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La protection de l'enfant vidomegon au Bénin : mythe ou réalité ?

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par Hospice Bienvenu HOUNYOTON
Université catholique de Lyon / UPMF Grenoble - Master 2 recherche 2009
  

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2- Vì?ómåg?'n et le trafic externe

Le trafic externe encore appelé trafic transfrontalier concerne les enfants béninois notamment les Vì?ómåg?'n. Ces derniers sont les premières victimes de cette manifestation de la dérive du Vì?ómåg?'n, qui une fois encore était une pratique traditionnelle de placement par les parents auprès d'un membre de la famille élargie visant à assurer à l'enfant placé un gîte, un couvert, une éducation et une formation professionnelle. Cette pratique de rééquilibrage social est un prétexte pour exploiter au-delà des frontières nationales les enfants. Les enfants béninois en particulier les Vì?ómåg?'n sont déplacés vers les pays limitrophes, d'Afrique centrale ou autres par la ruse et placés dans des ménages étrangers où ils y sont économiquement ou sexuellement exploités. La plupart du temps, ce sont des membres de la famille élargie, qui sillonnent les villages à l'intérieur du pays pour solliciter et obtenir sur la base de fausses promesses la garde des enfants qu'ils vont vendre dans les pays de la sous-région. Parfois, ce sont les trafiquants directement qui écument les zones rurales déshéritées pour acheter des enfants auprès de leurs parents contre 10.000 ou 20.000 de FCFA60(*). Les parents dans ce deuxième cas vendent leurs enfants comme domestiques, travailleurs agricoles ou employés de plantation. Le trafic externe est une réelle affaire de transaction dans laquelle les parents cèdent leurs enfants à des acheteurs via un réseau d'intermédiaires très structuré. On peut se demander pour quelles raisons, une telle pratique a cours dans la société. La principale raison souvent évoquée est la pauvreté. En effet, beaucoup de parents éprouvés par les difficultés sociales et surtout économiques n'ont pas les moyens pour supporter les charges liées à leurs enfants nombreux dans ces milieux. Ils vont recourir à cette pratique pour se débarrasser d'un certain nombre. La réalité est plus perceptible et prégnante dans les familles polygamiques très nombreuse. Le faible niveau d'instruction constitue l'autre facteur qui concourt à la traite en général auquel s'adjoint indubitablement l'ignorance par les parents des lois. Au sujet du trafic externe, signalons que les enfants faisant objet de cette manifestation de la dérive du Vì?ómåg?'n sont acheminés vers des pays riches comme le Gabon, le Nigéria, la Côte d'Ivoire où ils y sont exploités dans les plantations de cacao, de coton...etc. Cet acte n'est rien d'autre que de l'esclavagisme moderne dont les Vì?ómåg?'n sont victimes. Comme son nom l'indique, la traite des enfants à travers ce trafic vers l'extérieur est un esclavagisme de notre temps. Selon l'Unicef quelques 200.000 Vì?ómåg?'n sont concernés par cet esclavage moderne. 86% des victimes sont des filles dont l'âge serait compris entre 5 et 14 ans. Social parle d'enlèvement pour désigner le trafic externe des Vì?ómåg?'n. À une étude qu'elle a conduite, elle démontre qu'il y aurait entre 1996 et 2000, plus de 10.000 enfants enlevés du Bénin vers d'autres destinations sans leur consentement61(*). La réalité est plus grave car il faudra multiplier par quatre voire cinq ce chiffre pour se rendre compte de l'ampleur de ce trafic externe qui n'est rien d'autre que la traite des enfants. Le transport des enfants vers l'extérieur se fait avec des embarcations de fortune et par bateaux. Le Bénin est devenu un pays pourvoyeur d'enfants vers ces pays supposés plus riches. Quelques événements montrent le caractère préoccupant de ce trafic. Nous retenons les événements du bateau Etiréno et des petites mains dans les carrières nigérianes.

En effet, le 17 Avril 2001, un bateau nigérian après avoir été refoulé par les autorités gabonaises et camerounaises, accosta au large des côtes béninoises où il avait un mois au préalable embarqué quelques 147 clandestins. Le refoulement par ces deux pays considérés comme récepteurs où la force du travail des enfants est exploitée dans de nombreux secteurs de l'économie informelle urbaine, rurale et dans la sphère domestique, s'explique par le fait que le bateau était suspecté d'achalander le trafic d'enfants qui sévit en Afrique de l'Ouest dont le Bénin en est un principal pourvoyeur. À bord, il y avait 43 enfants, tous destinés à la traite au Gabon, où ils devraient être employés loin de chez eux et de leurs parents en tant que domestiques et travailleurs dans les plantations de ce pays. Parmi les 43 enfants on notait 16 filles et 24 garçons. Les trois autres enfants étaient des bébés. 16 filles et 7 garçons avaient moins de 15 ans. 31 d'entre eux voyageaient tous seuls c'est-à-dire non accompagnés tant dis que 9 voyageaient à bord de ce bateau avec un parent notamment un membre de la grande famille. Tous savaient sans exception qu'ils vont au Gabon pour y travailler pendant une longue période de leur vie. 13 des 40 enfants proviennent du Bénin, huit du Togo, 17 du Mali, 1 du Sénégal et 1 de la Guinée62(*).

Deux ans plus tard, une situation analogue se répéta au Nigéria voisin où il a été découvert plus d'une centaine d'enfants béninois âgés entre six et seize ans exploités dans les carrières de granit des États d'Abeokuta et d'Ogoun situées au sud-ouest du pays. Il s'agit concrètement de 74 petites mains exploitées dans les carrières de ces deux États qui cassaient des pierres pendant plus de 14 heures par jour sans aucune mesure de sécurité. Ils avaient entre 4 et 10 ans et présentaient à leur accueil à Cotonou les signes visibles de la traite et de l'exploitation économique des enfants. Ce sont des enfants très maigres, malnutris et maltraités portant les stigmates de la violence du travail forcé. Ces deux cas ne sont pas les seuls cas de trafic externe et de traite des enfants en République du Bénin. En 1997 déjà, les autorités avaient découvert 40 enfants dans les cales d'un navire amarré au port de Cotonou à destination du Gabon. Le trafic externe des Vì?ómåg?'n vers les pays étrangers est monnaie courante. On les rencontre dans les capitales togolaise, burkinabè, nigérienne, ghanéenne où ils y sont exploités. Ils sont frauduleusement acheminés vers ces pays pour y être exploiter en violation des instrumentaux nationaux, régionaux et internationaux de lutte contre le trafic d'enfants. Les événements se multiplient et se développent avec une ampleur inquiétante malgré l'engagement de l'État béninois à faire respecter et promouvoir les droits de l'enfant.

En résumé, ce paragraphe aborde la question de la traite des Vì?ómåg?'n au Bénin, qui est un des aspects visibles de la dérive, du détournement ou du dévoiement du placement traditionnel des enfants. Abandonnés, livrés à des trafiquants ou vendus par leurs propres parents, forcés à travailler dans des conditions inhumaines, les Vì?ómåg?'n constituent les victimes des maux dont souffre le Bénin notamment de l'extrême pauvreté à travers la traite dont nous ne venons de saisir les différentes formes. Les violences à l'encontre des Vì?ómåg?'n, l'exploitation économique et la traite ne sont pas de nature des situations de garantie des droits de ces enfants. Au contraire, elles bafouent leurs droits élémentaires et fondamentaux. En tout état de cause, la dérive du Vì?ómåg?'n devient un problème de droit de l'homme car violant les droits de l'enfant. C'est justement ce que nous essayerons de développer à travers l'analyse des conséquences de cette dérive en matière de droits de l'enfant placé dans la suivante section.

Section 2 - Les conséquences de la dérive du Vì?ómåg?'n

La dérive du Vì?ómåg?'n telle que nous l'avions constatée dans ses différentes manifestations qui la caractérisent, constitue un phénomène social aux conséquences désastreuses pour l'enfant. La dérive apparaît dès lors comme une négation des droits fondamentaux et des libertés reconnus à l'enfant aussi bien par la société traditionnelle que par la communauté internationale à travers ses différents instruments de protection de l'enfant. La violation des droits et libertés fondamentales des Vì?ómåg?'n (Paragraphe1) a pour corolaire, la fragilisation enfants par certains maux (Paragraphe2).

* 60 Ces montants sont compris entre 15 et 30 Euros. C'est le prix d'un enfant depuis que les trafiquants organisés en réseau recrutent et transportent vers les autres pays les Vì?ómåg?'n 

* 61 Social Alert., «  SOS traffiking on the tracks of stolen childhoods- A comparative analysis of child trafficking in the word », Research on Economic Social and cultural Rights, 2000, N°2 Brussels

* 62 DOTTRIDGE.M., « Les enfants, une marchandise ? Agir contre la traite des enfants », FITH, 2004, p19

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