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La participation électorale au Burkina Faso

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par Jean-Pierre VOGNA
Ecole Nationale d'Administration et de Magistrature - Administrateurs Civils 2010
  

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CONCLUSION

Après deux expériences éphémères de multipartisme, le Burkina Faso, à la faveur de la restauration démocratique en 1991, a organisé sans discontinuité plusieurs élections concurrentielles. L'analyse de cette série d'élections laisse apparaître un taux de participation peu élevé. Les taux de participation officiellement présentés deviennent insignifiants dès qu'ils sont rapportés au potentiel électoral existant. Ces taux de participation varient d'un scrutin à un autre et d'un type de scrutin à un autre.

Ainsi, il ressort des résultats de la participation que l'électorat burkinabè se mobilise un peu plus aux scrutins référendaires avec, toutefois une baisse tendancielle (75,92% en 1970 ; 71,45% en 1977 et 48,78% en 1991).

Cette mobilisation fléchit davantage au cours des scrutins concurrentiels. La mobilisation aux scrutins présidentiels paraît plus conséquente par rapport à celle enregistrée au cours des scrutins de types proportionnels.

Sous la 4ème république, le niveau de participation aux scrutins législatifs et présidentiels a régressé après le premier renouvellement de mandats des Députés en 1997 et du Président du Faso en 1998.

Avec la communalisation intégrale, le niveau de participation aux consultations locales continue de décroître puisqu'il passe de 48,38% en 1995 à 28,69% en 2006.

Le constat de la faible participation des citoyens aux consultations électorales s'explique par deux types de facteurs complémentaires. Ainsi, sont constitutifs d'obstacles à la participation, la pauvreté et le manque de démocratie sociale d'une part et d'autre part, le manque d'alternative politique et d'enjeux aux scrutins électoraux.

Cette forte réserve de l'électorat dont les causes sont connues n'est pas sans danger pour la consolidation du système démocratique burkinabè car elle pose le problème de la légitimité que doit conférer une élection à une l'autorité politique, d'autant plus que la démocratie repose sur l'expression de la volonté populaire. S'il est vrai que le constituant burkinabè ne conditionne pas la validation d'un scrutin par l'atteinte d'un seuil minimum de taux de participation, la participation d'une minorité de citoyens peut constituer une menace à la stabilité sociale.

L'expérience a montré, de manière éloquente, qu'une dégradation profonde et durable d'un système politique aboutit à toutes les aventures, surtout militaires qui marquent

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d'ailleurs leur retour en Afrique occidentale. En témoignent les exemples guinéens, mauritanien, nigérien ou ceux caractérisés par les crises prolongées au Togo ou en Côte d'Ivoire.

D'où la nécessité de renforcer le processus électoral par la création d'un environnement électoral favorable, la rationalisation du paysage partisan afin de susciter une meilleure participation des citoyens. A cet effet, partis politiques, organisations de la société civile, acteurs de l'éducation mais aussi citoyens ont tous une responsabilité dans la conquête d'une participation citoyenne.

Les élections étant essentielles en démocratie, il apparaît nécessaire d'éviter qu'elles servent seulement à légitimer le pouvoir des élites gouvernementales pour les besoins de respectabilité internationale.

En effet, les élections doivent rester un moyen par lequel le peuple confère le pouvoir. Ce faisant, convient-il de redoubler d'efforts et surtout d'engagement pour parvenir à inculquer les réflexes démocratiques à la majorité des citoyens. Lorsqu'il s'agit de la plus grande majorité de la population qui s'illustre par son désintérêt au processus électoral, cela doit préoccuper aussi bien la classe politique que la société civile. Déjà, dans la perspective de la prochaine élection présidentielle, la CENI n'aura obtenu, à l'issue de l'opération de recensement électoral, que l'inscription de 3.330.792 citoyens sur les listes électorales, sur environ sept millions de Burkinabè en âge de voter, soit un taux d'inscription de 47,58%. N'est-ce pas là un signal de désapprobation aux intentions plus ou moins affichées du parti au pouvoir de lever la clause limitant le nombre de mandats présidentiels consécutifs à deux? Il s'agit du plus faible taux d'inscription dans l'histoire constitutionnelle du Burkina Faso et les partisans de la non-limitation du nombre de mandats doivent en tenir compte, dans le débat autour de l'article 37 de la Constitution.

Au delà de la faible représentativité des élus, ne se trouve-t-il pas posée la question de l'efficacité de la démocratie représentative dans un pays où la majorité de la population reste encore attachée aux valeurs culturelles et traditionnelles qui véhiculent des logiques de dévolution du pouvoir en inadéquation avec le principe du suffrage universel?

Pour rendre le processus démocratique irréversible, il convient de veiller à ce qu'aucune fracture ne s'établisse entre le peuple et les institutions qui doivent répondre à ses attentes. Dans cette perspective est-il permis d'espérer que l'institution d'un chef de file de l'opposition contribuera à relever le niveau de participation électorale au Burkina Faso ?

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore