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La problématique de la gestion des ressources humaines dans les administrations publiques en République centrafricaine : cas du ministère de la santé publique, de la population et de la lutte contre le sida.

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par Rénée sylvie NDEDOUMA
Université de Bangui - maà®trise en droit publique 2008
  

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Paragraphe 2 : Difficultés d'ordre juridique

L'organisation et le bon fonctionnement d'un service qu'il soit public ou privé passent par la création d'un cadre juridique explicite qui constituera la base sur laquelle ce service repose. Le cadre juridique se traduit par les dispositions statutaires et règlementaires qui permettent de comprendre et de maîtriser l'organisation et le fonctionnement d'un service et d'assurer une gestion rationnelle, seine et transparente à l'ère de bonne gouvernance.

En effet, le service des ressources humaines de la santé publique et de la population dispose d'un cadre juridique : Il s'agit de la loi n° 99.016 du 16 juillet 1999, modifiant et complétant certaines dispositions de l'ordonnance 93.008 du 14 juin 1993, portant statut général de la fonction publique centrafricaine, son décret d'application n°00.172 du 10 juillet 2000 fixant les règles d'application et les textes réglementaires du ministère de la santé publique et de la population. Tous ces textes constituent une base relative à l'environnement juridique dans lequel évoluera la gestion des ressources humaines de la santé publique. Cependant le vrai problème qui se pose dans notre cas d'espèce c'est l'applicabilité des dispositions textuelles. Notre étude ne consistera pas à relever la non applicabilité des textes dans leur totalité, mais de relever certains aspects qui traduisent cet écart entre ces dispositions et la réalité ou la pratique.

1. Le problème de stage probatoire

Le stage probatoire est une étape inévitable où doit passer tout fonctionnaire de l'Etat après son intégration. Les agents en charge de la santé publique et de la population n'en sont pas moins épargnés bien que dans leur formation, ils sont soumis à des stages pratiques. Cependant dans la pratique, il se pose un problème juridique réel.

En effet, l'article 81 de la loi n°99.016 dispose, que tout fonctionnaire stagiaire recruté dans un corps d'emplois doit effectuer un stage probatoire d'un (1) an, au cours duquel il doit faire preuve de sa compétence à exercer les fonctions concernées. Après cette période de un (1) an ou deux (2) options se présentent à lui.

Ou bien il est intégré en cas d'évaluation positive ou bien il se voit son stage prolongé d'un (1) an ou bien il fait l'objet d'un licenciement en cas d'évaluation négative. Or dans la réalité, cet article est souvent violé dans la mesure où le délai d'un (1) an n'est pas du tout respecté dans la plupart des cas. En effet, certains fonctionnaires passent injustement cinq (5) à six (6) ans sans être titularisés. Ils se trouvent dans une situation illégale.

La deuxième option relative au prolongement de la durée de stage ou au licenciement est rarement si non pas du tout mis en oeuvre. C'est ainsi que tout agent de la santé publique et de la population, une fois intégré trouve sa situation comme un acquis sans s'inquiéter d'une éventuelle possibilité de licenciement en cas d'évaluation négative.

