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Croissance des dépenses publiques et incidence sur le développement au Cameroun: le cas du secteur éducatif

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par Romuald sostaine Foueka Tagne
Université de Yaoundé 2 soa - Master/ dea NPTCI 2009
  

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II-3-2-2- La situation de l'offre d'éducation

Héritage de la double domination anglaise et française, le système éducatif camerounais est divers et multiple.

A la dualité des langues d'enseignement et des modalités y afférentes (l'anglais dans les provinces du Nord-ouest et du Sud-Ouest, le français dans les autres provinces), s'ajoute la diversité des ordres d'enseignement. On a ainsi d'un côté, l'ordre d'enseignement public, et de l'autre l'ordre privé comprenant le privé laïc, le privé confessionnel catholique, le privé confessionnel protestant et le privé confessionnel musulman.

En dépit de cette diversité, les encadrements du système éducatif camerounais sont déterminés au niveau central de l'Etat. En effet, l'Etat par voie législative ou réglementaire,

· définit le régime de l'enseignement ;

· arrête les programmes et les manuels scolaires ;

· fixe les modalités de création, d'ouverture, de fonctionnement et de financement des établissements et institutions privées de formation;

· contrôle les établissements et institutions privées de formation;

· régit les systèmes et les modalités d'évaluation des élèves et des étudiants et organise les examens officiels nationaux et l'année académique sur toute l'étendue du territoire national.

A tous les niveaux d'enseignement, la qualité des services offerts souffre d'un certain nombre de problèmes qui se manifestent, pour certains niveaux, avec plus d'acuité dans le secteur public. Entre autres, on peut citer :

- l'insuffisance du personnel enseignant en général et de manière plus chronique en certaines matières en particulier ;

- l'insuffisance des structures d'accueil ;

- l'insuffisance des commodités élémentaires.

a) Evolution des structures d'accueil

Sur le plan des structures d'accueil, le nombre de salles de classes dans les 12 505 écoles primaires fonctionnelles en 2006/2007 est de 64 500, on dénombre 6872 bureaux administratifs, 3484 magasins, 1050 salles de réunions, et 4072 logements de fonction. L'atteinte de ces effectifs s'inscrivait dans l'optique de l'atteinte du taux net de scolarisation de 75% à l'an 2005, et de l'adoption d'une norme canonique de 50 élèves par classe et par enseignant. Cet objectif préconisait la construction de 2000 salles de classe par an dont la réalisation ne fut possible par l'appui important de certains bailleurs de fonds à l'instar du Japon dont le financement ciblait essentiellement la construction des écoles primaires. On peut à ce jour constater que ces objectifs ont été atteints car selon l'INS (2006) ; le nombre d'élèves par salle de classe fonctionnelle est de 60 et celui par enseignant est de 51 en 2002/2003.

Dans le secondaire général, l'on dénote à la fin des années 90, une baisse de 116 salles de classe dans l'enseignement privé. Ceci est probablement dû à la crise économique qui a entraîné la fermeture ou la suspension de fonctionnement de certains établissements privés. Mais depuis l'an 2000, on peut noter une hausse des établissements d'enseignement secondaire tant dans le secteur public que dans le secteur privé. L'enseignement secondaire technique et professionnel compte 298 établissements dont 110 pour le public avec 1557 salles de classes et 442 ateliers ; et 188 pour le privé avec 2651 salles de classes et 718 ateliers.

Au niveau de l'enseignement supérieur, on observe une réponse forte face à la demande accrue des étudiants. Ainsi, plusieurs nouvelles facultés ont été créées dans l'ensemble des universités d'Etat, de même plusieurs amphithéâtres modernes ont été construits. L'année académique 2008/2009 a été marquée dans cet ordre d'enseignement par la création de l'université de Maroua et le démarrage effectif des activités de cette université.

L'analyse de l'offre par région montre que les disparités entre les régions du Cameroun sont significatives. Les régions de l'Adamaoua, du Nord et de l'Extrême Nord sont les moins dotées tant en personnels enseignants qu'en salles de classe. Ces provinces sont celles où les conditions de vie sont généralement les plus difficiles (absence de logement, aridité du climat, etc.). La situation la plus favorable est enregistrée dans la province du Centre86(*). Toutefois, l'analyse des ratios élèves/classe et élèves/maître permet de mieux apprécier les conditions d'encadrement des élèves.

b) La qualité des services éducatifs offerts

Cette qualité sera appréciée entre autre par : les conditions d'encadrement, la qualification des enseignants, et les conditions de travail des enseignants.

Dans le préscolaire en 2003/04, le ratio élèves/enseignant est de 20, alors que celui du nombre d'élèves par salle de classe vaut 35,6. Dans le primaire en 2003/04, le ratio élèves/enseignant est de 52,6 et on y compte 51,4 élèves par salle de classe. Il s'agit d'une insuffisance en personnel enseignant et en structures d'accueil (les besoins estimés étant de 25000 enseignants et 16000 salles de classe) ; la ratio élève/enseignant étant supérieur à la norme du Fast Track.Initiative (FIT).

Dans le secondaire général en 2003/04, on dénombre dans le public 61 élèves par salle de classe et seulement 38 par salle dans le privé. Par ailleurs, lorsque l'on regarde le ratio élèves par place assise dans une salle de classe spécialisée (laboratoire de sciences, salles d'informatique, salle de langues), il est de 1/100 dans le public et 8/100 dans le privé. L'on note également que dans le secondaire général premier cycle, les matières comme le Français et l'Anglais souffrent d'un manque d'enseignants. En effet, la charge hebdomadaire moyenne vaut respectivement 51h et 29h, assez loin des 22 heures hebdomadaires requises. Ce problème persiste en ce qui concerne les mathématiques tant au premier qu'au second cycle avec des charges horaires hebdomadaires de 32 et 28 heures respectivement.

Enfin concernant le supérieur, si la comparaison des ratios enseignant/étudiants87(*) révèle des écarts entre universités (par exemple 1/25 à Buéa ; 1/42 à Douala), ceux-ci sont souvent encore plus sensibles au sein de la même université, en particulier entre facultés et établissements professionnalisés. A titre indicatif, à Yaoundé I, le ratio varie de 1/5 à l'ENSP à 1/40 pour la FALSH. A Yaoundé II, il suffit de comparer le ratio de l'IFORD (1/3) ou de l'IRIC (1/13), à celui de la FSJP (1/62). Autre exemple, celui de Dschang, où le ratio s'élève à 1/79 en Sciences juridiques et politiques, contre 1/7 à la faculté d'agronomie et des sciences agricoles. A Ngaoundéré, la Faculté de droit est à 1/5088(*), alors que l'IUT se situe à 1/5. A ces ratios peu satisfaisants, s'ajoute une utilisation intensive de vacataires dont il arrive que le nombre soit supérieur à celui des enseignants permanents.

Le système éducatif camerounais souffre à tous les niveaux de l'insuffisance des enseignants qualifiés. Ceci implique le recours à des personnels dont la qualification n'est pas toujours adaptée. Cette situation étant plus accentuée dans le privé.

Au niveau du primaire, on dénombre trois catégories d'enseignants : les fonctionnaires, les IVAC et les maîtres des parents. Si les deux premières citées ont reçu une formation initiale appropriée, les derniers sont recrutés localement par les APE (rémunérés pour la plupart à moins de 20 000 FCFA par mois et sur 9 mois uniquement). Ce sont généralement des diplômés de l'enseignement secondaire (BEPC, Probatoire, BAC) sans formation pédagogique. Dans l'enseignement privé, les enseignants sans qualification sont majoritaires (56,61% contre 13,8% dans le public). Ce qui montre que le secteur privé souffre plus du manque de qualification des enseignants.

Dans le secondaire et dans le sous-système formation professionnelle, une situation similaire est observée et est aggravée par l'instabilité de ces personnels.

Au niveau du supérieur, force est de constater que le nombre d'enseignants de rang magistral dans les universités d'Etat est faible. On compte au total 233 professeurs et maîtres de conférences, répartis selon des proportions variables entre les établissements :18 % à Yaoundé I ; 14 % à Yaoundé II ; 10 % à Ngaoundéré ; 9 % à Buéa ; 8,5 % à Dschang ; 6 % à Douala. La faiblesse numérique d'enseignants de rang magistral est d'autant plus critique pour la qualité de l'enseignement et la promotion de la recherche qu'ils doivent, en principe et tout à la fois, dispenser des cours, encadrer les doctorants et autres étudiants de deuxième et de troisième cycle, former les chargés de cours et les assistants, encadrer les nombreux vacataires qui interviennent dans les enseignements, impulser la recherche mais aussi, souvent, assumer d'autres fonctions au sein de leur université ou ailleurs. Le corps enseignant souffre de l'absence de perspectives professionnelles : les possibilités de développer une activité de recherche sont plutôt faibles ; il n'existe pas de plan de formation pour les assistants (ils ont la charge horaire la plus lourde), afin qu'ils puissent terminer leur thèse pour postuler sur un poste d'enseignant permanent. En ce qui concerne la pédagogie, du fait d'une part qu'elle soit insuffisamment prise en compte dans les critères de promotion des enseignants et d'autre part de l'absence de formation et de recyclage dans le domaine de la pédagogie, les compétences pédagogiques des enseignants du supérieur sont assez faibles.

Le personnel enseignant camerounais est démotivé et souffre d'une désaffection profonde vis-à-vis d'une profession n'assurant plus un statut social valorisant. La baisse drastique de la qualité de l'école camerounaise trouve aussi son origine dans la sévère réduction des traitements des personnels en valeur nominale et donc dans l'érosion de leur pouvoir d'achat. L'austérité a été certes imposée à l'ensemble des fonctionnaires, mais les enseignants n'ont fait l'objet d'aucune mesure de rattrapage significatif depuis lors, contrairement à d'autres corps de la fonction publique. De sorte que les enseignants ont légitimement le sentiment d'avoir vu leur niveau de vie se dégrader tant par rapport au PIB par tête que par rapport à des professions dont les indices de fin de carrière étaient comparables avant 1994. Dans l'ensemble le traitement des enseignants a diminué de moitié en valeur nominale depuis 1994, tandis que les prix doublaient, ce qui équivaut à une réduction du pouvoir d'achat de l'ordre de 75%. En 2005, le même enseignant est payé à un niveau inférieur du PIB par tête qu'avant 1993. Les enseignants comme les personnels administratifs, eux aussi affectés par les mêmes évolutions, souffrent en général d'une grande pauvreté des conditions de travail - bureaux, matériels de secrétariat, places de bibliothèques, documentation. Ces médiocres conditions dissuadent les jeunes de talent de postuler à la carrière d'enseignants (avec plus d'acuité dans l'enseignement technique et supérieur). Elles inspirent à nombre d'enseignants qui se sentent piégés des stratégies de survie familiales et personnelles peu « rentables » pour les établissements. La recherche des activités lucratives à l'extérieur des établissements réduit leur disponibilité, ce dont les élèves et étudiants se plaignent.

S'agissant de la formation professionnelle, le personnel enseignant d'encadrement est démotivé et a presque démissionné devant les défis à relever. Car, en privant les centres de formation de budget de fonctionnement et de maintenance, ces derniers ne sont plus en mesure de dispenser la majeure partie des formations.

En définitive, l'Etat apparaît comme la principale institution organisatrice du système éducatif camerounais. Par ses orientations et ses décisions, il influence plus que tout autre agent ou institution, l'offre d'éducation et la demande d'éducation au Cameroun. Cette place prépondérante de l'Etat face aux acteurs du secteur éducatif nous permet d'identifier le marché de l'éducation comme un oligopole monopolistique. Dans ce marché le produit éducation doit être pris comme un service public car il est attribué gratuitement ou contre paiement d'un tarif subventionné; son financement est assuré par les contribuables via la budgétisation, indépendamment de l'utilisation effective qu'ils peuvent effectuer des services publics.

Ayant fait ressortir les quelques problèmes structurels liés aux marchés de l'éducation au Cameroun, il convient dans la suite, de voir tout ce qui a été mis en oeuvre dans ce secteur pour résorber ces problèmes.

* 86 Avec 23,5% des effectifs des enseignants et 19,24% de salles de classe selon le rapport MINEDUC 2000

* 87 Le ratio inclut les assistants, chargés de cours, maîtres de conférences et professeurs. Il ne prend donc pas en compte les vacataires dont le nombre est supérieur à celui des enseignants.

* 88. Il est cependant à 1/12 à la FALSH, 1/18 à la FSEG, et 1/23 à la FS.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard