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L'impact des robo-advisors sur la gestion de patrimoine

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par Xavier Leite
Université Paris-Dauphine - Master 2 Gestion de patrimoine et banque privée 2016
  

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3) Répondre au défi posé par l'absence de rendement

Depuis quelques années, nous faisons face à une absence de rendement des produits financiers induite par des taux directeurs et d'emprunt d'Etat situés à des niveaux historiquement faibles. Pour certains observateurs, la cause de ce phénomène est à mettre à l'actif des mesures non conventionnelles des banques centrales. Cependant, l'analyse de l'historique des taux nous permet de confirmer que cet état de fait n'est que la résultante de trois décennies de baisse progressive (cf. voir annexe 1). Le pouvoir des institutions monétaires est limité aux taux de court terme. Ce qui définit réellement le taux long est l'anticipation des agents économiques sur la croissance potentielle de l'économie ainsi que l'inflation ou encore la politique économique. Les taux courts ne sont que conjoncturels tandis que les taux longs sont structurels. Le fait que nous constations une chute tendancielle des taux longs sur les deux dernières décennies implique que la faiblesse actuelle des taux est, avant tout, le symptôme d'un déséquilibre entre l'épargne et l'investissement mondial qui a entrainé un recul du taux d'intérêt d'équilibre (ou « taux naturel »), qui fait coïncider épargne et investissement en situation de plein emploi.

Dans un premier temps, ce déséquilibre s'est expliqué par l'excès d'épargne à l'échelle mondiale, imputé aux pays émergents et aux pays producteurs de pétrole du Moyen-Orient, lesquels auraient, dès la fin des années 1990, accumulé des réserves de change. Ce phénomène serait soutenu aujourd'hui par le vieillissement de la population : à ce titre, Mourtaza Asad-Syed, co-fondateur de Yomoni explique que « aujourd'hui, l'Etat emprunte à taux négatifs à 5 ans en Suisse, au Japon, en Allemagne, en Autriche, au Danemark, en Suède, aux Pays-Bas, en Belgique et en France ! Ces pays ont une caractéristique commune : leur population âgée. Leur âge médian est en effet de plus de 40 ans et leur âge moyen est de 43 ans, alors qu'au sein de l'OCDE les pays anglo-saxons (Etats-Unis, Royaume-Uni, Canada, Australie, etc.) qui ont des moyennes d'âge inférieures à 40 ans (38 ans en moyenne) affichent toujours des taux d'intérêts positifs. C'est assez logique. Un pays dont la population est jeune va avoir une préférence pour l'immédiateté, la liquidité. Les taux d'intérêts seront alors élevés et les rares ménages qui épargnent voient leur sacrifice fortement récompensé. En revanche, une population plus âgée va davantage privilégier la sécurité et ne pas se soucier de consommation immédiate. En effet, il est légitime lorsqu'on est dans la force de l'âge d'anticiper qu'il sera progressivement plus difficile de subvenir à ses besoins par son labeur et de sécuriser ses revenus futurs avec son épargne d'aujourd'hui. Ce n'est pas tant les flux d'épargne qui sont plus importants qu'auparavant, c'est bien leur préférence pour la sécurité. Ce sont donc les

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cohortes démographiques massives qui épargnent pour leur retraite qui alimentent cette tendance, qui va donc durer encore plusieurs années en Europe et enfoncer davantage les taux longs »7.

La crise, en instaurant un climat pessimiste à travers le monde, a contribué à dégrader les perspectives de croissance à long terme. Il est abondamment prouvé qu'une récession profonde a un impact durable sur le potentiel de croissance. Et qui dit dégradation du potentiel de croissance dit baisse du rendement des capitaux et donc de la volonté d'investir. Cette tendance a accentué l'écart entre l'épargne et l'investissement. Les politiques ultra-accommodantes d'assouplissement quantitatif misent en place par un certains nombres de pays n'ont rien arrangé. Les rachats opérés ainsi que la baisse des taux directeurs ont entrainé une chute brutale des taux courts. Cette politique s'est accompagnée d'une stratégie de communication indiquant que leurs taux directeurs resteraient bas pendant une période prolongée. Ce faisant, les banques centrales ont cherché à influencer les anticipations des investisseurs en matière de taux d'intérêt courts à terme et, donc, les taux d'intérêt à moyen et long terme. Car comme nous le savons, le taux long est une moyenne des taux courts anticipés, ainsi si une variation du taux court est perçue comme durable, elle aura un impact sur le taux long.

Comme nous pouvons le voir sur le graphique ci-dessous, la baisse des taux d'intérêt à un impact direct sur le rendement des fonds en euros, qui ne cesse de chuter depuis une dizaine d'années, passant de 4,1% à 2,3% actuellement. Les évolutions du rendement des fonds en euros sont étroitement liées à celles des obligations. En effet, les fonds en euros ont toujours été composés principalement d'emprunts d'Etat et d'obligations d'entreprises privées. L'actif des assureurs correspondant à la répartition de leur fonds en euros, est investi, en moyenne, autour de 70 % en obligations, 20% en actions, 3% en immobilier, 5% en trésorerie et 2% en actifs divers. Ces proportions sont quasiment inchangées depuis une vingtaine d'années. Les assureurs investissent donc l'épargne nouvelle sur des obligations faiblement rentables. En conséquence, le rendement des fonds en euros diminue. Dans un contexte de taux d'intérêt négatifs appelé à se prolonger, il est donc inévitable que le rendement des fonds en euros poursuive sa contraction.

7« La Longue Vue #9 - Le prix de la sécurité » - 5 août 2016

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Rendement8 des supports euros entre 2006 et 2015

Tous les économistes s'accordent à dire que le fonds en euros est voué à l'extinction dans cet environnement de taux bas. La chute de son rendement est pourtant freinée volontairement par les assureurs dans une logique commerciale et aurait dû être bien plus forte ces dernières années. L'objectif d'une telle démarche et de conserver voire d'obtenir un avantage compétitif de rendement sur leurs concurrents afin de capter un maximum d'encours tant qu'il est encore temps. Ils puissent donc dans leur réserve technique et vendent leurs anciennes obligations, bien plus rémunératrices et donc valorisées, pour pouvoir rémunérer les épargnants au-delà de leur capacité de long terme. En agissant ainsi, ils ont une vision de court terme que le législateur souhaite d'ailleurs endiguer. C'est en ce sens que la loi Sapin 2 en France tente de forcer les assureurs à enlever le frein à main qui retient le rendement des fonds en euros malgré l'inexorable pente.

L'épargne financière des ménages français est composée majoritairement de l'assurance-vie, à plus de 37% ! Or les encours d'assurance-vie sont investis à 84% en supports euros, ce qui ne représente pas moins de 1 300 milliard d'euros, soit autant que l'ensemble des liquidités détenues par les ménages français en 2015. La transition du fonds en euros revêt donc une importance capitale dans une optique de gestion financière.

8 Net de chargements de gestion et brut de prélèvements sociaux

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Principaux encours financiers nets des ménages (encours annuels nets, en milliards d'euros)

Les acteurs du marché essayent aujourd'hui d'inverser la tendance en pressant les épargnants à opter pour un maximum d'unités de compte, investies sur des supports plus risqués et donc plus rémunérateurs, qui permettent d'adoucir la chute des rendements. Nous notons à cet effet que la proportion de placements annuels à destination des unités de compte ne fait qu'accroître au détriment du fonds en euros (cf. graphique ci-dessous).

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Flux de placements annuels à destination des contrats d'assurance vie (flux annuels nets en
milliards d'euros ; CAC 40 en points)

Il est donc nécessaire de changer de vecteur d'investissement financier et de prendre plus de risque pour dégager un rendement. Nous assistons, à cet effet, à une course aux produits alternatifs depuis un certain temps, qui n'est pas dénuée de risques.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci