B -Les organisations
internationales chargées de la gestion de
Politiques sectorielles
En raison de leurs avantages comparatifs, les organisations
spécialisées peuvent compléter les activités des
Communautés économiques régionales et font progresser
l'Union africaine et l'intégration régionale. Ces structures se
chargent d'assurer, en parallèle, une gestion intégrée des
bassins fluviaux (1) et prennent en charge, dans un cadre régional, des
défis environnementaux (2).
1)- La gestion
intégrée des bassins fluviaux
Au plan hydrographique, l'Afrique est traversée par de
très grands fleuves qui prennent leur source dans des régions
tropicales et coulent, selon l'hémisphère
considéré, vers le Nord ou le Sud en apportant des volumes d'eau
considérables dans des régions arides ou semi-arides. Le Nil, le
Congo, l'Okavango, le Niger, le Sénégal, qui sont les plus grands
fleuves d'Afrique, par exemple, empiètent sur plusieurs territoires
d'Etats différents. Ce pose dans un tel cas l'intérêt d'une
concertation pour la gestion des ressources hydrauliques dans un cadre
institutionnel. Ces dernières années, de nombreux pays ont
engagé de profondes réformes juridiques et institutionnelles afin
de s'orienter vers une politique de l'eau selon le mode de gestion
intégrée et sur la base des bassins versants. Dans cette logique,
un Réseau international des organisations de bassin (RIOB) a
été créé en 1994 pour faciliter la mise en commun
et la diffusion des bonnes pratiques de gestion intégrées des
ressources en eau à l'échelle du continent africain
(14). Cet organisme soutient la création, en son sein, de
« Réseaux régionaux » pour faciliter le partage
d'expériences entre pays voisins d'une même région et
développe des compétences communes et des projets de soutien
opérationnels. C'est également dans ce cadre qu'a
été créé en Juillet 2002, à Dakar le nouveau
Réseau africain des organisations de bassin (RAOB) avec pour
objectif de mettre en oeuvre les actions du programme associé par les
organismes de bassin transfrontaliers (voir annexe).
Les organisations de bassin ont joué un rôle
très important dans la prévention et la gestion des crises qui
ont secoué l'Afrique ces dernières années. De l'avis de M.
David Shinn, ancien ambassadeur des Etats-Unis en Ethiopie, l'initiative du
Bassin du Nil, aide les dix pays bordant le Nil à éviter les
conflits qui pourraient voir le jour au sujet de leurs droits en tant que
riverains du fleuve (15). Le Nil avec ses 6.570 kilomètres,
est le plus long fleuve du monde. Son bassin couvre 3,37 millions de km2. Les
pays riverains qu'il traverse sont le Burundi, la République
Démocratique du Congo, l'Egypte, l'Erythrée, le Rwanda, le
Soudan, le Kenya, l'Ouganda et la Tanzanie. Ces dix pays ont une population de
336 millions d'habitants. Ainsi les perspectives de croissance de cette
population intensifient encore la pression sur les ressources du Nil qui ne
sont infinies.
Dans une autre région de l'Afrique, l'Organisation pour la
mise en valeur du fleuve Sénégal (MVS) a continué
à fonctionner tout au long de la crise entre le Sénégal et
la Mauritanie .Pendant la période de rupture des relations
diplomatiques, elle a servi de cadre de dialogue entre les deux Etats. Par
ailleurs la Commission du bassin du lac Tchad (CBLT) a pu servir comme premier
niveau d'arbitrage entre le Cameroun et le Nigéria à propos du
lac en question. L'Autorité de Bassin du Niger (ABN) continue, elle
aussi, de servir de cadre de dialogue entre le Mali et le Niger d'une part puis
le Niger et le Nigéria d'autre part.
En fait la multiplicité de projet de barrage, le haut
degré d'interdépendance des Etats et la réduction notable
de la disponibilité de l'eau, sont à l'origine des tensions,
voire des risques de conflits inter étatiques autour de la ressource en
eau. En effet c'est lors du dernier trimestre de l'année 1988 qu'a
commencé ce qui allait mener quelques mois plus tard à la plus
grave crise dans les relations entre le Sénégal et la
Mauritanie. Le barrage de Manantali venait d'être
réceptionné alors que celui de Diama était mis en service
deux ans auparavant. Des expulsions d'agro-pasteurs de part et d'autre des deux
pays débouchèrent très vite sur l'exhumation d'un vieux
conflit foncier relatif au tracé de la frontière entre les deux
Etats. Après des tueries et prises d'otages localisés, la tension
ne tardera pas à gagner tout le long du fleuve et les principales villes
des deux pays. Le bilan du conflit sera très lourd : outre les
dizaine de morts, près de 75000 sénégalais, 150000
mauritaniens durent être rapatriés au courant du premier semestre
de 1989 .Des milliers de population noires africaines de nationalité
mauritanienne furent déportés au Sénégal (
épuration ethnique) (16).
En juin 2000 les autorités mauritaniennes
accusèrent le président Wade du Sénégal qui venait
d'être élu d'avoir l'intention de remettre à l'ordre du
jour le projet de réhabilitation des vallées fossiles de son
prédécesseur, Abdou Diouf .Ce projet consiste à vouloir
dévier une partie du fleuve Sénégal pour alimenter un
réseau de vallées asséchés dans le centre Nord du
Sénégal. Du point de vue des dirigeants politiques
sénégalais, la remise en eau de ce réseau de cours d'eau
fossiles en particulier la vallée du ferlo qui se jette dans le lac de
Guier ( lac qui alimente la ville de Dakar en eau potable ) à Keur Momar
Sarr après avoir reçu une série de d'affluents, tous
aujourd'hui asséchés, permettrait de développer des
activités agropastorales dans la région sahélienne du
centre nord du Sénégal .La réaction du gouvernement
mauritanien à ce projet fut de donner un délai de 15 jours aux
ressortissants sénégalais pour quitter la Mauritanie. Le
président Wade annonça alors le gel du projet, ce qui fit baisser
la tension en attendant le prochain incident.
De la même manière, la crise
énergétique qui avait frappé le Ghana en 1998, suite au
déficit d'eau dans le Lac Volta, une partie de l'opinion publique et
même les dirigeants de ce pays avaient suspecté le Burkina Faso
d'avoir été à l'origine du problème. Certains ont
en effet pensé que la baisse du niveau d'eau dans le lac Volta
résultait d'un accroissement des prélèvements d'eau par le
Burkina sur les sections en amont de la volta blanche et de la volta noire
.Mais il s'est révélé que la cause de la plus
crédible de cette crise énergétique était la
variation et le changement climatique.
Dans un autre exemple le Nigéria qui a consenti
d'importants investissements hydro agricoles et énergétiques dans
la partie aval du fleuve Niger redoute aujourd'hui que la réalisation de
projet de barrages en amont du fleuve n'entraîne une baisse des
débits dans la partie nigériane du cours d'eau. C'est ainsi que
les autorités nigérianes ont manifesté à plusieurs
reprises leur inquiétude concernant tout projet hydraulique sur le
fleuve Niger qui entraînerait une réduction de plus de 10% du
volume d'eau reçu au Nigéria.
Au-delà du cadre strict des bassins versants, les Etats
africains s'engagent à traiter ensemble, dans un cadre plus global, les
problèmes liés à l'environnement.
2)- La prise en charge des défis
environnementaux dans un cadre
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