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Décentralisation et coopération décentralisée au Bénin: Vers la légitimation des espaceds publics locaux pour le developpement des collectivités locales

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par cassius jean SOSSOU BIADJA
Université de Genève Institut Universitaire d'Etudes en Développement - DEA 2004
  

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Chapitre deuxième: Enjeux, Bilan et Perspectives de la coopération décentralisée au Bénin

À la faveur de la législation sur la décentralisation, les nouvelles entités territoriales décentralisées béninoises ont acquis une véritable autonomie en matière d'autogestion. Elles peuvent dès lors se prendre en charge quant à la gestion du budget municipal, à la direction des affaires de la municipalité, à la prise de décisions autonomes, au choix discrétionnaire de leurs partenaires et du mode de partenariat, bref, elles ont acquis une véritable autonomie en matière de coopération.

Sur le plan de la coopération décentralisée elles peuvent y intervenir librement dans le cadre de leurs compétences, sous la réserve bien évidemment du respect des engagements internationaux du Bénin et de l'interdiction de contracter avec un pays étranger.

À ce jour aucun bilan exhaustif ne permet de dire exactement combien de collectivités territoriales où leurs associations sont en accord de partenariat, entrepris sous l'angle de la coopération décentralisée. Cependant, croire que sous la centralisation démocratique, tous les domaines explorables du développement l'ont été et que la coopération décentralisée n'a plus rien à offrir aux collectivités territoriales béninoises serait illusoire. Á l'état actuel des choses, plusieurs domaines sont encore à explorer et/ou à renforcer. Á la lumière des exemples de coopération décentralisée passée ou en cours nous essayerons de mettre en évidence tout le potentiel de la coopération décentralisée, potentiel que nous analyserons en terme d'atouts pour les collectivités territoriales béninoises.

Bref Gustave MASSIAH affirmait que: "L'enjeu majeur de la coopération décentralisée est celui de la mise à l'échelle à partir de l'expérimentation et des projets pilotes, il s'agit de passer à une coopération qui travaille en vraie grandeur, à l'échelle des besoins et des aspirations des populations".25(*) En effet, dans le contexte actuel de la décentralisation, la coopération décentralisée offre aux communes béninoises des atouts de développement très importants qui doivent répondre aux besoins et aux aspirations des populations. À partir des exemples déjà existants sur le terrain nous analyserons ces enjeux selon les deux approches de la coopération décentralisée.

I- Les enjeux de la coopération décentralisée bilatérale pour les nouvelles collectivités béninoises

"A un moment où l'importance du local s'affirme, à travers les politiques de décentralisation en cours dans les pays partenaires d'Afrique de l'Ouest, la coopération décentralisée privilégie une approche du développement de proximité, intervenant sur des échelons appropriés pour la définition et la mise en oeuvre de stratégies de développement "à la base" ou de "développement local".26(*)

En effet, la coopération décentralisée envisagée sous l'angle du rapport de partenariat Nord-Sud entre deux entités territoriales offre aux collectivités locales des pays du sud des opportunités, sans nul doute, énormes.

Celles-ci, lorsqu'elles sont appréhendées dans le contexte de la décentralisation comme processus d'accompagnement de l'effort démocratique, contribuent à ne point en douter, à l'amélioration des conditions de vie des populations, à travers une prise en charge autonome de leur capacité de décision en de gestion.

La coopération décentralisée bilatérale est susceptible d'accompagner le processus de démocratisation par les initiatives qu'elle peut susciter au niveau local.

Mais en fait quel rôle la coopération décentralisée bilatérale peut-elle jouer dans le contexte actuel de la décentralisation/démocratisation ? C'est la coopération franco-béninoise qui nous sert de référentiel pour l'analyse des enjeux de cette forme de coopération.

Contexte et caractéristiques de cette coopération

Au Bénin la coopération bilatérale décentralisée est intervenue depuis toujours dans un contexte de centralisation politique et a été aussi toujours dominée par les rapports de coopération qui ont prévalu entre la France et le Bénin.

Le groupe-pays Bénin de Cités Unies France en a dressé un bilan que voici.

"Les partenariats de coopération décentralisée franco-béninois sont au nombre d'une douzaine dont la plupart sont réunis au sein du groupe-pays Bénin de Cités Unies. Ce groupe est marqué par une assez grande homogénéité dans sa démarche de coopération. Tant en milieu rural qu'urbain, la coopération décentralisée se fonde sur une approche globale du milieu partenaire par le biais de programmes pluriannuels de développement local. Ceux-ci visent à renforcer les capacités techniques, humaines des collectivités locales partenaires et à promouvoir des actions d'amélioration du cadre de vie des populations. Il est à noter que les cinq (5) principales circonscriptions urbaines béninoises sont en relation de coopération avec des villes françaises. Elles bénéficient chacune d'une démarche d'appui à la municipalité grâce à la mise en place d'outils de planification et de fiscalité (Registre Foncier Urbain -RFU-) et à des programmes de formation des cadres municipaux. A titre d'exemple, on peut citer le programme de formation des agents communaux (une centaine) mis en place dans le cadre du partenariat Cotonou/Créteil. A plusieurs reprises, les villes françaises ont exprimé leur volonté de mutualiser leurs expériences et savoir-faire et ce, notamment, en matière de formation du personnel communal. Il s'agirait de promouvoir des actions concertées, voire communes, destinées à l'ensemble des villes béninoises ayant prioritairement des partenaires français. Il y a lieu très certainement de rechercher également une plus forte collaboration avec le programme d'appui à la décentralisation et à la gestion urbaine de la Coopération française.

Les programmes des autres partenaires au développement intervenant en

matière d'appui à la décentralisation au Bénin.

D'une manière générale, les projets de coopération décentralisée sont multisectoriels, et concernent tous les domaines permettant d'améliorer les conditions de vie des populations.

En milieu rural la plupart des projets concernent les secteurs suivants: Appui au développement agricole (amélioration de la production, circuits de commercialisation, appui aux associations de producteurs, aménagement de pistes villageoises) - Aménagements hydro-agricoles - Infrastructures socio-sanitaires - Adduction d'eau. Un fonds de solidarité prioritaire (FSP) est prévu pour la période 2001-2003.

En milieu urbain - Appui à la gestion municipale : renforcement des services municipaux, formation des agents communaux, appui à l'équipement - Promotion de petites activités économiques - Projets de quartiers: construction de latrines, infrastructures, appui aux associations de quartiers - Appui aux systèmes socio-sanitaires (appui aux équipements et à leur fonctionnement, sensibilisation) - Assainissement et adduction d'eau - Amélioration de la démocratie à la base (La décision est prise au niveau de la région par les conseillers élus, une efficacité accrue par délégation des responsabilités, des services de meilleures qualités car plus proches des administrés)." 27(*)

Afin de mieux disséquer ce bilan du groupe-pays Bénin de Cités Unies France, explorons les différents domaines de cette coopération pour en extraire les enjeux pour les communes béninoises. Pour ce faire, nous classifierons les enjeux en deux grandes catégories : Les enjeux institutionnels et structurels d'une part et les enjeux sociaux d'autre part.

A- Les enjeux institutionnels et structurels

Ils regroupent l'ensemble des avantages que la coopération décentralisée offre déjà et/ou peut offrir directement aux nouvelles communes décentralisées béninoises et par ricochet à l'État en terme d'appui institutionnel et structurel: La coopération institutionnelle.

La coopération institutionnelle et structurelle a pour objectif global de mettre les institutions publiques (locales décentralisées, déconcentrées et/ou centrale) au coeur du processus de développement, en veillant à concilier l'intérêt général et les intérêts de la personne. Agissant principalement sur les institutions de l'État, centrales ou décentralisées, cette coopération fait aussi appel à la société civile, via des associations ou organisations non gouvernementales qui facilitent les rapports entre les citoyens et les administrations publiques.

J. P. Perier écrivait que "L'enjeu d'une coopération décentralisée est d'abord politique, global, il ne peut être limité à un ou plusieurs projets "28(*) en effet, cet enjeu politique l'est aussi bien pour l'État béninois que pour les États au sein desquels se trouvent les communes partenaires. Mais limitons-nous ici à seulement analyser les enjeux que la coopération décentralisée peut avoir pour l'État béninois et par ricochet pour les nouvelles collectivités décentralisées.

A-1- La coopération administrative et le renforcement de la démocratie locale

a- La coopération administrative

Cette forme de coopération fait partie de l'appui à la décentralisation et vise les administrations des pays en développement. Le domaine de prédilection de la coopération administrative est celui de la formation des cadres de la fonction publique locale, l'appui aux processus de réformes administratives, l'assistance juridique, etc.

Aujourd'hui, la problématique de la coopération administrative se pose aux nouvelles communes béninoises en terme d'appui et de formation à l'administration communale. Il est évident que les administrations territoriales nouvellement décentralisées au Bénin manquent de cadres techniquement compétents pour diligenter les affaires de la commune.

Le recrutement et/ou le redéploiement est une paire de manche pour l'État central et les communes et pour cause, les fonctionnaires administratifs centraux qui ne sont pas forcement bons techniquement pour travailler dans les administrations communales sont insuffisants pour être redéployés dans les communes. L'autre difficulté pour les communes béninoises relève de la formation de leurs fonctionnaires dans le domaine de la gestion de l'administration communale qui, est le gage de la réussite des plans de développement communaux. La coopération décentralisée jouera un rôle très important dans ce domaine dans la mesure où les cadres de l'administration territoriale pourront bénéficier à travers elle, de la possibilité d'avoir des échanges d'expériences qui prennent souvent la forme de rencontres, séminaires, voyages d'études, etc. Les actions de formation et l'expertise qui sont souvent conçues comme complémentaires d'autres modes d'intervention de la coopération décentralisée peuvent être inscrites au registre des atouts de la coopération décentralisée pour les communes béninoises.

En appuyant les nouvelles collectivités béninoises la coopération décentralisée ne participe t'elle pas à la légitimation de ses interventions dans le rôle qu'assigne aux entités autonomes la décentralisation? Bien évidemment la coopération décentralisée trouve sa consolidation, sa légitimité et sa raison d'être dans cette forme d'appui aux collectivités du Sud dont notamment celles du Bénin.

Bernard Husson dans le cadre des propositions à formuler pour le renforcement de la coopération décentralisée le constate et suggère à cet effet que priorité soit donnée à la formation des personnels territoriaux des États du Sud.

Sur ce il estime que "La deuxième assise de la crédibilité des collectivités territoriales du Sud repose sur la compétence technique de leurs agents et de leur personnel politique. Les collectivités du Nord estiment de leur devoir de former ces responsables dans leur collectivité partenaire, mais leurs pratiques actuelles conduisent à un fractionnement des formations, sans permettre au pays concerné de mener une politique globale de formation. Pour que les formations directement réalisées par les collectivités du Nord soient un complément des formations mises en place au niveau national, et non un substitut comme c'est actuellement le cas, il faut une articulation entre les deux, autrement dit:

- Contribuer à mettre en place ou renforcer des structures nationales de formation des personnels territoriaux; actions qui relèvent principalement de la coopération inter étatique, accessoirement de la coopération décentralisée;

- Soutenir la formation, par ces structures nationales, des personnels territoriaux des collectivités du Sud; actions qui peuvent être appuyées et complétées par leurs collectivités partenaires du Nord."29(*)

En résumé nous pouvons affirmer que, de la mise en place des conditions les meilleures pour la formation des agents et des cadres locaux et municipaux dépend en grande partie la réussite de la bonne gestion des administrations locales des pays du Sud. Il est évident que la décentralisation ne serait pas une réussite dans ces pays si la qualité de gestion et d'administration est piètre et que les élus locaux font preuve de bassesse intellectuelle et d'ignorance culturelle notoire. Avec la coopération décentralisée les nouvelles communes béninoises pourront combler cette lacune et offriront à leurs administrations respectives les ressources humaines compétentes, capables de gérer avec efficacité les défis que leur pose le processus de décentralisation démocratique en cours.

b- Le renforcement de la démocratie locale

La démocratie locale est une transposition à l'échelle micro (de la localité) du concept de démocratie dans sa phase élective et pratique, l'élection et la représentation des personnes devant faire partie du conseil local, sont alors faites sur la base du suffrage universel dans les mêmes conditions que l'élection des parlementaires. (Cf. art. 3 de la loi n° 98-006 mars 2000 portant régime électoral communal et municipal en république du Bénin).

Or Thomas Bierschenk en analysant la vague des processus de démocratisation intervenue en Afrique s'est intéressé au cas béninois qui présentait une particularité. Il en dresse le constat suivant lequel "le Renouveau Démocratique au Bénin ne s'est-il pas jusqu'ici limité à la démocratisation de la procédure électorale au sommet de l'État" (Président et Parlement), et plus loin il dit «Par contre, en ce qui concerne la démocratisation en milieu Rural (donc la démocratie locale), nous ne savons pratiquement rien.»30(*). Ce constat mettait en évidence l'absence au niveau local béninois de la pratique démocratique c'est-à-dire la non cession aux collectivités locales des libertés locales. Il existe certes un lien entre la décentralisation et la démocratie locale car si la décentralisation participe de la conquête des libertés locales et publiques par les collectivités humaines, la démocratie locale elle la renforce dans la mesure où, «elle promeut au sein de l'État ces collectivités qui sont unies par des liens de solidarité et d'intérêts qui légitiment leurs revendications pour la reconnaissance d'une identité spécifique au sein de l'ensemble national.»31(*)

C'est vrai qu'il n'y a pas de démocratie effective si les citoyens à la base ne participent pas directement au choix des responsables chargés de la conduite des affaires communales. Mais avec l'amorce du processus de décentralisation, aujourd'hui la question ne se pose plus dans ce pays sur l'exercice réel du pouvoir par les citoyens à la base au niveau des Villages (Unité Administrative de Base au Bénin), mais en terme de valorisation des libertés locales, publiques et individuelles et de renforcement de la démocratie à travers la pratique quotidienne à l'échelle locale.

C'est là tout le sens de la problématique de l'apport de la coopération décentralisée au processus de renforcement de la démocratie à la base. En effet quel rôle peut jouer la coopération décentralisée dans le processus de démocratie à la base?

La réponse à cette question tient en deux volets:

* Vu la fragilité du processus démocratique et vu le caractère récent de l'expérimentation de la décentralisation, la coopération décentralisée est au plan politique un facteur de promotion et de renforcement de l'État de droit. À travers elle, les collectivités territoriales béninoises bénéficieront de l'appui-conseil et de l'assistance technique des grandes démocraties qui ont eu le privilège d'avoir acquis une expertise en la matière depuis des lustres à travers la pratique. Ces collectivités bénéficieront concrètement de leurs partenaires, d'une multiplicité d'initiatives politiques destinées à renforcer au quotidien la pratique démocratique. Dans la mesure où les collectivités locales recevront conseils et appui en la matière, il s'ensuivra bien évidemment, le fait que la pratique quotidienne verra s'incruster de nouvelles habitudes démocratiques au niveau des populations locales. Cet état de chose ne peut que faire renforcer la démocratie, qui nous le savons, est un processus tout nouveau et fragile en cours d'expérimentation dans la plupart des pays africains dont le Bénin.

*À la logique de l'approche « du sommet vers la base », qui prévalait dans le processus décisionnel  prévaudra dorénavant une autre logique d'approche, celle «de la base vers le sommet» et ceci dans l'optique du renforcement et de la consolidation de la jeune démocratie béninoise. À travers la coopération décentralisée les citoyens à la base au niveau des Villages, bénéficieront de l'appui de leurs partenaires étrangers sous forme d'appui-conseil ou de formation sur les principes démocratiques, ce qui les renforcera dans l'exercice des libertés locales, publiques et individuelles.

C'est ce qu'a d'ailleurs confirmé le rédacteur du Guide français de la coopération décentralisée lorsqu'il écrivait qu'" Au-delà des aspects techniques de coopération économique et administrative, la coopération décentralisée oeuvre également à la promotion de l'État de droit dans le monde. Par le conseil et l'exemple au quotidien, les collectivités territoriales françaises sont à même de faire émerger et/ou de renforcer des pratiques démocratiques locales et d'initier à cet égard une dynamique « de la base vers le sommet » dans les pays où la démocratie est encore largement à construire."32(*)

Bref en résumé nous pouvons affirmer que la coopération décentralisée renforce la démocratie en la consolidant à sa base, tout en permettant l'émergence d'acteurs locaux capables de remplir leur charge, elle associe les habitants au développement de leur collectivité par des consultations, par le dialogue, elle favorise leur connaissance des institutions en les formant pour l'apprentissage de la citoyenneté.

Dans le contexte actuel de la décentralisation au Bénin, la démocratie locale doit être une priorité des pouvoirs publics locaux qui doivent chercher les voies et moyens de rendre beaucoup plus vivaces l'expression de la démocratie à l'échelle de la communauté de base. Cependant, le choix des modalités d'intervention directe des populations dans la vie municipale est important à plus d'un titre.

- D'une part, il sert de barème aux partenaires au développement qui peuvent y mesurer le degré d'implication des populations locales dans le processus décisionnel.

- D'autre part, il permet de déterminer et d'orienter les partenaires dans l'appui institutionnel nécessaire à la collectivité territoriale.

- Il permet enfin de mesurer l'impact qu'a la population dans la gestion des affaires locales.

La question se pose ici de savoir si la démocratie locale à la Béninoise doit être participative ou représentative. Notons qu'à ce niveau aussi, aucune disposition légale ne légifère sur la question.

Avec la mise en place récente des conseils municipaux, deux hypothèses de fonctionnement de la démocratie locale sont envisageables: la représentativité et la participation.

La représentativité

La décentralisation suppose, nous le savons, la libre administration des collectivités locales par des instances collégiales (conseils) élues à cet effet, lesquelles sont chargées de diligenter les questions de développement relatives à la localité pour laquelle elles ont reçu mandat. Dans cette hypothèse les conseils municipaux qui sont des structures destinées à rapprocher le citoyen de sa localité, et à rendre ces derniers acteurs de la vie politique de leur arrondissement, sont acteurs de la politique de développement et maîtres du processus décisionnel.

Ils agissent au nom et pour le compte des administrés de qui ils ont reçu un mandat de représentativité. La représentativité est donc le principe d'administration selon lequel, dans une décentralisation démocratique, les élus locaux sont légitimés dans leurs actions à agir au nom et pour le compte des électeurs.

Ils n'ont de compte à rendre qu'au conseil local (organe délibérant) qui tire aussi sa légitimité de son élection au suffrage universel. Ce système présente aussi bien des avantages que des inconvénients.

La participation

L'enjeu central de toute réforme municipale est celui de la participation démocratique du citoyen. La démocratie et la décentralisation à l'échelon local ne représentent pas seulement la concession d'une plus grande part de pouvoir aux élus, mais aussi aux citoyens. Dans cette deuxième hypothèse les administrés prennent part aux débats qui rythment la vie de leur localité aux côtés des élus des conseils municipaux. Leurs avis sont obligatoirement requis par les instances locales dirigeantes avant toute décision au fond. La démocratie locale ici prend une tournure inflationniste dans laquelle les élus locaux sont otages des populations dans la logique du mandat impératif.

En effet, la participation est un principe qui repose sur l'engagement de tous les "citoyens" (entendu au sens large d'habitants) à la vie de la localité; elle s'est développée en réponse aux limites catégorielles (les étrangers sont exclus du vote) de la démocratie représentative et compte tenu d'une demande de plus en plus forte de certains acteurs (habitants ou associations) à participer à la vie de la cité. Ses objectifs sont nobles d'autant plus qu'elle contribue à :

-Faciliter l'expression des citoyens locaux.

-Faciliter leur appropriation des circuits de décision publique.

-Permettre aux élus de mieux prendre en compte les besoins et intérêts des citoyens locaux.
- Améliorer la qualité de conception, de décision et de mise en oeuvre de la "chose" publique par le débat et les échanges (et non être un processus de légitimation des décisions),
- Permettre de travailler ensemble pour trouver des solutions aux difficultés en modifiant les rapports entre institutions et habitants.

- Permettre de se connaître, de créer du lien, de "mieux vivre ensemble ».

Dès lors, se pose un certain nombre de questions: faut-il privilégier la représentativité, c'est-à-dire rapprocher le pouvoir des habitants ou faut-il encourager la participation qui privilégie le rapprochement des habitants du pouvoir.

Dans l'un ou l'autre cas c'est le principe de la proximité qui se joue dans les deux sens. Quelle soit représentative (délégative) ou participative, la démocratie locale suppose l'engagement plein et volontaire des citoyens d'une même commune ou d'un même quartier vers une démocratie de proximité dans laquelle les populations s'approprieront l'outil de décision et de gestion. La coopération décentralisée peut contribuer à faire évoluer la démarche des collectivités autonomes béninoises d'une démocratie centralisée à une démocratie de proximité. Il apparaît claire qu'à travers ce processus de démocratie locale, c'est la population qui est impliquée dans la gestion des affaires publiques de la collectivité, laquelle implication s'opère par le biais de la participation ou par celui de la représentativité. Le degré d'implication de la population est déterminé par rapport à sa participation, laquelle selon Marion GRET se mesure à l'aune de l'appropriation de la chose publique par le citoyen.

A.2-Le développement local et la gestion locale institutionnelle

Avec la décentralisation, le concept de développement local retrouve tout son sens et constitue un enjeu majeur pour les nouvelles collectivités territoriales béninoises dans la mesure où, les initiatives des acteurs de terrain, c'est-à-dire ceux-là mêmes qui se trouvent être confrontés aux problèmes et à la réalité des populations locales, seront les plus appuyées par les partenaires au développement. Ceux-ci partent du postulat que se sont des initiatives qui reflètent la réalité du terrain et vécues par les personnes qui les mettent en oeuvre, elles ne sont donc pas inspirées des décideurs d'en haut (l'État central) mais, sont l'émanation des groupements et des populations qui s'associent pour son élaboration et son application. L'objectif de la coopération décentralisée dans ce cas, est avant tout de permettre aux nouvelles collectivités locales d'assurer un meilleur développement et une plus grande prise en compte des besoins et priorités exprimés à la base par les populations locales. Ainsi, le rôle et la place de la société civile se trouvent renforcés à travers ce processus d'appui.

En effet, dans le contexte actuel de la démocratisation de la vie politique et de la décentralisation, les collectivités territoriales béninoises ont besoin du savoir-faire particulier de leurs homologues étrangers afin de légitimer le processus en cours. Ceux-ci disposent de la technicité nécessaire dans les domaines de l'administration publique locale que sont :

a- La gestion locale et développement de la vie politique et associative

Aujourd'hui, face à l'affirmation de l'importance du local à travers les politiques de décentralisation en cours dans les pays du Sud, la coopération décentralisée privilégie une approche du développement de proximité intervenant sur des échelons appropriés pour la définition et la mise en oeuvre de stratégies de développement "à la base" ou de "développement local".

Les collectivités étrangères partenaires engagées en coopération mobilisent une expertise spécifique, un savoir-faire spécifique, et se proposent de les mettre à la disposition de leurs partenaires du Sud, tout en respectant et analysant les contraintes et particularités du milieu local partenaire tant au niveau social qu'économique, politique et technique. La coopération décentralisée prend ainsi tout son sens: C'est la dimension partenariale qui caractérise les échanges entre collectivités locales.

Il est vrai que les collectivités locales partenaires du Nord ont une compétence, un savoir-faire particulier, une technicité dans le domaine de la gestion locale. Cet acquis leur permet de savoir accompagner légitimement les processus de décentralisation, corollaires de la démocratisation de la vie politique des pays qui s'y sont engagés, à travers les projets relevant des domaines de l'administration publique locale (gestion municipale) et du développement de la vie politique (démocratie locale) et associative.

D'un autre côté les institutions partenaires (PNUD, BM, FMI, UE, etc.) aussi savent, à cet égard, apporter leur contribution financière et technique aux efforts de gestion locale et de développement local dans les pays où ces efforts sont entrepris, soit en appuyant directement les collectivités du Sud, ou en apportant les soutien financier aux collectivités du Nord qui inscrivent dans leur programme de partenariat, la gestion locale et le développement locale des entités du Sud.

Dans son Introduction au Guide de la Coopération française le rédacteur affirmait que: "L'objectif de la coopération décentralisée est d'assurer avant tout un meilleur développement par une plus grande prise en compte des besoins et priorités exprimés par les populations; elle vise ainsi à renforcer le rôle et la place de la société civile locale dans les processus de développement. Elle associe et fait collaborer à différents niveaux d'intervention les acteurs territoriaux tant du Nord que du Sud. Elle suscite la participation active et déterminante des bénéficiaires aux prises de décisions et aux différentes étapes des actions qui les concernent."33(*) En effet, les besoins et priorités exprimées par les populations au niveau local, constituent à ne point en douter, un pôle très important sur lequel la coopération décentralisée focalise son attention et ses efforts. Dans cette perspective, nous l'avions vu, le rôle et la place de la société civile locale dans les efforts de développement, est incontournable. La coopération décentralisée le sait et maîtrise cette réalité de fait, qui gouverne le succès de toutes les actions de développement sur le terrain.

Pour cela, il appert que les communes béninoises peuvent bénéficier en matière de gestion locale

- de l'appui à la gestion locale (renforcement des services communaux, formation des agents communaux),

- de l'appui à l'équipement à la Promotion de petites activités économiques,

- de l'appui aux systèmes socio-sanitaires (appui aux équipements et à leur fonctionnement, sensibilisation),

- de l'appui aux associations de quartiers, la construction de latrines, les infrastructures, l'assainissement et l'adduction d'eau.

Parlant du développement de la vie politique et associative c'est-à-dire de la démocratie locale, la coopération décentralisée oeuvre à ne point en douter à la concrétion, à l'enracinement de la démocratie locale gage de la réussite du processus de décentralisation en cours et baromètre du succès démocratique.

En résume nous pouvons affirmer à l'instar de Bernard Husson que " À travers la coopération décentralisée, les collectivités locales africaines peuvent s'appuyer sur celles du Nord. Elles doivent en effet faire face à des demandes massives d'équipements et de services alors que leurs ressources sont quasiment nulles et les fiscalités locales souvent inopérantes. Or elles doivent se rendre crédibles pour pérenniser le développement local et la démocratie. Le partenariat entre les collectivités locales peut y contribuer".34(*)

b- L'appui à la décentralisation

L'appui à la décentralisation peut prendre plusieurs formes, il peut emprunter le canal du financement des projets techniques de développement ou celui d'appui institutionnel aux collectivités locales.

L'engagement des acteurs de la coopération internationale et des collectivités partenaires à appuyer les politiques de décentralisation en Afrique, relève de deux idées directrices :

* Première idée directrice

Vu la fragilité des processus de démocratisation, il urge de soutenir les efforts de décentralisation à travers des politiques d'appui à la décentralisation afin de légitimer la pratique de la démocratie à la base. Dans cette optique la Banque Mondiale voyait dans la décentralisation les moyens de mettre en oeuvre sa politique d'appui à la décentralisation à travers ses mots d'ordres que sont: la bonne gouvernance et le développement institutionnel qui, ont pour objectif la réduction des prérogatives de l'État au profit du marché, de la société civile, et des pouvoirs locaux intermédiaires.

Afin de mieux appuyer les politiques de décentralisation la Banque part du principe que "les politiques de décentralisation s'inspirent de l'a priori qu'en rapprochant de la base les niveaux de décision politique et en réduisant les intermédiaires, l'individualisation des rapports sociaux progresse et rapproche le fonctionnement concret des marchés politiques du modèle universel à base des citoyens pratiquant le calcul d'optimisation." 35(*) Pour cela elle soutient et finance tout effort de décentralisation car estime t-elle pour qu'un programme de décentralisation donne de bons résultats, il faut accorder des ressources nécessaires aux régions pauvres du pays considéré, et mettre en place d'une part des mécanismes qui susciteront la participation des classes rurales démunies, et d'autre part des règles précises ce contrôle par les citoyens et par le gouvernement central.

* Deuxième idée directrice

La décentralisation, au vu de la crise urbaine dans les pays africains, apparaît comme la mesure la plus adaptée à la gestion de celle-ci. En effet, les problèmes urbains en Afrique se posent en grande partie en terme de décentralisation et de démocratisation de la gestion urbaine. Par décentralisation et démocratisation de la gestion urbaine nous entendons la mise en place du mécanisme rendant aux services urbains des villes, leur capacité autonome de gestion; ce qui, sur le plan institutionnel se traduit par la nécessaire décentralisation de cette gestion. Face à cet enjeu que constitue la gestion urbaine pour le développement des villes du Sud, et vu les difficultés connues par le passé lors de la gestion des projets de développement urbain par les gouvernements centraux, la Banque Mondiale et la coopération française ont décidé de négocier les politiques de développement urbain directement avec les municipalités.

La coopération française à cet égard constate et affirme que  "Seule une nouvelle approche des problèmes (urbains) par les pays intéressés et par la communauté internationale permettra de prendre en main ces transformations. Ce n'est pas tant au niveau central que ce sera possible, mais en favorisant plutôt les initiatives et les contributions des habitants et des communautés de bases, et en s'appuyant sur des collectivités locales aux pouvoirs et aux moyens renforcés. "36(*)

C'est dans cette optique qu'est né le Programme de Développement Municipal (PDM), programme tripartite initié par la Banque Mondiale, le Ministère français de la Coopération et l'agence de la coopération allemande GTZ, elle a pour vocation de contribuer à l'émergence d'une culture municipale africaine.

Quelle peut être alors, la contribution de la coopération décentralisée au programme de développement municipal au Bénin?

Bien que tardif, le processus de décentralisation enclenché au Bénin depuis les assises de la conférence nationale bénéficie de l'attention, de la faveur et du concours rapide des acteurs de la coopération internationale et aussi des collectivités partenaires.

Cependant vu la fragilité du processus, vu le dénuement total du patrimoine légué par les anciennes entités territoriales déconcentrées aux nouvelles collectivités décentralisées, vu les méthodes de gestion chaotiques qui y ont prévalu, il urge que celles-ci trouvent un point d'ancrage qui leur favorise l'amorce de toute politique de développement autocentré.

Pour les nouvelles collectivités territoriales béninoises, dans ce contexte de décentralisation/coopération décentralisée l'appui à la décentralisation serait adéquat comme solution.

Ainsi, depuis que la décentralisation a été affichée comme priorité politique de l'État béninois, tous les espoirs ont été placés en elle pour favoriser l'appréhension par les populations de leur propre développement et susciter la dynamique de développement à la base. Les nouvelles réformes décentralisatrices sont allées dans ce sens, ouvrant ainsi grandement aux municipalités béninoises les portes d'une prise en charge responsable et autonome. À la faveur des programmes de développement municipal d'énormes projets ont été financés et soutenus par le canal de la coopération décentralisée au Bénin. Nous n'en voulons pour preuve que les programmes de coopération à la mise en ouvre des plans de développement local entre : Orléans et Parakou, Cotonou et Créteil, Cergy-Pontoise et Porto-Novo, Corbeil-Essonnes et Ouidah. Le bilan de cette forme de coopération est répertorié dans le récapitulatif de la coopération décentralisée bilatérale au Bénin en fin de section.

B - Les enjeux sociaux de la coopération décentralisée

B.1- Le développement urbain et municipal: la gestion urbaine

La population citadine béninoise est cosmopolite, les crises socio-économiques et politiques qui ont marqué l'histoire du pays ont favorisé le déplacement massif des populations rurales vers les grands centres comme Cotonou, Parakou, Porto-Novo.

L'homo béninensis n'a pas attendu l'avènement du millésime 2000 pour migrer vers les villes, déjà à la faveur de l'exode rural et des flux migratoires interrégionaux les principales villes béninoises ont connu le déplacement massif des populations des centres ruraux vers les villes. Il s'en est suivi un développement social urbain très anarchique caractérisé par le chômage, la poussée des bidonvilles, l'insalubrité, la promiscuité, l'insécurité, les problèmes d'aménagement, d'infrastructures de communication, etc. Dès lors, avec ce peuplement anarchique des villes d'énormes problèmes se sont posés aux autorités municipales. La mise en place de la décentralisation, en terme d'émergence des pouvoirs municipaux, verra accroître d'avantage ces difficultés, lesquelles se poseront à leur tour en terme de gestion de la crise urbaine, crise qui a pour nom : aménagement urbain, infrastructures et équipements urbains, gestion et planification urbaine, développement social urbain. La coopération décentralisée trouve dans ce contexte son centre d'intérêt.

a- Les villes béninoises, enjeu de la coopération décentralisée

Les problèmes liés à l'urbanisation des villes béninoises tout comme la plupart des villes africaines ne faisaient pas partie du champ prioritaire de la coopération internationale au développement. Mais depuis les années 80, face à l'explosion urbaine dans les pays du Sud, la prise de conscience d'inclure dans les politiques de développement l'enjeu urbain a été beaucoup plus forte.

À cet effet la Banque Mondiale avec son programme de gestion urbaine s'est employée à répandre une nouvelle équation faisant apparaître l'urbanisation comme facteur décisif de développement, les villes du tiers monde sont, à ce titre, considérées comme moteur du développement économique, capables de résorber les crises de chômage à travers, la réalisation des travaux urbains à haute intensité de main-d'oeuvre, l'aménagement urbain, la réalisation des infrastructures de développement.

Cet enjeu urbain que constitue le développement des villes du Sud trouve son champ d'application particulièrement riche dans le cas de la coopération décentralisée. Plusieurs organisations de coopération décentralisée bilatérale et multilatérale s'y sont investies:

- La banque Mondiale à travers sa nouvelle vision du développement des villes du tiers monde définit l'urbanisation comme un facteur décisif du développement et trouve dans les Programmes de Gestion Urbaine le moyen de financer la coopération au développement urbain. Pour ce faire la banque a entrepris depuis les années 80 en direction des villes du tiers monde des investissements croissants dans les programmes de coopération urbaine.

- La coopération américaine à travers l'US-Aid qui appuie les programmes de développement urbain et municipal dans les pays du Sud.

- L'Union-Européenne depuis les accords de Lomé à travers le programme FED d'appui aux villes et aussi dans le cadre de la mise en oeuvre des accords de Cotonou apporte son assistance technique et financière aux programmes de gestion urbaine dans les pays du tiers-monde.

- Quant aux communes françaises, elles appuient également les communes béninoises dans le cadre formel de la coopération bilatérale décentralisée franco-béninoise.

En effet quels sont les avantages et atouts que les villes béninoises peuvent tirer de la coopération décentralisée au développement urbain?

b- Les villes béninoises et la coopération décentralisée au développement urbain

Pour Franck Petiteville "s'il y a une vocation première assignée à la coopération décentralisée Nord-Sud, c'est bien ce domaine de la coopération urbaine, qui a pour objet ce qu'il est, aujourd'hui convenu d'appeler "développement urbain et municipal "37(*). En effet le développement urbain municipal a pour objet de gérer les crises nées du développement des villes, son domaine d'intervention concerne toutes les activités des champs urbains dont la voirie, l'urbanisme, l'habitat, l'administration municipale, l'assainissement, le transport urbain, la sécurité civile urbaine, etc. À ce titre la coopération décentralisée peut légitimement participer à la redynamisation des potentialités des villes dans l'optique de leur donner les moyens adéquats pour jouer leur rôle de moteur de développement. Dans cette perspective la coopération décentralisée au développement urbain peut être pour les villes béninoises des atouts très importants dans la mesure où les partenaires étrangers, qui sont détenteurs de l'expertise de l'ingénierie urbaine, mettront à travers ce canal à la disposition de ces villes leurs compétences et acquis.

Toujours pour rester dans le registre de l'urbain, un créneau de coopération qui se situe à la jonction des problématiques de l'urbain et du social, appelé Programme de Solidarité Habitat (PSH) est très porteur pour le développement des nouvelles municipalités béninoises.

Le Programme de Solidarité Habitat (PSH) est un programme français de coopération décentralisée pour le développement social urbain qui à pour vocation de " promouvoir, accompagner et valoriser les initiatives de coopération entre acteurs locaux de France et des pays en développement, qui visent à améliorer l'accès à l'habitat du plus grand nombre ".38(*) Le PSH ne se borne pas seulement à la construction des logements sociaux mais au règlement des problèmes liés à la construction de ses logements et aussi à leur assainissement. Pour ce faire le PSH agit sur deux volets:

- Le volet financement qui permet l'accès à la propriété du logement selon le principe de l'autonomisation financière des projets destinés à assurer leur pérennité après le désengagement des acteurs français.

- Le volet développement social des quartiers qui traite des questions d'insertion sociale en milieu urbain défavorisé.

Sur le plan opérationnel, cela se concrétise par une intervention prioritaire en zone d'habitat précaire telles que les bidonvilles.

Le PSH veille à la réalisation des projets qui font intervenir des procédés de construction légers, réplicables et peu coûteux, susceptibles d'être techniquement et financièrement accessibles aux populations locales bénéficiaires.

Aucun Programme de Solidarité Habitat n'est répertorié à ce jour dans le registre de la coopération bilatérale décentralisée franco-béninoise.

Il revient donc aux autorités des principales villes dites, selon la loi sur la décentralisation, villes à statut particulier comme Cotonou Parakou et Porto-Novo, et où il existe des zones d'habitation précaires que sont les bidonvilles, de saisir l'opportunité que leur offre la décentralisation pour développer des Programmes de Solidarité Habitat (PSH) afin d'aménager et de viabiliser les bidonvilles de ces centres urbains.

B.2- La coopération décentralisée au développement rural

Elle constitue l'autre enjeu social du développement à travers la coopération décentralisée pour les nouvelles entités décentralisées béninoises. La coopération décentralisée au développement rural est une forme de coopération très particulière entre la France et ses partenaires africains qui sont pour la plupart ses anciennes colonies. Elle est ciblée sur le développement rural en Afrique subsaharienne et privilégie, le développement du secteur agricole qui dans cette zone " représente les deux tiers de l'emploi, 40% du PIB et la moitié des exportations"39(*). En effet, les domaines de prédilection de cette forme de coopération sont les suivants :

- l'appui au stockage et à la commercialisation des cultures maraîchères,

- l'élevage,

- les infrastructures rurales et les travaux hydrauliques,

- l'assistance technique et la formation agricole,

- le soutien aux micro-entreprises d'artisanat rural,

- l'aménagement rural et la protection de l'environnement, etc.

Aujourd'hui, un seul exemple de coopération décentralisée au développement rural est en phase d'application au Bénin, il s'agit du projet de soutien du conseil général de Vendée en France aux associations de développement rural à Kilibo au Bénin. Les données techniques sur ce projet ne nous sont pas accessibles. Cependant, il conviendrait de rappeler que des 77 communes que compte le Bénin après la mise en place du processus de la décentralisation et le redécoupage territorial qui s'en est suivi, il n'y a que 3 communes à statut particulier, les 73 autres étant des communes ayant vocation rurale.

La coopération décentralisée au développement rural constitue pour ces communes un enjeu de développement majeur dans la mesure où, au-delà de la logique d'appui ponctuel aux projets techniques dont elles ont été bénéficiaires dans le passé (construction de petits équipements, travaux d'infrastructures, chantiers, etc.) elles bénéficieront de l'appui aux dynamiques paysannes (appui au désenclavement rural, et à la commercialisation des produits agricoles, etc.) qui peuvent s'inscrire dans le cadre d'un ou plusieurs programmes. C'est là que l'interrogation de Bernard Husson lorsqu'il affirme que "Alors que la coopération décentralisée est jusqu'ici intervenue essentiellement selon une logique projet, ne trouverait-elle pas sa légitimité et son efficacité en se positionnant clairement en appui aux collectivités territoriales naissantes dans leurs missions propres dans leur dialogue avec les dynamiques associatives locales et leur État, oeuvrant ainsi à la construction d'un tel espace public" retrouve tout son sens.

En effet, la logique projet dans le domaine de la coopération décentralisée voudrait que des actions homogènes de coopération soient menées sur une courte durée et de façon ponctuelle en faveur des collectivités décentralisées du Sud sans pour autant se soucier à leur pérennité c'est-à-dire à leur durabilité dans les temps. La dimension temporelle des actions et des effets de ces actions n'est pas pris en compte dans cette logique.

Cette lacune pourrait se combler facilement selon Bernard Husson, si la coopération décentralisée dans sa nouvelle vision du développement dans les pays du Sud prend en compte la dimension temporelle c'est-à-dire opte pour une logique programme dans son approche.

La logique programme ne recouvre pas nécessairement un objectif matériel précis; il correspond plutôt à une orientation générale touchant à tel ou tel domaine d'intervention, et se définit pour une période annuelle ou pluriannuelle pour se décliner en plusieurs projets.

C'est celle logique que la coopération décentralisée dans sa nouvelle vision doit faire sienne selon le voeu de Bernard Husson et ceci pour la bonne cause du développement global des nouvelles entités décentralisées du Sud dont celles du Bénin.

* 25 Gustave MASSIAH, exposé introductif aux assises internationales de la coopération décentralisée avec

l'Afrique Strasbourg 21-22 nov. 1994 in Afrique municipale (PDM ouest) vol. n°5 février. 1996

* 26 La coopération décentralisée : définition et objectifs

http://www.cites-unies-france.org/html/bibliotheque/pdf/CD-franco-beninoise.pdf.

* 27 La coopération décentralisée définitions et objectifs

http://www.cites-unies-france.org/html/bibliotheque/pdf/CD-franco-beninoise.pdf.

* 28 J. P. Perier Coopération décentralisée : nouvel espace public local , compte rendu de la rencontre débat du 13 décembre 2000 in la lettre de la Cade N°41-janv 2001

* 29 Bernard Husson (Ciedel) La coopération décentralisée, légitimer un espace public local au Sud et à l'Est in traverses n° 7 http://www.gret.org/ressource/traverses/pdf/traverse_7.pdf

* 30 Vincent Kwame Koba, Onikpo Léandre in Rôle de la Société Civile et des ONG dans le processus de Démocratie au BENIN http://www.jhu.edu/~istr/conferences/dublin/abstracts/koba-leandre.html

* 31 Charles Nach Mback Décentralisation en Afrique: enjeux et perspectives in Afrique contemporaine N° spécial 3e trimestre 2001 p. 97

* 32 Introduction au Guide de la Coopération Décentralisée, échanges et partenariats internationaux des collectivités territoriales. La documentation française. Novembre 2000 P.11

* 33 Introduction au Guide de la Coopération Française, échanges et partenariats internationaux des collectivités territoriales. La documentation française. Novembre 2000 P. 23

* 34 Idem.

* 35 A. Guichaoua et Y. Goussault, Sciences sociales et développement, Armand Colin, 1993, P.P.132-133.

* 36 Cf. Villes et développement, arguments pour une stratégie de l'aide relevant le défi urbain, document de travail interministériel français, suite à la réunion des agences internationales et bilatérales d'aide au développement à Ottawa (19-21 octobre 1988), P. 5

* 37Franck PETITEVILLE La coopération décentralisée, les collectivités locales dans la coopération Nord-Sud , l'Harmattan 1995 p.53

* 38 ibidem P.92

* 39 Idem P.170

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery