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La protection de l'enfant vidomegon au Bénin : mythe ou réalité ?

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par Hospice Bienvenu HOUNYOTON
Université catholique de Lyon / UPMF Grenoble - Master 2 recherche 2009
  

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2- Les droits de l'individu en communauté

En paraphrasant Légier et au regard de ce qui a été vu plus haut, la tradition béninoise est ordonnée par trois principales finalités à savoir : la préservation des forces vitales du groupe et dans le groupe les forces vitales de chaque individu, la survie du groupe, des individus qui la composent et l'équilibre imaginé entre communauté et individualité. C'est une tradition respectueuse comme nous l'avions dit des droits naturels de l'individu. Ces droits sont intrinsèques à la personne humaine, issus de la nature humaine et inhérents à chaque individu quelque soit son statut social, économique, son sexe ou son âge. La société traditionnelle avait déjà compris que, l'individu a des droits dont on ne saurait négocier la jouissance quelque soit le milieu et le temps. L'individu dans la tradition jouit d'une gamme assez large de droits à lui reconnus par la communauté dans le cadre de son organisation politique, administrative, économique et même sociale.

Parmi les lignes forces de la tradition béninoise, on retrouve des droits naturels de la personne humaine dont essentiellement les droits à la vie et à la dignité humaine, les droits à l'alimentation, aux soins, à la culture et les libertés d'expression ou de religion. Cette énumération des droits de l'individu dans la société traditionnelle béninoise est très proche de celle retenue évoquée par Fatash Ouguergouz cité par M. Mutuala. Selon F. Ouguergouz, parmi les droits reconnus et protégés par la tradition africaine, on a : « le droit à la vie, la liberté d'association notamment par la corporation des métiers, le droit à l'éducation, la liberté d'aller et de venir, le droit d'asile, le droit de propriété et le droit des personnes âgées, des femmes et des enfants à une protection spéciale18(*)». 

Au sujet du droit à la vie, la tradition béninoise en a fait le premier des droits de l'individu en communauté. Ce droit est un droit naturel reconnu et protégé au nom de la sacralité de la vie reçue par l'homme de Dieu. Il était ainsi pensé traditionnellement que, tout individu à droit à la vie et à l'intégrité physique. La tradition pense et soutient que l'individu a droit au respect de sa personne quelque soit son statut social. De ce droit découlent selon la vision traditionnelle, le droit à une famille et le droit au mariage. Le droit au mariage dans la société traditionnelle, est un droit naturel dont la finalité reste la perpétuation de l'espèce. L'homme et la femme s'unissent librement en vue de la procréation et de l'éducation des enfants fruits du mariage. Le mariage est un contrat certes qui met en jeu deux individus libres mais aussi deux voire des familles. Les personnes liées par un mariage sont traditionnellement tenues de rester ensemble pour élever les enfants. Elles s'engagent à observer les règles du mariage notamment le respect des uns et des autres et des familles. Le rôle premier de l'homme et de la femme mariés est le droit d'assurer l'entretien et l'éducation de leur progéniture. Ils sont aidés par le groupe social qui leur apporte son soutien indéfectible. Cette vision exclut le divorce. Le droit au divorce n'est pas du goût de la tradition qui privilégie la médiation sauf en cas de stérilité ou de raisons suffisamment valables. Le droit de fonder une famille est aussi très présent dans la vision traditionnelle au regard de l'importance que revêt la famille pour la communauté.

La pensée traditionnelle reconnaît également l'égalité entre les individus. Du fait que tous les individus sont créés à l'image de Dieu et dotés des mêmes capacités, ils sont tous égaux au nom de la loi naturelle. À ce point, il est à signaler que la pensée traditionnelle, considère vraiment les individus comme égaux. Il n'y a point de différences fondamentales entre l'homme et la femme, l'esclave, l'homme libre et le maître ou encore moins entre l'enfant et la personne âgée. Tous au nom de la dignité humaine sont égaux et ont les mêmes droits en communauté. Il n'était pas permis de violer impunément ce droit relatif à la dignité humaine. Toutefois, le droit à l'égalité même s'il demeure au regard de la tradition un droit qui mérite respect, n'est pas toujours dans la réalité un droit naturel garanti à tous les individus en société. L'égalité n'est que dans la société traditionnelle une égalité de principe humain mais pas vraiment en acte. Elle est très limitée par une approche de jouissance retardée ou non entière des droits de la personne reconnus à l'individu en communauté. Quant au droit à la propriété, il occupe une place importante dans la pensée traditionnelle en ce sens qu'il permet aux individus d'assurer leur survie. C'est un droit fondé sur la dignité de la personne humaine. Les individus ont reçu selon la tradition du créateur, de la nature et des ancêtres, un droit naturel et perpétuel de posséder des biens. Ce droit en revanche ne sera garanti que suivant l'esprit collectif excluant du coup l'idée d'une propriété privée. Ce sera le cas surtout de la terre considérée comme une propriété collective car c'est elle qui assure la survie et l'avenir de la communauté. Ce droit malgré cette importante limite est considéré comme essentiel pour l'homme à travers l'appropriation collective de la terre et d'autres biens en communauté.

Nous relevons également dans la vision traditionnelle d'autres droits aussi importants et fondamentaux de l'individu tels le droit à l'alimentation, le droit à un habitat et le droit à la sécurité de sa personne. Le droit à la sécurité de la personne humaine est un droit inaliénable de l'individu qui doit être protégé par la communauté. Sa protection doit être totalement garantie et sur tous les plans de la vie. C'est ainsi que, la tradition estime que l'être humain a le droit d'être protégé contre les aléas de la vie notamment, en cas de maladie, de catastrophes, de difficultés, de veuvage ou d'invalidité en respect de sa dignité humaine. Aussi, la tradition estime-t-elle qu'en respect de sa dignité, l'individu a droit à une instruction ou une socialisation. D'où le droit à l'éducation considéré comme essentiel pour l'individu en communauté. La manifestation traditionnelle de ce droit précieux se trouve dans l'initiation qui permet à l'enfant d'acquérir les connaissances nécessaires capables de le préparer à la vie adulte et de l'aider à jouer son rôle dans la société. L'individu jouit dans la pensée traditionnelle d'un droit naturel au travail. Ce droit est très essentiel car il lui permet de subvenir non seulement à ses besoins mais aussi à ceux de ses parents géniteurs et par extension aux besoins de la communauté. Le droit au travail assure l'autonomie de l'individu avec comme nuance que la communauté doit assurer les moyens nécessaires aux hommes et femmes d'en jouir dans le respect de leur dignité humaine.

Outre ces droits fondamentaux, nous remarquons aussi que la vision traditionnelle reconnaît à l'individu, le droit d'honorer la divinité de son choix dans la communauté. Ainsi, note-t-on que la société traditionnelle accepte d'une manière très prononcée et affirmée la liberté de religion. L'individu dans l'univers traditionnel, a le droit de pratiquer la religion de son choix et la communauté a le devoir de le guider et de le soutenir dans sa démarche de jouissance de ce droit primordial. C'est ainsi qu'il est observé dans la société traditionnelle que, les individus y compris les enfants, peuvent adorer différentes divinités en toute liberté mais dans un esprit d'harmonie et de cohésion sociale au sein du groupe. Il n'est pas hors de propos de rappeler que dans la société traditionnelle, il est reconnu et admis les libertés de mouvement, de circulation et de séjour dans la communauté à tout individu sans limitation. Les enfants jouissent totalement de cette liberté fondamentale dans la société traditionnelle. La liberté de circulation et de séjour est à l'origine de la circulation des enfants ou du Vì?ómåg?'n. Du fait que l'individu est ordonné à la vie en communauté, découlent les libertés d'association et de réunion dans la tradition. La reconnaissance de ces deux libertés explique la constitution des associations des hommes et des femmes notamment ceux ayant été initiés au même moment. La liberté d'association permet aux initiés de continuer leur socialisation, d'échanger des connaissances nouvelles ou encore de donner leur point de vue sur un problème précis dans la communauté. La liberté d'association est reconnue par la tradition et favorise surtout la création des groupements de jeunes, de femmes notamment des groupements à caractère festif et culturel comme les groupes folkloriques. Dans l'univers traditionnel, les libertés de pensée et de conscience sont très affirmées. Ces deux libertés sont du domaine de l'individu qui en fonction de son rôle et statut, apporte des éléments de réflexion à l'organisation sociale et à sa survie. La tradition reconnaît aux vieillards, aux femmes et aux enfants le droit à une protection spéciale en raison de leur fragilité ou vulnérabilité. Quant au droit à la santé, il se trouve dans la vision traditionnelle béninoise avec un droit d'accès aux services de féticheurs appelés « Vodounon19(*) ».

En gros, la société traditionnelle au regard de tout ce qui précède reconnaît aux hommes en communauté des droits et des libertés. Ces droits et libertés découlent du fait d'être humain des individus et du fait d'être c'est-à-dire de leur appartenance à la communauté. Les droits de la personne humaine sont garantis et protégés par la communauté à tout être quelque soit sa condition sociale ou son statut. Mais les droits de l'individu en société selon la tradition sont soumis à des devoirs, qui sont à l'instar des droits, ceux de l'individu en société. Cette perception des droits de l'homme est le produit culturel d'une dynamique entre l'individu et la communauté. Elle reflète une dialectique entre droits et devoirs de l'individu en communauté dans un premier temps et dans un second temps, les devoirs de la communauté à l'égard de l'individu. Les droits et devoirs de l'individu et de la communauté sont conçus de façon harmonieuse de telle sorte que les intérêts de l'individu et de la communauté soient assurés et protégés. Cette vision traditionnelle des droits de l'individu en communauté, constitue selon Tunguru Huaraka « la fibre morale de la société traditionnelle africaine20(*) ». Selon cet auteur, la participation de l'individu à la vie de la communauté, est un droit et un devoir qui génère pour sa personne des droits. Autrement, dans l'univers traditionnel, « la valeur de l'individu repose sur sa participation à la vie collective et son engagement envers les fins de la communauté21(*) ». Il est clairement établi que dans l'univers traditionnel, c'est en s'acquittant de ses devoirs que l'individu, peut jouir de ses droits en communauté. Les devoirs expriment et symbolisent en quelque sorte dans l'univers traditionnel béninois et africain, la garantie de ses droits et de la dignité humaine. L'individu qui ne s'acquitte pas de ses devoirs vis-à-vis de sa communauté perd en toute logique sa dignité humaine et par ricochet des droits liés à sa personne. Pour jouir de ses droits en communauté, l'individu possède un certain nombre de devoirs envers ses parents, proches, enfants..., c'est-à-dire envers sa communauté qui le rend existant. L'individu selon la vision tradition traditionnelle possède dès lors qu'il s'acquitte de ses devoirs des droits largement acceptés. Toutefois, ces droits dont il jouit et qui lui sont garantis par la communauté, ne le placent aucunement au- dessus de la masse de façon absolue. La vision traditionnelle des droits de l'homme, met en place un système dont les droits découlent essentiellement des devoirs de l'individu. D'où la préséance des devoirs de l'individu en communauté ?

* 18 MUTUALA.M., in « Charte des droits de l'homme des peuples et des cultures africaines », p.200, http://www.sqdi.org/volumes/pdf/12.2_-_mubiala.pdf, 25 Mars 2009- 18H 36.

* 19 Terme désignant en langue Fon du Bénin, guérisseur, féticheur et de médecin traditionnel. Le Vodounon est détenteur de connaissances en matières médicales et peut guérir par les plantes mais aussi par les esprits.

* 20 Tunguru Huaraka, « Les fondements des droits de l'homme en Afrique », dans A. Lapeyre, F. de Tinguy et K. Vasak (dir.), Les dimensions universelles des droits de l'homme, Bruxelles, Bruylant, 1990, p.240.

* 21 Tunguru Huaraka, op.cit

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