets principaux : l'appui institutionnel aux structures communales, l'appui à l'hygiène et à l'assainissement, l'appui à la scolarisation aux niveaux primaire et secondaire, l'appui au développement social et culturel ainsi que le développement des échanges.

Un certain nombre d'initiatives tels que le soutien au Centre de lecture publique et d'alphabétisation de Kandi, la participation à la construction d'une maison de la Radio, ou encore la formation du personnel et des élus municipaux sont autant d'exemples de la richesse et de la diversité des projets unissant les deux communes.

L'association « Ville franche -Kandi », rassemble même, depuis octobre 2003, des individus de la société civile issus de la communauté de communes de l'agglomération de Villefranche-sur-Saône (CCAV), dans le but de mettre en oeuvre des échanges dans tous les domaines sociaux et culturels, sur la base de la réciprocité

De tout ce qui précède nous pouvons nous poser la question de savoir quelles sont les perspectives de la coopération décentralisée bilatérale pour les nouvelles collectivités territoriales béninoises?

TEXTES LEGISLATIFS REGISSANT LA DECENTRALISATION AU BENIN

Le cadre juridique qui a balisé le processus de décentralisation au BENIN est constitué de cinq principales lois votées et promulguées sur la base des dispositions de la Constitution du 11 décembre 1990:

1-La Loi n° 97-028 du 15 janvier 1999 portant organisation de l'Administration Territoriale de la République du Bénin ;

2-La Loi n° 97-029 du 15 janvier 1999 portant organisation des Communes en République du Bénin ;

3-La Loi n° 98-005 du 15 janvier 1999 portant organisation des Communes à Statut particulier ;

4-La Loi n° 98-006 du 9 mars 2000 portant régime électoral communal et municipal en République du Bénin ;

5-La Loi n° 98-007 du 15 janvier 1999 portant régime financier des Communes en République du Bénin.

Deux autres lois et quelques décrets s'y sont ajoutés pour compléter la panoplie de l'arsenal juridique sur la décentralisation au Bénin.

6- Loi n° 2000-18 du 03 janvier 2001 portant règles générales pour les élections en République du Bénin

7- Loi n° 65-25 du 24 août 1965, portant organisation du régime de la propriété foncière au Dahomey.

*-Décret N° 2001-409 du 15/10/2001 portant composition, attributions et fonctionnement de la Conférence administrative Départementale.

*-Décret N° 2001-410 du 15 octobre 2001 portant modalités d'application de la loi n° 98-006 du 9 mars 2000 portant régime électoral communal et municipal en République du Bénin.

*-Décret N° 2001-411 du 15/10/2001 portant composition, attributions et fonctionnement du Conseil Départemental de Concertation et de Coordination et fixant le taux des indemnités de session et des frais de déplacement de ses membres.

*-Décret N° 2001-412 du 15/10/2001 Portant statut du Secrétaire général de mairie.

*-Décret N°2000-413 du 15/10/2001 portant: modalités d'avance de trésorerie aux Communes de la République du Bénin

*-Décret N° 2001-414 du15/10/2001 du fixant le cadre général du règlement intérieur du conseil communal.

*-Décret N° 2001-415 du 15/10/2001 fixant la forme et les couleurs de 1'insigne distinctif des membres des Conseils communaux ou municipaux.

Une autre loi portant sur la Fonction Publique Territoriale est prévue plus tard.

SIGLES ET ABREVIATIONS

ACP: Afrique Caraïbe Pacifique

BAD: Banque Africaine de Développement

BM: Banque Mondiale

BOA: D Banque Ouest Africaine de Développement

CIDCL: Le Centre d'Information et de Documentation sur les Collectivités Locales

DAE : Direction de l'Administration d'État

DATC: Direction de l'Administration Territoriale et des Collectivités

DCL: Direction des Collectivités Locales

DDC: Direction du Développement et de la Coopération

DGAT: Direction Générale de l'Administration Territoriale

FED: Fonds Européen de Développement

FMI: Fonds Monétaire International

FSP: Fonds de Solidarité Prioritaire

MCL: Maison des Collectivités Locales

M D: Mission de Décentralisation

MISAT: Ministère de l'Intérieur, de la Sécurité et de l'Administration Territoriale

ONG: Organisation Non Gouvernementale

PSH: Programme de Solidarité Habitat

RFU: Registre Foncier Urbain

SCN: Stratégie de Coopération Nationale

TDL: Taxe de Développement Local

UE: Union-Européenne

Eléments Bibliographiques

1.1-) Ouvrages

BOISMENU Isabelle de (sous la dir. de), LEVY Marc (collab), MONGBO Roch (collab.), Développement local urbain : Coopération décentralisée : Les leçons béninoises : Expériences et bilan d'une nouvelle approche du développement, Paris, Gret, 1999.

CEDIDELP, GEMDEV, Coopération et solidarité internationale : éléments bibliographiques, Paris, RITIMO, octobre 1997.

La coopération décentralisée dans les pays ACP 1996, Paris, Ministère de la coopération, 1996

La coopération décentralisée : cadre et outils juridiques, aspects institutionnels et relations contractuelles, Paris, Hermès Science Publications, octobre 1997.

La coopération française en question, Bibliothèque Publique d'Information, Mars 1997

Curé Christian l'approche de l'Union Européenne en matière de coopération décentralisée in villes en développement n°29, Décembre 1994

DOUXCHAMPS Francis (sous la dir. de), Coopération décentralisée : Une approche européenne nouvelle au service du développement participatif: Etude méthodologique, Bruxelles, COTA, novembre 1996.

Gentil Dominique Coopération et décentralisation l'avanture ambigue in la coopération française en question Bibliothèque Publique d'Information

GENTIL Dominique & HUSSON Bernard, La décentralisation contre le développement local? In Rapport de l'Observatoire permanent de la coopération française, Paris, Desclée de Brouwer, juin 1996.

Guichaoua A. et Y. Goussault, Sciences sociales et développement, Armand Colin, 1993

IRFED, Développement local, décentralisation et acteurs locaux, Paris, RITIMO, octobre 1997.

Introduction au Guide de la Coopération Française, échanges et partenariats internationaux des collectivités territoriales. La documentation française. Novembre 2000.

JACOB Jean-Pierre, "L'enlisement des réformes de l'administration locale en milieu rural africain. La difficile négociation de la décision de décentraliser par les Etats et les intervenants externes", in "Les dimensions sociales et économiques du développement local et la décentralisation en Afrique au Sud du Sahara", Bulletin de l'APAD, n° 15, mai 1998.

LEMARCHAND René, "La face cachée de la décentralisation : réseaux, clientèles et capital social", in "Décentralisation, pouvoirs locaux et réseaux sociaux", Bulletin de l'APAD, n° 16, décembre 1998.

MASSIAH Gustave exposé introductif aux assises internationales de la coopération décentralisée avec l'Afrique in l'Afrique Municipale (PDM ouest) vol.1 n° 5 Février 1996

Nach Mback Charles Décentralisation en Afrique: enjeux et perspectives in Afrique contemporaine N° spécial 3e trimestre 2001

Perier J. P. Coopération décentralisée : nouvel espace public local , compte rendu de la rencontre débat du 13 décembre 2000 in la lettre de la Cade N°41-janv 2001

PETITEVILLE Franck. La coopération décentralisée : les collectivités locales dans la coopération Nord-Sud , Paris, l'Harmattan, 1996.

1.2-) Articles

Ayres Wendy S. Aide à la décentralisation: le rôle et l'expérience de la Banque mondiale in Décentralisation et développement, écrits sur le développement N° 2, DDC, janv. 1999.

Bernard Husson (Ciedel) La coopération décentralisée, légitimer un espace public local au Sud et à l'Est in traverses n° 7

Cart Henri-philippe vice-directeur de la DDC in Décentralisation et développement, écrits sur le développement N° 2, DDC, janv. 1999

CIEPAC, Elus et populations en développement local : le partage du pouvoir ? Atelier bilan de Dakar (1998).

PROCOOP, La coopération décentralisée a-t-elle un avenir? Strasbourg, PROCOOP, 1999

Lebris Emile » La laborieuse construction d'un nouvel espace public» introduction au thème « la construction municipale en Afrique» in politique Africaine n°74 Juin 1999

Villes et développement, arguments pour une stratégie de l'aide relevant le défi urbain, document de travail interministériel français, suite à la réunion des agences internationales et bilatérales d'aide au développement à Ottawa (19-21 octobre 1988).

PRINCIPAUX SITES INTERNET CONSULTES

1) http://europa.eu.int/comm/development/body/cotonou/agreement/agr32_fr.htm

Dernière consultation le 12 janvier 2004

2) http://www.jhu.edu/~istr/conferences/dublin/abstracts/koba-leandre.html

Dernière consultation le 12 janvier 2004

3) http://www.cites-unies-france.org/html/bibliotheque/pdf/CD-franco-beninoise.pdf.

Dernière consultation le 12 janvier 2004

4) http://www.google.fr/search?q=cache:nfq-8Ay_nw8J:www.cota.be/cota/concepts_02.php+coop% C3%A9ration+administrative+et+coop%C3%A9ration+d%C3%A9centralis%C3%A9e&hl=fr&ie=UTF-8

Dernière consultation le 12 janvier 2004

5) http://www.resacoop.org/ftp/transverses.pdf

Dernière consultation le 12 janvier 2004

6) http://www.cenabenin.org/Loi98007.htm

Dernière consultation le 12 janvier 2004

7) http://www.ecdpm.org/Web_ECDPM/Web/Content/FileStruc.nsf/index.htm?ReadForm&F876399FB214D3B0C1256C8B0035CDD7

Dernière consultation le 12 janvier 2004

8) http://www.ecdpm.org/Web_ECDPM/Web/Content/FileStruc.nsf/index.htm?ReadForm&F876399FB214D3B0C1256C8B0035CDD7

Dernière consultation le 12 janvier 2004

9) http://membres.lycos.fr/eauvive/Fichiers%20PDF/EVA30.pdf

Dernière consultation le 12 janvier 2004

10) http://www.cota.be/cota/concepts_liens.php

Dernière consultation le 12 janvier 2004

Table des matières

Introduction ............................................................................P. 1

Problématique ...........................................................................P. 3

Première partie: Décentralisation et coopération décentralisée au Bénin : Consécration

institutionnelle et objectifs ..............................................................P.7

.

Chapitre premier: Revue historique .....................................................P.8

I- Ancrage historique ..............................................................P.8

A- Coopération et décentralisation avant la conférence .................................P.8

A.1- Coopération et décentralisation sous l'ère coloniale ...........................P.8

A.2- Coopération et décentralisation après l'indépendance (1960-1972) ...........P.8

A.3- Coopération et décentralisation sous la révolution populaire (1972-1990 ) ....................P.9

B- Coopération et décentralisation après la conférence

B.1- Démocratie, décentralisation et coopération sous l'ère du renouveau .....................P.9

B.2- Décentralisation démocratique: contrainte exogène et/ou endogène? ...................P.9

II- Les Réformes: Objectifs, acteurs et rôles dans le nouveau processus de décentralisation coopération décentralisée ...........................................................................P.11

A- Les objectifs aux réformes ..............................................................P.11

A.1- Les avantages attendus de la décentralisation .............................................P.12

A.2- Décentralisation facteur de dynamisation de la coopération décentralisée .............P.13

B- Les acteurs et leurs rôles ..................................................................P.14

B.1- Les acteurs nationaux et leurs rôles ...............................................P.14

B.2- Les partenaires au développement et leur rôles ..............................................P.15

Chapitre deuxième: Coopération décentralisée et réformes décentralisatrices au Bénin ......P.17

I- Les réformes décentralisatrices ..............................................................P.17

A- Les réformes institutionnelles ................................................................P.17

A.1- Conception préparation et suivi du processus de décentralisation au Bénin ..................P.17

A.2- Le fond des réformes prévues par la loi ...................................................P.19

B- Le cadre juridique de la coopération décentralisée .......................................P.20

B.1- Des lacunes juridiques par rapport à la coopération décentralisée ............................P.21

B.2- De la nécessité de combler le vide juridique en matière de coopération décentralisée .......P.23

II- Définition des concepts de décentralisation et de coopération décentralisée ....................P.24

A.- Définitions ......................................................................................P.24

A.1- Décentralisation ..........................................................P.24

A.2- Coopération décentralisée ...................................................P.25

B- Origines et finalité de la coopération décentralisée au Bénin ..................................P.26

B.1- Origines ......................................................................P.26

B.2- Finalité ..........................................................................P.27

Deuxième partie: Décentralisation et coopération décentralisée au Bénin: enjeux, bilan et

Perspectives ............................P.28

Chapitre premier: Décentralisation et coopération décentralisée au Bénin: un couple en

formation ......... ......................................P.29

I- Démocratie et décentralisation: atouts pour les collectivités locales .................. ........P.29

A- Le transfère de compétence ...............................................................P.30

A.1- Développement économique et local, aménagement habitat et urbanisme ....................P.30

A.2- Infrastructures, équipements et transports, environnement, hygiène et salubrité. ..............P.31

B- Le renforcement des capacités locales ........................................................P.31

B.1- Liens entre la coopération décentralisée et la décentralisation au Bénin .....................P.32

II- Décentralisation, espace public local et légitimité de la coopération décentralisée au

Bénin ........................................................................................ ......P.32

A- Espace public local et développement au Bénin ..............................P.37

A.1- Collectivité territoriale et espace public local essai de définition .................P.37

A.2- Décentralisation, espace public local et logique participative au Bénin ......................P.34

B- Légitimité et rôle de la coopération décentralisée ............................P.37

B.1- La légitimité des communes et de la coopération décentralisée ..........................P.37

B.2-Le rôle de l'État et propositions de réformes ..................................P.41

Chapitre deuxième: Enjeux, Bilan et Perspectives de la coopération décentralisée au Bénin ........P.44

I- Les enjeux de la coopération décentralisée bilatérale pour les nouvelles collectivités

béninoises ..................................................................P.44

A- Les enjeux institutionnels et structurels .......................................P.46

A.1- La coopération administrative et le renforcement de la démocratie locale .................P.46

A.2- Le développement local et la gestion locale institutionnelle ............P.49

B- Les enjeux sociaux de la coopération décentralisée ......................................P.52

B.1- Le développement urbain et municipal: la gestion urbaine ..............................P.52

B.2- La coopération décentralisée au développement rural ..................................P.54

II- La coopération décentralisée Multilatérale ....................................P.55

A- Les futures communes béninoises et l'accord de Cotonou .......................P.55

A.1- L'aide à la décentralisation et l'accord de Cotonou, bases juridiques .....P.55

A.2- Principales innovations de l'Accord de Cotonou en matière d'appui à la décentralisation

démocratique ............................................................................P.57

B- Les autres priorités de l'accord de Cotonou et perspectives ..................P.58

B.1- Les autres priorités de l'accord de Cotonou ......................................P.58

B.2- Perspectives de la coopération décentralisée pour les communes béninoises ..............P.59

Conclusion .......................................................................P.61

* 1 Bernard Husson (Ciedel) La coopération décentralisée, légitimer un espace public local au Sud et à l'Est in traverses n° http://www.gret.org/ressource/traverses/pdf/traverse_7.pdf

* 2 Bernard Husson (Ciedel) La coopération décentralisée, légitimer un espace public local au Sud et à l'Est in traverses n° http://www.gret.org/ressource/traverses/pdf/traverse_7.pdf

* 3 Henri-Philippe Cart Vice-directeur de la DDC in Décentralisation et Développement Ecrits sur le développement DDC 1999

* 4 Pallman :DEZA-Strategie f ür Sociale Entwicklung, Entwurf 7.1.98

* 5 http://membres.lycos.fr/eauvive/Fichiers%20PDF/EVA30.pdf

* 6 Hamadoun Bocar Cissé, Souleymane Idrissa Maiga, et Stan Bartholomeeussen

Liens entre la décentralisation et la coopération décentralisée au Mali
http://www.ecdpm.org/Web_ECDPM/Web/Content/FileStruc.nsf/index.htm?ReadForm&F876399FB214D3B0C1256C8B0035CDD7

* 7 Hamadoun Bocar Cissé, Souleymane Idrissa Maiga, et Stan Bartholomeeussen

Liens entre la décentralisation et la coopération décentralisée au Mali

http://www.ecdpm.org/Web_ECDPM/Web/Content/FileStruc.nsf/index.htm?ReadForm&F876399FB214D3B0C1256C8B0035CDD7

* 8 Banque mondiale, " Decentralization, Fiscal Systems, and Rural Development "

* 9 Henri-philippe Cart vice-directeur de la DDC in Décentralisation et développement, écrits sur le développement N° 2, DDC, janv. 1999

* 10 Loi n° 98-007 du 15 janvier 1999 portant régime financier des Communes en République du Bénin

http://www.cenabenin.org/Loi98007.htm

* 11 (Art 1 de la loi N° 98-007 du 15 janvier1999).

* 12 Ibidem art 87 à 92 et art 93 à 96

* 13 Bernard Husson (Ciedel) La coopération décentralisée, légitimer un espace public local au Sud et à l'Est in traverses n° 7

* 14 Charles Nach Mback Décentralisation en Afrique: enjeux et perspectives in Afrique contemporaine N° spécial 3e trimestre 2001

* 15 Emile Lebris » La laborieuse construction d'un nouvel espace public» introduction au thème « la construiction municipale en Afrique» in politique Africaine n°74 Juin 1999

* 16 Bernard HUSSON  «coopération décentralisée légitimer un espace public local au Sud et à l'Est » in Traverse n°7 http://www.resacoop.org/ftp/transverses.pdf P.6

* 17 Bernard Husson (Ciedel) La coopération décentralisée, légitimer un espace public local au Sud et à l'Est in traverses n° 7

* 18 Bernard Husson (Ciedel) La coopération décentralisée, légitimer un espace public local au Sud et à l'Est in traverses n° 7

* 19 Ibidem

* 20 Dominique Gentil Coopération et décentralisation l'avanture ambigue in la coopération française en question Bibliothèque Publique d'Information

* 21 Bernard Husson (Ciedel) La coopération décentralisée, légitimer un espace public local au Sud et à l'Est in traverses n° 7

* 22 Ibidem

* 23 Ibidem

* 24 Ibidem

* 25 Gustave MASSIAH, exposé introductif aux assises internationales de la coopération décentralisée avec

l'Afrique Strasbourg 21-22 nov. 1994 in Afrique municipale (PDM ouest) vol. n°5 février. 1996

* 26 La coopération décentralisée : définition et objectifs

http://www.cites-unies-france.org/html/bibliotheque/pdf/CD-franco-beninoise.pdf.

* 27 La coopération décentralisée définitions et objectifs

http://www.cites-unies-france.org/html/bibliotheque/pdf/CD-franco-beninoise.pdf.

* 28 J. P. Perier Coopération décentralisée : nouvel espace public local , compte rendu de la rencontre débat du 13 décembre 2000 in la lettre de la Cade N°41-janv 2001

* 29 Bernard Husson (Ciedel) La coopération décentralisée, légitimer un espace public local au Sud et à l'Est in traverses n° 7 http://www.gret.org/ressource/traverses/pdf/traverse_7.pdf

* 30 Vincent Kwame Koba, Onikpo Léandre in Rôle de la Société Civile et des ONG dans le processus de Démocratie au BENIN http://www.jhu.edu/~istr/conferences/dublin/abstracts/koba-leandre.html

* 31 Charles Nach Mback Décentralisation en Afrique: enjeux et perspectives in Afrique contemporaine N° spécial 3e trimestre 2001 p. 97

* 32 Introduction au Guide de la Coopération Décentralisée, échanges et partenariats internationaux des collectivités territoriales. La documentation française. Novembre 2000 P.11

* 33 Introduction au Guide de la Coopération Française, échanges et partenariats internationaux des collectivités territoriales. La documentation française. Novembre 2000 P. 23

* 34 Idem.

* 35 A. Guichaoua et Y. Goussault, Sciences sociales et développement, Armand Colin, 1993, P.P.132-133.

* 36 Cf. Villes et développement, arguments pour une stratégie de l'aide relevant le défi urbain, document de travail interministériel français, suite à la réunion des agences internationales et bilatérales d'aide au développement à Ottawa (19-21 octobre 1988), P. 5

* 37Franck PETITEVILLE La coopération décentralisée, les collectivités locales dans la coopération Nord-Sud , l'Harmattan 1995 p.53

* 38 ibidem P.92

* 39 Idem P.170

* 40 Christian Curé l'approche de l'Union Européenne en matière de coopération décentralisée in villes en développement n°29, Décembre 1994

* 41 Gustave MASSIAH exposé introductif aux assises internationales de la coopération décentralisée avec l'Afrique in l'Afrique Municipale (PDM ouest) vol.1 n§ 5 Février 1996

* 42 Henri-philippe Cart vice-directeur de la DDC in Décentralisation et développement, écrits sur le développement N° 2, DDC, janv. 1999

* 43 Wendy S. Ayres Aide à la décentralisation: le rôle et l'expérience de la Banque mondiale in Décentralisation et développement, écrits sur le développement N° 2, DDC, janv. 1999 P 72






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"Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots"   Martin Luther King