2. Evaluation du rendement et l'avancement

L'avancement du personnel dans le MSPPS est un processus soumis au principe d'évaluation du rendement de l'agent. L'art. 86/87 de la même loi précitée disposent que cette évaluation doit être annuelle et porter sur des attentes exprimées en objectifs qualitatifs et quantitatifs décrivant les résultats à atteindre dans des délais déterminés, dans le cadre des priorités gouvernementales. Par ailleurs cette évaluation doit se traduire par une note chiffrée. Or dans la pratique l'application de ces articles souffre d'une irrégularité. En effet le principe d'évaluation comme disposé dans la loi n'est pas suivi par la hiérarchie. Les notes sont données dès que l'agent remplit un bulletin de note sans passer une évaluation préalable. Il existe aussi faut-il le rappeler certains agents de santé publique qui n'ont aucun bulletin de note après plusieurs années d'exercice de leur fonction. Cette situation s'explique en grande partie par l'ignorance des bénéficiaires d'une part et la négligence de l'administration d'autre part. Parfois les bulletins de note sont établis. Cependant avec les tracasseries administratives, ces bulletins sont bloqués et n'arrivent pas aux autorités de droit. Par ailleurs ces bulletins sont arrivés à la fonction publique mais ils sont purement et simplement classés sans suite parce que les gestionnaires chargés de les traiter attendent impunément du candidat un intéressement avant tout traitement. Comme conséquence, l'agent de santé publique qui est en fonction dans les zones rurales passe des années de fonction sans avancement. Ceux qui sont avancés cependant se confrontent à un problème réel d'échelle indiciaire.

3. Avancement et le problème d'échelle indiciaire

Le problème d'avancement n'est pas seulement une question de classes et d'échelons mais il est plus que cette lecture. En fait l'avancement vise les classes et les échelons tout en restant fortement lié aux finances. Les finances faut il le dire sont les effets indissociables de l'avancement dont pouvait faire l'objet d'un agent de l'Etat. Or dans la réalité il y a un problème réel quant au traitement des agents chargés de la santé publique et de la population. Depuis 1985 les agents de santé sont soumis à une sorte de blocage qui ne donne pas son nom quant à ce qui concerne leur salaire. En effet l'échelle indiciaire par hiérarchie IRCV inclus qui devrait constituer un cadre juridique au sujet du traitement des agents de santé publique n'existe que de nom. Les agents sont avancés en classe et hiérarchie mais sans aucun effet financier. Là encore l'application des textes est violée. Comme corollaire, un agent qui a passé 20 ans dans la fonction reçoit le traitement d'un stagiaire alors qu'administrativement il aurait pu être en 1ère classe 1er échelon avec 182.800F de traitement de base lorsqu'il est en A1. Or la non application de cette échelle indiciaire l'amènera à percevoir que 106.200F au lieu de 182.800F. Cette situation crée une injustice sociale qui frustre dans la mesure où l'armée est traitée d'une manière exceptionnelle. Ce blocage a des implications néfastes sur les agents chargés de la santé publique. On voit s'installer une démotivation totale de la part des agents, népotisme, clientélisme et la corruption avec une conscience professionnelle endormie pour essayer de joindre les deux bouts.

Il y a aussi le développement d'une culture d'impunité qui se justifie par le principe de « qui paie bien commande ». Les fautes administratives reprochées aux agents de l'Etat inscrites à l'article 197 du décret n°00.172 du 10 juillet 2000 sont :

- retards répétés et non justifiés ;

- sorties abusives et non autorisées ;

- absences répétées ou prolongées non justifiées ;

- retard constate dans le traitement de dossier et négligence dans l'exécution des tâches ; - refus d'exécuter les instructions légales de la supérieure hiérarchique ;

- désobéissance hiérarchique ;

- inobservation de la discrétion ;

- négligence dans l'exécution de ses fonctions ;

- départs hâtifs du lieu du travail ;

- état d'ébriété sur les lieux et aux heures de service ;

- gestion désordonnée de nature à favoriser la fraude ou la destruction des biens publics sont monnaie courante sans que leurs auteurs ne s'en inquiètent. Tout se passe comme s'il n'y avait aucun élément juridique pour règlementer l'organisation et le fonctionnement de nos services. C'est vraiment un constat amer que d'avoir une gestion pareille.

En somme, la gestion des RH de la santé publique s'est confrontée à plusieurs difficultés qu'on ne peut tout relever ici. Il faut faire observer cependant que ces difficultés d'ordre matériel, financier aussi bien que celles de nature juridique et liées à la gestion des cadres ont mis en mal l'administration de santé publique et se présente comme un obstacle majeur auquel il faut trouver des remèdes.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand