WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La participation électorale au Burkina Faso

( Télécharger le fichier original )
par Jean-Pierre VOGNA
Ecole Nationale d'Administration et de Magistrature - Administrateurs Civils 2010
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

B- La mobilisation des réseaux communautaires et clientélistes

Le fort degré d'attachement d'une grande majorité des Burkinabè aux valeurs traditionnelles favorisent le recours à des tactiques de mobilisation des électeurs conduisant ainsi à s'écarter des normes démocratiques.

En effet les élections sous leur forme actuelle procèdent d'une légitimation de la domination politique de l'élite dirigeante. Elle s'appuie sur les chefs traditionnels et/ou coutumiers ainsi que les responsables administratifs villageois, au regard de leur statut dominant pour mobiliser le plus grand nombre de citoyens qui sont considérés avant tout comme des sujets ou des subordonnés. De par leur position privilégiée, les chefs traditionnels et/ou coutumiers constituent des acteurs incontournables dans le processus électoral. D'où la nécessité pour les candidats et partis politiques de rechercher leur soutien en périodes électorales. En outre, la chefferie traditionnelle qui bénéficie de sa «position consensuelle» est en mesure de réussir une grande mobilisation surtout lorsqu'elle exerce un rôle partisan.

Ainsi, dans les sociétés à pouvoir centralisé où le chef a une influence socioculturelle considérable, les injonctions à l'inscription et au vote répondent aux exigences d'un devoir ancestral; le chef devant guider ses sujets, d'une part et d'autre part «aux exigences de solidarités identitaires»61. A ce sujet, les procès verbaux de proclamation des résultats de la Cour Suprême mentionnent la présence de personnes influentes, notamment les chefs coutumiers, certains opérateurs économiques ou les responsables administratifs villageois, dans les bureaux de vote ou l'implantation de ceux-ci dans des domiciles.

Aussi, le recours à la chefferie traditionnelle par les partis politiques a souvent abouti à son entrée en politique avec une représentation à l'hémicycle. Sous la 2ème république certains partis ont même été représentés, lors des élections législatives, par des chefs coutumiers62. Il en est également ainsi sous la 4ème république où l'actuel Parlement

60 CGD Info, N°0005-2009, p.3

61 BRAUD (Ph), op.cit, p.382

62 Les chefs de Manga: François BOUDA et Fada: Yantangou THIOMBIANO pour le RDA et celui de Téma: Christophe OUEDRAOGO pour l'UNI.

25

compte trois chefs traditionnels63 contre quatre (4) et une vingtaine respectivement sous la 1ère et la 2ème législature64.

Cette politique de cooptation des chefs coutumiers se trouve renforcée par le clientélisme défini par GIRAN (J.P)65 comme la participation à un rituel qui constitue aux yeux des électeurs, la preuve que celui qui sollicite leurs voix s'intéresse à eux, qu'il est proche d'eux. C'est dans ce même ordre d'idée que le Pr Laurent BADO explique que l'électeur africain participe à une votation «lorsque le leader charismatique de son groupe social le lui recommande»66. Cet aspect peut être illustré par la vassalisation de l'électorat qui s'opère à travers l'utilisation du critère régionaliste dans le choix des têtes de listes ou des commissaires politiques régionaux. En effet, l'essentiel des élus burkinabè sont natifs de leur circonscription électorale. Ce qui répond à la nécessité de capter les voix des communautés auxquelles ils appartiennent.

Pour ce faire, ils s'appuient sur les notables pour intensifier leurs libéralités en utilisant toutes les possibilités de mobilisation. Ils activent à leur profit les réseaux de solidarité et constituent des groupes d'obligés. Il apparaît donc évident qu'au terme d'un tel processus d'intégration sociale, l'électeur ne votera plus en toute âme et conscience mais par solidarité ou par reconnaissance ou encore dans l'attente de probables rétributions. C'est ce qui explique en bonne partie la participation des populations rurales.

Toutefois, des électeurs échappent à ces procédés de mobilisation, soit en raison des conditions économiques qui pèsent sur eux, soit parce qu'ils demeurent sceptiques sur la crédibilité de la classe politique.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius