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Le web 2.0 et l'édition juridique : le droit peut-il se passer d'éditeur ?

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par Armelle Nianga
Université Paris 2 Panthéon-Assas - Master 2 sociologie du droit et communication juridique 2009
  

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1. Des postulats erronés?

A l'heure où il me fallait rédiger ma conclusion, un doute m'envahit... Mes postulats de base m'apparaissaient erronés:

· Le droit a par nature vocation à être publié : il ne peut se passer d'éditeur :

Editer c'est « publier », c'est « rendre public » (Dictionnaire Hachette): une condition primordiale pour assurer aux citoyens une connaissance de la loi.

En cela, l'Etat se présente comme l'éditeur naturel du droit.

· Le web 2.0 ne marque pas l'avènement d'un droit qui tenterait de se passer d'éditeur. Il est au contraire celui d'un droit qui les multiplierait... en même temps que les politiques éditoriales.

Le web 2.0 offre à chacun la possibilité d'éditer du droit.

Les communautés de Facebook, Twitter, Wikipédia et

Jurispedia; les titulaires de blogs juridiques, les titulaires de blogs de juristes sont autant d'éditeurs du droit qu'a fait émerger cette évolution du web.

Chacun d'eux étant animé d'une politique éditoriale

qui lui est propre, pouvant mettre l'accent sur l`un, l'ensemble, ou quelques-uns des besoins des marchés de l'édition et parfois encadrée par les politiques générales des plateformes desquelles ils éditent.

Ainsi, Wikipédia n'est en aucun la marque de l'absence de politique éditoriale, mais au contraire le choix d'une politique éditoriale globale, qui repose sur la richesse des informations, leur gratuité et leur accessibilité à un grand public élargi et peu formé au droit. Avec l`idée que chacun de ses éditeurs et contributeurs peut faire le choix de délivrer une information, fiable, claire, compréhensible, accessible, enrichie,... ou une information qui ne l'est pas et également que les faiblesses et lacunes des uns peuvent être comblées par les compétences des autres.

Ce qui est aussi le cas des éditeurs de Facebook, Twitter et Jurispedia. A ceci près que les plateformes des deux premiers les contraignent à privilégier la rapidité, la réactivité, et l'actualité des informations tandis que la dernière invite ses contributeurs à prendre un minimum de temps pour poser leurs réflexions et à ne délivrer que des informations qu'ils savent ou pensent fiables.

Enfin le blog, s'il est la plate-forme qui offre le plus de libertés et qui recèle le plus de pratiques330(*), il est également celle par laquelle ces nouveaux éditeurs ont le plus tenté de répondre à l'ensemble des besoins des publics de l'édition.

Interrogeant ma problématique: « Le droit peut-il se passer d'éditeur? », à la lumière de ces nouveaux éclairages, je peinais dans un premier temps à trouver tout intérêt et toute pertinence à mon sujet...

Puis, je réalisais que si le web 2.0 marque l'avènement d'un droit qui multiplie les éditeurs. Il est également celui d'un droit qui ambitionne s'en passer, en ce qu'ils seraient des intermédiaires, et par la même la marque d'un droit qui ambitionne se passer de ceux que la pratique et la conscience commune et collective ont érigés en seuls véritables éditeurs de droit, refusant cette qualification à l`Etat331(*).

Je réinterprétais alors ma problématique...

2.  Le droit peut-il se passer des grandes maisons d'édition juridique?

Si un regard rapide sur la richesse et l'étendue du paysage couvert par le web 2.0 juridique laisse penser: assurément oui.

Le web 2.0 a non seulement multiplié les éditeurs, il a multiplié les réponses aux besoins en droit des publics de l'édition juridique.

Ceux du premier marché, mais également et surtout ceux des particuliers, que la doctrine et les maisons d'édition juridique, ont souvent tendance à négliger. Il a alimenté leurs besoins jusqu'alors rarement revendiqués332(*) et ressentis comme tels de connaissance et discussion sur le droit positif.

Et en cela, en ce qu'il a démocratisé l'accès, la connaissance et le débat sur le droit, il est un véritable et performant outil au service de la démocratie participative333(*)et du droit.

Un regard plus posé et une analyse plus réfléchie conduisent à réaliser, que les grandes maisons d'éditions juridiques se situent après l'Etat, dont-elles pallient les manques, au sommet de la chaîne de diffusion du droit, qui indirectement ne peut s'en passer:

Parce que les auteurs, les vrais; ceux qui l'écrivent, l'expliquent, l'éclairent et le transmettent; ceux qui se situent au sommet ou au bas de toute chaîne de validation d'information sur le droit;

Parce que ceux là; ceux sur qui repose le savoir sur le droit auront toujours besoin des éditeurs:

· « Pour être reconnus, comme faisant partie de la doctrine»334(*).

· Pour convenablement l'écrire, l'élaborer, le discuter et y réfléchir.

Que conclure alors?

Sans doute faudrait-il revenir sur quelques définitions...

* 330 Il y a sans doute autant de pratiques du blog que de blogueurs.

* 331 « Le métier de l'Etat n'est pas d'être éditeur »: Charles Vallée, Discours à l'Assemblée générale du syndicat de la presse économique, juridique et politique ( SPEJP) du 7 décembre 2009.

* 332 Les particuliers, jusqu'alors, avant tout, à la recherche de consultations juridique ne se gênaient pas d'ignorer le droit.

* 333 « Distincte donc de la démocratie directe », la démocratie participative « ne remet pas en cause l'élection de[s] représentants des citoyens [et] leur légitimité ». Elle est « un complément à la démocratie représentative », une « offre [...] de participation adressée aux citoyens », « qui vise à les associer [...] à la discussion des choix collectifs » et à pallier, certaines de ses dérives.

Xavier Molénat,  «  La démocratie participative ».

Entretien avec Loïc Blondiaux du 21 mars 2007: « La démocratie participative»,
www.tns-sofres.com.

* 334 « Les auteurs ont besoin de la crédibilité que leur procure le truchement de l'éditeur pour être reconnus comme faisant partie de la doctrine ». Perdues entre mes brouillons, je ne saurais malheureusement, pas de vous dire, à qui de Charles Vallée, André Dunes, Pierre Seydoux, ou peut-être un autre attribuer cette citation...

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