WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Le web 2.0 et l'édition juridique : le droit peut-il se passer d'éditeur ?

( Télécharger le fichier original )
par Armelle Nianga
Université Paris 2 Panthéon-Assas - Master 2 sociologie du droit et communication juridique 2009
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

b-2-2-3) L'éditeur: le seul ami de confiance du juriste.

Les codes et la philosophie des juristes induisent que leurs réseaux sociaux sont essentiellement greffés sur des wikis et ainsi des réseaux d'échange.

Ceux-ci leur offrent de larges tribunes d'expression, leur permettent de poser leurs réflexions et sont porteurs d'une image que l'on dira plus sérieuse :

· Dans un usage interne à un cabinet d'avocat; à une entreprise, ils sont de remarquables outils de « travail collaboratif ».324(*)

· Dans une vocation plus ouverte, celle qui nous intéresse, ils sont des outils de partage, mise en commun, diffusion de savoirs et connaissances sur le modèle de Wikipédia et dans lesquels l'accent n'est pas mis sur l'actualité, mais sur la qualité des informations qui sont délivrées.

Ce qui est une confirmation de plus que le besoin en actualité des publics du premier marché est davantage une contrainte induite par les obligations légales qui pèsent sur eux qu'une valeur qu'ils recherchent dans l'information.325(*)

A ce jour, en France, un seul réseau de ce type semble avoir véritablement émergé. Il s'agit de Jurispedia : un «  wiki juridique consacré aux droits du monde »:

1) Fondé à l'initiative de plusieurs équipes de recherche universitaire en droit326(*) et porteur d'un projet qui ambitionne à ce que « d'ici quelques années un juriste rwandais [soit] susceptible d'avoir (en français) une assez bonne idée du droit japonais »: soit à la transmission de savoirs « presque » sûrs, il repose sur des bases plus solides que Wikipédia:

Sans entraver la liberté des contributions qui fait le succès du wiki, ses initiateurs se sont donnés les moyens de délivrer une information juridique qui, si elle n`est pas « fiable à 100% », s`en approche. Ce qui les a paradoxalement conduit à mettre en place, ce qui se présente comme une ébauche de filtre éditorial.

Par le jeu :

1) d'une sélection implicite des contributeurs, soumises à la bonne foi de chacun :

Si les contributions des non juristes ne sont pas formellement exclues, « sont les bienvenues pour participer à cette diffusion libre, gratuite, et internationale du droit » « les universitaires comme les personnes éclairées en droit de tous les pays francophones ».

2) et d'un contrôle a posteriori des contributions :

« En plus du contrôle des internautes », que l`on retrouvait chez Wikipédia et qui a su montrer ses faiblesses, «  les textes soumis » à contribution « sont [...] contrôlés a posteriori par » des comités d'experts composés d`«  étudiants, [d'] enseignants et [de] professionnels du droit. »

2) Il semble également révéler que la transmission de savoirs juridiques sûrs, ne peut se passer d'éditeur:

En ce sens, les publics du premier marché, qui en sont à l'initiative et en principe les plus à même à juger de la satisfaction de leurs besoins, n'envisagent pas Jurispedia comme « un concurrent au monde de l'édition juridique », laissant entendre qu'il lui manquerait pour cela un second moteur en sus de « la nature humaine », dont on peut légitiment penser qu'il s'agit de la contribution d'un éditeur 327(*)...

« Jurispedia ne remplace pas une formation juridique, il ne constituera pas non plus un concurrent au monde de l'édition juridique papier ou électronique. Enfin, il ne sera jamais fiable à 100%, comme la nature humaine qui est son seul moteur... Jurispedia vise toutefois à devenir une source d'information riche et passionnante. »

 

Et ainsi, ils se prévalent des mêmes exclusions de responsabilité que celles dont bénéficient Wikipédia328(*), sur laquelle ils ont par ailleurs calqué l'essentiel de leurs principes dont la neutralité des points de vue et l'anonymat des contributions.

Ce dont on peut facilement déduire en sus du reste que ce wiki ne permet pas davantage de satisfaire aux besoins du premier marché, que ne leur permettait Wikipédia.

A ceci près qu'il offre à ces publics une plus grande garantie que les savoirs qui leurs sont transmis ont été élaborés par des juristes.

Et n'a, en fait, rien de surprenant.

Les besoins en information juridique des publics du premier marché de l'édition en droit sont tels que l'information qu'ils recherchent, celle qui est pour eux « la bonne information ». C'est « celle qui est directement utile »329(*). Ils ne peuvent se contenter d'une information à peu près fiable.

Or, on l'a vu, à travers l'exemple du blog du professeur Frédéric Rolin, délivrer une information juridique fiable et de qualité exige aux juristes, y compris à plusieurs, un temps, un travail et un investissement, qu'il leur est difficile de trouver et fournir: le temps, le travail et le métier de l'éditeur juridique qui est et reste sans nul doute, le seul et véritable ami de confiance du juriste.

* 324Commentçamarche.net, « Le wiki en entreprise ». Ils « permet[tent] la libre circulation de l'information au sein de l'entreprise.»: «tout le monde travaille sur un seul et même document. Cela évite les allers-retours par mail des fichiers et permet de rassembler les connaissances sur un support commun à tous, corrigeable et réorganisable par tous. »

* 325 Sans doute la raison pour laquelle les éditeurs juridiques ont longtemps refusé de voir dans l'actualité une priorité.

* 326 Jurispedia s'inscrit dans le cadre de leurs recherches sur « l'intelligence partagée ».

* 327 La fiabilité et la qualité des informations délivrées par l'édition juridique repose sur le couple auteur-éditeur.

* 328 La rubrique avertissement du site indique ainsi : -« aucune garantie n'est faite quant à l'exactitude du contenu de Jurispedia. »-« Jurispedia, ses fondateurs, administrateurs et hébergeurs déclinent toute responsabilité en cas de dommage résultant de l'utilisation, de l'interprétation, erreur ou omission contenue dans les informations éditées sur le site, notamment pour tout dommage qui pouvant se produire en raison de votre utilisation et/ou confiance dans l'information sur le site. Le Conseil, les fondateurs et les administrateurs de Jurispedia ne sont responsables d'aucune forme de contenu diffamatoire sur le site de Jurispedia, ni d'aucune infraction lié aux droits d'auteurs. Chacun est responsable du contenu qu'il décide de publier sur le site. Les opinions et avis exprimés dans les articles publiés sur ce site n'engagent que leurs auteurs. »

* 329 Edito de la revue sociétés de l'information n°46, mars 2008.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo