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Michel Foucault ,Psychiatrie et médecine

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par David Labreure
Université Paris 1 panthéon sorbonne - Ma??trise 2004
  

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III: CARACTERISTIQUES DU POUVOIR PSYCHIATRIQUE : LE POUVOIR DISCIPLINAIRE

Dés le premier cours, daté du 7 novembre 1973, Foucault énonce que le savoir médical a pour condition un certain rapport à l'ordre.Et Foucault de commencer son cours en citant Pinel et l'anecdote concernant le roi Georges III 166(*)... La notion de pouvoir disciplinaire n'est toutefois pas tout à fait nouvelle chez Foucault, étant déjà apparue, nous l'avons vu, à propos de la réorganisation de l'hôpital à la fin du XVIII éme siècle. C'est dés le début du XIX éme siècle que le savoir psychiatrique s'insère dans le champ médical et se définit comme spécialité. Foucault insiste sur l'importance du premier regard et la présence physique voire corporelle du médecin ,qui est « le noeud du rapport psychiatrique »167(*) .Le médecin n'est pas tout seul et dispose de toute une série de relais ,les surveillants et les servants :l'organisation à l'intérieur de l'asile se caractérise par sa hiérarchisation .Le système de pouvoir fonctionne par l'intermédiaire d'une multiplicité de réseaux à l'intérieur même de l'asile, cadre du pouvoir : « Le pouvoir n'appartient ni à quelqu'un, ni à un groupe (...) il n'y a pouvoir que parce qu'il y a dispersion, réseau, relais »168(*) .Le discours psychiatrique ne pourra être objectif que grâce à ce dispositif. Foucault parle même de « tactique de pouvoir »169(*) , or pour qu'il y ait tactique, il faut qu'il y ait quelque chose à vaincre ou à maîtriser, quelque chose qui menace en somme. Ce quelque chose c'est le fou : l'objectif de l'asile, grâce à l'ensemble de ce dispositif, va être de situer le point où la folie se déchaîne et ainsi modifier le comportement de l'individu. Deux types d'interventions sont possible : médicamenteuse et proprement médicale d'une part , par l'intermédiaire d'un traitement moral d'autre part. Ce traitement moral prend sa source dans ce que Foucault nomme le pouvoir disciplinaire. La psychiatrie ne pourra ainsi être comprise que grâce au fonctionnement du pouvoir disciplinaire et non à partir de l'institution asilaire, comme c'était le cas dans Histoire de la folie Foucault va ainsi distinguer deux formes différentes de pouvoir : d'abord le pouvoir de souveraineté, qui est un rapport liant le souverain à ses sujets fondé sur une antériorité fondatrice (le droit divin par exemple) et le prélèvement de sommes d'argent en échange de la protection par le souverain ,l'autorité politique. Le pouvoir disciplinaire, lui, est une prise totale sur le corps et le comportement de l'individu. Il implique un contrôle et une surveillance continus. Dans le pouvoir disciplinaire ,on est toujours soumis au regard ,au jugement perpétuel de quelqu'un :la discipline est « la prise en charge permanente et globale du corps de l'individu »170(*) .Elle se différencie du pouvoir souverain dans le sens aussi où il ne fonde pas sa légitimité sur l'antériorité .Au contraire, le pouvoir disciplinaire « regarde vers l'avenir »171(*) c'est à dire va transformer ce jugement perpétuel en habitude ,grâce à de nombreux outils comme l'écriture, gage de complète visibilité ,instrument qui consigne tous les faits ,transmet l'information à la hiérarchie .Tout système disciplinaire implique des déviances, des inclassables, des « résidus » qui échappent à toute surveillance (comme le déserteur à l'armée par exemple). En psychiatrie, c'est le malade mental. C'est la présence de ces « résidus » qui va favoriser la création d'instances disciplinaires supplémentaires. A ce point de l'argumentation, on imagine très bien les effets du pouvoir disciplinaire : la remise en cause, principalement, du rapport entre le sujet et l'individu, mais aussi entre le sujet et le corps .Le pouvoir disciplinaire, d'une certaine manière, normalise les corps, « fabrique des corps assujettis »172(*) , par l'intermédiaire de cette surveillance « panoptique » dans le sens le plus strict. Foucault utilise le terme d'  «  individu disciplinaire » qui ajuste le pouvoir politique sur le corps de l'individu. Ainsi, conclut Foucault, l'homme se voit défini juridiquement comme sujet de droit, mais aussi disciplinairement, comme corps assujetti soumis à la surveillance perpétuelle. C'est en faisant un historique des processus disciplinaires que Foucault constate l'émergence d'une « société disciplinaire » s'appliquant à tous les niveaux de l'existence humaine.

* 166 Michel Foucault, Le pouvoir psychiatrique, Gallimard Seuil, Paris, 2003, p.22.

* 167 Ibid.p.6.

* 168 Ibid.p.6.

* 169 Ibid.p.8.

* 170 Michel Foucault, Le Pouvoir psychiatrique, Gallimard Seuil, Paris, 2003, p.50.

* 171 Ibid.p.49.

* 172 Ibid.p.57.

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