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La protection de l'enfant vidomegon au Bénin : mythe ou réalité ?

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par Hospice Bienvenu HOUNYOTON
Université catholique de Lyon / UPMF Grenoble - Master 2 recherche 2009
  

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DEUXIEME PARTIE : LA DERIVE DU VIDOMÅGON ET LA PROTECTION DES ENFANTS PLACES AU BENIN

Au Bénin, depuis que la pratique du placement d'enfants a subi une déformation à des fins inavouées et commerciales, les Vì?ómåg?'n sont confrontés à de nombreuses difficultés qui constituent un obstacle majeur à leur épanouissement. Ils sont de plus en plus maltraités, soumis précocement au travail ou encore victimes d'exploitation économique et de traite en violation des différentes dispositions nationales et internationales des droits de l'homme et plus particulièrement des droits de l'enfant. La situation malheureuse que connaissent ces enfants, a conduit à une prise de conscience nationale des autorités publiques, qui ont tenté d'adopter des mesures supplémentaires de protection en faveur de ces enfants dont les effets tardent à contribuer à la résorption du phénomène.

Nous essayerons de voir d'une part la problématique de la dérive du Vì?ómåg?'n et ses conséquences (Chapitre1) et comment la prise de conscience et la volonté des autorités publiques a conduit à une protection complémentaire des Vì?ómåg?'n au Bénin avec des mesures spécifiques de protection d'autre part (Chapitre2)

CHAPITRE 1- LA DERIVE DU VIDOMEGON ET SES CONSEQUENCES POUR L'ENFANT

La dérive du Vì?ómåg?'n est une réalité sociale dramatique que traverse une certaine catégorie d'enfants au Bénin. Cette réalité de plus en plus courante qui se développe avec une ampleur inquiétante, est observée dans les principales villes du pays et même au-delà des frontières nationales. Ayant connu une évolution très remarquable ces quinze dernières d'années, la dérive du Vì?ómåg?'n, profite plus à des intermédiaires et dans une certaine mesure aux parents et relèguent au second rang l'intérêt de l'enfant placé. Elle viole ouvertement les droits de l'enfant. C'est pour cette raison qu'elle est devenue la préoccupation politique des autorités publiques qui essayent tant bien que mal d'en limiter le développement ou la propagation. La dérive du Vì?ómåg?'n défie particulièrement le système national de protection de l'enfance. Ses conséquences sont dramatiques pour le jeune enfant placé. Un Vì?ómåg?'n de nos jours au Bénin est livré aux mains de prédateurs que ce sont les trafiquants. Victimes d'exploitation et de maltraitance, de trafic à l'intérieur et vers l'extérieur du pays, les Vì?ómåg?'n vivent un malaise profond. En plus, l'environnement dans lequel évoluent ces enfants, ne favorise pas la jouissance et la garantie de leurs droits fondamentaux. C'est le « phénomène Vì?ómåg?'n », dont nous essayerons d'en dresser le tableau à travers l'exposé de ses manifestations (section1) ainsi que ses nombreuses conséquences en matière de droits de l'enfant (section2).

Section 1- L'exposé de la dérive Vì?ómåg?'n au Bénin

La dérive du Vì?ómåg?'n apparaît aujourd'hui au Bénin comme une perversion de l'esprit originel de solidarité qui a longtemps sous tendu la pratique de placement d'enfant. Le placement d'enfant est devenu « une activité plus commerciale qu'une manifestation de solidarité collective45(*) » comme le souligne Aide et Action Bénin. Cette mutation de la pratique solidaire à des fins purement économiques marque un retour en arrière en ce sens que la dérive instaure dans la société béninoise une nouvelle forme d'esclavagisme des temps modernes. Nous allons essayer de voir les manifestations de cette dérive à travers les questions de maltraitance et d'exploitation économique des Vì?ómåg?'n d'une part (Paragraphe1) et la traite de l'enfant d'autre part (Paragraphe2).

Paragraphe 1-La maltraitance et l'exploitation économiques des enfants Vì?ómåg?'n

Au Bénin depuis plus d'une décennie, les Vì?ómåg?'n font de plus en plus l'objet de maltraitance et d'exploitation économique de la part des adultes et plus particulièrement des tuteurs. Ils sont victimes du «  phénomène Vì?ómåg?'n ». Malgré les nombreuses mesures de protection de l'enfant, la maltraitance et l'exploitation des Vì?ómåg?'n sont de nos jours, devenues des actes auxquels ont recours les personnes en charge de l'éducation de ces enfants.

1- La maltraitance des Vì?ómåg?'n

La maltraitance des Vì?ómåg?'n de nos jours est un phénomène généralisé et très banalisé qui a lieu dans la société béninoise. Une plus grande majorité des tuteurs aujourd'hui a recours aux violences pour éduquer un enfant Vì?ómåg?'n. Le recours à la maltraitance dans la pratique de placement, révèle pour notre part, la perception de l'enfant dans la société béninoise actuelle et par conséquent de la protection des droits et libertés de l'enfant. Beaucoup de gens ayant en charge l'éducation d'un Vì?ómåg?'n, considèrent comme normal, le fait que l'enfant placé soit maltraité. Cet esprit est né des différentes transformations induites par une « pseudo- modernisation » du pays et les différentes mutations sociales observées dans la société ces dernières décennies. La maltraitance est présente dans la vie quotidienne de ces enfants placés en violation aux instruments internationaux de protection de l'enfant. Autrement, les dispositions internationales et nationales qui interdisent la maltraitance ne sont pas respectées et donc foulées au pied par les adultes. Essayons de définir le concept et de préciser quels sont les différents types de maltraitance que subissent les Vì?ómåg?'n dans la société béninoise d'aujourd'hui.

Selon le dictionnaire Larousse, la maltraitance c'est le fait de maltraiter un enfant ou encore l'ensemble des mauvais traitements exercés sur lui. Maltraiter un enfant, c'est le soumettre à de mauvais traitements ou lui infliger des violences inhumaines. Cette notion de mauvais traitements est constante dans toutes les acceptations possibles de la maltraitance au Bénin. L'Observatoire Français de l'Action Sociale Décentralisée estime pour sa part qu'un enfant maltraité est, « un enfant victime de violences physique, cruauté mentale, d'abus sexuels, négligences lourdes ayant des conséquences graves sur son développement physique et psychologique 46(*)».

La définition onusienne est plus claire à ce propos et rejoint ces deux précédentes définitions. L'Organisation des Nations Unies, entend par maltraitance, toute violation faite, toute référence à tout acte violent de nature à entraîner ou risquant d'entraîner, un préjudice physique, sexuel ou psychologique à l'enfant. L'ONU précise les actes qui peuvent relever de la maltraitance. Ces actes sont entre autres les menaces, les négligences, l'exploitation, la contrainte ou la privation arbitraire de liberté de l'enfant, tant au sein de la vie privée que publique. Cette définition de l'ONU est très large et s'étend à l'exploitation de l'enfant.

La convention des droits de l'enfant, pour sa part, définit la maltraitance comme, « toute forme de violence, d'atteinte ou de brutalités physiques et mentales, d'abandon ou de négligence, de mauvais traitements ou d'exploitation, y compris la violence sexuelle commise à l'égard d'un enfant pendant qu'il est sous la garde de ses parents ou de l'un d'eux, de son ou de ses représentants légaux ou de toute personne à qui il est confié 47(*)». Au niveau continental, même si la Charte des droits de l'homme et des peuples, n'évoque pas expressément la maltraitance de l'enfant, son article V qui interdit toutes formes d'exploitation ou d'avilissement de l'homme aborde le sujet à travers les traitements cruels inhumains ou dégradants. La maltraitance est donc interdite par l'instrument juridique continental.

Au niveau national, le code pénal la définit comme tout mauvais traitement subi par l'enfant résultant d'un acte des parents ou du tuteur. La maltraitance selon le code pénal béninois, englobe les négligences, les abandons, les abus physiques ou matériels voire affectifs dont pourrait être victime un enfant. Cette définition intègre entre autres la violence physique qui comprend les châtiments corporels. Les articles 18 et 19 de la constitution du 11 Décembre 1990, interdisent la maltraitance de l'enfant. Ces articles interdisent le recours aux châtiments corporels dans l'éducation nationale et prévoient des sanctions contre tout agent de l'État, qui a recours aux actes violents dans le cadre de l'exercice de sa mission. La maltraitance est donc réprouvée par les lois nationales et est par delà tout interdite par la société. Car, elle porte atteinte à la dignité de l'enfant. Pour les cas avérés, la loi autorise l'intervention de l'État à l'intérieur de la famille, qu'elle soit la famille biologique ou famille d'accueil à travers le Procureur de la République, qui doit automatiquement mettre en oeuvre une poursuite judicaire contre le maltraitant de l'enfant. L'État en cas de maltraitance avérée, a le devoir de retirer la garde de l'enfant aux parents ou au tuteur et d'autoriser de façon administrative son placement dans un centre ou dans une famille. L'enfant maltraité selon la loi peut porter plainte contre ses parents ou contre le tiers responsable de sa situation. Il a le droit de dénoncer toute personne qui le maltraite au regard de la loi. Sauf que dans la pratique, l'enfant en raison de la culture ne dénonce presque jamais son bourreau de façon officielle. L'institution chargée de la lutte contre la maltraitance de l'enfant au Bénin est la Brigade de Protection des Mineurs. C'est un service spécialisé de la police nationale créée en 1983 par décret 83-233 du 29 Juin 1983. Ce décret sera remplacé par le décret 90-186 du 20 Août 1990, qui étend les champs d'intervention de la Brigade de Protection des Mineurs à la lutte contre le trafic et la traite de l'enfant.

La maltraitance ainsi définie et abordée par rapport aux instruments internationaux et textes béninois, nous aborderons la maltraitance concrète des Vì?ómåg?'n au Bénin. Soulignons que les enfants Vì?ómåg?'n subissent toutes les formes de violences définies par les textes internationaux. La première forme de violence que subissent les enfants placés au Bénin aujourd'hui est constituée d'actes physiques violents. Les violences physiques constituent la forme la plus directe et la plus visible des mauvais traitements dont sont victimes les Vì?ómåg?'n. Les violences physiques dont sont victimes les Vì?ómåg?'n, sont des mauvais traitements physiques constitués pour la plupart du temps de coups, de blessures volontaires et de brûlures. Ce sont des actes qui ont un préjudice énorme sur l'intégrité physique de l'enfant avec des dommages corporels assez désastreux. Ce sont aussi les châtiments corporels, les morsures et les brimades. Les violences physiques sont les plus courantes et les plus nombreuses que subissent les enfants placés. Elles sont facilement observables et mesurables sur les enfants qui en portent les traces.

La deuxième forme de violence subie par les Vì?ómåg?'n, concerne les violences d'ordre psychologique et moral. Les violences morales sont des mauvais traitements psychologiques ou une cruauté mentale. Selon Manciaux, la violence morale est une « exposition répétée d'un enfant à des situations dont l'impact émotionnel dépasse ses capacités d'intégration psychologique 48(*)». Les violences morales sont constituées d'agressions verbales, de paroles blessantes et de dévalorisation systématique. Les violences morales sont des actes servant à dénigrer et à dévaloriser systématiquement le Vì?ómåg?'n, caractérisés par des humiliations verbales et non verbales accompagnées de menaces provoquant chez l'enfant placé la peur et la crainte. Les humiliations concernent pour la plupart du temps, les conditions des parents géniteurs des Vì?ómåg?'n ou leurs propres capacités physiques voire intellectuelles. La troisième forme de violence que connaissent les enfants placés, a rapport aux abus sexuels. Les violences sexuelles concernent beaucoup plus les filles. Elles peuvent être intrafamiliales ou extra-familiales. Dans le premier, il s'agit de la domination par le tuteur ou par ses enfants avec des agressions sexuelles notamment le viol le tout opéré avec l'intimidation. Dans le deuxième cas, il est question des violences sexuelles subies par la jeune ville Vì?ómåg?'n en dehors de la famille d'accueil. Ce sont les actes commis par des adultes que cette dernière rencontre dans le cadre de ses activités généralement de vente dans les marchés ou ailleurs. En gros, les violences sexuelles créent un véritable traumatisme grave chez la jeune fille. Le viol répété entraîne des grossesses non désirées et des maladies transmissibles dont le SIDA. Les violences ou abus sexuels affectent sérieusement l'épanouissement psychosexuel de la fille.

Voici les différents types de violences subies par les enfants Vì?ómåg?'n dans la société béninoise d'aujourd'hui. Pour illustrer notre analyse, nous avons recueilli le témoignage de quelques enfants afin de se rendre compte de leurs situations réelles. Ces enfants vivent une situation dramatique et portent la marque de cette forme de cruauté qui témoigne de la dureté de leur vie.

Koffi 11 ans, placé depuis qu'il avait sept ans raconte : « J'ai été placé chez une amie à ma tante paternelle, qui a promis que je serai scolarisé et deviendrai soit un agent de police, soit un gendarme ou soit un cadre instituteur. J'étais content de la suivre. Mais une fois arrivé en ville, mes malheurs ont commencé et le projet de scolarisation a été très vite abandonné. Je me charge de l'aider dans son activité commerciale. Je suis quotidiennement battu et violenté. Je dormais dans ce qui servait de cuisine à la famille et me levais tous les jours à cinq heures du matin. Je dormais à peu près cinq heures par jour et n'avais pas le droit à la moindre pause. J'étais chargé des petites courses de la famille et du nettoyage de la maisonnée. D'ailleurs, ma tutrice me frappait si je ne me dépêchais pas ou ne faisais pas bien mon travail. J'étais en plus battu par son mari qui n'est jamais satisfait de mon rendement. Le mari me frappait avec une lanière aspergée de purée de piment. Les deux m'insultaient tout le temps. Ma tutrice me privait en plus de nourritures et ne s'occupait presque jamais de moi lorsque je tombais malade49(*) ».

Agossi, âgée de 10 ans, orpheline de mère et placée par son père chez une tutrice dans une ville secondaire nous raconte son aventure lors d'un entretien : « Je suis placée en tant que Vì?ómåg?'n près de dame Gisèle à Bohicon. Mon rôle est de l'aider en tant que domestique. Je me charge des tâches domestiques de la maison. En plus, je l'aide à vendre l'eau glacée et les yaourts qu'elle fabrique. Quand je n'apporte pas la somme qu'il fallait ou quand je ne vends pas tout, elle me bat très durement. Elle me menace quotidiennement de me tuer si je perdais la recette de son commerce. Un jour, il m'avait manqué 50 F et comme je n'ai pas de l'argent pour rembourser, je ne pouvais pas rentrer. J'ai pleuré tout ce jour. Finalement, les gens du quartier m'ont ramenée à la maison et elle a promis de ne pas me toucher. À peine partis, elle se mit à me rudoyer et me tordre le cou, mes bras et pieds. Elle m'a mis du piment dans le sexe. J'ai beaucoup souffert de la brûlure occasionnée par cet acte ignoble. Elle me prive de nourritures quotidiennement et ne garantit pas les soins lorsque je tombe malade. Mon expérience avec elle est un enfer car je n'ai pas été traitée comme une personne. J'ai été très affectée et traine encore les séquelles et autres traumatismes liés aux mauvais traitements que j'ai subis50(*) »

Jean-Louis, petit garçon de 10 ans, a connu une mésaventure pareille que les deux précédentes. Placé à Porto-Novo auprès d'un maître artisan, nous disait-il, il a été victime de la dérive du Vì?ómåg?'n. Jean-Louis a pour mission les travaux domestiques et de l'entretien de l'atelier de son patron et tuteur à la fois. Il dit avoir fait au quotidien objet de maltraitance, de brimades, de négligences et autres humiliations. Pas d'alimentation et pas de soins de santé pour lui. Sa vie est un rythmé par les coups et blessures. Ce qui est insupportable pour moi disait- il, est que bien que je sois docile, mon tuteur me traite de Vì?ómåg?'n ingrat. Et pourtant, je n'ai pas droit à l'école comme tous ses enfants, pas le droit d'être habillé décemment, de m'épanouir et de vivre dans une famille comme les autres enfants. Un jour alors que je n'avais pas mangé la veille avant de me coucher, j'ai mangé le reste d'un repas le lendemain matin avant de précéder mon tuteur à l'atelier. C'était tout mon tort. J'ai été sérieusement battu à mort par mon tuteur. Avec un « parmatoire » et une lanière en peau de boeuf spécialement achetée à cause de moi, il m'a tapé pendant plus d'une demi-heure. Je porte la marque de cette inoubliable matinée car j'ai deux phalanges de ma main droite qui ne peuvent plus se plier normalement. Je suis tout le temps soumis aux durs travaux à l'atelier. J'ai fini par fuguer et être accueilli par le centre Don Bosco de Tokpota. Ici au moins je me sens mieux avec les prêtres qui m'ont trouvé un nouveau patron qui me traite bien. Mais sa situation antérieure me marque beaucoup. Je n'arrive pas à l'oublier51(*) ».

Zanou, un petit garçon originaire de l'Atlantique dans son témoignage nous livre les manifestations de la dérive du placement d'enfant. Voici ce qu'il nous dit. «  Je suis un enfant malheureux, sans éducation et sans droits. Placé dans une famille à Cotonou par mon oncle, mon rôle dans ma famille d'accueil est de servir toute la journée les autres. Je suis maltraité et exploité par la femme de mon tuteur qui vend au marché Gbogbanou de Cotonou. Je dois me lever tous les jours très tôt et aller faire sortir les marchandises. À dix heures, elle me rejoint et nous commençons la journée. Quand elle vient, elle ne me félicite jamais et se met toujours à m'insulter, m'humilier ainsi que mes parents qui habitent Zinvié au village. C'est une honte. Tout le monde est au courant dans ce grand marché de ma situation. J'ai une journée de travail de plus de 12 heures. Je n'ai pas droit à de pauses en plus et je transporte des charges lourdes toute la journée. Elle m'inflige des traitements dégradants tous les jours. Battu, insulté et privé de nourritures, je n'ai pas droit à un seul mot ni demander quoi que ce soit. Elle est méchante à la limite une sorcière car elle est sans coeur pour moi... 52(*)».

Le dernier témoigne concerne l'abus sexuel dont sont victimes les enfants placés aujourd'hui au Bénin notamment les jeunes. Amida rapporte son cas. «  Un jour après avoir passé une journée à n'avoir pas réussi à vendre mes produits, je m'apprêtais à me rendre à la maison avec la peur au ventre et les représailles de ma tutrice, quand un monsieur m'appela et me proposa de le suivre pour qu'il m'achète mes produits. Naïvement, je l'ai suivi car il paraît relativement bien. Il m'a conduit dans un endroit marécageux plus précisément dans une chambre où il faisait extrêmement noir. C'est arrivé là-dedans que je me suis rendue compte qu'il n'y avait personne alors qu'il m'a rassuré que sa femme et ses enfants y habitent. Il me tira dans cet endroit et m'ordonna de me déshabiller. Je le suppliai de ne pas me faire du mal mais il continua par me menacer en sortant un couteau. Sous la menace, j'exécutai et il m'avait violé. Il ne m'avait rien acheté à la fin me laissant avec mes pleures et chagrins. Arrivée à la maison, j'informai ma tutrice qui n'a voulu rien savoir. Elle m'a encore frappé parce que je n'ai vendu mes produits. Elle a refusé de m'emmener à l'hôpital et d'aller voir mon violeur. J'en suis vraiment affectée et regrette d'être née de famille pauvre. Elle me traite en plus de petite prostituée depuis ce jour. C'est humiliant et très dégradant. 53(*)»

Somme toute, ces différents témoignages, montrent l'ampleur des violences subies par les Vì?ómåg?'n. Coupés de leur environnement familial et protecteur, leurs droits élémentaires sont bafoués. Leur situation est très difficile et laisse ressortir de réels éléments de maltraitance comme les sévices corporels (coups et blessures), la maltraitance physique voire affective, les abus sexuels, la non scolarisation, la surcharge de travaux non adaptés à leur âge. La maltraitance des enfants met en évidence des actes de violations des droits des Vì?ómåg?'n. Nous reviendrons plus tard de façon détaillée sur la violation de leurs droits. La maltraitance des Vì?ómåg?'n se manifeste également par l'exploitation économique des enfants. C'est ce que nous développerons dans notre deuxième sous-partie.

* 45 Aide et Action Bénin, « La problématique des vidomègons et du trafic des enfants au Bénin : Regard sur une pratique sociale pervertie », Cotonou, Mars 2005, P4

* 46 Observatoire Français de l'Action Sociale Décentralisée, « l'enfant maltraité », Paris, 1993.

* 47 Article 19 de la Convention Internationale des Droits de l'Enfant du 20 novembre 1989

* 48 MANCIAUX. M. « L'enfant maltraité », Fleurus, Paris, 1993, p 148

* 49 Propos recueillis et retranscrits par nos soins. Ils ont été recueillis lors d'un entretien avec Koffi dans le quartier populaire de Zongo à Cotonou, Novembre 2007

* 50 Propos recueillis au Centre des Jeunes et de loisirs de la ville de Bohicon par AYADJI Hyacinthe, un assistant social de formation et retranscrits par nos soins. , Décembre 2007.

* 51 Propos recueillis et traduits par nos soins avec cet ancien Vì?ómåg?'n aujourd'hui pris en charge par le service diocésain de l'Eglise Saint François de Xavier de Porto-Novo. Il a été récupéré par les frères samaritains qui lui assurent les soins nécessaires. Ils lui ont garanti une formation professionnelle en le plaçant chez un patron responsable qui ne le maltraite plus. De même, il est initié aux fondamentaux en langue française. C'est un enfant meurtri mais heureux qui nous avait livré ses impressions.

* 52 Propos recueillis par APLOGAN Florent, Animateur Radio Communautaire Foun-Foun Tokpa de Porto-Novo. La retranscription a été assurée par nous-même.

* 53 Propos recueillis et traduits par OGOUMA Brice, Décembre 2007.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard