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Le web 2.0 et l'édition juridique : le droit peut-il se passer d'éditeur ?

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par Armelle Nianga
Université Paris 2 Panthéon-Assas - Master 2 sociologie du droit et communication juridique 2009
  

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4. Son ouverture.

On l'a vu, la confiance et le succès des revues juridiques reposent en partie sur l'assise des auteurs qui écrivent pour elles et, qui pour les éditeurs « ne s'acquiert qu'avec l'âge. »

Aussi, bien que conscients que « les auteurs augmentent en nombre, comme progresse le[ur] besoin de communiquer »148(*), ceux-ci les sélectionnent essentiellement « par le notoire » et n'ouvrent leurs tribunes aux « jeunes enseignants » et aux « praticiens, dont « l'accès à la première publication demeure [...] délicat », que par « souci d'efficacité »149(*) et au prix d'un renforcement de leurs exigences et emprises.150(*)

Ainsi parce que les revues juridiques sont réservées à une élite de juristes essentiellement agrégés, l'ouverture du blog qui donne la parole aux « étudiants novices, [aux] doctorants en herbe, [aux] juristes sans titres universitaires » et même « [aux] parfait anonymes »151(*)s'est présenté comme « une chance et une opportunité »152(*) pour les rejetés de l'édition qui auraient, dès lors, pu se consacrer à leurs écrits et à leurs carrières, sans avoir à s'inquiéter de la question de savoir s'il serait accorder « un moindre égard »153(*) à un article rédigé par un anonyme.

5. Son aspect pratique et interactif.

En ce qu'il est un outil du web 2.0, le blog permet l'échange le débat et « la discussion collective »154(*).

Et, si tout naturellement il couvre le besoin d'échanger et de débattre des publics du premier marché qui n'était à l'époque que très peu couvert par les éditeurs, il favorise également «  le travail en réseau »155(*).

On a ainsi pu y voir un vecteur de développement de communautés de juristes essentiellement universitaires, qui auraient pu y soumettre « à la discussion et à la réflexion collective » « [des] versions de [leurs] travaux et articles en cours ».

b) Une source d'information qui ne satisfait pas aux exigences des revues.

A côté des « zélateurs de la doctrine virtuelle », leurs détracteurs catégoriques mis à part, d'autres voix qui ont vu dans les blogs des « espace[s] de publication nouveaux », des « lieu[x] de discussion » et des «  espace[s] de pré-publication » d`articles « avant leurs soumissions [ aux] revue[s] »156(*) se sont élevées pour réfuter aux blogs le potentiel concurrentiel qu'ils s'étaient vus attribués...

Ce qui devait sans doute tenir à l'usage normal et courant des blogs et aux pratiques que certains juristes avaient pu révéler.

Ils étaient les lieux d'une réflexion, « éphémère », « participative », « immédiate », peu « approfondie »... A milles lieux des réflexions hiérarchisées et mûries de temps de réflexion qui nourrissent les revues.

« A part quelques "drafts" d'articles publiés par Frédéric Rolin sur son blog avant leur soumission à une revue, le blog tient du commentaire à chaud (si commentaire il y a) » et sa «  valeur ajoutée [est] la rapidité plutôt que la richesse ».

Cedric Manara, «  est la doctrine de demain ? Sur le Web ! Que font les auteurs de demain ? Ils bloguent ».

 

· Une réflexion éphémère:

Ils ne conféraient aucune permanence aux écrits et délivraient des informations « jetables » qui n`avaient pas vocation à s'installer dans la durée.

Parfois lassés, certains auteurs fermaient leurs blogs, faisant par la même disparaitre leurs écrits.

Et dans les blogs qui ne fermaient pas, il était parfois, impossible de retrouver des articles et billets qui avaient été publiés plusieurs années auparavant.

Ce qui avait soulevé quelques difficultés aux Etats-Unis où les blogs sont cités dans des décisions de justice.157(*)

· Une réflexion participative:

Les blogs étaient avant tout des lieux d'échanges dans lesquels les réflexions se construisaient à plusieurs autour des quelques jets d'idées lancés dans les billets et des discussions qui se nouaient dans le cadre des commentaires, qui en étaient la principale richesse.

Ainsi, pour le professeur de droit Gilles J. Guglielmi son «  site [certes aménagé chronologiquement] n'est pas un blog »: « il ne réagit pas toujours à l'actualité et les forums sont fermés ».

· Une réflexion immédiate et peu approfondie:

Les blogs étaient des sites « dédié[s] à l'actualité » juridique et pour l`essentiel « [tenaient] du commentaire à chaud  », voire même du simple billet d'humeur.

Ils étaient les lieux des premiers jets et ébauches de réflexions, que si l'on souhaitait plus poussées, obligeaient à se tourner vers les revues.158(*)

Ainsi, publier sur leurs « blog n'emport [aient] pas cession des droits. Il rest[ait] possible de publier postérieurement dans une revue. »

A cette époque, « plus qu'une relation de concurrence, [...] une relation de complémentarité »159(*) semblait s'installer entre les blogs et les supports de l'édition traditionnelle.

Les blogs se présentaient comme des espaces de liberté qui tranchaient avec la nécessaire rigueur des revues dans lesquels les auteurs pouvaient s'exprimer avec « légèreté » et s'arroger toutes les libertés de style, humour, genres, sujets que l'édition juridique ne leur avait jamais accordées. Aucun choix ne semblait devoir s'imposer.

« Faut-il choisir entre blogs et revues juridiques ? Assurément non ! Les deux supports n'ont nullement le même objectif et encore moins le même public. »

Alexandre Claudo, « Multiplication des Blogs juridiques. Vers un déclin de la doctrine ? »

 

Qu'en a-t-il vraiment été ?

* 148 André Dunes, opus précité.

* 149 André Dunes, opus précité.

* 150 Leur « moindre fiabilité [est] compensée par des délais abrégés de production » et des « conseils plus directement profitables »: André Dunes, opus précité.

* 151 Félix Rome, « Propos iconoclastes sur la "bloghorrée" », Recueil Dalloz.

* 152 Dimitri Houtcieff et Frédéric Rolin, « Blogs juridiques contre Edition juridique traditionnelle concurrence ou complémentarité ?», Dalloz 2006.

* 153 Alexandre Claudo, opus précité.

* 154 Dimitri Houtcieff et Frédéric Rolin, opus précité.

* 155 Dimitri Houtcieff et Frédéric Rolin, opus précité.

* 156 « La publication sur le blog n'emporte pas cession des droits. Il reste possible de publier postérieurement dans une revue papier. Les principales revues juridiques tolèrent tout à fait une pré-publication sur Internet. Il s'agit d'ailleurs d'une pratique courante dans de nombreuses autres disciplines (working papers) »: Le blog de droit administratif.

* 157 « L'information née numérique, encore émergente, et les nouveaux modèles de réseaux de communications [...] tels que les blogs juridiques [et Wikipédia] ont déjà acquis un certain statut. » Ils sont « cités par des décisions de justice. »Or, si « chaque jour de nouveaux éléments juridiques nés numériques disparaissent à un rythme qui s'accélère », « les cours de justice n'ont pas pris la précaution de vérifier que les éléments qu'elles citent restent stables et disponibles pour le public à long terme. Et cela, alors même que « nul n'est censé ignorer la loi. Que se passet-il lorsque les éléments sur lesquels elles s'appuient disparaissent ?  » : Sasha Skenderija, « Information juridique électronique permanente :URLs disparaissantes et préservation des sources digitales citées dans les décisions de justice. »

* 158 « Si d'aventure cette réflexion aboutit, nul doute son auteur préféra lui donner la forme d'un article ou d'une note « traditionnelle ».. », Dimitri Houtcief, «  Blogtrine vs Doctrine ».

* 159 Dimitri Houtcieff et Frédéric Rolin, opus précité.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore