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La question de la protection des droits de l'homme dans les rapports euro-méditerranéens

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par Marine GOUVERS
Faculté de droit de Poitiers - Master de recherche droit public fondamental 2008
  

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CONCLUSION

Plus de dix ans après le lancement du partenariat euro-méditerranéen, la situation des droits de l'homme au sud de la Méditerranée ne s'est globalement pas améliorée. Certes, les instruments régionaux tels que l'assemblée parlementaire et les conférences interministérielles ont permis d'établir des relations continues et approfondies entre l'Union européenne et les Etats de la ceinture méditerranéenne et d'institutionnaliser et normaliser le débat autour de la question des droits de l'homme, mais au delà des déclarations d'intention, peu a été transposé concrètement.

Les objectifs de la déclaration de Barcelone n'ont pas trouvé d'échos du fait de la redéfinition des priorités du partenariat par ses membres, reléguant les droits de l'homme au second plan, après des intérêts sécuritaires et économiques. A cela se sont ajoutés des conflits politiques et des insuffisances institutionnelles au sein de la Communauté; la frilosité de la Commission et du Conseil européens et l'impossibilité du Parlement d'initier la procédure de suspension des accords d'association en réaction aux violations répétées des droits de l'homme ont effectivement rendu la clause droits de l'homme désuet.

Suite au constat d'échec du partenariat dans le domaine des droits de l'homme, des aménagements ont été réalisés par le biais de la politique européenne de voisinage. Les obligations de résultat imposées aux Etats récipiendaires de l'aide au développement pourraient constituer un espoir tangible d'une amélioration de la situation. Son efficacité est néanmoins menacée par le refus systématique du recours à la conditionnalité négative. Or, la combinaison des aspects positifs et négatifs de la conditionnalité est indispensable à son efficacité. Les progrès sur le terrain des droits de l'homme dans des Etats qui y sont réfractaires ne se réaliseront que s'ils sont provoqués; le recours exclusif à la conditionnalité positive de l'aide au développement reste un moyen passif et très limité pour entraîner des changements bénéfiques de la situation.

La politique européenne de voisinage s'est intégrée pleinement à la politique de promotion des droits de l'homme développée dans le cadre du partenariat euro-méditerranéen et en propose un modèle révisé. Elle mérite néanmoins d'être approfondie pour les raisons évoquées ci-dessus.

La nouvelle approche des droits de l'homme proposée par l'Union pour la Méditerranée s'éloigne sensiblement de cet objectif en insistant sur l'indépendance des aspects économiques et sociaux du partenariat. Plutôt que de repenser et d'améliorer la politique de promotion des droits de l'homme l'Union pour la Méditerranéen s'en défait et s'en remet aux résultats économiques de la coopération qu'elle tend à renforcer.

Si l'Union pour la Méditerranée n'a pas vocation à insister sur la promotion des droits de l'homme, elle ne devrait pas non plus supplanter les mécanismes mis en oeuvre dans cette perspective.

Une alternative se présente alors: ou bien l'UPM est développée conformément aux objectifs de la politique européenne de voisinage, ou bien elle se place en concurrente et risque, à terme, d'affecter considérablement ces mêmes objectifs.

L'alliance entre la politique européenne et l'UPM serait positive dans l'hypothèse où les relations économiques développées par cette dernière iraient de paire avec le respect de certains standards minimums dans des domaines contribuant à l'amélioration de la situation des droits de l'homme. Un code de conduite pourrait être établi afin d'aider les entreprises européennes investissant dans la région méditerranéenne. Il serait par exemple question de fournir des analyses des risques menaçant les droits de l'homme et les différentes façons de ne pas les favoriser. Ce code de conduite pourrait également fixer des objectifs à atteindre visant le respect des droits des travailleurs (conditions de travail et salaires décents, non discrimination, égalité des genres, non recours au travail des enfants et au travail forcé etc.). Il s'agirait d'aborder la question des droits de l'homme dans une perspective globale dans laquelle les investisseurs européens seraient un outil au centre d'un développement engagé. Ceci permettrait de contribuer progressivement au développement des populations sans que les régimes répressifs ne soient impliqués tout en laissant une certaine marge de manoeuvre aux investisseurs européens.

L'alliance entre la politique européenne de voisinage et l'UMP serait négative si cette dernière offrait la possibilité aux partenaires méditerranéens de se détourner de leurs engagements initiaux: si une alternative leur est proposée entre, d'une part, l'attribution d'une aide au développement conditionnée à des progrès sur le terrain des droits fondamentaux, de l'Etat de droit et des principes démocratiques, et d'autre part, la possibilité de faciliter les investissements européens sans autre engagement, il est fort probable que la seconde option soit la favorite.

Si elle n'est pas strictement mise en oeuvre en accord avec les principes de la PEV, la politique de l'Union pour la Méditerranée à de forte chance de favoriser la déresponsabilisation des Etats méditerranéens et des membres de l'Union européenne dans le domaine des droits de l'homme. Ceci irait à l'encontre de la politique de développement instaurée par la Communauté au cours de ces vingt dernières années.

L'avenir des droits de l'homme sur le pourtour oriental et méridional de la Méditerranée dépend aujourd'hui d'un double engagement: de celui de la Communauté européenne et de celui de ses investisseurs.

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