WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Les défis du terrorisme au Sahel. Aqmi,une menace stratégique?

( Télécharger le fichier original )
par Rodrigue NANA NGASSAM
Université de Douala - Cameroun - Master II en science politique- option : études internationales 2013
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

CONCLUSION DU CHAPITRE I..........................................................................................128

CHAPITRE II : ACTIONS CONCRETES ET DE CONCERTATIONS FACE A LA MENACE TERRORISTE AU SAHEL.....................................................................................................................130

SECTION I: ADOPTER UNE STRATEGIE COHERENTE ET EFFICACE CONTRE LA MENACE TERRORISTE AU SAHEL..................................................................................................131

SECTION II: VERS UNE PLUS GRANDE INTERNALISATION DES REPONSES A LA CRISE SAHELIENNE.................................................................................................................143

CONCLUSION DU CHAPITRE II.............................................................................................................154

CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE...........................................................................................155

CONCLUSION GENERALE......................................................................................................................156

INTRODUCTION GENERALE

Quelle sécurité collective face à la « menace terroriste » ? Cette question n'est pas nouvelle et les réponses sont toujours en attente. A peine les conflits localisés pour organiser l'héritage post soviétique sont-ils réglés dans les Balkans et en Asie Centrale que le monde reprend conscience de la présence latente et certaine de conflits sans nom et sans visage mais à caractère universel : le terrorisme1(*). Cette nouvelle menace ne pèse pas seulement sur les personnes ou les biens, ni exclusivement sur les structures de la société et son organisation. Mais, remet en question l'existence de l'Etat en tant que garant de l'ordre interne et international. Si certains pensent que la menace terroriste agit au nom de la guerre des civilisations même si on n'est pas encore au stade d'un choc des civilisations au sens de Samuel HUNTINGTON2(*), nous considérerons que le principal objectif du terrorisme est la destruction de la civilisation existante. Et pour le Chancelier Allemand Gerhard SCHRÖDER, « ce n'est pas une bataille entre les civilisations qui commence mais une bataille pour la civilisation »3(*).

Face à ce nihilisme, l'enjeu est global dans une société en proie au terrorisme international. Car, toutes les collectivités organisées, Etatiques ou non Etatiques sont concernées par la survie de leur civilisation. La défense de la civilisation par le maintien de l'ordre qui la produit et dont il en est l'émanation se fait dans un climat d'incertitude. Pas d'informations fiables n'existent sur l'ennemi ni sur ses alliés, leurs intentions, leurs plans, leurs manoeuvres, leurs armes etc. Le terrorisme constitue l'une des plus grandes plaies en ce début du 21e siècle en ce sens qu'il représente une menace à la paix et à la sécurité internationale. Pour sa part, le conseil de sécurité de l'Organisation des Nations Unies (ONU) dans sa Résolution 1368 du 12 septembre 2001, reconnait le droit à la sécurité comme inhérent à la légitime défense individuelle ou collective conformément à la Charte des Nations Unies.

Les évènements du 11 septembre 20014(*) ainsi que les attaques ultérieures perpétrées à Bali, Madrid, Londres, Amsterdam, et plus récemment celles perpétrées lors du marathon de Boston5(*) aux Etats-Unis ont fait ressortir la nécessité de lutter contre le terrorisme international. Les attentats du 11 septembre 2001 constituent l'opération la plus retentissante d'une organisation terroriste international contre un Etat considéré jusqu'alors comme infaillible ou du moins intouchable. Attentat perpétré par Al-Qaïda, mouvement islamiste fondé par le Cheick Abdullah YUSSUF AZZAM et son élève Oussama BEN LADEN en 19876(*). Ces attentats déclenchent aussitôt une réponse virulente des Etats-Unis, soutenus par leurs alliés qui envahissent l'Afghanistan en 2001 dans le but d'anéantir Al-Qaïda. Celle-ci perd ses camps, et ses membres sont en fuite. Cette situation conduit à une mutation de la mouvance Al-Qaïda et à une délocalisation de la nébuleuse en des cellules locales indépendantes et qui font allégeance à Ben Laden et prennent pour nom Al-Qaïda. Ces filiales du réseau Al-Qaïda agissent dans des ères géographiques différentes et revendiquent leurs actions au nom de la maison mère (Al-Qaïda). Parmi ces différentes structures qui se sont autoproclamées d'Al-Qaïda, l'on dénombre Al-Qaïda en Irak, issu du groupe d'ABOU MOUSSAB AL-ZARQAOUI en 2004, Al-Qaïda dans la Péninsule Arabique (AQPA), branche d'Al-Qaïda au Yémen et en Arabie Saoudite depuis 2009. Et enfin, Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) qui a revendiqué les attentats du 11 avril 2007 à Alger et qui a trouvé refuge au sahel en tant que nouveau centre d'opération.

I - Cadre socio-spatial de l'étude : étude monographique de l'espace sahélien

Certains facteurs et les caractéristiques d'une localité ont une influence sur la situation sécuritaire de celle-ci. En effet, la position géographique, l'éloignement de la capitale par exemple peuvent rendre les délais d'intervention longs et coûteux, toute chose qui favorise le développement de l'insécurité. De même, le niveau de couverture administrative et de représentation des administrations centrale et locale sont des facteurs pouvant favoriser l'effectivité de l'Etat de droit et la garantie de la sécurité des biens et des personnes. En revanche, la situation sécuritaire et la non effectivité de l'Etat de droit sont souvent à l'origine des problèmes de développement. Ainsi, l'insécurité empêche l'exploitation des potentialités et rend risqué et coûteux la fourniture des services sociaux aux populations. Aussi est-il nécessaire d'analyser les caractéristiques de la zone d'étude qui peuvent être à l'origine des conséquences des défis sécuritaires.

A la charnière entre la méditerranée et l'Afrique du nord, le sahel est un espace tampon. Difficilement contrôlable, l'arc sahélien développe une conflictualité endémique sur laquelle les différents acteurs ont peu de prise7(*). Nous ne disposons que de peu d'éléments tangibles sur cette bande sahélienne de plusieurs km qui va de l'Atlantique jusqu'au Tchad8(*). Longtemps resté sous le contrôle des touaregs et des trafiquants de tout bord, cet espace fait aujourd'hui figure de zone grise rebelle à l'autorité de l'Etat. L'espace géographique où sévit AQMI s'insère dans un espace gigantesque : Le Sahara couvre 8.000.000 Km2 auxquels il convient d'ajouter les 3.000.000 Km2 du sahel9(*). Cette zone immense comme une mer et s'élançant comme un océan se montre difficilement maîtrisable. Selon certains chercheurs, il ne concerne principalement que cinq pays de l'Afrique Subsaharienne : La Mauritanie, le Mali, le Niger, le Tchad et le Soudan10(*). A cela s'ajouterait le Sud algérien et son prolongement marocain jusqu'à l'Atlantique. L'approche institutionnelle prend comme pays du sahel, les neufs Etats du comité permanent Inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le sahel (CILSS) : Burkina Faso, Cap Vert, Gambie, Guinée Bissau, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Tchad. Mais, le Sahel ne recouvre qu'une partie du territoire de ces Etats et le Soudan n'est pas membre de ce comité. Dans cet immense désert, le milieu naturel est très contraignant. Il comprend de vastes étendues sableuses, un relief accidenté, des massifs montagneux, des plateaux profondément troués et entaillés qui présente de multiples grottes semblables au Waziristân Pakistanais ou aux montagnes Afghanes où, jadis Oussama BEN LADEN et son groupe se terraient. En dehors du relief gréseux et peu vigoureux qui constitue un facteur déstructurant le sahel, le climat n'est pas en reste. Celui-ci est la cause de nombreuses sécheresses que connaît la région, et source d'insécurité alimentaire.

Par ailleurs, il existe de multiples voies de communications et des routes transsahariennes répertoriées qui facilitent le déplacement de ces divers groupes terroristes et mafias dans la région. Cet ensemble de fait est donc propice au camouflage de ces groupes terroristes et trafiquants car, il constitue un lieu de refuge et fournit des sites de repli quasiment inexpugnables. Comme le dit Thomas Edward Lawrence : « La rébellion doit avoir une base inattaquable, un lieu à l'abri non seulement d'une attaque mais de la crainte d'une attaque »11(*). Ces informations renforcent l'idée répandue qu'AQMI aurait fait du sahel son sanctuaire. Les contraintes géographiques expliquent donc pourquoi on a du mal à mettre la main sur cette organisation et ses alliés, et parfois sur les otages. Il paraît très difficile de réussir une opération terrestre comme aérien pouvant permettre de mettre la main sur ces divers groupuscules qui sévissent au sahel. Et l'on ne devrait pas oublier que l'administration, la surveillance de cette zone, aride excèdent les Etats pauvres et instables de cet espace.

Dans ce coin isolé, la pauvreté et la misère y sont présents et elles ne sont pas sans incidence sur des populations déjà accablées par les lois de la nature. Cette situation favorise l'infiltration de l'islamisme radical proliféré par des extrémistes religieux qui tirent leur épingle de l'ignorance, de la misère et de la pauvreté dont sont victimes les populations de ce territoire. Cette percée de l'islam radical, sans être imminent dans la région du sahel est tout de même source de psychose sur des populations fragilisées. La nébuleuse terroriste profite de cette faiblesse, de la vulnérabilité des jeunes délaissés, sans emploi et livrés à eux-mêmes pour les endoctriner et les intégrer en son sein. D'autres jeunes quant à eux plongent dans le trafic de drogue, de médicaments, de contrebande pour le compte de celle-ci ou le leur. Ce qui contribue à alimenter le désordre que connait la zone sahélienne et que les Etats n'arrivent pas à contrôler. Désordre que tente de récupérer certains acteurs pour leur intérêt personnel.

En effet, le sahel est d'une importance stratégique pour les partenaires extrarégionaux des Etats de la région. En dehors de l'eau qui permet l'élevage ainsi que les cultures dans les oasis, le sous sol sahélien est riche, très riche, d'où les convoitises. Le sous sol sahélien contient du sel, des minerais divers (phosphate, or, argent, uranium etc.) et certains gisements demeurent inexploités. Les Etats énergivores envisagent une production massive d'électricité solaire dans cette région comme l'illustre le méga projet désertec. Le sahel connaît donc une pression très forte d'acteurs extrarégionaux qui se livrent une compétition sauvage pour obtenir la jouissance de l'exploitation de ressources non renouvelables12(*).

Tout concourt à faire de l'espace saharo-sahélien la plus vaste zone d'instabilité et de non droit de la planète : la géographie, la paupérisation persistante, sinon organisée des touaregs, les convoitises étrangères, l'extrémisme politico religieux et les mafias13(*). L'ampleur de la tâche à accomplir en vue d'une sécurisation et d'un rétablissement de l'ordre et de la paix est à la mesure de l'espace concerné : immense. Et rien ne permet d'affirmer, vue l'état actuel des choses, que les Etats de la région et même la Communauté Internationale parviendront à faire rétablir la sécurité dans cette zone.

* 1 Selim El SAYEGH, « Divergences et enjeux mondiaux : Légitime défense, terrorisme et préemption », Agir n° 16, décembre 2003, P. 1.

* 2 Samuel HUNTINGTON, Le Choc des civilisations, éd, Odile Jacob, 2007, 547 P.

* 3 Beatrice LEVEILLE, Le 11 septembre, l'Europe et sa sécurité, Rfi, vendredi 9 septembre 2011.

* 4 Point focalisateur ayant marqué et attirer l'attention des différents acteurs sur le danger de ce phénomène.

* 5 Attentat terroriste perpétrés par deux supposés terroristes tchétchènes qui a fait trois morts et plusieurs blessés.

* 6 http:// www.wikipedia.org/wiki/Al-Qaïda (consulté le 10 septembre 2012 à 15h30).

* 7 Mehdi TAJE, « Vulnérabilité et facteurs d'insécurité au sahel », note publiée par le Secrétariat du Club du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest (CSAO/OCDE), n° 1, août 2010, p. 1.

* 8 Khadija MOHSEN-FINAN, « Les Défis sécuritaires au Maghreb », Note de l'IFRI, juin 2008, p. 5.

* 9 Patrice GOURDAIN, « Al-Qaïda au Sahara et au Sahel. Contribution à la compréhension d'une menace complexe », www.diploweb.com, Revue Géopolitique en ligne, le 11 mars 2012, p. 1. (Consulté le 11 mars 2012).

* 10 Voir Gérard François DUMOND, « La géopolitique des populations du sahel », in Cahier du Cerem n° 13, décembre 2009, p. 33.

* 11 Thomas Edward LAWRENCE, « La guerre de guérilla » Encyclopedia Britanica, 1926, cité dans Gérard CHALIAND, Anthologie mondiale de la stratégie, paris, 1990, R. Laffont, p. 1137.

* 12 Bérangère ROUPPERT, « Les Etats sahéliens et leurs partenaires extrarégionaux. Le cas de l'union européenne en particulier », Note d'Analyse du GRIP, 6 décembre 2012, p. 4.

* 13 Patrice GOURDAIN, op. cit., p. 19.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo