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La protection de l'enfant vidomegon au Bénin : mythe ou réalité ?

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par Hospice Bienvenu HOUNYOTON
Université catholique de Lyon / UPMF Grenoble - Master 2 recherche 2009
  

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Paragraphe 2- La traite des enfants

L'exploitation économique des enfants placés a un corolaire qui lui est intimement lié. On ne saurait parler de l'un sans l'autre car les deux ont une commune finalité à savoir l'utilisation de la main d'oeuvre enfantine à des fins économiques. Il s'agit de la traite des enfants qui constitue en toute logique la troisième manifestation de la dérive du Vì?ómåg?'n. Définie par l'Organisation des Nations Unies comme « le recrutement, le transport, le transfert, l'hébergement ou l'accueil de personnes, aux fins d'exploitation, par la menace de recours ou le recours à la menace ou à d'autres formes de contraintes, par enlèvement, fraude, tromperie, abus d'autorité ou d'une situation de vulnérabilité, ou par l'offre ou l'acceptation de paiements ou d'avantages pour obtenir le consentement d'une personne ayant une autorité sur une autre 58(*)», la traite des enfants est une réalité qui frappe la population fragile et vulnérable des Vì?ómåg?'n. La traite des enfants se développe à l'échelle nationale avec une extension vers les pays de la sous-région. Elle prend concrètement la forme d'un trafic interne et de trafic externe.

1- Le trafic interne de Vì?ómåg?'n

Selon la définition que propose le Petit Robert, on entend par trafic tout commerce plus ou moins clandestin, honteux et illicite. Le trafic est une transaction illégale qui implique une multitude d'acteurs aux intérêts bien déterminés. On parle du trafic d'enfants à partir du moment où est déplacé de façon légale ou illégale un enfant d'un lieu à un autre et plus particulièrement d'un pays à un autre. Le trafic d'enfants s'entend également comme une transaction de mineurs. L'enfant dans le trafic est l'objet et le but visé reste son exploitation économique détaillée plus haut. Le trafic d'enfants suppose la circulation des enfants avec des intermédiaires dont les objectifs sont l'exploitation économique des enfants.

Au Bénin, les Vì?ómåg?'n sont victimes d'un trafic interne très organisé. La production de ces dix dernières années sur ce nouveau phénomène est assez importante et renseigne sur les tenants et les aboutissants de cette ignoble pratique. Le trafic interne est marqué par un déplacement des enfants des zones rurales et défavorisées du pays vers les grands pôles économiques notamment des centres urbains où ils y sont livrés à des ménages à la recherche d'enfants pour les aider dans leurs différents travaux domestiques ou activités commerciales. Une étude menée par l'Unicef, précise que (53,3%) des enfants victimes du trafic interne atterrissent à Cotonou suivies de Parakou (11%) et de Porto-Novo (8,7%) respectivement capitale économique de la région septentrionale et capitale politique du Bénin. D'autres villes comme Bohicon, Abomey-Calavi, Kandi, Abomey et Malanville accueillent le reste du contingent. Ces enfants sont acheminés dans ces grands pôles urbains par route ou par transport inter urbain et parfois par motocyclettes pour échapper au contrôle des forces de sécurité. Selon une étude réalisée par le Ministère de la Famille en collaboration avec l'Unicef en 2002, 7 enfants placés sur 10 sont victimes de trafic interne. 55% d'enfants trafiqués à Cotonou selon Terre des Hommes sont des jeunes exploitées59(*). Placées dans les foyers en ville, ces enfants s'occupent essentiellement des enfants de la famille d'accueil, de la lessive, la vaisselle et de toutes autres formes de travaux domestiques. Les enfants trafiqués sont généralement accueillis en ville par trois catégories de foyers. La première catégorie concerne les salariés, fonctionnaires et assimilés de l'État ou du secteur public. Cette catégorie rémunère très souvent sur la base de louage les services des enfants placés. La deuxième catégorie est constituée de commerçants, commerçantes ou d'opérateurs économiques dont le niveau de vie est très élevé par rapport à la moyenne nationale. Les enfants sont pris en charge en retour des différents services qu'ils rendent à la famille avec comme un avantage possible, l'initiation aux règles de commerce. Les artisans, les petits ouvriers sont ceux qui reçoivent en dernier le dernier contingent d'enfants victimes de trafic interne. Les enfants sont ici exploités et participent aux activités économiques du foyer. Le trafic interne des Vì?ómåg?'n est assuré par des trafiquants qui écument les villages avec des promesses souvent irréalisées et irréalisables aux parents qui leur confient leurs enfants. Ce sont eux qui tirent profit du trafic en gagnant de l'argent sur le dos d'une part des enfants et des parents d'autre part. Les trafiquants sont souvent des membres ou amis proches de la famille d'accueil, ce qui facilite le confiage des enfants par les parents dont les conditions de vie et la misère qui les accable, ne leur permettent pas de s'occuper de leur progéniture. D'autres acteurs sociaux les aident à faire leur sale besogne. Nous pouvons retenir entre autres les transporteurs, les agents de l'État en l'occurrence les fonctionnaires de police, de la gendarmerie et de l'administration qui les laissent faire. Les enfants sont acheminés vers les villes sans aucune déclaration auprès des services de la préfecture, de la mairie d'accueil ou des services de police. Le trafic interne est caractérisé par quatre types de trafic à savoir : le trafic-ouvrier, le trafic-don, le trafic- gage et le trafic-vente.

Le trafic-ouvrier consiste à une utilisation de la main- d'oeuvre enfantine, notamment l'emploi des Vì?ómåg?'n âgés de 5 à 10 ans comme des aides à l'heure, des aides-artisans, des aides-maçons, des coffreurs, des domestiques ou des ouvriers agricoles. Le trafic-gage se réalise sur la base d'un contrat qui lie les parents de l'enfant placé à son tuteur ou employeur et se caractérise par la contraction d'une dette par les parents. Les parents contractent une dette auprès du trafiquant et mettent en gage l'enfant qui ne retourne qu'une fois qu'il a fini de rembourser cette dette. Quant au trafic-don, il se distingue des deux précédents et se caractérise par un don de l'enfant souvent à un membre de la famille ou ami pour qu'il poursuive ses études ou qu'il suive une formation professionnelle. Le trafic-don fait de l'enfant la propriété de son tuteur. Souvent l'enfant donné est confié par le tuteur à une autre personne en échange de rémunération. La dernière forme de trafic est celle qui met purement en vente l'enfant.

Somme toute, le trafic interne favorise le déplacement illégal des Vì?ómåg?'n. C'est une forme de déplacement d'enfants à des fins d'exploitation dans les foyers en villes. Le trafic interne est donc lié à l'exploitation des Vì?ómåg?'n par les adultes qui viole leurs droits fondamentaux et élémentaires. Le trafic interne implique la ruse, la tromperie des parents et la contrainte des Vì?ómåg?'n qui sont utilisés de façon différente en fonction de leur âge. Le trafic interne des enfants est devenu un prétexte d'exploitation économique des enfants.

* 58  TERRE DES HOMMES., « Lutte contre la traite des enfants, Stratégie sectorielle », 2007, P.11

* 59 LALEYE G., « Trafic des enfants au Bénin- Causes et implications : Cas de la commune de SEME-KPODJI », Mémoire de fin de formation, INJEPS, 2002, p13.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote