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La protection de l'enfant vidomegon au Bénin : mythe ou réalité ?

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par Hospice Bienvenu HOUNYOTON
Université catholique de Lyon / UPMF Grenoble - Master 2 recherche 2009
  

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Section 2- Le Vì?ómåg?'n comme une invention originelle de protection de l'enfant au Bénin : Origines, fondements et évolutions

En introduction à cette section, il convient de signaler qu'elle aborde la problématique de la protection de l'enfant dans l'univers traditionnel béninois avant l'adoption de normes modernes. Elle essaie de souligner la vision traditionnelle de la protection de l'enfant au sens global à travers l'originelle invention de la pratique Vì?ómåg?'n. Afin de mieux appréhender cette vision, notre analyse s'est évertuée dans un premier temps à souligner son caractère ancien en remontant à ses origines, préciser ses principes fondamentaux et à retracer son évolution dans la société béninoise (Paragraphe1). Dans un second temps, l'analyse montre concrètement en quoi, cette pratique se révèle être un moyen traditionnel de protection de l'enfant par le tiers et la communauté (Paragraphe2).

Paragraphe 1- Des origines, fondements et évolutions du Vidomègon

Tout le monde s'accorde à reconnaître dans la société béninoise les bienfaits de la pratique Vì?ómåg?'n. C'est une pratique coutumière de promotion sociale, de respect des droits et de protection de l'enfant. Nous essayerons de retracer ses origines et ses fondements et son évolution après une clarification nécessaire du concept même qui fait objet de notre étude.

1- Définition, origines et fondements du Vidomègon

La pratique Vì?ómåg?'n, est une pratique qui a lieu depuis la nuit des temps dans la société traditionnelle béninoise. Elle consiste pour une famille à confier ou à placer son enfant à un membre de la grande famille, un proche ou une amie. Son objectif originel est d'assurer la socialisation et la protection de l'enfant. C'est une pratique de solidarité et d'entraide entre les membres du même clan ou d'une collectivité qui garantit à l'enfant un mieux être social. C'est  « l'une des formes de solidarité entre les membres d'une même famille, d'une même collectivité ou d'une même communauté38(*) » selon Claire HOUNGAN AYEMONA. Le Vì?ómåg?'n est « une sorte de rééquilibrage social et de justice alliant la socialisation et la protection de l'enfant dans un système traditionnel de placement »39(*). C'est une noble et respectable pratique de promotion et d'ascension sociale d'un enfant dont le but ultime reste son épanouissement dans la communauté et la garantie de ses droits fondamentaux élémentaires. C'est pourquoi, elle reste très ancrée dans les consciences individuelle et collective, persiste et résiste malgré les différents progrès notés au sein de la société.

La pratique de placement d'enfant dans la société béninoise, reste un fait socioculturel de socialisation et de protection de l'enfant dont les origines remontent vraisemblablement très loin dans l'histoire du pays. D'aucuns affirmeront qu'elle est et demeure la première forme publique de protection de l'enfant connue au Bénin. C'est une pratique aussi vieille qui remonte selon certains socio-anthropologues à la constitution des premières communautés de vie de l'aire culturelle fon adja-Tado. C'est une invention des autochtones qui a existé avant l'avènement de la conquête du centre Bénin par les « Agasùvi »40(*) au XVIIème siècle. Autrement, la pratique est plus vieille que l'histoire du Danxomè. Historiquement, le placement ou le confiage d'un enfant à un tiers pour sa socialisation fait partie de la coutume, de la tradition des peuples autochtones. Au départ, le placement ne concernait que les garçons qui sont la colonne vertébrale de la communauté. Il va s'étendre bien plus tard aux filles mais restera très limité et consistera à apprendre à ces dernières les fondamentaux de la vie de femme et de mère au foyer. Les frères et soeurs s'échangeaient les enfants afin d'en assurer leur socialisation. Confiés très jeunes, les enfants vont être initiés aux normes de la communauté, aux règles de la vie en communauté et aux différentes techniques voire métiers pratiqués par la communauté. C'était une pratique très démocratisée qui a lieu entre les membres d'une même descendance.

À l'avènement de la création du royaume du Danxomè, la pratique sera plus organisée et structurée. Elle a été vite récupérée par la royauté qui en fait son outil privilégié de socialisation des princes et princesses. En effet, les différents rois de la « dynastie des Houégbadja » au centre du Bénin, qui vont se succéder y ont recours afin de garantir à leur descendance la socialisation et l'éducation nécessaires pour gouverner mais aussi pour vivre dans la société en harmonie avec ses règles, normes et coutumes. Les princes et princesses étaient confiés à des nobles parfois à un simple citoyen dont la réputation de combat, en techniques de guerre, en savoirs mystiques, médicaux et l'humilité sont reconnus de tous et s'imposent. Ces personnes choisies au sein de la noblesse de la société et honorées ainsi vivent cette pratique comme signe de leur reconnaissance sociale et ont de ce fait une lourde responsabilité dans la socialisation et le devenir de l'enfant confié. C'est pour cela qu'elles joueront leur rôle d'éducateur et de protecteur de l'enfant avec amour. Il arrivait que des royaumes frères, amis ou alliés se confiaient leurs princes et princesses pour en assurer l'éducation qui ouvre les portes des honneurs. Le cas le plus illustratif est l'exemple entre le royaume de Porto- Novo et celui du Danxomè au XIXème siècle où le jeune DASSI, dernier roi de Porto-Novo connu sous le nom de Toffa 1er, a été confié et élevé par les nobles du royaume frère du Danxomè. C'est en effet, grâce au placement traditionnel c'est-à-dire du Vì?ómåg?'n, qu'il a pu développer les qualités d'homme politique très fin qu'on lui reconnaît. Il en est de même pour sa capacité d'écoute de son peuple, ses qualités de négociateur en matière de relations internationales sans oublier les techniques de guerre.

Par la suite, la pratique tombera dans le champ de l'aristocratie où les nobles y ont souvent et pendant longtemps recours pour assurer l'éducation de leurs enfants. Vers la fin du déclin du royaume de Danxomè au XXème siècle, les citoyens se réapproprient la pratique et la démocratisent. Les familles pouvaient dès lors replacer librement un ou plusieurs enfants à un proche ou ami qui se charge de la socialisation de l'enfant faisant objet du placement. Le tuteur reçoit des parents la délégation partielle parfois totale du droit de paternité et est le seul responsable de l'éducation de l'enfant. L'autorité parentale se trouve donc exercée par le tuteur qui de ce fait à des obligations vis- à- vis de l'enfant. Nous pouvons citer en autres, l'obligation d'assurer une alimentation à l'enfant, l'obligation de le nourrir, de le former ou de l'instruire, de lui garantir un toit, de lui assurer des vêtements décents et de préserver sa vie. L'enfant dans la famille d'accueil est considéré comme l'enfant légitime de la famille. À ce titre, il a les mêmes droits que les enfants légitimes et traité comme tel sans discrimination aucune. Il bénéficie des mêmes règles de protection.

Voilà donc les origines de cette pratique dont les fondements sont la socialisation et l'éducation de l'enfant. Les fondements de cette pratique telle qu'elle a été pensée à l'origine, sont le respect de la dignité de l'enfant, la garantie de ses droits fondamentaux élémentaires et de ses libertés, la protection de l'enfant et la solidarité. Concernant la solidarité, la pratique Vì?ómåg?'n, reste l'un des signes de la vision de justice sociale et d'entraide entre les membres de la société à l'époque traditionnelle. La solidarité est le coeur de la pratique Vì?ómåg?'n. C'est elle qui doit guider selon la vision traditionnelle, l'éducation ou la socialisation d'un enfant. L'autre particularité de la pratique Vì?ómåg?'n est qu'elle assure une fonction sociale pédagogique d'une grande importance en ce sens qu'elle constitue un moyen par excellence de socialisation et de l'enfant. La pratique assure l'égalité des chances à tous les enfants de la société et oeuvre pour qu'ils se développent et s'épanouissent sans être inquiétés par la violation de leurs droits.

* 38 HOUNGAN. AYEMONA.C., « Disons non au trafic des enfants ! », préface de la série de la Bande dessinée Lutte Contre le Trafic des Enfants, N° 001, Ministère de la Famille, de la Solidarité Sociale et de la Solidarité, Juin 2002.

* 39 HOUNGAN A.C., ibid.

* 40 Les Agasùvi sont les descendants du clan des Agasù. Ce clan selon la légende serait issu du XVII ème siècle de l'union d'une princesse Adja de Tado et d'une panthère. De leur union naît Agasù. Les Agasùvi sont considérés comme des mi- hommes et mi -animaux. Suite à une querelle de succession, les Agasùvi fuiront Tado dans le Togo actuel pour s'installer à Allada au Bénin actuel. Ils intégreront très facilement la culture autochtone Aïzo. D'Allada qui sera désignée comme leur capitale religieuse. L'histoire renseigne qu'ils étendront progressivement leur influence au Nord et au Sud. Au Nord, le deuxième fils fondera en 1685 le royaume de Porto-Novo encore appelé Adjatchè ou Hogbonou. Le benjamin se dirigera vers le centre et le nord tandis que l'aîné est resté à Allada Il ne va malheureusement pas régner mais amorcer le processus de création du royaume. C'est son petit fils Houégbadja qui va fonder en l'an 1645 le royaume du Danxomè. La dynastie des Agasùvi va contrôler le centre et le Sud du Dahomey Bénin avec des cités Etats dont la plus célèbre sera le royaume du Danxomè.

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