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Les établissements pénitentiaires pour mineurs: l'identité des personnels en question

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par Olivier CHEVRIER
école nationale de la protection judiciaire de la jeunesse - chef de service éducatif PJJ 2007
  

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1. Une prise en charge différentielle des mineurs délinquants

Au cours des différents postes que j'ai occupés ces dernières années (d'abord en foyer, à l'unité éducative auprès du tribunal et enfin en milieu ouvert), des constats me sont apparus entre la pratique de prise en charge des mineurs délinquants en milieu pénitentiaire et celle réalisée en unité d'hébergement à la P.J.J. De cette expérience émerge a priori des questionnements sur la viabilité d'un projet de travail en commun entre ces deux institutions.

En prison : De « l'interdit » vers de la souplesse

Il s'agit en premier lieu de se départir des représentations de chacun sur le travail de l'autre. Force est de constater qu'il existe ici un point d'achoppement entre les deux types de prise en charge, d'ailleurs mis en exergue le plus souvent par les mineurs eux-mêmes. Combien de fois en effet a-t-on entendu dire de la bouche de ces jeunes qu'ils préfèrent aller en prison que dans un foyer ! Ou bien encore que le foyer, c'est la liberté et qu'on peut y faire ce qu'on veut !

Ce discours est à prendre avec précaution. Bien loin de marquer une incompétence des uns là où la prison réussirait, il illustre au plus haut point la divergence entre le traitement d'enfermement et la visée strictement éducative du placement judiciaire.

La prison est d'abord une institution « pesante ». C'est par définition un milieu fermé, fait essentiellement d'interdits auxquels il est difficile de se soustraire. Ainsi, la gestion du détenu se fait surtout et en fonction de son comportement par l'octroi ou le retrait de droits (télévision, placement mitard...). C'est la différence essentielle avec un foyer d'action éducative de la P.J.J, basé lui, non pas sur de l'interdit mais d'abord sur de l'autonomisation, qui peut alors amener à des restrictions en cas d'échec dans des mises en situation de responsabilisation du jeune.

Cette distinction aboutit certainement à des conceptions professionnelles différentes du « détenu » pour les uns et du « jeune placé » pour les autres. Il s'agit bien là du souci de faire coïncider deux représentations professionnelles distinctes de l'adolescent difficile. Les deux administrations n'ont pas la même vision des difficultés que pose le même jeune et cela en fonction du contexte dans lequel ce dernier se trouve8(*).

B. Au foyer : De « la souplesse » vers de l'interdit

Lorsqu'un adolescent arrive au foyer, il lui est remis un règlement intérieur qui présente d'abord l'établissement comme un lieu de vie pour lui et qui se termine par une liste d'interdits.

En général il s'agit des grands empêchements à une vie sociale en collectivité dite « normale » : pas de drogue, d'alcool, d'armes. Il existe aussi un refus de l'institution de relations sexuelles entre les accueillis. Ici, l'accent est mis sur le fait que le jeune est d'abord mis en position d'acteur. C'est à lui d'essayer de se saisir de l'opportunité qui lui est donnée de « repartir » sur des bases saines de vie en société. L'éducateur est là pour le guider, lui rappeler ou lui apprendre parfois les règles de vie. Dans ce contexte, l'éducation repose d'abord sur la responsabilisation du jeune et sur son autonomisation. Il devra par exemple rentrer à l'heure qui lui sera donnée par l'éducateur au foyer. Certes, ce postulat n'est pas simple pour un adolescent qui jusque là ne guidait sa vie que sur ces envies. Il en est de même pour tout ce qui est de l'apprentissage à différer un besoin.

Les règles existent donc au foyer, mais leur respect repose aussi sur la parole donnée du jeune ou de l'éducateur. Ce conception peut conduire sur certains points à une part importante à la négociation ou à de la souplesse. L'essentiel ici et à la différence du milieu carcéral, est l'absence du poids de l'institution. Ainsi, la difficulté est inverse à celle qui se pose en prison. En effet, en cas de non respect d'un interdit, il faudra pour l'éducateur ou l'institution trouver des moyens de réinjecter de l'interdit et de la loi dans un environnement proche de celui qui régit la société en général. De là aussi tout un cortège de gestion des conflits individuels ou de groupe plus prégnant qu'en prison.

* 8. V. Diplôme Universitaire sous la direction de Philippe Jeammet, Une approche psychopathologique et éducative des adolescents difficiles.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand