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La protection de l'enfant vidomegon au Bénin : mythe ou réalité ?

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par Hospice Bienvenu HOUNYOTON
Université catholique de Lyon / UPMF Grenoble - Master 2 recherche 2009
  

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2- Le Vì?ómåg?'n : une protection traditionnelle de l'enfant par la communauté

Si dans notre analyse, nous avions montré que l'une des missions de la communauté dans l'univers traditionnel, était la socialisation de l'enfant et de la prise en charge de l'ensemble de son développement psychomoteur, affectif et culturel, ce n'est qu'un pan de son action. L'autre plus grande mission dévolue à la communauté dans cet univers est la protection de l'enfant. Le débat sur la question de la protection de l'enfance par la communauté, est d'un enjeu aussi considérable que nous essayerons de montrer à travers la place de la communauté dans cette immense tâche et plus particulièrement lorsque l'enfant est placé auprès d'un tiers.

Mais avant, il ne serait pas provocateur de dire que, la communauté dans l'univers traditionnel est par excellence l'institution traditionnelle la plus originale et efficace de protection de l'enfant et plus particulièrement du Vì?ómåg?'n. Rappelons que la communauté selon la vision traditionnelle existe pour garantir les droits naturels de l'enfant. Sa survie dépend énormément de la réalisation de cette mission. C'est elle qui doit veiller à la sûreté, au bonheur et à la protection de l'enfant dans le respect des lois ancestrales et divines. Il s'agit pour elle de protéger tous les droits en jeu qui permettent l'accomplissement de l'humanité de l'enfant qui, rappelons-le une fois encore, est un être éminemment fragile et vulnérable. Elle doit avant tout sauvegarder ses intérêts et le protéger contre tout ce qui peut le nuire. Telle est en résumé, la mission traditionnelle de protection de l'enfant assignée à la communauté, qui de par cette mission a la légitimité pour intervenir dans le cadre de la protection globale de l'enfant. En ce qui concerne la pratique Vì?ómåg?'n, cette mission de protection est plus attendue car elle vise à assurer à l'enfant éloigné de sa famille ses droits et à le protéger contre tout ce qui peut nuire à ses intérêts et le nuire. C'est pour quoi, la première grande action de la communauté, a été au temps traditionnel de garantir la sécurité globale de l'environnement de l'enfant Vì?ómåg?'n. Elle assure et protège à l'enfant, le droit à la vie, le droit de survie ou de vivre et le droit au développement. D'une façon plus précise, la communauté assure et protège le droit d'existence à l'enfant placé. Dans ce cadre, elle vielle à ce que l'enfant placé ne soit exposé à des situations pouvant conduire à la mort. Le tiers est bien informé et sensibilisé à ce sujet. Quant au droit à la survie, la communauté garantit ce droit en faisant de sorte que l'enfant placé mange à sa faim. Elle veille qu'il soit bien nourri avec des rations bien équilibrées. Le mécanisme traditionnel de protection de ce droit se traduit par le devoir de tout membre de la communauté de nourrir tout enfant placé ou de contribuer à son alimentation. Cet appel à l'alimentation du Vì?ómåg?'n, est plus important et précieux lorsque le tuteur ou tiers en charge de son éducation, n'a pas les moyens nécessaires pour le faire. Tout membre de la grande famille est invité par la communauté à un devoir de solidarité en garantissant à l'enfant le droit de vivre. Le droit de vivre est confondu ici au droit à l'alimentation qui est la condition indispensable à la réalisation des autres droits. Le droit de vivre est un droit qui permet la poursuite de la vie et la communauté fournit l'aide alimentaire nécessaire en cas de besoins pour qu'il soit effectif pour le Vì?ómåg?'n. Nous voyons à travers cette vision que la communauté, lutte contre la malnutrition et le manque de nourriture dont pourrait être victime un enfant placé. Au niveau du statut du Vì?ómåg?'n dans la famille d'accueil, il faut souligner que, son statut ne doit pas être différent de celui des enfants légitimes du tuteur. La communauté veille à ce que le Vì?ómåg?'n, soit considéré comme un enfant à part entière. Il doit pouvoir être élevé et protégé sans aucune forme de discrimination quand bien même, il se trouve éloigné de ses parents biologiques. Elle veille à ce que le tiers respecte cette obligation et garantit par ricochet le droit à une famille à l'enfant placé. Elle protège l'enfant contre toute forme de discrimination au sein de la famille d'accueil.

Dans le domaine de l'éducation, la communauté oeuvre pour que la pratique Vì?ómåg?'n, soit bien vécue par l'enfant objet de placement et perçue comme un moyen d'intégration et de socialisation respectueux de sa dignité humaine. L'enfant doit pouvoir bénéficier d'une formation de base qui lui assure son insertion dans la vie communautaire. La communauté n'admet pas qu'un Vì?ómåg?'n parvienne à l'âge adulte sans qualification professionnelle pour se lancer dans la vie. Le tiers sous la contrainte de la communauté, a l'obligation de transmettre ses connaissances au Vì?ómåg?'n ou à défaut lui assurer une formation à travers l'apprentissage d'un métier choisi librement par l'enfant. C'est grâce à ce dispositif traditionnel que des milliers d'enfants, ont appris un métier ou ont été scolarisés de par le passé. Là encore, l'action de la communauté est salutaire et précieuse. N'oublions pas de souligner que l'ensemble des membres de la communauté est ici aussi appeler à participer à l'éducation de l'enfant. Chacun apporte sa petite contribution à quelque niveau que ce soit à la réalisation du droit à une éducation dans cet univers traditionnel.

Dans le domaine sanitaire, la communauté assure au Vì?ómåg?'n, l'accès aux soins élémentaires et appropriés. La bonne santé du Vì?ómåg?'n revêt un enjeu et un défi pour la communauté. Lorsqu'un enfant confié se porte bien, on estime que le tuteur ou tiers joue bien son rôle de père éducateur. La communauté l'aide à s'acquitter de ce devoir en lui donnant les recettes principales en matière de traitement contre les possibles maladies dont pourrait souffrir tout enfant dans la société. Ce droit est si évident que, tout manquement est sanctionné et perçu comme une offense à la collectivité. Il en est également de même pour d'autres droits notamment le doit à un logement, à un habillement décent, à la culture et au repos. La communauté estime que tout enfant a droit de disposer d'un toit, de pouvoir se vêtir de façon décente, de jouer au jeu de son choix en toute liberté et de se reposer. Le devoir de protection du Vì?ómåg?'n par la communauté ne se réduit pas au seul volet de la garantie des droits élémentaires. Une série d'actions coordonnées est mise en place pour le protéger contre la maltraitance ou autres abus et l'exploitation à des fins économiques du Vì?ómåg?'n.

En ce qui concerne les mauvais traitements, même si la communauté accepte les châtiments corporels, elle ne tolère pas que son usage soit exagéré et répétitif dans le cadre de l'éducation du Vì?ómåg?'n. Elle ne tolère pas qu'il soit fréquemment battu ou violenté. Les souffrances morales et psychologiques à l'endroit d'un Vì?ómåg?'n sont fortement décriées et découragées par les responsables communautaires. Le tiers n'a pas le droit de commettre des actes de violences et de maltraitance à l'endroit d'un Vì?ómåg?'n, au risque de sanctions lourdes perçues comme une déchéance sociale. L'exemple qui illustre le plus la protection du Vì?ómåg?'n par la communauté, est le retrait de la garde de l'enfant au tiers. En effet, lorsqu'un tiers a recours de façon régulière à la violence, la communauté à travers son premier responsable est informé par les autres membres. Saisie, l'autorité appelle le tuteur, lui conseille de revoir ses méthodes d'éducation. Si les actes de maltraitance et de violences persistent, le chef retire la garde de l'enfant et l'exclut de la communauté avec la perte de ses droits.

En matière de travail par exemple, même si la communauté reconnaît comme l'écrit Denise L. NDEMBI, que « le travail de l'enfant est un moyen de socialisation et d'acquisition des compétences et incontournables pour son avenir... 44(*)» ; elle le limite à des tâches légères. Les tâches légères tolérées par la communauté que peut exercer un Vì?ómåg?'n, sont entre autres la vaisselle, le transport de l'eau destinée à la cuisson de l'alimentation et les petites courses. Tout le reste est perçu comme de l'exploitation et la communauté le décourage énormément. Nous voyons à travers ceci, que la communauté accepte dans une proportion contrôlée et raisonnable, la participation du Vì?ómåg?'n aux activités domestiques de la famille d'accueil en contrepartie aux soins et protection que lui assure le tiers. Elle veille à ce que, cette participation de l'enfant, ne dépasse pas les capacités physiques et intellectuelles et ne porte pas atteinte à son développement ou son épanouissement. À travers cette position de la communauté, c'est toute la vision traditionnelle du travail de l'enfant qui est ainsi précisée. Le travail d'un enfant et par extension d'un Vì?ómåg?'n, ne doit être qu'un travail d'initiation à la vie. Le travail ne donnera à l'enfant que le goût à l'effort pour la satisfaction de ses besoins. Nous voyons donc que, le Vì?ómåg?'n est une forme de protection par la communauté de l'enfant contre l'exploitation, la maltraitance et l'esclavage. Elle garantit à l'enfant placé dans une autre famille que sa famille biologique, les droits reconnus à l'individu dans l'univers traditionnel béninois. Elle fait de sorte que l'enfant placé puisse vivre dans des conditions humaines qui respectent sa dignité. La communauté protège aussi les libertés de l'enfant Vì?ómåg?'n notamment sa liberté de religion, d'opinion et d'expression. La communauté a toujours accordée une place à la parole de l'enfant placé afin que la situation qu'il vit soit relatée de façon démocratique. Elle oeuvre pour que le choix religieux de l'enfant placé soit respecté lorsque ce dernier a une confession autre que celle du tiers. La communauté a mis des garde-fous pour que la protection du Vì?ómåg?'n soit une réalité. Pour ce faire, elle responsabilise tous ses membres qui doivent l'aider à atteindre son objectif de protection du Vì?ómåg?'n contre ses propres parents en évitant qu'ils le vendent, le mettent en gage en violation de ses droits. Chacun a une part de responsabilité lorsqu'un Vì?ómåg?'n est victime de toute dérive. La communauté est pour finir le garant social et moral de la pratique coutumière d'entraide du Vì?ómåg?'n au Bénin.

En résumé, la présente section précise ce que représente la pratique Vì?ómåg?'n dans l'univers traditionnel béninois, ses origines et fondements. Elle a fait le point sur son évolution à travers son développement et sa généralisation jusqu'aux années 90. Elle montre aussi que, c'est une invention originelle de protection de l'enfant par le tiers et la communauté pour lesquels, le bonheur de l'enfant doit être la priorité de toute action dans la société. La pratique protège l'enfant contre tout danger, la maltraitance et l'exploitation. Elle protège spécifiquement le Vì?ómåg?'n en incriminant certains comportements qui peuvent nuire à son développement et à son épanouissement. La pratique à cet effet, protège le Vì?ómåg?'n aussi bien dans sa vie privée que familiale dans le respect de la dignité humaine. C'est pourquoi, elle demeure la pratique la plus approuvée par les béninois car non seulement, elle garantit et protège les droits de l'enfant mais aussi constitue une seconde chance réservée à une certaine catégorie d'enfants au sein de la société. Elle a fonctionné pendant des années et a fait le bonheur de nombreux d'enfants issus de milieux pauvres et très défavorisés qui constituent l'élite actuelle au pouvoir au Bénin. Sauf qu'au fil des ans, l'idée originelle de solidarité qui sous-tend la pratique va disparaître laissant place à une dérive qui prend une ampleur très inquiétante. Cette dérive ou perversion est la combinaison de quelques facteurs sociologiques et juridiques à savoir la disparition du pouvoir de la communauté, la modernisation non maîtrisée et l'absence de cadre institutionnel de reconnaissance de cette noble pratique. Le Vidomègon de nos jours ne fait plus le bonheur des enfants au Bénin mais au contraire apparaît comme la source de leurs difficiles situations. Il a été simplement détourné et perverti sous le silence coupable des autorités.

* 44 NDEMBI L.D, «Le travail des enfants en Afrique Subsaharienne : Le cas du Bénin, Gabon et du Togo », l'Harmattan, Paris, 2007, p 61.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway