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Le web 2.0 et l'édition juridique : le droit peut-il se passer d'éditeur ?

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par Armelle Nianga
Université Paris 2 Panthéon-Assas - Master 2 sociologie du droit et communication juridique 2009
  

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2) La politique de mise à disposition des données publiques essentielles.

Le 25 août 1997, Lionel Jospin, à l'époque premier ministre, annonçait tout mettre en oeuvre pour rendre accessible à tous, gratuitement, les données publiques dites « essentielles ».

« Depuis près de vingt ans, l'accès aux documents administratifs est devenu une véritable liberté publique ; aujourd'hui, la technologie facilite les conditions de leur diffusion. Les données publiques essentielles doivent désormais pouvoir être accessibles à tous gratuitement sur Internet.

Ainsi, puisque « nul n'est censé ignorer la loi », je ferai en sorte que ce soit le cas du contenu du Journal officiel de la République française.

J'entends privilégier une conception ambitieuse du droit à l'information du citoyen : la diffusion internationale de nos documents publics doit à cet effet être favorisée. »24(*)

Un an plus tard, un service d'information d'accès gratuit aux codes en vigueur non codifiés, aux lois, décrets, et à l'actualité jurisprudentielle récente, voyait le jour : Legifrance.

La Circulaire du 17 décembre 1998 relative à la diffusion de données juridiques sur les sites Internet des administrations, qui fait suite au discours d'Hourtin, a créé Legifrance: un service d'information qui organise un accès gratuit « à un ensemble de données juridiques [dites] essentielles »; « les éditions quotidiennes du Journal officiel », « les grands arrêts des trois ordres de juridiction et l'actualité jurisprudentielle récente », et « l'ensemble des codes en vigueur ainsi que les principaux textes régissant les matières n'ayant pas encore fait l'objet d'une codification. »

Depuis, les autorités publiques n'ont cessé d'élargir la liste de ces données publiques jugées essentielles ou tout au moins diffusées...

« La diffusion gratuite des données publiques essentielles sur l'internet, que nous avons décidée lors du lancement du programme d'action gouvernemental pour la société de l'information, permet un enrichissement du débat public.

Cette diffusion gratuite progresse régulièrement : elle concerne déjà, par exemple, le Journal officiel, les annonces de marchés publics et les rapports publics.

Nous avons décidé de la renforcer. La diffusion gratuite des données juridiques sera étendue dès la fin de cette année à toutes les lois et à tous les décrets en vigueur, sous forme consolidée, au Journal officiel lois et décrets depuis janvier 1990, au lieu de janvier 1998 actuellement, et aux conventions collectives ayant fait l'objet d'un arrêté d'extension au plan national.

Ensuite, nous mettrons en place un service public de la diffusion gratuite et exhaustive des bases de données juridiques, y compris la jurisprudence.»25(*)

Ce qui n'a pas échappé aux éditeurs privés qui dénoncent avec virulence ces interventions « de la puissance publique en matière éditoriale », qu'ils auraient souhaitées voir cantonnées aux « données publiques, normatives, brutes »: les textes publiés au Journal Officiel et les décisions de justice rendues.

Renaud Lefebvre:

 « Les éditeurs juridiques ont pour triste privilège d'avoir été très tôt confrontés à la concurrence d'une offre publique massive. Reposant sur le dogme du « tout gratuit pour tous » [...] Les effets négatifs en sont pourtant connus qu'il s'agisse des freins à l'émergence de modèles économiques viables ou du développement à grands frais d'une offre redondante avec des contenus existants.»26(*)

Charles vallée:

« Le métier de l'État n'est pas d'être éditeur. Selon nous, la puissance publique ne peut se livrer à des activités d'édition qu'à deux conditions. Il faut d'une part que cela entre dans sa mission de service public et d'autre part qu'il y ait carence de l'édition privée.

Dans tous les autres cas il nous semble que le jeu éditorial est faussé dès lors que l'État s'appuie sur les moyens que lui donne l'impôt et dispose du crédit qui s'attache à la puissance publique pour publier des données commentées dont il constitue la source même.

Nous soutenons, bien entendu, le principe de l'accès au droit pour tous, lié à l'adage « Nul n'est censé ignorer la loi. Mais, même à l'heure d'internet, nous pensons que la diffusion par l'État de données publiques que nous souhaitons voir rester « brutes », ne doit pas donner lieu, de la part de l'Administration, sous peine d'excès de pouvoir, à un quelconque enrichissement du contenu.

Cela, au nom, également d'un autre principe fondamental selon lequel nul ne saurait être juge et partie en sa propre cause.

Cela revient à souligner que cet enrichissement doit relever des seuls éditeurs privés, et s'agissant du droit, de ce que l'on désigne généralement sous le terme de « doctrine »27(*).

Toutefois et pour l'heure, cette concurrence certes « fâcheuse » n'a que peu ébranlé le secteur privé qui voit son chiffre d'affaire croître et maintient son architecture.

* 24 Lionel Jospin, le 25 août 1997, discours d`Hourtin: « Préparer l'entrée de la France dans la société de l'information ».

* 25 Lionel Jospin, Discours du 10 octobre 2000, à l'occasion des secondes Assises parlementaires de l'internet, à l'Assemblée nationale.

* 26 Renaud Lefebvre, « Les éditeurs de droit et la concurrence de l'édition publique en ligne ».

* 27 Discours de Charles Vallée, Assemblée générale du syndicat de la presse économique, juridique et politique (SPEJP) du 7 décembre 2009.

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