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Impacts d'une crise sectorielle sur la confiance des consommateurs et les stratégies publicitaires. Une application au secteur bancaire français depuis la crise financière de 2008.

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par Tom Delacroix
Montpellier Business School - Master Grande Ecole 2015
  

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2. ANALYSE SEMIOLOGIQUE DES NOUVELLES STRATEGIES PUBLICITAIRES

L'analyse sémiologique des publicités du secteur bancaire français nous permet de comprendre les impacts de la crise sur les stratégies de communication. Si la majorité des banques ont opéré un tournant décisif dans leur manière de communiquer, certaines ont décidé de ne pas modifier leur manière de s'adresser aux consommateurs.

Grâce à la comparaison que nous faisons avec les campagnes d'avant crise, nous voyons très aisément que les stratégies publicitaires ont été fortement modifiées pour la plupart des banques. Tout d'abord, le ton employé a beaucoup changé et l'humour est de moins en moins présent dans la publicité bancaire. La copie stratégique est beaucoup moins créative et laisse place à des discours sérieux. Dans tous ces nouveaux spots, on ne fait plus de blague, et l'on n'y voit plus d'images 3D d'animaux ou de pouce. Il y a un retour à la réalité avec des décors « normaux » : la rue, l'agence bancaire (sans banquier chanteur ou danseur). Les publicités sont moins chargées et laissent place aux clients, ainsi qu'aux conseillers. Le réalisme de ces campagnes de publicité s'apparente même à des reportages où des clients et conseillers sont interviewés. Ainsi l'agence CAPA Production qui réalise par exemple l'émission Envoyé Spécial, est mandatée par la Société Générale pour travailler avec son agence de publicité et

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donner ainsi un caractère réel aux spots. Le réalisme de ces campagnes est renforcé par la décision des banques de faire intervenir des vrais clients et vrais conseillers bancaires. Par exemple le Crédit Agricole a recruté ses figurants grâce à des candidatures spontanées pour sa campagne « Les vrais gens ». BNP Paribas rend réaliste sa campagne « parlons vrai » en laissant place aux vrais questions des consommateurs. Les interrogations soulevées sont donc assez virulentes et agressives, mais correspondent aux vraies questions des clients, ce qui atténue la sensation d'être dans une publicité. On peut ainsi entendre le client de la publicité demander « Je paye quand même en faisant votre boulot sur internet ? ». Le réalisme a un objectif assez clair dans ces campagnes : humaniser les banques. En plaçant ainsi l'humain au centre des campagnes de publicités, les banques rappellent qu'elles sont composées de ressources humaines au service des « vrais clients ». On se rend compte en étudiant les affiches, que l'espace est occupé par la représentation des clients regardant l'objectif. Ils sont représentés dans de situations de la vie courante (en tenue de travail, au sport, dans la rue). Les banques se donnent ainsi un visage, qui permet de les voir comme quelque chose d'autre qu'une institution bureaucratique. Pour cela les publicités démontrent que les banques comprennent les difficultés des clients et peuvent les accompagner dans toute leur vie. Grâce à l'instauration de ce ton plus sérieux et plus humain, les banques peuvent faire passer leurs nouveaux messages.

Un nouveau discours basé sur la transparence et l'empathie est mis en place. Pour cela, les clients sont représentés face-à-face avec leur conseiller et peuvent poser les questions qu'ils veulent. Le CA représente dans ses publicités les clients/conseillers assis sur un banc dans des villes et abordant des sujets divers comme « Que faîtes-vous avec notre argent ? ». L'objectif principal est de rassurer les consommateurs en faisant preuve d'empathie (écouter ses clients). La BNP Paribas a particulièrement réussi à adopter ce discours de transparence et de franchise en basant la campagne sur « Parlons vrai ». La banque s'engage ainsi à répondre à toutes les questions, même les plus agressives. Pour représenter cette stratégie, la Banque Postale va plus loin avec sa publicité basée sur le concept de la feuille blanche. Le message est simple, la banque a tourné la page et revoit sa manière de travailler et de penser. Pour faire passer ses messages la campagne centre ses messages sur « La banque nouvelle définition » et propose des définitions à des mots/concepts. Cette campagne où le blanc est omniprésent démontre la volonté de transparence envers les clients.

Ces campagnes répondent aux accusations lancées dans les médias et par les politiques. Les banques cherchent à justifier leur rôle sociétal en expliquant par exemple, que l'épargne d'un client permet de financer l'ouverture d'une PME dans la même ville (publicité du Crédit Agricole). Pour être crédible, les banques adoptent toutes un discours de preuves riche et varié. Ces preuves ne sont plus déclarées par une voix-off mais par un salarié à visage découvert qui déclare « Nous finançons un projet immobilier toute les deux minutes en France » au Crédit agricole. En adoptant ce discours les banques veulent rappeler que leur rôle est très important et qu'ils ne sont pas seulement des « voleurs » ou des spéculateurs. La discours va jusqu'à un ton éducatif, où l'on explique le fonctionnement d'une banque

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et réexplique le statut d'intermédiaire. Les banquiers de chez BNPP répondent au client « Non, les dépôts sont utilisés pour vous faire des crédits ». Pour appuyer ce nouveau ton sérieux de communication, les publicités sont accompagnées de nouvelles musiques et nouveaux jingles. Cette musique, souvent à la guitare est captivante et prenante comme dans la campagne de la Société Générale. Les spots publicitaires sont souvent plus longs qu'avant, pouvant aller jusqu'à soixante secondes pour la publicité principale de la Société Générale.

Avec ces nouvelles stratégies de communication, les banques se sont appuyées sur leur identité, c'est-à-dire leur ADN (par exemple leur histoire ou leur valeur). Pour certaines banques cette identité est basée sur sa structure et fonctionnement historique. C'est le cas du Crédit Agricole qui a beaucoup communiqué sur sa structure de caisse régionale coopérative qui finance les projets locaux. Cette structure est en effet très ancienne et spécifique à la banque d'origine agricole. L'objectif a donc été de montrer que la banque est plus proche de ses clients que les concurrents qui sont centralisés. La Banque Populaire et le Crédit Mutuel ont aussi basé leurs dernières campagnes sur la structure même de la banque où les clients sont sociétaires et participent aux décisions régionales.

Une autre stratégie a été de se servir des valeurs dégagées par les sports pour communiquer. Historiquement les banques sont des sponsors très importants dans le secteur sportif. Certaines banques ont donc axé leur campagne sur le sport comme la Société Générale qui s'est servie du sponsoring de l'équipe de France de Rugby pour baser sa campagne de communication. Le slogan a été modifié pour devenir « Développons ensemble l'esprit d'équipe ». La campagne de publicité, lancée à l'occasion du match France-Pays de Galle en 2011 lors de la coupe du monde, commence par des images sur l'équipe de France lors d'une mêlée. Le concept est ensuite décliné pour montrer que dans toute les situations de la vie, nous sommes une équipe (un couple, une entreprise, des enfants...). La relation banquier/client doit aussi être vue comme une relation d'équipe afin d'avancer dans la vie. La SG souhaite ainsi partager les valeurs que le rugby dégage et faire comprendre que l'on doit faire confiance à ses équipiers. Or une banque n'est ni plus ni moins qu'un équipier de la vie de tous les jours pour les clients. BNP Paribas a de son côté insisté sur le tennis et le cinéma. Le tennis est le sport auquel la banque s'associe depuis de nombreuses années. Aux Etats-Unis, Rolland Garros est même surnommé « BNP Turnament50 ». La banque a donc beaucoup communiqué sur ce sport dont elle partage les valeurs. Le slogan « Entrez dans l'échange » démontre la volonté de BNPP de se placer comme une banque « à l'écoute ». La communication sur ce sport est allé jusqu'à un site internet dédié au tennis sous la bannière BNPP ainsi que le lancement d'une campagne virale « We are tennis ». Le cinéma est aussi utilisé afin de montrer l'engagement de l'entreprise envers la culture pour tous. BNPP est en effet organisateur du « Printemps et de la rentrée du cinéma » et propose de gagner des

50 NDT « Le tournoi BNP »

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contremarques à 3,5€. Les publicités ont été nombreuses, avec des célébrités en tant que comédiens, afin de communiquer sur ces évènements. Grâce à ces sports et activités culturelles, les banques tentent de compléter leur capital marque en partageant les valeurs de ces activités.

On comprend donc que les produits spécifiques qui étaient beaucoup mis en avant dans les campagnes d'avant crise ont céder la place aux valeurs. Dans toutes ces nouvelles publicités nous voyons beaucoup moins de taux, de cartes bancaires ou de produits d'assurance. En effet, les campagnes sont centrées sur les valeurs et les émotions. On montre l'accompagnement de la banque au travers des situations de la vie quotidienne. Dans la publicité de la SG, il n'y donc aucune parole, et seulement un slogan qui apparaît. Tout est dans la métaphore et le suggéré. L'objectif est d'abord de faire passer des émotions. La banque postale nous donne ainsi dans son spot la définition de confiance « premier capital qu'un client doit pouvoir investir dans sa banque ». La campagne est dans le conceptuel et n'aborde que très peu les produits financiers.

Les « jeunes » ont été ciblés par les banques avec des campagnes de communication assez différentes des campagnes grand public. Loin du ton sérieux et transparent véhiculé au sein des publicités après la crise financière, des campagnes parallèles ont été lancées afin d'adapter le discours vers les jeunes malgré la période de crise de confiance. Des jeunes humoristes connus grâce à Youtube ont été recrutés par les banques afin de réaliser des campagnes ciblées. Ainsi Kev Adams, jeune comédien et humoriste connu grâce à son activité sur Youtube et la série SODA a signé un contrat avec le Crédit Agricole afin de réaliser des publicités à destination de la télévision ainsi que d'Internet. Le CIC lui, a engagé Cyprien et Norman, humoristes ayant percé grâce à Youtube. De nombreux spots ont été réalisés afin d'être diffusés sur Youtube au travers de la chaîne vidéo du CIC. Dans ces épisodes, plus long qu'une pub TV, les comédiens abordent avec légèreté et humour les sujets de la vie courante des jeunes comme le premier emploi, le premier emménagement, la première carte de crédit. Le ton utilisé est donc beaucoup plus léger. Par exemple dans le spot du Crédit Agricole, Kev Adams ne peut pas aller jusqu'au bout d'un rendez-vous amoureux parce qu'il n'est pas indépendant sans carte bancaire. Ces idoles d'internet permettent donc aux banques d'attirer un public jeune en adaptant le discours. On s'aperçoit aussi que les produits sont beaucoup mis en valeur comme les cartes bancaires spéciales jeunes. Ces campagnes avec les humoristes sont en décalage complet avec les campagnes principales des mêmes banques. La Société Générale a su mettre en place une communication à destination des jeunes plus cohérente avec la campagne principale. Malgré une copie stratégique beaucoup plus créative et moins sérieuse, le message centrale de la SG « l'esprit d'équipe » est décliné vers les jeunes. Des jeunes font du « Beatbox » (rythmes avec la bouche) afin de se protéger de loups, ce qui montre l'importance du travail d'équipe et présente un produit : la carte « So Music » de manière décalée. Une autre publicité montre un jeune à l'étranger face à un quiproquo qui le place en braqueur

de banque. Cela permet d'expliquer que partir à l'étranger n'est pas si simple et qu'il faut faire équipe avec la Société Générale.

En plus des jeunes, les banques ont aussi ciblé les entreprises avec des campagnes B2B51 spécifiques. Ces publicités s'intégraient dans les mêmes campagnes, mais avait un message plus spécifique : le financement des entreprises pour l'investissement. Ce discours a pour objectif de rassurer les entreprises (notamment les PME et les entrepreneurs) sur la présence et le soutien apporté par les banques françaises.

Pour toutes ces banques, le changement de stratégie de communication est aussi prouvé par la « danse des agences » qui s'est déroulée entre 2008 et 2010. Le Crédit Agricole quitte Providence pour rejoindre BETC EUROSCG, la Société Générale rompt son partenariat chez Saatchi & Saatchi pour faire réaliser ces futures campagnes par Fred & Farid, BNPP elle, se tourne vers Publicis Conseil. En changeant d'agence, les banques prouvent qu'elles veulent tourner la page, comme le dirait la Banque Postale. Les stratégies sont donc remises à plat en démarrant une nouvelle relation avec une nouvelle agence. Ce fut en effet le seul moyen d'opérer une coupure nette avec les anciennes campagnes non congruentes avec la situation actuelle. Ces partenariats s'avèrent être de long terme puisqu'en 2015, les banques travaillent encore avec les mêmes agences choisies en 2010/2011.

En revanche certaines banques ont choisi de ne pas modifier profondément leur campagne de publicité. Le CIC est par exemple resté chez l'agence Australie et a continué la saga de « la banque d'en face ». La construction du spot reste la même, où le concurrent bancaire est tourné en ridicule avec humour. L'objectif d'une telle stratégie est donc de donner de la cohérence à la marque, au risque de ne pas montrer que la banque est à l'écoute du marché. Les publicités sont toujours très axées sur les produits les taux de crédit ou le mobile. En 2015 la dernière publicité parle d' « une complémentaire qui vous évite d'avancer vos frais de santé ». Le LCL a lancé une nouvelle campagne mais sans changer de ton de communication. La banque a créé le buzz en intégrant Gad Elmaleh dans sa principale publicité sur le thème du one man show. Le comédien y décris sa banque des rêves, qui n'est autre que le LCL. La stratégie reste la même : miser sur des personnes fortement connues dans la culture populaire (comédiens, sportifs...) afin d'augmenter le capital sympathie de la marque. Ainsi au LCL, il n'y a pas de représentation du banquier mais simplement du client.

Le Crédit Mutuel est la seule banque qui avait en 2007 une campagne assez institutionnelle sur un ton sérieux, et qui a modifié sa stratégie vers un ton plus comique, en orientant le discours sur des produits. La banque se détache ainsi des autres banques avec sa « saga familiale » où un grand père accuse son fils d'être banquier. La banque semble se ranger du côté client en avouant que le métier de

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51 Terme défini dans le glossaire p.69

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banquier (trader) n'est pas philanthrope. La banque explique ainsi que ce sont les sociétaires qui participent aux décisions de la banque et donc la « contrôlent ».

Nous remarquons aussi que les slogans et logos des banques ont été modifiés. Le crédit agricole renforce son image historique en utilisant son ancien slogan abandonné depuis 6 ans. Ainsi « le bon sens a de l'avenir » représente le dynamisme d'une banque ayant des activités utiles et une stratégie de long terme. La Société Générale abandonne « On est là pour vous aider » mais lance un slogan bien différent basé sur le rugby «Développons ensemble l'esprit d'équipe ». Ce nouveau slogan permet de véhiculer des valeurs plus institutionnelles et émotionnelles. Le logo de la SG est aussi épuré et insiste sur les couleurs rouge et noir. La BNP adopte son slogan «La banque d'un monde qui change » afin de démontrer la capacité du groupe à innover et s'adapter. Le CIC ajoute « Construisons » à son slogan pour devenir « Construisons dans un monde qui bouge ». La banque n'est plus passive comme avant « Parce que le monde bouge » mais construit avec ses clients une banque permettant de s'adapter au nouveau monde. « La banque haute définition » est le slogan qui accompagne toutes les publicités TV et affichage de la Banque Postale. Il a été créé en même temps que la campagne de communication de 2010 et renforce l'idée d'une banque digitale. Il va aussi dans le prolongement de la thématique de la campagne sur les définitions. En analysant les logos, on voit que les banques ont toutes créées des logos spécifiques pour leur filiale de banque d'investissement, cela afin de démontrer la séparation entre les activités de dépôt et d'investissement.

BNPP a été jusqu'à mettre en place des ateliers clients (670 en 2013) en cohérence avec la campagne « Parlons vrai/ parlons PME ». Ces ateliers d'ampleur nationale se sont déroulés dans les agences bancaires et étaient gratuits. Les clients pouvaient venir pour avoir des informations pédagogiques sur le système bancaire français. Ils pouvaient aussi réagir sur internet en posant des questions diverses et variées. Cette action démontre la profondeur donnée à la campagne de communication, grâce à la création d'interactions avec les ménages français. Le concept a été repris d'une publicité du crédit mutuel de 2007 où les clients étaient invités à décrire ce qu'ils attendaient vraiment d'une banque.

L'étude de la sémiologie verbale des nouvelles publicités démontre que l'objectif est de communiquer plutôt sur des valeurs. Les mots les plus employés sont en effet : « confiance, fidèle, projet, coopérative, équipe, spéculer, risqué... ». On y voit aussi le discours transparent apporté par les banques sur des thèmes encore jamais abordés comme par exemple les dérives du système bancaire. L'analyse des mots et de la syntaxe nous montre que les prénoms personnels « je, vous, nous, lui » sont très présents dans les publicités ce qui démontre l'humanisation des discours bancaires.

Les observatoires de la communication bancaire réalisés par les grands cabinets d'analyse comme IPSOS, KANTAR MEDIA ou TNS ont analysé les campagnes de publicités entre 2010 et 2014. Les résultats sont comparables à notre étude sémiologique. KANTAR MEDIA définit en 2010

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quatre axes d'expression dans les nouvelles campagnes bancaires : la clairvoyance (franchise), la bienveillance (l'empathie), la confiance et l'exigence (accompagnement). Cela résume assez bien l'analyse que nous avons réalisée grâce à la visualisation des spots publicitaires.

Les dernières campagnes lancées en 2015 dans un contexte où la confiance dans le secteur bancaire est remontée prouvent que les stratégies sont déjà en train de changer. On assiste en effet à une remontée de l'utilisation de l'humour dans les campagnes publicitaires. La Société Générale toujours en partenariat avec la même agence, lance en 2015 une campagne digitale sur un ton très décalé « Tout n'est pas aussi simple ». L'objectif est de promouvoir des produits spécifiques avec humour, en faisant par exemple parler un légume (avocat) pour donner des conseils à un client. Nous pouvons imaginer que le lancement de la coupe du monde de rugby 2015 sera l'occasion pour la SG de lancer une nouvelle campagne mass média. BNPP change aussi de ton et adopte des publicités moins sérieuses depuis 2015. Cette campagne accompagne les nouveaux engagements de la marque et la nouvelle charte graphique. On peut voir une équipe de la NASA aider un père et son fils à faire décoller une petite fusée. La Banque Postale cible les personnes âgées avec humour en les représentant dans des situations humoristiques. Cette campagne « vieillissez bien » adopte avec humour un sujet sérieux : la perte d'autonomie.

Les campagnes prennent un nouveau tournant car comme le met en exergue le rapport IPSOS « observatoire banque - assurance 2014 », le discours « vérité » qui dure depuis près de cinq années commence à lasser les consommateurs. Ce ton commence à ennuyer les clients et ne porte plus ses fruits. Le Crédit Agricole s'est lancé en 2015 dans une campagne très institutionnelle où comme la SG en 2011, le sponsoring du sport est mis au centre de la campagne. Ainsi le CA communique sur le football féminin avec le slogan « On a tous commencé en donnant des coups de pieds ». Cette campagne marque un nouveau tournant pour la marque, on ne voit plus de client ni de conseiller mais une mère enceinte, des sportifs... L'engagement est aussi fort car le football féminin est souvent mis de côté. La Caisse d'Epargne joue aussi sur un créneau émotionnel important avec sa nouvelle campagne à destination des jeunes en noir et blanc dont le slogan est « Le monde est entre leurs mains ». L'institution transmet ainsi des valeurs et non des produits.

Les investissements publicitaires des banques reflètent aussi les métamorphoses que le secteur a subies depuis 2007. Nous avons suivi l'évolution de cet investissement au travers de six banques (CA / CIC+CM / BPOST / SG / BNPP). Entre 2006 et 2013, les dépenses en publicité de ces banques ont augmenté de 30%, ce qui reflète la stratégie d'utiliser la communication comme levier afin de faire remonter la confiance. Nous observons en effet que l'image des banques a gagné 15 points en terme d'image entre 2010 et 2015 selon la FBF. La variation des investissements par banque est homogène, puisque toutes les banques ont augmenté leur investissement.

L'analyse des nouvelles campagnes de communication nous a permis de mettre en exergue les modifications de stratégie que les banques ont mises en place. Le ton de communication est beaucoup plus sérieux et authentique. Le discours est dorénavant transparent, humain et empathique, puisque les clients ont la parole dans ces nouvelles campagnes. Pour communiquer sur leurs valeurs, les marques ont utilisé leur identité historique (business model, sponsoring, association à des célébrités). Tous ces facteurs permettent de développer la proximité qui est très importante comme nous l'a rappelé Frédéric Andrieu lors de notre interview. Bien que beaucoup de banques aient opéré des virements stratégiques, certaines banques ont décidé de continuer de la même manière qu'avant la crise. Plus qu'une simple réponse à la crise, ces campagnes sont des stratégies de long terme qui laissent place à un nouveau paysage des banques en France. Notons cependant, que les discours « vérité/transparence » arrive à bout de souffle et que les banques commencent à entreprendre de nouvelles campagnes plus créatives. Pour représenter le changement entre l'avant et l'après crise, nous avons créé une matrice qui permet d'évaluer le positionnement d'une banque en fonction du ton employé dans ses publicités (humour/sérieux) et de l'objectif central dans le discours (produit/valeur). Ces matrices nous permettent de visualiser facilement la métamorphose des stratégies de communication. Le placement des banques sur la matrice a été fait grâce à la visualisation et l'analyse détaillée des campagnes des banques respectives. En plaçant en premier les extrêmes (la plus sérieuse, la plus humoristique...) nous avons pu identifier la position des autres.

 

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld