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La politique étrangère des Etats-Unis au Venezuela, la période Chavez (1999- 2007)

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par Anonyme
Université Panthéon-Assas paris II - Master 1 Science Politique 2006
  

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2) Une diplomatie préventive : l'exemple de la tentative de coup d'Etat de 2002.

Dans les mois qui suivent l'élection de Chavez à la présidence du Venezuela, les relations entre les Etats-Unis et le Venezuela semblent assez calmes. Cependant, l'arrivée au pouvoir de George W. Bush en 2000 ainsi que les événements du 11 septembre 2001 vont modifier durablement les relations qu'entretiennent ces deux pays. A partir de cette période, l'attitude du Venezuela semble en effet incorrecte aux yeux des Etats-Unis. Dans un rapport rédigé à la demande du Sénateur démocrate Christopher J. Dodd à propos des événements d'avril 2002 au Venezuela3(*), l'inspecteur général du Département d'Etat dresse la liste des actions dont s'est rendu coupable le président vénézuélien Hugo Chavez. Ainsi, il est notamment fait mention des visites de Chavez à Cuba, en Irak, en Iran et en Libye, que le rapport qualifie de « gouvernements anti-américains ». De la même manière, dans ce rapport, l'inspecteur général explique que le gouvernement vénézuélien ne soutient pas suffisamment la guerre contre le terrorisme engagée par l'administration Bush. Enfin, le rapport condamne l'immixtion du gouvernement de Caracas dans l'industrie pétrolière du pays et son impact potentiel sur les prix du pétrole. Ainsi, depuis l'arrivée de George Bush à la Maison-Blanche, le gouvernement américain semble vouloir évincer Chavez de la présidence. Il s'agit, sur le plan idéologique, de contrecarrer le bolivarisme et, sur le plan économique, d'assurer un approvisionnement vital pour les Etats-Unis : le pétrole.

L'année 2001 apparaît à bien des égards comme l'année au cours de laquelle les relations entre le Venezuela et les Etats-Unis se sont tendues. Tout d'abord, en avril, lors du sommet des Amériques de Québec, le président du Venezuela se manifeste clairement contre le Free Trade of the Americas Act (FTAA). Il s'agit d'un projet de coopération économique proposé par les Etats-Unis. Chavez préférerait en effet la mise en place d'une intégration économique régionale en Amérique du Sud. Un peu plus tard, en septembre, Hugo Chavez décide de ne pas renouveler un accord de coopération militaire avec les Etats-Unis signé 50 ans auparavant. Enfin, en octobre, le leader vénézuélien déplore publiquement les attaques militaires américaines en Afghanistan qui s'inscrivent dans le cadre de la guerre contre le terrorisme. Les Etats-Unis décident alors de réagir à ces propos. Ainsi, le 2 novembre, le porte-parole du Département d'Etat, Richard Boucher, estime que les commentaires de Chavez sont « surprenants et très décevants »4(*).

Progressivement, les Etats-Unis vont agir sur la scène politique vénézuélienne en suscitant une opposition au gouvernement de Hugo Chavez. Ainsi, l'IRI ou « International Republican Institute » (il s'agit de la branche internationale du Parti républicain américain) s'emploie dès 2001 à renforcer les différents partis d'opposition. L'IRI jette alors son dévolu sur un parti récemment constitué, « Primero Justicia » (Justice d'abord) qu'il forme en le dotant de véritables chefs de parti et d'une plate-forme électorale. Progressivement, Primero Justicia, fort de quelques succès électoraux au niveau régional, parvient à s'imposer comme le principal parti d'opposition au Venezuela. De la même manière, les Etats-Unis choisissent rapidement celui qui serait le successeur de Chavez si ce dernier était évincé de la présidence. Il s'agit de Pedro Carmona, président de la « Fedcamaras », la Chambre de commerce du Venezuela. Cet homme est en effet bien considéré par Washington, dans la mesure où il a joué un rôle important dans la promotion des intérêts économiques nord-américains.

Ainsi, le 10 décembre 2001, la Fedcamaras ainsi que les principaux partis de l'opposition lancent un appel à la grève générale au cours de laquelle les manifestations hostiles au gouvernement Chavez se multiplient. Cette grève est d'autant plus importante qu'elle peut être considérée comme annonciatrice du coup d'Etat d'avril 2002.

Le 5 mars 2002, l'ambassade des Etats-unis au Venezuela annonce au gouvernement américain la conclusion d'un pacte de transition entre le monde du travail, celui des affaires et l'église. De la même manière, les Etats-Unis sont informés, quelques jours avant le coup d'Etat, que des militaires dissidents ont prévu d'arrêter le président Chavez ainsi que des hauts fonctionnaires. Parallèlement à ces événements, Chavez, le 7 avril, décide de licencier plusieurs dirigeants de la PDVSA (il s'agit d'une compagnie pétrolière détenue par l'Etat vénézuélien). Cette décision de Chavez est motivée par des désaccords politiques entre l'exécutif vénézuélien et les dirigeants de cette entreprise. Dès lors, ces dirigeants ainsi que les partis de l'opposition, parmi lesquels Primero Justicia, appellent à une grève illimitée.

Le 11 avril, les partis de l'opposition ainsi que la Fedcamaras, soutenus d'ailleurs par le NED (National Endowment for Democracy5(*)) suscitent un grand rassemblement à Caracas. Ce groupe décide de se rendre au palais présidentiel pour réclamer la démission du président. Cependant, devant ce même palais, un rassemblement favorable à Chavez se tient en même temps. Rapidement, les affrontements entre les deux rassemblements font plusieurs morts. Le président Hugo Chavez, qui refuse de démissionner, est arrêté et emprisonné. L'opposition occupe alors le palais présidentiel et, en fin de journée, Pedro Carmona, président de la Chambre de commerce du Venezuela, est nommé président par interim.

Dès le 12 avril, le porte-parole du président des Etats-Unis, Ari Fleischer, annonce que les Etats-Unis soutiennent le gouvernement Carmona. En d'autres termes, Pedro Carmona est officiellement reconnu par Washington comme le président légitime du Venezuela. Le même jour, Carmona décide de dissoudre le Congrès et d'abroger la Constitution.

Cependant, le 13 avril, de nombreux partisans du président Chavez manifestent et réclament son retour à la tête de l'Etat. La Garde présidentielle, aidée par l'armée, procède rapidement à l'arrestation de Carmona et de son entourage avant d'aller délivrer le président Chavez.

Ainsi, cette tentative de coup d'Etat n'est pas allée jusqu' à son terme. Cependant, les Etats-Unis ne perdent pas espoir. Ils espèrent voir Chavez quitter le pouvoir, mais en utilisant des moyens constitutionnels cette fois-ci. La Constitution vénézuélienne de 1999 prévoit en effet l'organisation d'un référendum révocatoire à l'égard des élus, et ce, sur l'initiative d'au moins 20 % de l'électorat. L'opposition obtient finalement les 2,4 millions de signatures nécessaires et la date du référendum révocatoire est fixée au 15 août 2004. Cependant, le résultat apparaît comme un second échec pour les Etats-Unis, dans la mesure où les vénézuéliens décident, à une majorité de 59 %, de maintenir le président Chavez en fonction.

Dès lors, cette tentative de coup d'Etat ainsi que la tenue du référendum révocatoire illustrent à quel point, sur le plan politique, l'action extérieure des Etats-Unis vise à contrecarrer ou, tout du moins, à affaiblir le bolivarisme. Pourtant, le retour au pouvoir de Chavez dès le 13 avril 2002 ainsi que son maintien à la tête de l'Etat vénézuélien après la victoire du « oui » au référendum d'août 2004 mettent en lumière l'incapacité de la diplomatie américaine à mettre un terme à la révolution bolivarienne. Bien qu'il s'agisse d'un échec - les Etats-Unis auraient sans aucun doute souhaité que Chavez quitte le pouvoir - , il semble intéressant d'analyser la politique étrangère américaine en termes idéologiques. En effet, la diplomatie américaine est, dans le cas du Venezuela, une « diplomatie préventive6(*) », qui se donne pour but de prévenir, d'anticiper les torts que pourrait causer une régime autoritaire aux intérêts américains. Il s'agit, en d'autres termes, d'empêcher toute nation de se montrer agressive à l'égard de l'Amérique. Les Etats-Unis utilisent la promotion de la démocratie pour légitimer cette diplomatie préventive. Ainsi, dans le rapport de l'inspecteur général du Département d'Etat relatif à la politique étrangère américaine au Venezuela de novembre 2001 à avril 2002, il est fait mention, à de nombreuses reprises, de l'importance que les Etats-Unis accordent à la promotion de la démocratie. L'inspecteur affirme en effet que, durant le week-end du 12 au 14 avril 2002, « l'ambassade de Caracas et le département d'Etat ont soutenu la démocratie et la constitutionnalité au Venezuela »7(*). Plus loin, l'inspecteur explique que « le Département d'Etat et l'ambassade ont [pendant la tentative de coup d'Etat] exhorté le gouvernement Chavez à se conduire de façon démocratique et constitutionnelle ». Enfin, l'inspecteur général affirme que la politique étrangère des Etats-Unis au Venezuela pendant cette période avait vocation à encourager une démocratie respectueuse des droits de l'homme, la liberté d'expression ainsi qu'une justice honnête et efficace. Ces exemples montrent que les Etats-Unis ont souhaité contrecarrer le bolivarisme en invoquant la défense de valeurs telles que la démocratie et les droits de l'homme. En d'autres termes, ces valeurs servent à légitimer une politique étrangère ambitieuse; elles sont au service d'une diplomatie spécifique : la diplomatie préventive. Par ailleurs, le rapprochement réel de Chavez avec des pays tels que Cuba et l'Iran incite Washington à une surveillance accrue du Venezuela.

* 3 « A review of US Policy toward Venezuela, November 2001-April 2002 », Report Number 02-OIG-003, July 2002 (United States Department of State), p. 37-38.

* 4 Département d'Etat, Daily press briefing, 2 novembre 2001.

* 5 Le NED ou Fonds national pour la Démocratie a été créé aux Etats-Unis en 1982. Cette organisation a vocation à promouvoir la démocratie dans le monde.

* 6 Jean-Jacques Roche, op.cit., p.77.

* 7 « A review of US Policy toward Venezuela, November 2001-April 2002 », Report Number 02-OIG-003, July 2002 (United States Department of State), p.1.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand